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Affaire Attessia : Tout le monde se plaint, mais personne ne porte plainte
16/09/2016 | 16:59
6 min
Affaire Attessia : Tout le monde se plaint, mais personne ne porte plainte

 

La polémique de la censure de l’interview de l’ancien président Moncef Marzouki ne désenfle pas et elle ne doit pas désenfler vu la gravité des faits. Pour le moment, tout le monde patauge aussi bien les premiers concernés que les observateurs, puisqu’on ignore la réalité des faits. Pour le savoir, et dans n’importe quelle démocratie qui se respecte, il n’y a que la justice qui puisse trancher. Et vu l’intensité de la polémique et sa gravité, l’idéal serait qu’elle soit saisie en référé pour qu’elle puisse dévoiler la vérité rapidement.

 

L’affaire Attessia a commencé le samedi 3 septembre 2016 avec l’enregistrement d’une interview télévisée de Moncef Marzouki. L’intervieweur est Mekki Hlel, celui-là même qui a réalisé 30 fausses interviews au cours du dernier mois de ramadan pour l’émission de divertissement « Allo Jeddah ».

Premier couac, l’ancien président n’est pas tenu informé de la date de diffusion. Son équipe a dû se suffire de l’annoncer, à coups de publications sponsorisées sur Facebook, en indiquant « Bientôt l’interview de Moncef Marzouki sur Attessia ». Finalement, on annonce la date du 14 septembre et toujours à travers une publication sponsorisée sur FB. La chaîne télévisée, quant à elle, n’a rien annoncé.

Le jour J, après l’heure prévue de diffusion, le parti Irada et Moncef Marzouki annoncent que l’interview est censurée et que la chaîne a subi des pressions de la part de la présidence de la République et des ministres du gouvernement. On annonce, dans la foulée, une conférence de presse le lendemain pour dénoncer cette ingérence du pouvoir, le retour de la censure et la menace sur la démocratie. La toile et le paysage politico-médiatique s’emballent aussitôt.

 

A la conférence de presse, les accusations se précisent et s’orientent vers Noureddine Ben Ticha et Moez Sinaoui (présidence de la République), Mofdi Mseddi (présidence du gouvernement) et Iyed Dahmani (ministre et porte-parole officiel du gouvernement).

La chaîne enfonce le clou et confirme avoir reçu des pressions pour ne pas diffuser l’interview. Le Syndicat national des journalistes monte au créneau et publie un communiqué lapidaire dans lequel il dénonce les pressions, les ingérences et la censure.

Il ne fallait pas davantage pour que les conseillers de la présidence de la République et de la présidence du gouvernement sortent de leur silence et acceptent de répondre aux allégations qui les touchent. Au départ, ils estimaient que c’était tellement grotesque et bas qu’il ne fallait pas répondre. « On ne va quand même pas s’abaisser au niveau de Irada qui pense être suffisamment important pour que l’on s’intéresse à lui et ses interviews », nous confie l’un d’eux dans une discussion informelle.  

A mi-journée et tout au long de l’après-midi du jeudi 15 septembre, Noureddine Ben Ticha, Saïda Garrache, Iyed Dahmani et Mofdi Mseddi multiplient les déclarations pour démentir catégoriquement toute tentative de pression des autorités sur les médias. Ben Ticha, déjà en procès avec Marzouki, défie quiconque capable de présenter l’once d’une preuve quant à cette prétendue pression.

 

Le doute est insufflé et on ne sait plus qui croire. Attessia qui parle de pressions ou les deux présidences, sommet du pouvoir, qui démentent catégoriquement ? Ni l’un, ni les autres ne présentent de preuves formelles. La règle impose cependant à l’accusateur de présenter les preuves de ce qu’il avance.

Du côté de Moncef Marzouki, on choisit la fuite en avant et on continue à accuser les deux présidences en dépit de leurs démentis formels. L’auteur du livre noir, dont l’équipe a très longtemps tenu des propos incendiaires contre Moez Ben Gharbia et ses émissions, prend désormais pour de l’argent comptant ce que dit la chaîne. Il est vrai qu’il y a beaucoup de points à gagner politiquement. A n’importe quel prix ? Pour Moncef Marzouki, et ce n’est pas nouveau, la fin a toujours justifié les moyens, quels que soient leur bassesse.

A Attessia, on fait du rétropédalage d’un côté et de la fuite en avant de l’autre. 24 heures après avoir cédé aux pressions, d’après ce qu’ils ont dit eux-mêmes, on décide finalement de diffuser l’interview. Pourquoi alors avoir cédé à ces pressions dès le départ ?

Du côté des observateurs du paysage médiatique, et nonobstant la réaction précipitée et légère du SNJT, le scepticisme est de mise.

On s’interroge justement comment se peut-il que l’on ait soudain du courage pour dénoncer des pressions auxquelles on a cédé 24 heures plus tôt. On relève que s’il y a eu des pressions, c’est que cela suppose que les deux présidences ont vu l’émission et, par analogie, que l’interview a été dévoilée par la chaîne elle-même aux conseillers de Carthage et de la Kasbah. On rappelle que Moez Ben Gharbia n’est pas à sa première du genre et qu’il lui est arrivé de créer le buzz à partir de rien dans l’objectif de médiatiser ses émissions. Les informations relatives à ces polémiques sont parfois réelles et parfois montées de toutes pièces. On se rappelle encore la vraie fausse plainte de Ben Ali contre l’émission « Allo Jeddah », les polémiques autour de sa caméra cachée du crocodile, la censure puis la diffusion de son interview de Slim Chiboub en 2012, à la demande du chargé du contentieux de l’Etat, et il y a moins d’un an à peine, des menaces d’assassinat dont il a fait l’objet.

 

Qu’en est-il réellement ? Que Moez Ben Gharbia ait monté cette affaire de bout en bout pour créer le buzz parait difficile à croire. Il n’est cependant pas impossible qu’un membre de son équipe l’ait fait et ait menti à celle de Moncef Marzouki en parlant de pressions inexistantes.

Qu’il y ait eu réellement des pressions de la part des deux présidences est également difficile à croire, car cela ne servirait à rien de censurer Moncef Marzouki qui a toujours eu à ses pieds des chaînes turques et qataries pour lui offrir du temps d’antenne et des journalistes complaisants.  

Ce que l’on sait, c’est que l’interview prévue le 14 septembre n’a pas été diffusée à la date indiquée, que cette interview n’est pas suffisamment grave puisque la chaîne a décidé finalement de la diffuser et que les pressions (si elles ont jamais existé) ne sont pas suffisamment fortes puisque la chaîne les a dénoncées le lendemain.

 

Conclusion, quelqu’un est en train de mentir quelque part et c’est à la justice de dévoiler lequel.

Si elles ont été diffamées et puisqu’elles doivent payer un coût politique assez conséquent, les deux présidences se doivent de déposer un recours en référé, suite aux accusations infâmantes dont elles ont fait l’objet. Et ces plaintes en diffamation doivent cibler la chaîne Attessia, au cas où elle aurait propagé cette fausse information de pressions, ainsi que Moncef Marzouki et son équipe, puisqu’ils auraient dans ce cas relayé de fausses informations sans les avoir vérifiées. Les deux présidences se doivent de préserver le prestige de l’Etat face à l’infamie d’autant plus qu’elle est suffisamment grotesque cette fois.

Si Attessia a réellement subi des pressions, de quelque nature que ce soit, elle se doit de déposer une plainte et le décret-loi 115 prévoit clairement ce cas-là à travers ses articles 11,12 et 13. L’article 14 du même décret-loi considère cette pression exercée sur le journaliste comme étant un outrage à un fonctionnaire public et punit celui qui exerce cette pression selon les dispositions du code pénal.

En tout état de cause, la justice devrait être saisie si l’on prétend sincèrement vouloir défendre la liberté d’expression et la démocratie en Tunisie.

 

Raouf Ben Hédi

16/09/2016 | 16:59
6 min
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Commentaires (28)

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nazou
| 19-09-2016 14:32
Quant j'avais dénoncé ceux qui apportaient de l'eau au moulin de Marzouki, j'ai été censuré !!!

Hé bien sûr que personne ne portera plainte !!!
Puisque tout le monde préfère se taire.
Y compris BN !!!

zohra
| 18-09-2016 15:11
Dans mon précédent commentaire je voulais dire votre esprit citoyen et démocrate. et sûrement d'équipe aussi

zohra
| 18-09-2016 13:55
Vous avez raison la démocratie ça se travaille et se mérite tous les jours. Vive la démocratie et vive Tunisie démocratique libre de toute corruption et mafia. j'espère que tous ensemble on réussira à en faire un pays moderne et prospère

En vous remerciant pour esprit d'équipe et démocrate.

Sincères Amitiés

hateam
| 18-09-2016 12:52
Bravo pour ta conclusion.
Nous devons oeuvrer tous ensemble pour promouvoir notre économie et le bien être des tunisiens.
On est un pays de richesses variées d'emplacement geog strategique et juste de qq 11 millions d'habitants homogène presque à 100% de point de vue culture et ambitions de bien vivre.
Notre pb c la bonne gouvernance des ressources humaines et économiques.
la democratie est notre unique tremplin pour l'essor et l'occasion est entre nos mains.Le camp de marquage du but est devant nous en face à face et c aux tunisiens de faire le bon shooting pour mettre le score à notre actif.
Ne refaisons pas les mêmes erreurs commises en annihilant les tergiversations de la vie démocratique.Evitons de taxer nos adversaires de vendus ou de traitres mais qu'on leur donne chance mais sur quelle base? sur la base d'un prog électoral clair précis et à objectifs mesurables.Et que le meilleur gagne et que le perdant quitte...et la vie continue.
Notre rôle en tant que citoyens est de protéger le système démocratique nécessaire à l'alternance au pouvoir dont la séparation des pouvoirs,l'indépendance de la justice et la liberté d'expression.
Actuellement on prépare un grand forum sur l'investissement..et la premiere condition pour promouvoir l'image de notre pays c'est ses horizons dépendant illico facto du système démocratique et de la bonne gouvernance du pays.
Nos richesses sont certaines.Notre avenir est entre nos mains.Nous devons voir grand..lorsqu'on se compare â la korée du Sud qui etait au meme niveau que nous pdt les années 50, on sent qu'on ne mérite même pas le titre d'être humain...la cause c l'égouisme, le régionalisme, le corporatisme...alors qu'on est creux comme des tablaa..
Laissons la liberté d'expression à tout le monde, instaurons une démocratie au sein de nos institutions, combattons les opportunistes et les mafieux qui se sont accaparés de notre èconomie de notre administration, de nos entreprises publiques et semi publiques, et encore même de nos organes de pouvoir( voir les déclarations récentes à propos de Nidaa et du parlement)...
L'affaire de MBG et de MMM et autres ne sont que des manigances fomentées par ces réseaux pour dévier l'attention à chaque fois que les forces se dirigent vers le vrai combat...
A bons entendeurs...

zohra
| 18-09-2016 08:49
Une petite remarque si vous permettez, je ne fais pas de la politique, on soutiendrai la personne honnête qui veux travailler le pays et le sortir de l'obscurité et la misère et on est contre toute personne qui veut nous plonger dans l'ignorance et la misère.

Bien à vous

zohra
| 18-09-2016 06:23
Bonjour Hateam,

Je vais vous faire confidence, MM habitait un patelin Nwal à côté de Grombalia, mes parents avaient coyote sa mère, j'ai aimé beaucoup son oncle, il avait une boutique toute mon enfance j'ai y fait mes courses. Quand il était devenu Président j'ai été très contente, sauf que ma surprise était grande quand j'ai vu ses conneries surtout envers les syriens ( ce monsieur n'a jamais été militant du droit de l'homme car s'il était vraiment il ne se serait jamais comporté de cette façon)


D'ailleurs, il avait refait les routes du patlin Nwal à côté de Grombalia.

Je suis tout à fait d'accord, je suis pour le rassemblement. D'ailleurs c'est la qualité des tunisiens.

Merci beaucoup pour ces remarques dès fois on ne se contrôle pas on se lance derrière ses émotions.

Sincère salutations

Omar
| 18-09-2016 01:35
Lorsque je lis ces commentaires debiles qui decrivent UN president issu d une revolution. Je comprend bien pourquoi le pays est en crise. Une crise d identity, une crise due a une separation entre soit disant l elite ( francophone) et le peuple. Vous etes tous des debiles et ded tartours

Elsa ben Amor
| 18-09-2016 00:44
'Fausse affaire et trop de bruit pour rien ! Un vrai politicien et surtout un ex- président ( même provisoire ) de la république aurait du faire preuve de plus d'objectivité à traiter les problèmes dont souffre le pays et suggérer des solutions logiques au lieu de lancer des injures à ses adversaires politiques par ci et par là et les accuser à raison ou à tort de n'importe quoi. Il n'est pas arrivé à dépasser le stade du " populisme " qui ne fait que le ridiculiser davantage aux yeux de tous.

Tounsi
| 18-09-2016 00:06
Mais les gens allah yahdihom, y roudou elbaabiss rousss.

Quel élégance dans tes propos! ceci dit que tu es une personne très bien élevée

hateam
| 17-09-2016 23:12
Bonsoir Zohra ma concitoyenne.
j'espère que tu vas me comprendre pour cette première fois qu'on échange sur cette tribune.
Moi je ne suis pas pour cette polarisation ni contre MMM ni contre Ennahdha ni contre Nidaa ni contre toute corporation...chacun de ces personnes( morales ou physiques) représente un pan de la societé tunisienne qui éprouve un besoin manifeste de continuer à bâtir sa démocratie.Oui c'est la démarche democratique et son instauration constitue un chemin irreversible..c cette démocratie qui a fait défaut dans la perception de Grands Hommes d'Etat tel que Bourguiba...ou Saddam ou ...et tout le monde connait sa fin...et c'est la même erreur un peu partout...dans notre monde arabo musulman.
Le diagnostic du deficit economique de la Tunisie et la mauvaise répartition des richesses qui a été à l'origine de cette situation difficile qu'on vit actuellement, a été expliqué par des organisations internationales par la déficience d'une vie démocratique.
c'est la démocratie qui est le vrai tremplin pour une émancipation pérenne et stable.
Sur ce donc, MMM est un des fils de ce peuple que tu le veuilles ou pas...MMM est un droit homniste et il croyait que certaines catégories raisonnent comme lui..il a voulu donner chance à ces franges ...mais tout le monde est entrain de découvrir que de telles espèces sont ennemis aux droits de l'homme...Seuls certains dirigeants au pouvoir avaient eu cette certitude mais leur défaut peut être c qu'ils n'ont pas su communiquer ou peut étre que leurs peuples ne les croiraient pas vu l'image totalitaire qu'ils avaient.
Donc MMM est un des présidents Tunisiens, un éminent docteur un fils de notre Sud...un enfant du peuple misérable qui veut voir de meilleurs horizons...on le respecte pour ça du moins et pour les 1million de Tunisiens qui ont voté en sa faveur de toute façon..
L'essentiel c qu"il apprenne à être de son côté rassembleur, homme d'Etat avant droit homniste s'il est tenté par un poste politique...
Nous avons besoin de rassembler tous les rangs et orienter nos fusils contre:
1- les réseaux de mafia qui corrodent réellement, en course contre la montre, notre économie et notre integrité socialz
2- Ceux qui tiennent des armes contre notre pays...

merci de votre echange et à bientôt