alexametrics
lundi 23 juin 2025
Heure de Tunis : 20:17
A la Une
Pour la Banque mondiale, c'est l'instabilité politique qui freine la croissance en Tunisie
15/08/2016 | 19:59
5 min
Pour la Banque mondiale, c'est l'instabilité politique qui freine la croissance en Tunisie

Pour l’année 2015, l’Institut national des statistiques (INS), fait état d’un taux de croissance de 0,8%. Cette mauvaise note trouve en grande partie son origine dans l’instabilité politique dont souffre le pays depuis plus de cinq ans maintenant. Un rapport conjoint de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque européenne d’investissement (BEI), ainsi que du Groupe de la Banque mondiale paru fin juillet 2016, souligne que l’absence de stabilité au niveau politique représente : 60% du frein à la croissance et au développement des entreprises du secteur privé.

 

Cette enquête a été menée sur plus de 6000 entreprises privées du secteur des technologies et services localisée au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA). Un travail qui met en évidence les composantes du frein et qui souligne le fait que technologies et services doivent être le moteur principal de la croissance dans le futur.

 

Les données fournies par les entreprises, qui ont collaboré dans la production du document, pointent du doigt l’instabilité politique, mais encore l’activité économique parallèle et la difficulté d’accès au financement comme principaux freins en Tunisie. Le Maroc lui, souffre, selon le rapport, d’une corruption qui contribuerai à hauteur de 25% dans l’abattement de la croissance, arrivent après l’économie parallèle et l’incompétence des nouvelles recrues. D’autres pays de la région sont handicapés par d’autres ralentisseurs, tels que le non accès des entreprises à l’électricité et parmi lesquels nous citerons : le Liban, le Yémen ou encore Djibouti qui voit sa croissance freinée par ce phénomène à hauteur de 50%.

 

Le climat des affaires est aussi lié au rapport qu’ont les entreprises avec les institutions financières, c’est-à-dire les banques et autre caisses d’aides. L’enquête effectuée révèle qu’en Tunisie près de 45% des sociétés, toujours dans le secteur technologique et services, ont contracté des prêts lors du démarrage de leur activité et continuent à en bénéficier pour des mises à niveau par exemple. Les autres 35% sont des entreprises qui ne sont aucunement liées par des prêts, elles sont donc financièrement indépendantes de par leur taille. Les 20% qui restent, représentent des activités qui ne peuvent bénéficier d’aucune aide financière ce qui entrave leur développement et accélère de facto leur disparition. Cet accès aux prêts n’est vraisemblablement pas systématique dans un pays comme l’Egypte. En effet dans ce pays quelques 5% des activités ont pu en bénéficier contre 80% qui n’ont en pas eu et donc auto-suffisantes.

 

L’étude se focalise par la suite sur l’aspect technologique et la valeur ajoutée des produits de la région MENA sur les marchés internationaux. 2,5% de la production de la région est considérée comme une nouveauté à l’international. L’innovation qui passe par la recherche scientifique est donc mise de côté dans ces pays ce qui constitue une entrave à la croissance et par la suite au développement.

 

Suite aux évènements qui ont eu lieu en Tunisie entre 2010 et 2012, le document révèle une nette baisse de 9% des ventes sur les marchés internationaux et ce malgré les aides exceptionnelles consacrées au pays par les institutions étrangères. Une chute imputable à l’instabilité politique citée préalablement, à la corruption et au non-accès aux crédits. L’étude révèle aussi une certaine stabilité des entreprises tunisienne en comparaison avec celles de la région MENA, avec le flux le plus élevé pour ce qui est de l’export et de l’import imputable au commerce historique qu’entretien le pays avec l’extérieur. Avec des entreprises entièrement vouées à l’export et bénéficiant des exonérations fiscales, il a été possible ces dernières années de parler de produits à forte valeur ajoutée, fabriqués sur le sol tunisien.

 

La comparaison entre les différents pays couverts par l’enquête a révélé cette fois que les entreprises manufacturières tunisiennes ont une intensité capitalistique nettement plus élevée que les entreprises des économies à revenu intermédiaire. Comparant les parts médianes des facteurs pour les trois principaux éléments utilisés par les entreprises manufacturières, à savoir la main-d’œuvre, les produits intermédiaires et le capital, les entreprises manufacturières en Tunisie se distinguent comme ayant la plus forte intensité capitalistique dans la région. Cela peut en partie s’expliquer par l’existence de subventions à l’énergie, qui ont un effet de distorsion sur les structures de production en favorisant les industries à forte intensité énergétique. En effet, si les entreprises manufacturières tunisiennes ont des niveaux de productivité de la main-d’œuvre comparables à ceux de leurs homologues dans les économies à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, leur productivité totale est à la traîne, ce qui indique que le capital est utilisé inefficacement.

Il est a noté que les entreprises tunisiennes affichent également un degré de déconnexion financière plus faible, mais le niveau de sûreté élevé exigé pour les prêts entrave inéluctablement l’accès aux financements.

 

Ce rapport suggère au final que quatre aspects soient mis en avant dans l’action des autorités : améliorer le climat des affaires, accroître l’accès au financement, parvenir à une meilleure éducation, à de meilleurs emplois et compétences, et promouvoir le commerce, la concurrence et l’innovation.

En conclusion nous citerons les mots de l’économiste en chef et premier vice-président de la Banque mondiale, Kaushik Basu : « Il est crucial de développer l’emploi et les opportunités entrepreneuriales, en premier lieu pour les jeunes et les femmes, afin d’élever les niveaux de vie et le degré de stabilité politique et sociale. Il importe également de réorienter le système éducatif de la région vers l’acquisition de compétences professionnelles pertinentes pour la révolution technologique actuelle, afin de dynamiser l’entrepreneuriat et l’emploi ».

 

Sofiène Ahres

15/08/2016 | 19:59
5 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous

Commentaires (19)

Commenter

hateam
| 16-08-2016 21:48
...alors: 
-l'accès au financement de projets+ 
-l'accès à l'information nécessaire aux études de marchés+ 
-l'accès aux commandes et marchés publics+ 
-l'accès au droit d'une justice équitable+ 
-l'accès aux postes névralgiques de business et de facilities of business+ 
-l'accès à un poste fonctionnel de haut niveau dans une entreprise publique ou semi publique+ 
-l'accès à une information saine et non orientée ou biaisée 
... 
Tous ces accès seront loins de la portée des hommes et femmes qui veulent vivre en étant intègres et non egouistes pour leurs bonheurs et pour le bonheur de tous gens sur le bâteau. 
Une oligarchie s'est bien installé dans le pays et il est temps qu'elle rende compte...sinon tout le pays rendra âme. 
Cette oligarchie identifie le reste du peuple comme une populace bon pour: 
- Consommer au prix qui leur est fixé et qu'elle se débrouille pour travailler n'importe oû et n'importe qoui
- servir de bêtes de somme 
- se la fermer et à la limite elle aura le droit "d'aboyer" pour lustrer l'image démocratique des sieurs. 
-Aller faire la prière ou aller chier en toute liberté mais sans polémique... 
-Remercier le Dieu puissant que l'oxygène ne passe pas en mode prepayé puisque même l'eau potable l'est déja devenu.

Dr. Jamel Tazarki
| 16-08-2016 15:55
Beaucoup de Tunisiens croient que de nos jours la politique est faite, comme le prétendent nos médias, par les conflits entre les islamistes et les anti-islamistes, en particulier entre Ennahdha et Nidaa Tounes, entre Mr. Rached Ghanouchi et Mr. Béji Caid Essbis alors que jadis entre les communistes et les capitalistes. Ce sont les grandes fausses catégories dans lesquelles on nous entraîne à classer tous les événements qui se déroulent dans le monde politique et socio-économique en Tunisie.

Le fait que le parti politique Ennahdha fasse souvent la politique la plus oligarque (encore plus que le prétendu dictateur Ben Ali) passe souvent inaperçu, ce qui montre ainsi à quel point les grandes classifications politiques en Tunisie sont fausses car elles ne vont pas au fond des choses.

Nous sommes fatigués de l'absurdité des discours vides et non constructifs de la segmentation de notre pays en islamistes et anti-islamistes, ce ne sont au juste que des prétextes de certains pseudo-islamistes et pseudo- anti-islamistes afin de dérober le pouvoir, au juste nous sommes tous des musulmans et il n'y a rien à islamiser ou à "anti-islamiser".

Mr. Hédi Ben Abbes a bien compris dans son dernier article qu'au juste les islamistes et les anti-islamistes ne sont que des oligarques qui ne veulent que le pouvoir politique et ses avantages au nom de l'islamisme ou de l'anti-islamisme:
http://www.businessnews.com.tn/il-faut-un-gouvernement-nidaa-ennahdha,526,66322,3

Oui, la Tunisie a besoin aujourd'hui d'un parti politique anti-oligarque, oui il nous faut une économie sociale de marché à l'allemande' Et je conseille à Mr. Mohsen Marzouk de trouver un autre slogan/formule pour son parti politique MPT que l'anti-islamisme, car ça ne colle plus'

@Mr. Hédi Ben Abbes, vous n'êtes pas le seul à dénoncer notre système socio-économique oligarque, nous sommes déjà deux et bientôt il y aura beaucoup d'autres.


Très Cordialement

Jamel Tazarki

déja-vu
| 16-08-2016 13:42
Merci pour vos questions pertinentes et les détails sur les sommes "englouties".

That's the question!

Tout le reste n'est que diversions et division (islamistes, laics et danseuses du ventre, ils s'en fichent éperdument) de va-nu-pieds incultes pour continuer le business...
Ça marche à tous les coups...avec les têtes brulées.

Moha
| 16-08-2016 13:21
Ces gens ne cherchent pas l'intérêt de la Tunisie, mais cherchent la fortune et le pouvoir.

Moha
| 16-08-2016 12:38
Pourquoi vous n'avez pas publié mon message? Malheureusement c'est la vérité qui fait mal


B.N : Merci de relire nos règles de modération

bizertin
| 16-08-2016 11:56
ce n'est pas bicéphale.C'est tricéphale,vous avez oublié le malfaisant el khirriji..

Dr. Jamel Tazarki
| 16-08-2016 11:51
Et voilà que notre Ministre, Mr. Noômane Fehri, s'est transformé en Sales Manager pour des distributeurs tunisiens qui ne font rien que de la distribution pour des sociétés étrangères.

etc.

fethi
| 16-08-2016 11:26
Tant que la constitution et la loi électorale ne seront pas amendées, l'instabilité ira bon train.
La constitution devrait résoudre 2 problèmes majeurs relatifs à L'exécutif bicéphale et le système parlementaire, qui n'a pas lieu d'être dans une démocratie balbutiante.
La loi électorale, doit remplacer la proportionnelle intégrale, qui morcelle l'assemblée et empêche des majorités solides de se former.

realiste
| 16-08-2016 11:18
lorsque je vois la route de sousse-kairouan coupée depuis 1 mois et demi et personne ne s'intéresse .. mon oeil si nous allons voir un développement dans le futur proche ..

Dr. Jamel Tazarki
| 16-08-2016 10:56
L'une des raisons de notre stagnation socio-économique d'après l'article ci-dessus est "la difficulté d'accès au financement comme principaux freins en Tunisie", alors dites-moi s.v.p. où sont passés les 15 milliards de dettes que l'on a faites au nom de la Révolution de Jasmin:
- 4465 millions de dinars proviennent du monde arabe,
- 2464 millions de dinars des banques islamiques,
- 640 millions de dinars de la Turquie,
- 3755 millions de dinars des institutions mondiales,
- 900 millions de dinars sur le marché japonais
- 1238 millions de dinars d'un peu partout.
- 1 Milliard de dollars des USA.

Sans oublier toutes les donations et les dettes qui ont été converties en investissement.

En tout, nous avons gaspillé/dilapidé depuis 2011 plus que 30 milliards de dinars. Puis, je crains qu'il y'a beaucoup de non publié qui pourrait nous faire frissonner.


En 2015 "afin de réduire le déficit de liquidités des banques, la BCT [notre banque centrale dont le gouverneur est Mr. Chedly Ayari] a injecté 5,1 milliards de dinars", on peut lire aussi dans le même article: "l'Etat [tunisien] a injecté les sommes de 756 millions de dinars et de 110 millions de dinars à la STB et à la BH", ===> dites-moi s.v.p. où sont passés les 6 milliards de dinars injectés par Mr. Chedly Ayari dans notre système bancaire qui appartient en grande partie à nos milliardaires et à notre oligarchie/bourgeoisie. Je vous prie de revoir le lien http:
http://www.businessnews.com.tn/oxford-business-group-presente-le-programme-de-reforme-du-systeme-bancaire-tunisien,520,66109,3


Encore plus grave, au lieu de motiver nos entrepreneurs à investir en Tunisie, nos politiciens et à leur tête Mr. Chedly Ayari ont préféré de les inciter à investir ailleurs en Afrique et en Europe, ceci en ouvrant le marché de nos capitaux. Sur le lien http suivant
http://www.businessnews.com.tn/en-lhonneur-de-frederic-oudea-kamel-neji-reunit-le-tout-tunis-a-la-residence-de-france,520,66072,3
on peut lire: "Enfin Frédéric Oudéa a tenu à saluer la Banque Centrale Tunisienne avec à sa tête son gouverneur, Chedly Ayari, pour l'ouverture du marché des capitaux que celui-ci a rendu possible." ==> Enfin la fuite de nos capitaux est juridiquement légale et certains de nos banques en profitent
http://www.attijaribank.com.tn/Fr/_Attijari_bank_et_Tunisia_Africa_Business_Council_Signent_une_convention_de_partenariat__7_182_D312


Et voilà que notre Ministre Mr. Noômane Fehri s'est transformé en Sales Manager pour des distributeurs tunisiens qui ne rien que de la distribution pour des sociétés étrangères. ==> Ce qui ne rapporte absolument rien pour l'économie tunisienne et ne sert qu'à la fuite de nos capitaux:
http://www.businessnews.com.tn/avec-noomen-fehri-pour-une-cooperation-plus-ardue-en-matiere-de-tic-avec-la-cote-divoire,519,64810,3


Nous avons 300 milles académiciens chômeurs, et voilà que notre Ministre, Mr. Noômane Fehri, fait l'achat d'un simple logiciel de pronostics sportifs chez une société étrangère à 23,9 Millions de dinars, je vous assure qu'avec une pareille somme, je pourrais révolutionner le monde de la production des logiciels en Tunisie:
http://www.businessnews.com.tn/promosport-fete-sa-nouvelle-solution-pour-la-gestion-des-pronostics-sportifs,520,63054,3
Sans parler des conditions d'attribution de la licence pour le réseau 4G, à un prix dérisoire! Oui, 471,431 millions de dinars est un prix cumulatif dérisoire pour Ooredoo, Orange Tunisie et Tunisie Telecom. Moi, j'aurais proposé une attribution à ce prix très bas de 471,431 millions de dinars, mais avec l'obligation aux opérateurs de payer à l'État Tunisien un pourcentage de leur chiffre d'affaires annuel. Cette option permettrait, à coût sûr, aux opérateurs de se lancer dans la 4G avec un investissement initial minimal sans pour cela offrir notre argent, qui revient à tous les Tunisiens, gratuitement à l'oligarchie/bourgeoisie tunisienne et aux sociétés étrangères:
http://www.businessnews.com.tn/les-trois-operateurs-mettent-471431-millions-de-dinars-pour-la-4g,520,62854,3

En même temps certains membres du conseil de la Choura d'Ennahdha (ceux qui dirigent notre Tunisie), entre autres Mr. Hatem Boulabiar, nous parlent de polygamie et conduisent des voitures de luxe à 200000 dinars (100000 euros) et portent des lunettes de soleil à 10000 dinars (5000 euros), alors qu'au sud de la Tunisie nos compatriotes bouffent les racines des herbes qui se font de plus en plus rare à cause de la désertification et le manque de pluie:
http://www.businessnews.com.tn/un-dirigeant-dennahdha-souhaite-une-agreable-fete-aux-femmes-et-propose-la-reintroduction-de-la-polygamie,520,66346,3


Je vous parlerai une autrefois de toutes les gaffes de notre Ministre Mr. Yassine Brahim et de notre fameuse UTICA.

Par contre, j'ai beaucoup de confiance en notre nouveau Premier Ministre, Mr. Youssef Chahed. Je prie Dieu de lui accorder beaucoup de génie et du savoir-faire!

Jamel Tazarki

Emeli Sandé - Read All About It
https://www.youtube.com/watch?v=vaAVByGaON0