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Enseignement : La rentrée des clashs
06/09/2015 | 15:58
4 min
Enseignement : La rentrée des clashs

 

L’un des ministres les plus appréciés par l’opinion publique est celui de l’Education nationale, Néji Jalloul. Ce dernier s’est attaqué au dossier de l’enseignement primaire et secondaire en prenant des mesures drastiques. On rappellera sa décision de faire passer de classe tous les élèves du primaire pour éviter la crise des examens. Son duel avec le syndicat des enseignants du secondaire a également marqué les esprits. Par conséquent, c’est une rentrée des classes sous haute tension qui s’annonce.

 

Les décisions du ministre concernant la gestion des crises et des grèves ont eu un fort impact sur les syndicats, et ils s’en souviennent. Les syndicats, chapeautés par l’UGTT, sont décidés à faire entendre leurs voix au cours de la rentrée qui arrive ce mois-ci. Il est vrai que les mesures prises par Néji Jalloul leur restent en travers de la gorge.

 

Le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Lassâad Yaâcoubi, avait déjà annoncé la couleur le 3 septembre 2015 en déclarant que « si le gouvernement ne tient pas sa promesse, le conseil administratif prendra des mesures sévères ». La promesse en question est celle de faire appliquer et respecter tous les accords antérieurs. 

 

Le secrétaire général adjoint du même syndicat, Fakhri Smiti, en a remis une couche le 5 septembre pour dire que les décisions prises seront « sévères » contre « la nonchalance du gouvernement et le fait qu’il porte atteinte au droit syndical des professeurs ». Smiti est allé jusqu’à menacer de boycotter la rentrée scolaire. Tout cela provient du fait que les accords conclus entre le syndicat et le ministère de l’Education nationale n’ont pas été publiés dans le JORT du 4 septembre 2015. Le syndicat voit en cette non-publication une volonté latente du gouvernement de revenir sur les accords conclus. En fin de journée, les menaces sont mises à exécution. Le conseil administratif décide de boycotter les cours. Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l’UGTT, annonce que les enseignants reprendront la rentrée le 14 septembre comme prévu, et entameront la grève à partir du 15 septembre, jusqu’à ce que les accords ne soient appliqués par le gouvernement.

 

Cette atmosphère de méfiance et de défiance entre le syndicat et le ministère de l’Education n’est pas nouvelle. C’était déjà le cas pendant toute l’année dernière, où la vie scolaire, dans les lycées, était rythmée par les grèves et les crises. Le secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, Lassâad Yaâcoubi, a longtemps entretenu et ravivé cette atmosphère de défi, de provocation et de confrontation avec le gouvernement. Et il est vrai, qu’en usant de ces moyens, il a réussi à obtenir plusieurs « reculades » du gouvernement. On se rappellera de la fameuse déclaration du secrétaire général, suite à la conclusion des accords avec le ministère de l’Education, quand il avait dit : « Que celui à qui cet accord ne plait pas boive l’eau de mer ».

 

Aujourd’hui, les relations entre le gouvernement et le syndicat de l’enseignement secondaire semblent partir sur les mêmes bases de confrontation. Il faut noter également que la gestion de ce dossier par le gouvernement n’a pas été optimale. En effet, ce dernier a fait plusieurs concessions qui ont favorisé la montée du seuil des revendications syndicales. Hormis quelques mesures prises par le ministre, notamment la lutte contre les cours particuliers, les problèmes de fond ont été calmés par des augmentations salariales. Toutefois, ces augmentations salariales deviennent obsolètes quand on considère que l’inflation va de pair et que donc, même les soucis financiers des professeurs du secondaire seront bientôt, de nouveau, d’actualité.

 

La rentrée politique de cette année sera chargée et émaillée de plusieurs mouvements sociaux auxquels celui des professeurs viendra s’ajouter. Entre les manifestations contre le projet de loi de réconciliation nationale, le mécontentement des agriculteurs et le sempiternel problème terroriste, le gouvernement de Habib Essid pourrait être tenté de céder devant les professeurs, d’une part car des accords ont déjà été signés et d’autre part, à cause de la volonté du gouvernement de maintenir une paix sociale même factice.

 

Entre temps, les problèmes de l’éducation nationale, surtout au niveau secondaire restent bien réels et représentent un véritable problème à moyen et à long terme. La meilleure preuve de l’état dramatique de l’éducation nationale est le taux de réussite à la session principale du baccalauréat 2015 qui était seulement de 27,22%. Pourtant, pour l’opinion publique, le duel entre le gouvernement et le syndicat de l’enseignement secondaire semble se cristalliser autour de questions exclusivement pécuniaires et financières, malgré les dénégations des protagonistes. Toutefois, rien ne semble être sorti du fameux dialogue national autour de l’éducation qui devait se pencher sur la refonte des programmes et les moyens d’élever le niveau de l’enseignement tunisien.

 

Au-delà des querelles entre le syndicat et le gouvernement, il faut être conscient du fait que le principal perdant reste le niveau des élèves. La dégringolade du niveau des élèves se répercute sur celle des étudiants et ensuite sur le niveau des demandeurs d’emploi. Par conséquent, aujourd’hui, plusieurs employeurs ont les plus grandes difficultés à trouver du personnel qualifié même si le niveau de qualification requis n’est pas très élevé. Ceci a pour double effet le ralentissement de l’économie, du fait du manque de personnel qualifié, et l’augmentation du chômage de personnes ayant des diplômes qui ne servent à rien.

 

Marouen Achouri

 

06/09/2015 | 15:58
4 min
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Commentaires (8)

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URMAX UFGOBZ
| 09-09-2015 16:34
Les grèves durant la période scolaire est une atteinte directe au DROIT à l'éducation qu'ont les enfants !
Et puis, qu'ont-ils à voir, eux, enfants, aux misérables chichis dont vous faites part depuis maintenant deux ans ?
Déplorable !
Les jeunes générations, c'est l'avenir d'une nation ; et l'enseignement auquel ils ont droit, représentera la culture et la discipline dont ils devront faire part, eux-mêmes, plus tard, dans leur vie professionnelle.
En instrumentalisant les enfants pour votre chantage contre le gouvernement, vous vous comportez non seulement en lâches, (en utilisant des enfants comme moyen de pression), mais vous impactez aussi sur la situation économique du pays dans les prochaines décennies ; c'est-à dire sur l'intérêt national et donc sa stabilité et donc sa sécurité !
Je crois qu'un texte légal existe quant au comportement à adopter contre toutes celles et ceux qui "touchent à la sécurité et à l'intérêt national.

b2b
| 07-09-2015 10:23
devant l'esprit criminel des syndicats qui continuent à torturer les enfants et les familles, donc tout le pays, et devant l'incapacité des pouvoirs publics et notamment la fameuse ARP élue par le peuple pour sauvegarder ses interrêts et aussi les associations civiles, il ne reste que les parents et les familles qui doivent défendre leurs droits les plus sacrés et les plus constitutionnels à savoir le droit au savoir; en revendications pacifiques dans les institutions d'éducation et dans la rue faisons savoir à tout le monde à l'intérieur comme à l'extérieur du pays la gravité du drame que vivent nos enfants futurs piliers de ce pays qui nous est très cher; aussi cher que nos enfants. médias, si la Tunisie et ses enfants comptent pour vous, c'est le meilleurs moment de le prouver;

l'idiot du bled
| 07-09-2015 08:55
Et de "l'univers chuté"

GD ID
| 07-09-2015 08:50
Pourquoi n avez vous pas réagi de la même manière lorsque la "troika" était au pouvoir.Ce gouvernement finira par chuter.

daghbagi
| 07-09-2015 08:35
actuellement c'est le rôle des parents de prendre l'initiative pour protéger les intérêts de la nation et des enfants .ces gens sont pays pour rendre un service et non plus pour faire des chantage.
Cher parents commencer par le plus importants pour eux pas d'étude cette année.

Forza
| 06-09-2015 18:06
Le pays n'a pas pour le moment les ressources pour des augmentations et des primes. Les professeurs et instituteurs ont maintenant chômé pour au moins 3 mois avec salaire payé. Il faut retourner au travail. Le futur des élèves ne doit pas être objet de chantage.

Mohamed Obey
| 06-09-2015 18:04
Dans la conclusion de M. Marwen Achouri, il y a corrélation entre qualité d'enseignement et rendement économique_chose qui continuait à être nié dans les traditionnels discours par les Ministres de l'Education comme feu Mohamed Charfi...Mais l'impact de l'éducation ne se sent pas uniquement dans la production économique, mais aussi dans la citoyenneté et la souveraineté de l'Etat: Pour ces raisons, il faut prendre les enseignants au sérieux et non pas les caricaturer en des chanteurs comme les médias veulent le faire avaler aux masses suivistes...

R.T.
| 06-09-2015 17:32
La raison normalement revient au corps des enseignants ! Mais voilà l'inverse qui se produit.Le monde est devenu à l'envers!!!!!!