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Chroniques
Des députés à la rescousse
Par Sofiene Ben Hamida
22/09/2024 | 15:23
4 min
Des députés à la rescousse

 

À deux semaines exactement de l’élection présidentielle, le 6 octobre prochain, même les esprits les plus inventifs (ou tordus, à la convenance de chacun), n’auraient pas imaginé la tournure prise par les événements et la teneur des débats au centre de la campagne pour cette élection.

Le mérite revient à une trentaine de députés qui ont inscrit leurs noms dans « l’Histoire » en proposant un amendement d’urgence de la loi électorale.

En effet, ces glorieux et vaillants députés (34 au total), ont sacrifié leurs vacances parlementaires pour se retrouver dans l’urgence et rédiger un amendement de la loi électorale qui enlève au tribunal administratif la mission de statuer sur les litiges électoraux et la confier à la justice judiciaire en appel et en cassation. Ils ont oublié au passage qu’ils ne sont pas des serveurs dans un restaurant à la carte pour proposer des lois à l’unisson avec le pouvoir en place, mais des représentants du peuple qui ont une dignité à sauvegarder et des comptes à rendre.

 

Il faut avouer que le tribunal administratif, par ses jugements et ses décisions explicatives pris récemment par son assemblée plénière, a mis en difficulté le pouvoir et ses institutions. Il a surtout discrédité l’instance des élections (Isie) qui s’est embourbée encore plus dans le ridicule en invoquant des motifs abracadabrantesques. Cette instance a choisi la fuite en avant alors qu’il aurait juste fallu prendre en considération le jugement du tribunal administratif, l’exécuter à la lettre comme le stipule la loi électorale et inscrire les trois candidats écartés au départ sur la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle. Mais c’était trop demander à M. Bouasker et sa bande.

Alors on fait la sourde oreille et on appelle à la rescousse des députés patriotiques et valeureux à souhait, qui ne reculent devant rien, n’ont pas froid aux yeux, ne se préoccupent guère d’être estampillés à jamais comme des lampistes et des larbins et surtout, qui sont prêts à servir quitte à abroger leurs vacances parlementaires.

La campagne électorale déjà piétinante n’avait pas besoin de ce nouveau pavé dans la mare. Déjà, le cas du candidat Ayachi Zammel, incarcéré depuis le début du mois de septembre pour de sombres affaires de parrainages, tombées en cascade sur sa tête, fait tâche sombre dans un tableau peu brillant dès le départ. Au lieu de faire convenablement sa campagne électorale, entouré de son équipe de campagne, le candidat prisonnier Zammel se trouve bringuebalé d’un tribunal à l’autre dans des fourgons qui auraient dû être à la casse depuis longtemps et qui rendent les trajets, même les plus courts, entre les lieux d’incarcération et les tribunaux, de véritables supplices insupportables et inhumains.

Qu’il semble loin le temps de la campagne électorale de 2019 quand M. Bouasker déclarait que l’Isie demande que le candidat Nabil Karoui soit libéré pour garantir l’égalité des chances entre les différents candidats. De son côté, le candidat Kaïs Saïed annonçait qu’il s’abstenait de continuer sa campagne à travers les médias, puisque son adversaire était privé de son droit d’expression. Aujourd’hui, ni Saïed, ni Bouasker ne se sont prononcé sur le cas du candidat prisonnier Zammel. Pourtant la seule différence entre 2019 et 2024, c’est que le candidat Kaïs Saïed est devenu le président-candidat Kaïs Saïed.

 

Concernant la proposition d’amendement de la loi électorale à l’approche des élections, il faut rappeler que la Tunisie n’est pas à son premier coup. Avant deux mois des élections de 2019, le chef du gouvernement et candidat de l’époque Youssef Chahed avait fait passer au forceps, aidé par les députés de son parti politique Tahya Tounes et ses alliés islamistes d’Ennahdha, un amendement de la loi électorale qui visait à écarter l’un des principaux concurrents à la présidence, Nabil Karoui (encore lui).

À l’époque, le professeur Kaïs Saïed, tout juste candidat, avait estimé que l’amendement de la loi électorale à l’approche des élections est illégal et antidémocratique. Depuis, le président Kaïs Saïed a gardé cette même position jusqu’au mois de mars dernier, estimant que la loi électorale ne devrait pas être amendée. On attend de voir maintenant s’il va changer de fusil d’épaule et signer les amendements votés par les députés (il n’y a aucun doute là-dessus), ou faire comme son prédécesseur le feu président Béji Caïed Essebsi, qui avait refusé de signer la loi d’amendement de l’époque, jugée inélégante et même indécente et grossière.

Par Sofiene Ben Hamida
22/09/2024 | 15:23
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Commentaires
Hassine
34 mousquetaires du roi
a posté le 23-09-2024 à 10:14
Y a t il autre chose à voir
Lamjed
Kais Saied est cohérent
a posté le 22-09-2024 à 19:13
Kais Saied est cohérent car il a mentionné que la modification de la loi électorale en cours de route est antidémocratique. Or, nous ne sommes pas en démocratie car la séparation des pouvoirs n'est pas respectée puisque les décisions du TA ne sont pas appliquées.
Nephentes
Indignité historique
a posté le 22-09-2024 à 16:17
Nous vivons depuis 2021 une page d indécence subie, un summum de l absurde et du déni de l '?tat de Droit

Les institutions tunisiennes dans leur globalité sont bafouées soumises à l absurde et l indécence

C est une humiliation collective

Partiellement l impunité règne dans le trafic de stupéfiants couvrant l ensemble du territoire dans la captation par le regime des trafics de m économie informelle et de la corruption tous azimuts dans le népotisme des entreprises communautaires etc etc

C est le pré -effondrement et cela va nous coûter tres chet