L’ampleur de la guerre à Gaza dépasse, depuis des semaines, les zones du conflit pour s’inviter sur tous les plateaux TV et les réseaux et jusque sur les terrains de sport. Véritables idoles des masses, les sportifs étaient attendus au tournant sur la question. Leur public estimant, qu’avec une notoriété pareille, ils ne pouvaient pas se défiler et ne pas faire entendre leur voix. En s’exprimant, certains risquent pourtant très gros.

Le 1^er novembre, lors de son deuxième match aux WTA Finals, face à la Tchèque, Marketa Vondrousova, la joueuse de tennis tunisienne Ons Jabeur a ému la toile avec son discours. En larmes, la tenniswoman n’a pas pu contenir son émotion « face aux images des enfants tués ».

« La situation dans le monde m’attriste… C’est très dur de voir des enfants et des bébés mourir chaque jour. C’est déchirant. J’ai décidé de faire don d’une partie de mon prize money pour aider les Palestiniens... Il ne s’agit pas d’un message politique, il s’agit d’humanité », a-t-elle déclaré. 

A cause de ce soutien, la joueuse est dans la ligne de mire de l’Association israélienne de tennis (ITA) et ce, depuis qu’elle ait déclaré, début octobre, son soutien aux Palestiniens. Ons Jabeur avait écrit que les Palestiniens faisaient l'objet d'injustice durant les 75 dernières années. « Ce que subissent les civils est incroyable, quelle que soit leur religion, ou leur origine. La violence n'aboutira jamais à la paix. Je ne peux pas soutenir la violence, mais je ne peux pas supporter de voir des gens se faire prendre leurs terres. Il est nécessaire de comprendre le contexte... Chacun a besoin et mérite la paix. Arrêtez la violence et liberté pour la Palestine », a-t-elle écrit dans un tweet.

L’association israélienne de tennis (ITA) s'est plainte officiellement du soutien de la tenniswoman tunisienne Ons Jabeur au peuple palestinien auprès de la Fédération internationale de tennis (IFT) afin qu’elle fasse pression sur l’Association des joueuses de tennis (WTA) et prendre des mesures contre la Tunisienne. Le président de l'association israélienne Avi Peretz avait déclaré : « Cette joueuse de tennis incite et soutient une organisation terroriste meurtrière et nazie. Nous sommes heureux qu’elle soit en minorité par rapport aux athlètes sensés du reste du monde ».

Mais Ons Jabeur n’est pas la seule sportive attendue sur la question palestinienne. Début octobre, depuis le début du déluge d’Al Aqsa, des millions de citoyens à travers le monde arabe attendaient le soutien du footballeur international égyptien, Mohamed Salah, au peuple palestinien. Un soutien qui était venu, par la suite, sous la forme d’une vidéo aseptisée, au contenu froid - limite malaisant - et qui a rapidement été raillée sur la toile.

Le joueur international était finalement sorti de son silence, douze jours après l’attaque pour dire que « ce n’est pas toujours facile de parler dans des moments comme ça. Il y a eu trop de violences et de brutalité » et appelait à ce que « les massacres cessent » et « le soutien humanitaire à Gaza  soit autorisé immédiatement ». « J’appelle tous les dirigeants du monde à s’unir pour empêcher de nouveaux massacres de personnes innocentes », a-t-il dit.

En Tunisie, à chaque manifestation sportive, les drapeaux tunisiens se sont mêlés ces dernières semaines aux couleurs du drapeau palestinien. Le nageur tunisien Ayoub Hafnaoui s’est exprimé lui aussi en faveur du peuple palestinien. Le champion mondial du 800 mètres nage libre, recordman des 1.500 mètres nage libre et vice-champion du monde du 400 mètres nage libre, a exprimé son soutien sur les réseaux en publiant une vidéo.  « Tenez bon Palestine, tenez bon ! Que Dieu soit avec vous… Nous pensons toujours à vous. Nous sommes de tout cœur avec vous. De par notre foi en Dieu, nous croyons que la victoire sera à la Palestine. Vive la Palestine », a indiqué Ayoub Hafnaoui dans sa vidéo.

Les keffiehs et le drapeau palestiniens étaient également présents sur les terrains de football. Aux photos des joueurs photographiés avec le drapeau palestinien s’ajoutent celles des supporters arborant le keffieh et brandissant des slogans en faveur de la libération de la Palestine. Lors du match du Club africain face à l'Olympique de Béjà, les footballeurs clubistes avaient choisi,  en ces circonstances exceptionnelles, de porter un maillot aux couleurs du drapeau palestinien.

Idem du côté de l’Espérance sportive de Tunis qui a affiché d’imposantes banderoles et des drapeaux dans le stade pour ses récents matchs.

Mais ceci n’est pas uniquement valable pour le football, plusieurs clubs sportifs ont d’ailleurs affiché leur soutien à Gaza en placardant des banderoles dans les terrains et en déclarant le deuil sur leurs pages officielles.

Plusieurs sports ont en effet embrassé la cause.  La boxeuse tunisienne, Selima Ben Hamadou, qui a remporté le championnat du monde en kick boxing à Palerme, en Italie, a, elle aussi, tenu à hisser le drapeau palestinien sur le podium.

De son côté, le ministère tunisien de la Jeunesse et des Sports a affirmé « son soutien total et inconditionnel » à tous les sportifs tunisiens qui ont décidé de soutenir la cause palestinienne, tout comme il a annoncé son « soutien absolu » à Ons Jabeur, face à la plainte de l’ITA.

L'offensive d’Israël contre Gaza a été massive  après l’attaque du Hamas et d’autres factions palestiniennes, le 7 octobre 2023, contre Israël, baptisée « Déluge d'Al-Aqsa ». Le dernier bilan du ministère de la Santé à Gaza communiqué aux médias le 3 novembre, fait état de près de 9.227 morts dont 3826 enfants depuis le début de l’attaque. Le nombre des blessés a dépassé les 23 mille, alors qu'on dénombre plus de 2.000 personnes disparues sous les décombres, dont la moitié sont des enfants.

Synda Tajine