
Le dirigeant d'Al Jomhouri, Issam Chebbi a adressé une lettre à l'opinion publique nationale et mondiale depuis sa cellule de prison dans laquelle il dénonce des atteintes commises par l'administration de la prison civile de Mornaguia. Issam Chebbi a publié le message suivant :
« À l'attention du public national et international, à tous les défenseurs des libertés et des droits humains,
Après 731 jours derrière les barreaux, après deux ans d’une détention injuste, je me retrouve contraint de poser une question absurde, mais reflétant une triste réalité : selon quelle logique et quels critères a-t-on décidé de confisquer un livre et de m’en refuser l’accès alors même que je suis enfermé dans une cellule conçue précisément pour étouffer ma liberté ?
L’administration de la prison m’a interdit de recevoir le roman "Yalo" de l’écrivain Elias Khoury, un ouvrage pourtant disponible et largement distribué dans les librairies tunisiennes. Quels sont donc ces "grands risques" justifiant cette décision ? Un roman, peut-il réellement menacer la sécurité des détenus ou celle de l’État ? Ou bien est-ce simplement le fait que toute parole libre dérange désormais toutes les autorités ?
Nous avons récemment entendu le porte-parole de l’administration pénitentiaire évoquer de l'application de "normes internationales" pour justifier de telles mesures. Je m'interroge clairement : quelles sont ces normes ? Et où est le texte juridique qui permet de telles violations flagrantes du droit des détenus au savoir et à la lecture ?
Deux ans de prison, deux ans d’injustice, deux ans d’acharnement, comme si la privation de liberté ne suffisait pas, comme si, il fallait encore briser la volonté et nuire à nos droits les plus fondamentaux derrière les barreaux. Mais que ceux qui prennent ces décisions et ceux qui les appliquent le comprennent bien : aucune prison ne peut réduire au silence la pensée, aucune restriction ne peut anéantir le droit au savoir.
Ce n’est pas qu’un simple roman, il s'agit d'une bataille symbolique de plus contre une répression qui ne cherche même plus à se dissimuler ».
Pour rappel, l'affaire de complot contre l'État vise plusieurs personnalités politiques tunisiennes. La liste des accusés, incarcérés à la suite de mandats de dépôt émis le 25 février 2023, comprend Khayam Turki, Ridha Belhadj, Ghazi Chaouachi, Jaouhar Ben Mbarek, Issam Chebbi, Abdelhamid Jelassi et Kamel Letaïef. Lazhar Akremi et Chayma Issa, également arrêtés dans le cadre de cette affaire, ont été libérés le 13 juillet 2023.
La période de détention provisoire aurait dû prendre fin entre le 18 et le 19 avril 2024, mais aucune décision de libération n’a été prise par les autorités tunisiennes. Par ailleurs, des fuites concernant le document d’instruction ont suscité critiques et railleries. Plusieurs détenus ont mené des grèves de la faim pour protester contre leur incarcération, mais sans succès. À ce jour, après plus de 700 jours de détention, ils restent emprisonnés.
S.G


Liberté, Solidarité et Dignité de traitement pour CHEBBI comme à tout le nuancier des centaines de prisonnier.e.s politiques comme d opinions sans eKSczptions auKunes !