
Par Amin Ben Khaled
« L'éducation est l'arme la plus puissante que vous puissiez utiliser pour changer le monde. »
Nelson Mandela
La Tunisie d'aujourd'hui se trouve à la croisée des chemins, confrontée à des défis multiples qui appellent une réflexion profonde sur notre avenir collectif. Sur le plan politique, nous observons l'émergence de discours simplificateurs qui, sous couvert de solutions immédiates, risquent d'affaiblir le dialogue constructif dont notre Tunisie a tant besoin. Notre économie, riche de potentiels, peine à offrir à chaque jeune talent l'opportunité de s'épanouir sur sa terre natale. Les liens sociaux, ce tissu précieux qui fait notre identité, sont soumis à des tensions nouvelles dans un monde où l'instantané prend souvent le pas sur la réflexion partagée. Notre patrimoine culturel, héritage millénaire au sein de la Méditerranée mérite une attention renouvelée pour continuer à nourrir notre créativité et mémoire collectives.
Dans ce contexte délicat, où les sirènes du populisme tentent de nous faire croire que les solutions complexes peuvent être simples, où les défis climatiques redessinent nos territoires, où la révolution numérique transforme nos modes de vie, l'éducation apparaît comme notre plus précieux rempart. Il est temps de faire de chaque salle de classe un foyer d'espoir, un laboratoire d'avenir. Voici 10 ambitions, 10 flammes, 10 matières pour réinventer l'école tunisienne et sculpter une nation fière, libre, audacieuse, créative et bien ancrée dans le 21ème siècle.
1. Raviver la langue phénicienne
Matière proposée : "Langue et culture phéniciennes"
Dans les ruines de Carthage, les voix des enfants s'élèvent, murmurant les secrets des navigateurs puniques. Décrypter ces inscriptions millénaires, c'est semer les graines d'une nouvelle génération de savants, gardiens de l'héritage carthaginois. Cette langue n'est pas une relique, mais un flambeau : en l'apprenant, nos écoliers deviendront les futurs spécialistes qui feront de la Tunisie le cœur battant de l'étude punique, un phare culturel illuminant, la Méditerranée et par-delà, le monde.
2. Maîtriser l'échiquier, conquérir la pensée
Matière proposée : "Jeu d'échecs"
Sur l'échiquier, chaque pion est une nation, chaque coup un traité dans le grand théâtre de la géopolitique. Enseigner les échecs aux écoliers, c'est les initier à la danse complexe des alliances et des stratégies qui façonnent le monde. Demain, armés de patience et d’intelligence géopolitique, ils navigueront les tempêtes globales avec une sagesse forgée sur les cases noires et blanches de l’échiquier mondial.
3. S'initier à l'intelligence artificielle
Matière proposée : "Informatique et IA"
L'intelligence artificielle est une toile infinie, un pinceau pour peindre demain. Apprendre à coder un rêve, à murmurer aux algorithmes, c'est transformer chaque écolier en alchimiste du futur. Déjà en 2025, la Tunisie rayonne de talents qui sont en train de conquérir la scène mondiale : nos salles de classe seront les creusets de cette révolution, où chaque enfant devient un sculpteur de l’espace cybernétique.
4. Ancrer les droits humains dans l'âme
Matière proposée : "Déclaration universelle des droits de l’Homme"
La Déclaration universelle des droits de l'Homme est un poème gravé dans l'éternité. Enseignons ses vers dès l'aube de l'enfance, laissons la liberté, l'égalité, la dignité fleurir dans les cœurs. Dans une Tunisie où les vents de l'oppression soufflent parfois, cette matière sera une ancre, un hymne vibrant, forgeant des âmes prêtes à défendre la justice sous tous les cieux.
5. Démystifier les réseaux sociaux
Matière proposée : "Médias et esprit critique"
Les écrans scintillent comme des mirages, les algorithmes tissent des sortilèges. Mais derrière chaque clic veille un piège. Apprendre à lire les réseaux sociaux, c'est doter nos élèves d'un compas pour naviguer dans l'océan numérique, d'une torche pour percer les ombres de la désinformation. Leur voix, claire et libre, résonnera dans ce monde en ligne, comme un chant de vérité.
6. Dompter le smartphone, libérer l'esprit
Matière proposée : "Vie numérique"
Le smartphone, tel un génie capricieux, peut servir ou enchaîner. Enseignons à nos élèves l'art de le dompter : qu'ils y puisent des savoirs, y créent des merveilles, mais sachent aussi lui imposer silence. Dans une école tournée vers les étoiles, la technologie devient une aile, non une cage, portant les ambitions de nos enfants vers des cieux sans limites.
7. Ériger des remparts contre la violence
Matière proposée : "Vivre ensemble"
Dans le sanctuaire de nos écoles, la violence n'a pas de place. Par des cercles de parole, des ateliers où naît la solidarité, des campagnes qui brisent les chaînes de l'intimidation, nous bâtirons des remparts d'empathie. Chaque enfant grandira dans un jardin de paix, où son cœur, libre et confiant, pourra s'épanouir comme une fleur sous le soleil.
8. S'émerveiller de l'écologie
Matière proposée : "Notre environnement"
Dans une Tunisie caressée par les vents et éprouvée par le climat, l'écologie est une poésie vivante. Apprendre les murmures de la terre, rêver de vallées verdoyantes, agir pour un demain radieux : chaque élève deviendra un troubadour de la nature, un gardien de notre planète, semant des graines d'espoir dans un monde assoiffé d'harmonie.
9. Célébrer la Tunisie plurielle
Matière proposée : "Cultures et traditions"
La Tunisie, mosaïque d'âmes et de rêves, chante la diversité comme une ode. Cette matière tisse des récits des régions, des dialogues entre croyances, des célébrations où chaque différence devient une note dans une symphonie commune. Dans un monde tenté par la discorde, nos écoles seront des ateliers d'alchimistes, transformant la diversité en une harmonie précieuse.
10. Rêver la Tunisie de demain
Matière proposée : "Tunisie future"
Et si nos écoliers étaient les architectes de demain ? Dans cette matière, ils dessinent – librement – des cités où dansent les lumières, écrivent des lois où palpite la justice, imaginent une mosaïque unie de Tunis à Tataouine, de Tabarka à Djerba. Ce n'est pas un cours, mais une invitation à rêver, à oser, à sculpter une Tunisie dont l'éclat fera vibrer le cœur du monde.
Ces 10 matières ne sont pas des mirages. Elles prennent racine dans notre réalité : des initiatives éducatives émergent, mais peinent face au manque de fonds ; des talents tunisiens s'illustrent, mais luttent contre l'exode. Face aux ombres du populisme, où les discours manichéens menacent notre cohésion, l'école tunisienne doit être notre riposte. Elle doit être le lieu où naissent des citoyens éveillés, des innovateurs intrépides, des gardiens d'une démocratie vivante.
Que chaque tableau noir soit une promesse, chaque pupitre un tremplin, chaque leçon un pas vers la lumière. La Tunisie ne se contente pas de survivre : qu’elle s'élève, dès aujourd'hui, dans le souffle de ses écoliers, ces décideurs de demain.
*Amin Ben Khaled : Avocat et ancien diplomate

Le feu Bourguiba l'avait bien compris et consacrait plus de budget à l'éducation nationale que l'armée ou d'autres ministères.
C'est vrai qu'il faut aussi enseigner l'histoire tunisienne et la réconcilier avec elle-même, au lieu de nous bassiner avec l'histoire de l'islam et .... Omar al Khatab. Je ne rejette pas l'histoire arabo-musulmane mais pas au point d'avoir une overdose au détriment de l'histoire de la Tunisie (et nos ancêtres) qui fut brillante.