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Tunisie : les points forts et les lacunes à combler, selon le rapport du Femise

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Les pays méditerranéens n'ont pas réagi de la même façon face à la crise économique et financière internationale. Certains pays, notamment dans la rive nord, étaient en plein boom mais ils ont subi un brutal coup de frein. D’autres pays ont fait preuve de résistance et de persévérance à même de tirer profit de la conjoncture de crise. La Tunisie en est l’exemple le plus frappant.
Pour le Forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (Femise), dans son dernier rapport intitulé "Les pays partenaires méditerranéens face à la crise", la Tunisie représente un remarquable exemple de dynamisme dans la région car sa croissance a été obtenue davantage par une augmentation de la productivité que par l’accumulation de capital et la croissance de la population active. Le taux de croissance reste encore soutenu malgré les difficultés à maintenir le rythme d’ouverture. Cela devient tout à fait évident dès qu'on se rappelle que la crise économique a touché de plein fouet les relations économiques internationales.
Le rapport a braqué ses projecteurs sur la réactivité de la Tunisie face à la crise, et sa capacité à trouver des remèdes qui ne soient pas de nature émotionnelle mais qui relèvent de la spécificité de son modèle de développement.
D’après le rapport " ce nouveau régime de croissance recèle des éléments d’exemplarité incontestables pour les autres pays de la région car il se fonde sur un développement des services, permet une distribution de revenus qui n’handicape pas la compétitivité de l’économie (les augmentations de salaires sont liées à l’augmentation de la productivité plutôt qu’à celle des prix ce qui permet de maintenir le taux de change réel stable) et, normalement, évite la substitution du capital au travail qui accompagne généralement les régimes de croissance à accumulation intensive".
Néanmoins, le rapport précise que le point faible de la Tunisie demeure le taux de chômage, en particulier des diplômés, qui atteint des niveaux tout relativement élevés malgré des taux de croissance remarquables du PIB ces dernières années.
" Il y a, probablement, des explications qui peuvent être invoquées et qui sont à prendre en compte de manière urgente par le pilotage stratégique de l’économie: inefficacité des systèmes de formation et d’orientation, dualisme excessif entre les implantations étrangères dans les pôles technologiques et le reste de l’appareil productif avec un déficit d’effets d’entraînement des premières, insuffisant développement des PMI-PME et de la création d’entreprises (ce qui nécessiterait une politique vigoureuse et un cadre juridique adapté du type « Small Business Act »), dynamisme insuffisant du système bancaire en matière de crédits à ces entreprises, manque de fonds de développement et d’investissements dédiés avec avantages fiscaux comme il en existe en Europe etc. Mais le niveau de la demande finale joue également un rôle décisif car il permet de rapprocher le produit réel de l’économie de son niveau potentiel", ajoute-t-il.
Toujours selon la même source, la crise va toucher à la fois les possibilités qu’aura l’économie tunisienne pour remédier à ses défauts de structures et à l’effet d’entraînement insuffisant de la demande finale. "Sans un minimum d’aisance dans la gestion macroéconomique, il y a un risque que les évolutions nécessaires ne soient retardées. C’est une question que le partenariat euro-méditerranéen pourrait prendre en compte en soutenant la disponibilité en réserves de la Banque Centrale", mentionne-t-il.
Le rapport souligne, cependant, quelques points de repères caractérisant la situation macroéconomique actuelle de la Tunisie et qui montrent une aptitude remarquable à s’adapter aux aléas d’une conjoncture fortement mondialisée.
L’investissement et la consommation privée, bien qu’ils soient à des niveaux moyens, tirent vers le haut la demande finale, alors que la consommation publique baisse, ce qui est manifestement une bonne stratégie d’adaptation à la crise car elle montre le souci d’éviter les déficits budgétaires incontrôlables.
"Déjà, la Tunisie a été le seul pays dans la région avec une balance courante quasi-équilibrée en 2008 ; cet équilibre commence à être menacé en 2009 en raison de la baisse des exportations et, ce, malgré les transferts de revenus des émigrés et le tourisme qui semblent se maintenir" précise le rapport.
Dans le chapitre tourisme, justement, le rapport signale que "le défi du tourisme dans les années à venir dépendra de la capacité du pays à restructurer le secteur et l’utiliser comme un créateur d’emplois, un générateur de revenus, un moyen d’attirer des investissements étrangers et d’initier des projets d’infrastructure".
En outre, des efforts au niveau national devront être entrepris afin d’attirer plus de capitaux étrangers dans des secteurs de l’industrie qui pourraient contribuer à la diversification de la structure de l’emploi. La nouvelle loi sur l’investissement contribuera, indéniablement, à une telle stratégie.
Et le rapport d’ajouter :" le besoin d’une stratégie de renforcement de la production de biens dits « stratégiques » tels les céréales, le lait et certains légumes de consommation régulière se fait sentir, compte tenu des effets des augmentations des prix de ces produits alimentaires. Cependant, la stabilité budgétaire sera problématique dans un contexte de forte hausse du baril de pétrole en 2008 qui sera suivie d’une augmentation des dépenses publiques en 2009 pour parer à la crise sur l’économie réelle".
Par ailleurs, l’inflation est restée modeste par rapport à la moyenne méditerranéenne, elle a atteint 5% en 2008 et devrait diminuer aux alentours de 3,1% en 2009. "Mais, il est fort possible, si l’endettement continue d’augmenter, que l’inflation ne devienne une variable d’ajustement au moment de la reprise. A cet égard, la poursuite du ciblage d’inflation par la Banque Centrale sous une forme implicite plutôt qu’explicite paraît souhaitable de même que la suspension provisoire de la marche vers la flexibilité du taux de change et la convertibilité du compte de capital", précise-t-il.
La convertibilité totale du dinar dans un système de change fixe est difficile car elle implique l’obtention d’un différentiel d’inflation favorable vis-à-vis des principaux partenaires. A cet égard, il faut se demander si le ciblage d’inflation par la Banque Centrale offre la meilleure solution. Le système financier n’y est pas encore préparé et les contraintes externes sont très fortes. L’action sur les anticipations des agents est une mesure adaptée, mais lorsqu’elle est prise en charge par la Banque Centrale via un engagement sur le niveau général des prix, celle-ci engage sa crédibilité. De ce point de vue, il peut paraître prématuré de s’orienter vers un ciblage explicite et, a fortiori, vers un taux de change flexible. Des mesures plus ciblées permettant de conserver sa crédibilité à la Banque Centrale paraissent plus adaptées à la situation.
En matière des échanges commerciaux, le rapport signale que la Tunisie a été efficace dans la diversification de ses produits exportés, mais celle-ci a été plus faible pour ses partenaires commerciaux. A titre d’exemple, son industrie textile dépend fortement de la demande intérieure de l’UE sachant que les exportations de textiles vers le reste du monde sont quasi-nulles (en 2002 les États-Unis représentaient seulement 1 % de la part des exportations tunisiennes en textile). De même, la dépendance de sous-traitance de l’industrie tunisienne vis-à-vis des constructeurs d’automobiles européens et des industries mécaniques et électriques européennes pèse à la fois sur son chiffre d’affaires et sur la part de valeur ajoutée qui lui revient. A cet égard, il semble important que la Tunisie puisse développer davantage ses échanges avec ses voisins méditerranéens et les autres grandes régions industrialisées.
Le rapport précise, en revanche, que la Tunisie pourra accroître sa capacité d’innovation et en conséquence d’attractivité d’IDE en s’appuyant sur l’établissement d’une politique de migration régulée des compétences. Le maintien de la main d’œuvre qualifiée devrait s’effectuer à travers : l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique pour répondre à l’évolution des besoins des citoyens et du secteur privé et l’extension et le renforcement des partenariats avec les opérateurs locaux.
Pour le Forum euro-méditerranéen des instituts des sciences économiques (Femise), dans son dernier rapport intitulé "Les pays partenaires méditerranéens face à la crise", la Tunisie représente un remarquable exemple de dynamisme dans la région car sa croissance a été obtenue davantage par une augmentation de la productivité que par l’accumulation de capital et la croissance de la population active. Le taux de croissance reste encore soutenu malgré les difficultés à maintenir le rythme d’ouverture. Cela devient tout à fait évident dès qu'on se rappelle que la crise économique a touché de plein fouet les relations économiques internationales.
Le rapport a braqué ses projecteurs sur la réactivité de la Tunisie face à la crise, et sa capacité à trouver des remèdes qui ne soient pas de nature émotionnelle mais qui relèvent de la spécificité de son modèle de développement.
D’après le rapport " ce nouveau régime de croissance recèle des éléments d’exemplarité incontestables pour les autres pays de la région car il se fonde sur un développement des services, permet une distribution de revenus qui n’handicape pas la compétitivité de l’économie (les augmentations de salaires sont liées à l’augmentation de la productivité plutôt qu’à celle des prix ce qui permet de maintenir le taux de change réel stable) et, normalement, évite la substitution du capital au travail qui accompagne généralement les régimes de croissance à accumulation intensive".
Néanmoins, le rapport précise que le point faible de la Tunisie demeure le taux de chômage, en particulier des diplômés, qui atteint des niveaux tout relativement élevés malgré des taux de croissance remarquables du PIB ces dernières années.
" Il y a, probablement, des explications qui peuvent être invoquées et qui sont à prendre en compte de manière urgente par le pilotage stratégique de l’économie: inefficacité des systèmes de formation et d’orientation, dualisme excessif entre les implantations étrangères dans les pôles technologiques et le reste de l’appareil productif avec un déficit d’effets d’entraînement des premières, insuffisant développement des PMI-PME et de la création d’entreprises (ce qui nécessiterait une politique vigoureuse et un cadre juridique adapté du type « Small Business Act »), dynamisme insuffisant du système bancaire en matière de crédits à ces entreprises, manque de fonds de développement et d’investissements dédiés avec avantages fiscaux comme il en existe en Europe etc. Mais le niveau de la demande finale joue également un rôle décisif car il permet de rapprocher le produit réel de l’économie de son niveau potentiel", ajoute-t-il.
Toujours selon la même source, la crise va toucher à la fois les possibilités qu’aura l’économie tunisienne pour remédier à ses défauts de structures et à l’effet d’entraînement insuffisant de la demande finale. "Sans un minimum d’aisance dans la gestion macroéconomique, il y a un risque que les évolutions nécessaires ne soient retardées. C’est une question que le partenariat euro-méditerranéen pourrait prendre en compte en soutenant la disponibilité en réserves de la Banque Centrale", mentionne-t-il.
Le rapport souligne, cependant, quelques points de repères caractérisant la situation macroéconomique actuelle de la Tunisie et qui montrent une aptitude remarquable à s’adapter aux aléas d’une conjoncture fortement mondialisée.
L’investissement et la consommation privée, bien qu’ils soient à des niveaux moyens, tirent vers le haut la demande finale, alors que la consommation publique baisse, ce qui est manifestement une bonne stratégie d’adaptation à la crise car elle montre le souci d’éviter les déficits budgétaires incontrôlables.
"Déjà, la Tunisie a été le seul pays dans la région avec une balance courante quasi-équilibrée en 2008 ; cet équilibre commence à être menacé en 2009 en raison de la baisse des exportations et, ce, malgré les transferts de revenus des émigrés et le tourisme qui semblent se maintenir" précise le rapport.
Dans le chapitre tourisme, justement, le rapport signale que "le défi du tourisme dans les années à venir dépendra de la capacité du pays à restructurer le secteur et l’utiliser comme un créateur d’emplois, un générateur de revenus, un moyen d’attirer des investissements étrangers et d’initier des projets d’infrastructure".
En outre, des efforts au niveau national devront être entrepris afin d’attirer plus de capitaux étrangers dans des secteurs de l’industrie qui pourraient contribuer à la diversification de la structure de l’emploi. La nouvelle loi sur l’investissement contribuera, indéniablement, à une telle stratégie.
Et le rapport d’ajouter :" le besoin d’une stratégie de renforcement de la production de biens dits « stratégiques » tels les céréales, le lait et certains légumes de consommation régulière se fait sentir, compte tenu des effets des augmentations des prix de ces produits alimentaires. Cependant, la stabilité budgétaire sera problématique dans un contexte de forte hausse du baril de pétrole en 2008 qui sera suivie d’une augmentation des dépenses publiques en 2009 pour parer à la crise sur l’économie réelle".
Par ailleurs, l’inflation est restée modeste par rapport à la moyenne méditerranéenne, elle a atteint 5% en 2008 et devrait diminuer aux alentours de 3,1% en 2009. "Mais, il est fort possible, si l’endettement continue d’augmenter, que l’inflation ne devienne une variable d’ajustement au moment de la reprise. A cet égard, la poursuite du ciblage d’inflation par la Banque Centrale sous une forme implicite plutôt qu’explicite paraît souhaitable de même que la suspension provisoire de la marche vers la flexibilité du taux de change et la convertibilité du compte de capital", précise-t-il.
La convertibilité totale du dinar dans un système de change fixe est difficile car elle implique l’obtention d’un différentiel d’inflation favorable vis-à-vis des principaux partenaires. A cet égard, il faut se demander si le ciblage d’inflation par la Banque Centrale offre la meilleure solution. Le système financier n’y est pas encore préparé et les contraintes externes sont très fortes. L’action sur les anticipations des agents est une mesure adaptée, mais lorsqu’elle est prise en charge par la Banque Centrale via un engagement sur le niveau général des prix, celle-ci engage sa crédibilité. De ce point de vue, il peut paraître prématuré de s’orienter vers un ciblage explicite et, a fortiori, vers un taux de change flexible. Des mesures plus ciblées permettant de conserver sa crédibilité à la Banque Centrale paraissent plus adaptées à la situation.
En matière des échanges commerciaux, le rapport signale que la Tunisie a été efficace dans la diversification de ses produits exportés, mais celle-ci a été plus faible pour ses partenaires commerciaux. A titre d’exemple, son industrie textile dépend fortement de la demande intérieure de l’UE sachant que les exportations de textiles vers le reste du monde sont quasi-nulles (en 2002 les États-Unis représentaient seulement 1 % de la part des exportations tunisiennes en textile). De même, la dépendance de sous-traitance de l’industrie tunisienne vis-à-vis des constructeurs d’automobiles européens et des industries mécaniques et électriques européennes pèse à la fois sur son chiffre d’affaires et sur la part de valeur ajoutée qui lui revient. A cet égard, il semble important que la Tunisie puisse développer davantage ses échanges avec ses voisins méditerranéens et les autres grandes régions industrialisées.
Le rapport précise, en revanche, que la Tunisie pourra accroître sa capacité d’innovation et en conséquence d’attractivité d’IDE en s’appuyant sur l’établissement d’une politique de migration régulée des compétences. Le maintien de la main d’œuvre qualifiée devrait s’effectuer à travers : l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique pour répondre à l’évolution des besoins des citoyens et du secteur privé et l’extension et le renforcement des partenariats avec les opérateurs locaux.
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