
Une quinzaine d’associations et d’organisations ont dénoncé, dans un communiqué commun publié mardi 6 juin 2023, ce qu’il qualifie comme la mainmise du pouvoir établi sur les médias outre les procès d'opinion et le harcèlement visant les journalistes et les propriétaires des médias dans le but de les intimider. L’objectif étant de porter atteinte à la liberté d'expression et de faire taire les voix libres.
Parmi les signataires : le Collectif Soumoud, l'Association tunisienne des femmes démocrates, l'Observatoire national pour la défense de la civilité de l'État, l'Association tunisienne de défense des libertés individuelles, Al Karama for rights and freedoms, l’association Beity, Aswat Nissa, l'association Wachm.
Les signataires dénoncent en particulier un grave précédent, le premier de son genre depuis 2011 : la nomination d’un PDG à la tête de la radio tunisienne sans consultation de la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (Haica). « Un pas supplémentaire franchi par le pouvoir établi dans le sens de la transformation des médias publics en médias d'État, dont le rôle principal sera de redorer son image », lit-on dans ce même document.
Les organisations et associations estiment que cette nomination est en contradiction avec le décret 116 du 2 novembre 2011. Elles appellent, donc, le pouvoir en place à revenir sur cette nomination « illégale » et à cesser ces pratiques.
« Il est inacceptable de demander aux citoyens et aux institutions de respecter la loi alors que l'autorité ne le fait pas », toujours selon ce même communiqué.
Les signataires ont exprimé leur soutien total à la Haica, face à la campagne de marginalisation et d'ignorance qu’elle subit. Ils appellent aussi à compléter sa composition telle que stipulée dans le décret 116, en attendant sa transformation en organe permanent, tout en veillant à préserver son indépendance et ses prérogatives.
Pour eux, ces tentatives de marginalisation de l’instance s'inscrivent dans une vision générale d'un système politique qui élimine le contre-pouvoir et son rôle de contrôle et de régulation. Une étape qui intervient après avoir minimisé le rôle de l'autorité législative et judiciaire et avoir isolé les organisations de la société civile et les partis politiques pour perpétuer l'omniprésence du pouvoir exécutif.
Les organisations et associations ont appelé toutes les organisations de la société civile démocratique, les partis politiques, les élites nationales et tous les citoyens qui croient aux valeurs de la République et de la souveraineté nationale et de la démocratie, à accélérer le rythme de la coordination pour préparer une série d'actions pacifiques les jours prochains dans le but de défendre la liberté d'expression, l'acquis le plus important de la révolution tunisienne.
Rappelons que vendredi 2 juin 2023, Henda Ben Alaya Ghribi a été nommée présidente directrice générale de l'établissement de la Radio tunisienne, en vertu du décret gouvernemental n°2023-434 du 2 juin 2023, publié au Jort n°58 du 2 juin 2023.
Samedi 3 juin 2023, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), a dénoncé et rejeté, cette nomination, en violation du décret-loi 116, notamment l’article 19 qui ne permet pas au gouvernement de nommer des responsables sans son aval.
I.N
