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Tunisie - La LTDH continue-t-elle à défendre les droits de l'Homme?

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La défense des droits humanitaires est la position de principe de toute organisation qui travaille dans ce domaine et ce, de principe, et au-delà de l’appartenance politique, la race ou le sexe de la personne qui subit une quelconque atteinte à ses droits fondamentaux. Or, certains observateurs ont suspecté l’absence d’une telle défense systématique de ces droits de la part de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) dans l’affaire des personnes impliquées avec l’ancien régime, par opposition surtout avec sa position claire pour s’opposer à l’extradition de Baghdadi Mahmoudi. Qu’en est-il ?
Cc’est cette question d’extradition de Baghdadi Mahmoudi qui a suscité les comparaisons chez les observateurs. En effet, la LTDH ne s’est pas faite entendre dans les affaires des ministres et autres hauts responsables de l’ancien régime en Tunisie, malgré la requête présentée par l’association l’article 10, qui a relevé dans un rapport remis à la ligue une multitude de dépassements. Cette même ligue s’est dressée pour défendre le Premier ministre de Kadhafi, l’un des piliers, lui aussi, d’une dictature déchue.
«Baghdadi Mahmoudi risque la torture et même la liquidation physique en cas d'extradition vers la Libye», a estimé le président de la LTDH, Abdessattar Ben Moussa, lors d'une conférence de presse tenue récemment à Tunis. Il a aussi réaffirmé l'opposition de la LTDH à toute décision d'extradition de l'ex-premier ministre libyen aux autorités libyennes.
Le président de la LTDH a aussi relevé «les conditions difficiles d'incarcération» de Baghdadi Mahmoudi (68 ans) qui se trouve actuellement en détention à la prison d'El Mornaguia, appelant à le placer en résidence surveillée dans la mesure où «il y a des menaces pour sa vie en prison», a-t-il dit.
Une telle sollicitude pour Baghdadi Mahmoudi, dans la ligue de la défense des droits humanitaires, serait passée inaperçue si la même attitude avait été observée avec les ex-responsables en Tunisie. Mais, puisque ce n’est pas le cas, pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures ?
Pour répondre à cette interrogation, Me Abdessattar Ben Moussa étant en mission à l’étranger, donc injoignable, on a contacté Me Anouar Kousri, membre du bureau directeur de la LTDH. Me Kousri a affirmé que la LTDH «défend systématiquement tous les dossiers où elle constate, preuves à l’appui, des atteintes aux droits fondamentaux des personnes».
Questionné sur les cas des personnes détenues à l’Aouina ou encore, sur celui de Tahar Belhaj Ali, ex-PDG de Tunisair, qui vient d’être emprisonné à 76 ans avec un pacemaker au cœur dans l’affaire de trois emplois fictifs au profit de membres de la famille Ben Ali, Anouar Kousri a répondu que «la ligue intervient en réaction aux sollicitudes des parents des intéressés dont les droits ont été bafoués et sur la base de dossiers confirmant ces dépassements».
«La LTDH défend toutes les personnes qui subissent des torts, au-delà de leurs appartenances politiques», a-t-il ajouté, en rappelant que la ligue a défendu les islamistes et à leur tête Rached Ghannouchi ainsi que Mohamed Sayah pendant l’ère de Ben Ali. «Il suffit que l’on soit convaincu de l’existence du tort en matière des droits fondamentaux pour que l’on réagisse immédiatement», a encore insisté Me Kousri.
Ces mêmes propos concernant la mission de la LTDH ont été repris par Tahar Chagrouch, un autre militant des droits de l’Homme. Il a rappelé, lui aussi, la nécessité de requêtes de la part des familles des victimes de ces dépassements. Mais cette condition est-elle justifiée ?
La question de soulever les dépassements en matière des droits de l’Homme ne nécessite normalement pas de requête pour qu’une association comme la LTDH bouge et clame haut et fort sa position en faveur d’une justice équitable pour les personnes ayant appartenu à la haute sphère de l’ancien régime comme étant des personnes humaines, devant bénéficier de tous leurs droits.
Cette problématique est d’autant plus importante que de tels procès traduisent l’essence du changement préconisé par la révolution en Tunisie du moment qu’il s’agit des domaines de la justice et des droits. Les opinions nationale et internationale accordent, elles aussi, beaucoup d’intérêt dans leur évaluation d’un pays au respect des procédures et des juridictions. Les avocats de Belhassen Trabelsi n’ont-ils pas essayé d’évoquer devant la justice canadienne cette question de «vindicte populaire», en référence aux procès en cours devant la justice tunisienne ?
La LTDH doit être le fer de lance de cette lutte pour le respect des droits des uns et des autres. Au-delà de la position que l’on peut avoir sur l’association «l’article 10», son slogan réclamant «une justice équitable pour tous» est le slogan qui devra prévaloir en Tunisie après le 14 janvier.
A la LTDH de se ressaisir pour garder sa position au-delà des mêlées. Baghdadi Mahmoudi n’est pas au dessus de tout soupçon. Donc, les dossiers de Abdallah Kallel, Abdelwahab Abdallah, Abderrahim Zouari ou Nabil Chettaoui méritent le même intérêt, plus même dans le cas de Tahar Belhaj Ali qui mérite une sollicitude particulière en raison de son état de santé précaire.
C’est aussi ça la réalisation des objectifs de la révolution…
Mounir Ben Mahmoud
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