Par Afef Daoud
Experte en investissement international et activiste politique
Kaïs Saïed a annoncé qu'il rejetait l’accord du FMI à cause des conséquences qu’il pourrait avoir sur le plan social, et il propose aux Tunisiens de compter sur eux-mêmes !
Quand un citoyen, savourant le fameux « capucin » dans un café de quartier, lance une telle idée pour tuer le temps entre deux feuilletons ramadanesques, il n’y a ni obligation de moyens ni obligations de résultats à cette fanfaronnade !
Mais, quand un homme aux pouvoirs illimités rompt un accord que son propre gouvernement s’échine à conclure depuis 18 mois, l’enjeu est autrement important et nous sommes en droit de nous attendre à un plan d’action conséquent.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelques faits méritent d’être rappelés.
Le gouvernement procédant de la seule volonté du président qui l’a nommé en septembre 2021, et responsable devant lui seul, a négocié avec le FMI, à l'abri des regards pendant plus de 18 mois. Cela a abouti à un accord technique, dont nous ignorons les tenants et les aboutissants et qui a été présenté comme un grand succès en décembre 2022. Exit donc les citoyens, l’opposition, la société civile, etc. Seuls le gouvernement et le président connaissent les termes de cet accord. Quels sont donc ces « diktats des forces étrangères » que le président semble soudain découvrir ?
Mettons ces contradictions de côté et revenons à l’annonce de Kaïs Saïed qui ferait rougir de jalousie Don Quichotte ! « Compter sur nous-mêmes » disait-il ? Mais qu’est-ce que cela veut bien dire exactement ?
Sans rentrer dans les détails et me répéter encore une fois, on comprend que le gouvernement a négocié avec le FMI sur la base d’un seul axe : la réduction des dépenses. On n’a pas entendu parler de réelle volonté de relance économique !!
Cela s’est traduit également dans la loi de finances 2023, produite par ces mêmes acteurs, dûment signée et promulguée par un décret Saïdien. Trois éléments principaux s’en dégagent :
1- des besoins de financement de près de 23 milliards de dinars : 7.5 milliards pour combler l'écart entre revenus et dépenses de l’État, 6.5 milliards pour rembourser les dettes externes dues en 2023 et 9 milliards pour rembourser les dettes internes.
2- une réduction de 25% de la compensation directe des denrées alimentaires et produits pétroliers (une des conditions de l’accord FMI)
3- une sérieuse augmentation impôts indirects, car le gouvernement, incapable d’imposer la moindre réforme sérieuse de la taxation directe, se rabat sur les impôts et les taxes les plus faciles à collecter, qui sont aussi les plus inéquitables.
Où pouvons-nous chercher les financements nécessaires en dinars et en devises ?
Le marché de la dette interne est déjà au-delà de son maximum et fait du mal à notre tissu économique en réduisant la liquidité disponible pour la relance des entreprises et/ou l'investissement sans parler des effets sur l’inflation et la dépréciation du dinar. Cette porte est et devrait rester fermée.
Reste la question de la dette externe (qui est, rappelons-le, en devises), comment compter sur nous-mêmes pour la rembourser (ou même si possible emprunter) ?
La dette libellée en devises étrangères ne peut être payée qu’en devises. Nous pouvons l’honorer soit en ayant des entrées suffisantes en devises en sus des sommes destinées aux paiements de nos besoins de base, soit en empruntant directement sur les marchés financiers internationaux et auprès des institutions et des pays amis.
Or, la Tunisie n’a plus accès aux marchés financiers depuis plus de deux ans du fait de la dégradation de la note souveraine d’un côté. D’ailleurs la dernière intervention de KS au sujet du FMI a porté le coût d’emprunt à des niveaux encore jamais atteints, augmentant ainsi les perspectives de défaut imminent ou d'insolvabilité du pays.
Pour les prêts bilatéraux et auprès des institutions internationales, l’accord avec le FMI (indépendamment du montant lui-même) avait pour objectif principal de rouvrir les possibilités de négociations de financement avec les grandes entités multilatérales et avec les pays qui ont une tradition de financement bilatéral transparent. Rejeter l’accord avec le FMI revient donc à fermer aussi cette possibilité. Il ne nous reste alors qu’à épuiser encore plus les réserves de la BCT (qui pourrait tenir encore quelque temps sous grande tension et une fragile exposition au moindre choc externe) ou recourir à la mendicité de ci de là, de petits prêts auprès de certains pays avec des conséquences et des contreparties, on ne peut plus opaques et coûteuses. Notons que jusqu'à maintenant, les pays du Golfe à qui nous nous sommes adressés (selon la ministre des Finances), attendent eux-mêmes l’accord du FMI pour nous prêter de la devise.
Passons au déséquilibre entre les dépenses et les recettes de l’État (7.5 milliards de dinars) : comment KS compte-t-il le combler ? Quelles sources de financement possible dans ce « comptons sur nous-mêmes » ? Va- t-il proposer une loi de Finances complémentaire dans les jours qui viennent pour proposer de nouvelles taxes et des nouvelles coupes budgétaires!! On parle ici des ressources nécessaires et vitales pour payer les hôpitaux, honorer les salaires des enseignants, soutenir les familles nécessiteuses, et payer les médicaments et les cargaisons de blé et de pétrole…
Lui qui prétend se soucier des conséquences sociales du deal FMI, met, en absence d’alternatives claires de financements, les finances de l'État en grave danger et infère une politique d'austérité pire que sa loi des Finances originale. Rappelons au passage qu'on était nombreux déjà à critiquer cette approche d'austérité à la fois dans la LF 2023 et dans les négociations avec le FMI et que nous avons démontré qu'il y avait des alternatives viables plus ambitieuses et plus bénéfiques pour le pays.
Finalement, qui est ce « nous » dont parle Kaïs Saïed ? Ce nous, aussi obscur que le fameux « le peuple veut » que Kaïs Saïed invoque pour justifier son absolutisme, est-il au moins lié par un quelconque contrat social ? Kaïs Saïed croit-il vraiment en « nous », lui qui semble obsédé par son pouvoir personnel et son projet personnel ? Ce « nous », s’il existe, ne serait, au mieux, que lui-même et ses quelques fans, toute opposition étant honnie, le politique jeté en prison et les journalistes harcelés ! Dans un pays aussi divisé, le « nous » ressemble de plus en plus à une chimère !
Face aux rayons vides, à la dépréciation inéluctable du dinar, à la dépression économique et la déprime générale, à la dégradation de la notation de la Tunisie et un possible défaut de paiement qui rendra encore plus difficile l’importation des produits de base, Kaïs Saïed ajoute à sa panoplie riche en théories de complot et diversions de tout genre, une autre manipulation : celle des chimères.
Il est clair que la démarche de KS n’est fondée sur aucun raisonnement politique ou économique cohérent sur lequel on peut compter. Le « nous », j’ose me répéter, est aussi absent que ce raisonnement.
En regardant les faits, on voit que depuis peu la voix internationale qui se fait le porte-parole de la Tunisie est celle du gouvernement d'extrême droite italien (auquel s’est joint la France). Ces pays sont soucieux principalement et cyniquement de l’immigration. Les chiffres de l’immigration clandestine par voie maritime ont explosé en 2022 pour dépasser ceux de 2011 selon le FTDES (32000 en 2022 contre 28829 en 2011). Des Tunisiens de tous les âges quittent le pays par désespoir chaque jour, des centaines y laissent la vie en pleine mer sans aucune enquête ! Ajoutez à cela une campagne odieuse de haine raciste initiée par Kaïs Saïed lui-même qui met encore plus de pression sur l’immigration clandestine sub-saharienne via la Tunisie !
Dans ces conditions, un deal pourrait être conclu afin de faire barrière au flot de l’immigration ! Et faire de la Tunisie le policier décomplexé de l’Italie et du reste de l’Europe. Au-delà de sa faillite éthique, cette démarche est non soutenable.
Finalement, les scénarios auxquels mènerait le leadership actuel sont tous sombres : soit une austérité extrême et un chaos social dans une société polarisée et décousue, soit un endettement supplémentaire sans programme qui sera de l'argent jeté par les fenêtres (ou dans les égouts si vous préférez) en l’absence de vision, de compétence, de courage et d'honnêteté ! On n’a, dans tous les cas, que ce qu’on mérite n’ayant rien appris de notre passé ni des expériences des autres pays !
Est-il encore possible de s’en sortir ? la réponse est oui absolument! Mais ceci commence nécessairement par reconnaître clairement nos difficultés et nos priorités, remettre la raison, la science et la compétence comme boussole à la place de ces hymnes de haine et ces fanfaronnades creuses et reconstruire les institutions et la culture d'un État responsable et redevable.
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Très Cordialement
Vos analyses socio-économiques sont très intelligentes et comportent beaucoup d'exemples afin de les rendre compréhensibles même pour les gens les plus simples d'esprit. C'est ça ce qui manque / manquait aux politiciens tunisiens: parler intelligemment en utilisant un langage qui pourrait être compris par tout le monde.
Bonne journée
- a) pour août 2023 est celui de l'emprunt obligataire émis le 14 décembre 2012, sur le marché japonais d'un montant de 25 milliards de yen assorti de la garantie de la Banque Japonaise pour la Coopération Internationale (JBIC).
b) et pour octobre 2023 est celui du règlement de l'emprunt de l'eurobond, émis à cinq ans le 24 octobre 2018, d'un montant de 500 millions d'euros et à un taux d'intérêt de 6,75%.
De même je propose à Madame Afef Daoud de lire l'Article suivant de Business News TN de 2016 et d'en tirer des conclusions intelligentes:
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Bonne journée
vous écrivez: "Reste la question de la dette externe (qui est, rappelons-le, en devises), comment compter sur nous-mêmes pour la rembourser (ou même si possible emprunter)?"
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Chère Compatriote, nous ne refusons pas de payer notre dette extérieure par contre il faudrait demander une suspension temporaire de la contrainte du remboursement de notre dette à temps, en effet nous sommes provisoirement en défaut du paiement. --> de ce fait, il est complètement absurde d'aller solliciter un nouveau crédit auprès du FMI et de la banque mondiale pour payer nos anciens crédits --> Il faudrait plutôt discuter avec nos créancier de la possibilité de la suspension temporaire de la contrainte du remboursement de notre dette, c'est-à-dire de la contrainte des paiement tout-de-suite ou avant la fin de l'année 2023.
Nous sommes conscients de l'obligation du remboursement de notre dette pour que le système monétaire fonctionne à l'échelle l'internationale. Et ainsi, il faudrait convaincre/persuader le FMI et la BM de notre bonne intention de rembourser nos crédits mais avec un peu de retard --> il s'agit de ne pas perdre la confiance des créanciers publics et privés bien que nous ne voulons plus de nouveaux prêts.
Il est temps que l'on comprenne enfin que nous sommes arrivés à un un point / seuil ou le financement extérieur est devenu un obstacle à notre croissance économique. En effet, Il y a des études qui prouvent qu'après certains niveaux / charges de la dette l'effet sur la croissance économique devient négatif à cause du "debt overhang". Oui, la Tunisie est dans une situation où le niveau /charge de notre dette dépasse de loin nos capacités de remboursements.
-->
Je propose ainsi un autre esprit de discussion avec le FMI, La banque mondiale et nos créanciers que de s'affoler et nous dire que nous devons coûte que coûte procurer 8 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année 2023 --> non et non et non, on ne va pas se priver de manger, de boire et d'annuler les dépenses d'éducation, de santé et d'infrastructure afin de payer les frais de la dette à temps prévu malgré tous les imprévus de la pandémie du virus corona et de la guerre en Ukraine.
Bonne soirée
PS: demain je frais des propositions de la sortie de la Tunisie de l'impasse socio-économique
Pour la paysannerie, Il y a 3 dimensions qui agissent sur notre vie :
a) la volonté:
- il y a une volonté qui nous est imposée par notre environnement et qui pourrait être positive ou négative. Par exemple: les saisons, le jour et la nuit, la pesanteur, le soleil et la pluie sont des volontés positives.
- il y a une volonté qu nous est imposée par le monde socio-politique national et international et qui pourrait être positive ou négative
- puis il y a notre propre volonté qui devrait être bien pensée afin de faire face et trouver un équilibre avec les volontés qui nous sont imposées.
b) la représentation mentale consciente / inconsciente du monde qui nous entoure --> notre façon de voir et de penser le monde et les événements réels qui nous entourent.
--> je fais un lien avec votre article ci-dessus :
- Moi, je propose (je dis bien proposer) de considérer que l'endettement en boucle infinie n'est pas la solution afin de faire sortir la Tunisie de l'impasse socio-économique et qu'il ne faudrait pas refaire les conneries socio-économiques de la dernière décennie.
- Par contre vous, Chère Compatriote Madame Daoud, vous vous affolez du fait que l'on risque de casser cette boucle infinie d'endettement. Votre représentation mentale du monde et des événements qui nous entourent est binaire --> a) tout ce que vous prétendez sous forme de questions à travers votre représentation du réel est pour vous intelligent et b) ce que les autres (qui ne sont pas de votre avis) pourraient penser est absurde --> vous posez des questions dont la seul réponse d'après votre représentation est l'endettement en boucle infinie'?'
c) Les causalités: oui pour nous les simples paysans, la recherche des causalités est vitale durant une vie dans la nature et avec la nature. Nous savons ce qui fait du bien ou du mal à nos plantes et à notre environnement naturel qui nous entoure. Et nous cherchons ainsi un équilibre entre notre volonté et la volonté de la nature avec ses saisons et ses périodes de sécheresses ou de forte pluviométrie.
-> je fais un lien avec votre article ci-dessus:
- de même il faudrait chercher les causalités qui nous ont poussés dans l'impasse socio-économique. était-ce la faute de notre volonté ou celle d'une volonté qui nous a été imposée et dont on a fait une fausse représentation dans notre conscient/inconscient?
Bonne journée
PS: Chère Compatriote Madame Daoud, je vous propose de lire mes commentaires sur Business News TN afin de trouver mes propositions qui pourraient nous garantir l'autosuffisance tout en évitant d'aller mendier auprès des pays voisins et amis et en particulier sans endettement --> oui, il suffirait de motiver et de responsabiliser le Tunisien par la loi afin de créer de la richesse par lui même, pour lui même, pour tous les Tunisiens et pour le reste du monde.
- Pourquoi responsabiliser le Tunisien par la loi? Oui, le Tunisien est généralement bon, assidu, et honnête par son éducation, et c'est notre environnement sans normes juridiques transparentes qui transforme beaucoup d'entre nous en des monstres égoïstes. --> la démocratie et les valeurs sociales ne pourraient être garanties que par nos institutions étatiques et par la loi --> oui, il faudrait responsabiliser le Tunisien par la loi'?'
- Une règle de droit est une règle de conduite, une norme juridique, ayant un caractère général, abstrait et obligatoire, une finalité sociale, et qui indique ce qui devrait être fait par les Tunisiens indépendamment de leur milieu sociale.
Je vous assure que lire votre intervention, sans doute louable sur le plan moral et "bonne volonté", m' a assez amusé. Mais je dois constater que vous êtes à "jeûne volontaire" en matière d'économie et des ses lois.
Prenons alors un petit exemple d'une phrase vers le fond de votre exposé, qui est aussi un peu pénible à comprendre ; "Pourquoi responsabiliser le Tunisien par la loi?"...
Vous vous rappelez la valeur légale et pratique d'un chèque avant la soi-disant "Révolution Bouzizi" (celle même que l'Introduction à la Constitution 2022 met en exergue avec l'inévitable mauvais penchant de glorifier un suicide, qu peut servir de funeste "modèle" à une jeunesse tunisienne frustrée, en déprime et sans perspective de réussite...)?
Aujourd'hui, que le défaut de payement d'un chèque ( le fameux "chèque de bois") ne comporte plus la prison, que vaut-il plus en pratique un chèque, que tout le monde refuse, par ex. au kiosque d'essences? ...
"Ne responsabilisons plus le Tunisien par la loi", donc, le bon sentiment "patriotique" et la bonne cravate peuvent suffire à prêter confiance à n'importe qui
Ce petit exemple seulement peut recadrer, pardonnez la franchise, la superficialité de vos observations.
Et puisque vous êtes enfant de paysans, à vous la bienvenue sur la nécessaire considération de l'état de sécheresse qui frappe le pays et conséquemment menace toute la production agricole et l'élevage, chose qui n'a pas été prise en examen dans l'article de Mme Daoud. Et ultérieur facteur de CRISE économique et productive pour la Tunisie.
Hélas, la thérapie doit être rapide, il faut faire bouger la diplomatie et laisser le gouvernement travailler par l'expertise, avec une vision géostratégique ouverte sans les tabous idéologiques de Saied avec son obsession pour les parchemins en calligraphie arabe pour faire revivre les fantômes de l'époque beylicale. Il faut se D'?COMPLEXER face à l'Occident et savoir accepter la coopération technique et financière, sans se borner à un populisme arabo-islamique sans espoirs ni visions qui fait chanter continuellement la mémoire collective avec le spectre de la menace d'une nouvelle COLONISATION par l'Occident, alors que Qatar a fait déjà main basse sur la compagnie de Télécommunication TUNISIANA et décaisse maintenant la devise vers Doha pour Ooredoo sans aucune compensation. Idem pour le commerce avec la Turquie...
Et bien d'autres incompréhensibles BLOCAGES et le REFUS de réformes essentielles et facilement compréhensibles demandées par le FMI: pourquoi par ex. Saied refuse de R'?DUIRE la masse salariale, occupée aussi par la fardeau du "dédommagement" pour les islamistes, et donc l'occupation de postes administratifs sans engagement du rendement... Pourquoi ne procède-t-il à un AUDIT et commence à faire limoger ceux qui ne sont pas ni rentables ni compétents?
N.G.M. - activiste indépendant pour les Droits Humains
-->
Je vous donne des exemples d'autres pays (bien-que quelques exemples ne pourraient jamais confirmer une règle):
- En Allemagne, on motive et responsabilise par la loi les ménages, les entreprises et les institutions à séparer l'eau usée de l'eau de pluie.
- En Allemagne, on motive et responsabilise par la loi les piscines publiques et privées à faire le recyclage de l'eau de la douche "on the fly" par ozonateur ou autre méthode et de la remettre en recirculation afin d'être réutilisé en loop (boucle)...
- En Allemagne, on motive et responsabilise par la loi les ménages à utiliser l'énergie Géothermie qui est renouvelable (l'énergie issue de la chaleur du sous-sol de la Terre)
- etc., etc. etc.
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L'Allemand n'est pas mieux discipliné que le Tunisien, il faut seulement motiver et responsabiliser le Tunisien pas la loi.
Vous écrivez: "Et bien d'autres incompréhensibles BLOCAGES et le REFUS de réformes essentielles et facilement compréhensibles demandées par le FMI."
-->
Je vous donne raison, par contre la privatisation ne se fait pas en quelques jours ou semaines (ça pourrait durer des mois) , il faut la préparer en profitant des études empiriques déjà faites que l'on pourrait étudier afin de ne pas refaire les mêmes fautes que d'autres pays. Il faut seulement que nos fonctionnaires prennent le temps afin de bien s'informer...
-->
Je cite: "Dans les esquisses de bilan proposées par la littérature récente sur les privatisations en Afrique sub-saharienne, l'échec est reconnu et les perspectives dégagées appellent à une plus réflexion critique sur les orientations futures. Quant aux principales institutions financières internationales comme l'OCDE et la Banque Mondiale, elles mettent en exergue les insuffisances des programmes de privatisations. La Banque Mondiale, par exemple, reconnaît que les objectifs de la privatisation ont été surestimés, appelant à la nécessité d'avoir une approche plus casuistique. Quant à l'OCDE, elle a montré comment l'Afrique sub-saharienne a été défaillante dans ses programmes de privatisation, en particulier dans l'atteinte des objectifs sociaux "
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vous ecrivez: "[...] alors que Qatar a fait déjà main basse sur la compagnie de Télécommunication TUNISIANA et décaisse maintenant la devise vers Doha pour Ooredoo sans aucune compensation. Idem pour le commerce avec la Turquie."
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Je vous donne raison, ceci est un héritage du temps de la dictature de Ben-Ali. De même, avons nous besoin de Danone afin de produire notre fromage et pasteuriser notre lait?
Je voudrais rajouter deux principes/règles que se sont imposées les Chinois:
1) ne jamais acquérir une technologie semblable à celle que l'on a déjà dans le pays
2) La technologie importée devrait permettre de fabriquer des produits ayant des effets socio-économiques positifs à l'intérieur du pays et ayant aussi une compétitivité sur le marché international.
-->
Malheureusement, ces deux règles n'ont jamais été appliquées en Tunisie! Et notre économie en souffre énormément!
Vous écrivez: "Pourquoi par ex. Saied refuse de Réduire la masse salariale,"
-->
on ne peut pas licencier des fonctionnaires qui ont des contrats de travail et qui sont depuis 10 ans permanent. L'employeur (dans ce cas l'état tunisien) doit respecter le contrat de travail signé avec les fonctionnaires et doit notamment verser le salaire, tel que prévu par le contrat.
Je donne l'exemple de l'Allemagne: Il n'y aura plus dorénavant de fonctionnaires en Allemagne, plutôt des salariés et des employés --> et ainsi le licenciement économique serait tolérable... En effet, il y a une grande différence entre un contrat de travail d'un fonctionnaire et d'un simple salarié...
-->
Je suis un peu surpris qu'un activiste pour les Droits Humains, que vous êtes, pourrait appeler au licenciement des fonctionnaires et ruiner ainsi la vie de centaines de familles (la faute est plutôt à ceux qui les ont embauchés)
Bonne journée
PS: Je n'ai pas l'intention de défendre qui que ce soit ....
-L'équilibre spontané entre l'offre et la demande ne sert que de référence aux organisations internationales (comme le FMI et la banque mondiale) lorsqu'elles nous dictent qu'il faudrait faire des "réformes structurelles" --> privatiser, déréglementer et Etat minimum, de façon à ce que la concurrence puisse s'exercer sans limites pour être parfaite à travers une "main invisible" et de manière autonome (réglée par des facteurs qui lui sont propres). Ce qui est en contradiction avec les données empiriques (et la réalité du marché).
- Oui, certaines théories socio-économiques soutenues par le FMI et la BM et les réformes que nous imposent l'Europe et les USA sont réfutées par la réalité du marché et par les données empiriques. --> Il est complètement irrationnel de prétendre encore que la concurrence sans obstacle conduit à une situation optimale d'équilibre spontané entre l'offre et la demande. Oui ceci est en contradiction avec les données empiriques --> Et dire que l'on a accordé un prix Nobel pour cette illusion... Il est temps que le FMI et la BM se débarrassent de cette illusion que "les prix et les échanges se fixent de manière efficiente et autonome à travers une main invisible et miraculeuse". Cette formule est totalement réfutée par la réalité du marché.
- Il faudrait, en Tunisie et ailleurs, mettre en place une instance qui centralise les offres et les demandes, interdis les accords bilatéraux, cherche des prix équilibrant l'offre et la demande sur la base de données empiriques de différentes plateformes logistiques --> Et nous avons les moyens informatiques et mathématiques afin de réaliser cette équilibre d'une façon intelligentes ... Par contre, le FMI et la Banque mondiale nous dictent des "réformes de structure" qui sont exactement le contraire : supprimons le plus possible tout ce qui empêche les agents économiques de "s'entendre" directement --> ce qui n'a pas fonctionné et ce qui a induit une inflation qui dépasse les 10% un peu partout sur la planète à la suite de spéculations abusives --> ce n'est pas moi qui le dit, c'est plutôt l'avis de la majorité des politiciens en Europe.
Le laisser faire avec pour seule obligation le respect des contrats n'a pas fonctionné cet hivers en Allemagne et nulle part.
Veuillez voir l'article d'un haut fonctionnaire allemand sur le lien Web suivant:
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Je cite l'article du lien Web ci-dessus: "Les entreprises du secteur agroalimentaire ont-ils vraiment profité de la crise pour maximiser leurs bénéfices [par exemple, le prix de beurre a quasiment doublé]? [...] Si l'on met les choses en perspective, on constate que les hausses de prix dans les stations-service n'étaient pas justifiées, et je ne veux pas exclure que cela se soit également produit à un endroit ou à un autre dans le commerce de détail alimentaire." d'après Nikos Förster, fonctionnaire d'état allemand.
Le Maroc a dit récemment au FMI, "nous connaissons beaucoup mieux le milieu socio-économique marocain afin de ne pas appliquer n'importe quelle proposition à l'aveuglette."
-->
voir le lien xxxxxxx
La banque mondiale va nous prêter 300 millions de dinars dans les prochains/prochaines jours/semaines et nous impose de les distribuer gratuitement sur nos PME --> il est complètement absurde d'offrir sans retour des millions de dinars à nos PME, c'est de la folie socio-économique. Même l'Allemagne n'injecte pas de l'argent gratuitement dans des PME en faillite ou qui risquent déjà la faillite. Les aides publiques en faveur des entreprises en difficulté,se font en Allemagne en fonction des impôt payés durant les dernières années. Les PME qui ont payé très peu d'impôt ou rien, reçoivent aussi très peu ou aucune aide publique qu'elles devraient aussi rembourser. Un Ami allemand à une PME de logiciel, il a reçu 20000 euros de l'Etat Allemand comme aide publique durant la pandémie et pas plus car il n'a jamais payé plus que 20000 euros d'impôt annuellement durant les années d'avant la pandémie. Puis, il a dû rembourser les 20000 euros après la pandémie. --> L'Etat allemand n'offre pas l'argent du contribuable gratuitement aux PME... Il prête l'argent à ceux qui seraient capables de faire le remboursement.
Les gouvernements tunisiens durant la dernière décennie ont été mal conseillés par le FMI et la banque mondiale, cependant la faute est en particulier à ceux qui nous ont gouvernés de n'avoir pas été un peu critiques face aux propositions des USA et de l'Europe. Et aujourd'hui en 2023, il ne faudrait pas refaire les mêmes fautes socio-économiques qui nous ont été imposées de l'extérieure durant la dernière décennie.
les caisses sont vides, on emprunte en dollars.
s'ensuit inflation. on décide de lier le Peso au dollar ("peg") . l'inflation s'arrète, mais la banque centrale n'a pas assez de dollars. on supprime le "peg". l'inflation repart en flèche, 120 % actuel.
argentina tombée en défaut 2 fois. TN bientot.
vous vivez au dessus de vos moyens. les riches DOIVENT payer
Mais compter sur nous même passe par des réformes et par des financements qui assurent le fonctionnement de l'économie. Ce n'est pas juste un mot qu'on lance dans une conférence de presse sans préciser la suite.
1- Tous ceux qui on gouverné pendant cette décennie noire doivent rembourser au trésor tunisien leurs salaires et leurs indemnités avec les avantages en dommages et intérêts y compris Ben Jaafar et vous mêmes, pas de tolérance, car cet argent est l'argent du peuple.
2- Tous ceux qui ont touché de l'argent sous forme d'indemnités de sacrifice en raison de leur lutte contre le régime de Ben Ali ou Bourguiba sous forme de dommages et intérêts doivent rendre cet argent à l'Etat car les tunisiens n'ont pas donné procuration aux membres de Ennahdha pour la représentation. Les personnes de l'IVD qui ont bénéficié d'indemnités doivent aussi rembourser cet argent à l'Etat car ceci est considéré comme étant un vol.
3- Les entreprises publiques déficitaires et ne peuvent en aucun cas devenir excédentaires doivent être privatisées, car elles représentent pour l'économie un cancer qu'il faut le supprimer.
4- Mettre une stratégie de suivi et d'évaluation à tous les projets de l'Etat, ce suivi doit être appliqué par la Cheffe du gouvernement
5- Insister sur l'emploi par des programmes de sensibilisation et d'encadrement sérieux avec le concours des experts tunisiens ou des retraités de l'Administration de haut niveau.
6- Redynamiser le travail de terrain des gouverneurs et des missions diplomatiques de Tunisie à l'étranger avec des rapports d'évaluation de leur travail.
7- Promouvoir l'investissement national et l'investissement direct étranger par des actions concrètes d'attraction en tenant compte des pays concurrents (Benchmark)
8- Accompagner les PME en difficultés et sauver celles qui méritent d'être sauver en appliquant les mécanismes d'aide existants
9- Assurer la meilleure périodicité des réunions des membres du gouvernement avec des plans d'actions clairs
10- Appliquer la loi à tous et éviter le laxisme et le laisser aller (sauver l'école, dissoudre la fédération syndicale de l'enseignement et juger les meneurs destructeurs de l'école,.....)
11- Organiser les structures syndicales des journalistes en définissant clairement leur mission en évitant la politique, les journalistes sont censés à fournir une information valide bien analysée loin du jugement.
le passage à la démocratie n'est pas facile. ceux que tu incrimines sont démocrates: ils ont laissé leurs postes. ( Dr. Marzouki, Jomaa, Jbali ... ).
Belgique restée 1 an sans gouvernement. le Roi n'a pas envoyé un tank au parlement.
wake up !!
Aucun gouvernement depuis 2010 n'a véritablement gouverné. En fait, et ceci est un mal de la politique politicienne, le culte de la personne, l'attente de l'Homme Providence et la mentalité du 'après moi le déluge' ont fait que personne n'a véritablement gouverné en Tunisie depuis bien plus longtemps, à quelques parenthèses près (Bourguiba dans la fougue de l'indépendence (55-59), Ben Ali entre 88 et 94). Du reste, corruption, autoritarisme et centralisation infantilisante pour l'ensemble des forces vives du pays reignent en manière de faire absolue.
Nul doute que lorsque le vent de liberté arrive (nul doute sur celui-ci non plus) nous ne savions pas quoi en faire et nous nous mettons désespérement à chercher un sauveur. Partis, personnes tête-d'affiche, Organisations, Pays 'amis ou frères', rien n'a marché. La raison est simple: Nul ne va nous rendre service en mettant la Tunisie en avant si nous ne sommes pas capables de mettre ce critère comme boussole de choix absolue de nos dirigeants à tout les niveaux.
Lorsqu'on sème l'infantilisation de tout un peuple, on tue l'esprit critique avec une formation axée sur l'accumulation du savoir et pas sur la construction de la personne en tant que être doté d'une intelligence, d'une volonté et d'un esprit capable de porter un regard critique et de participer à la véritable construction d'un pays, on récolte le manque de civisme, l'opportunisme politique, le clientélisme et la corruption, l'évasion fiscale, l'arrogance et la surfisance. Difficile alors de s'attendre à une reprise de conscience, à un regain collectif d'intérêt pour la chose publique et à un sursaut national pour 'compter sur soi pour se relever et reprendre la voie de la construction, du mérite, du développement et de la résolution des veritables défis de la nation: '?radiquer la pauvreté, Agriculture et autosuffisance alimentaire, stresse hydrique, indépendence énergétique, éducation, santé et infrastucture physique et numérique. Ce n'est pas les moyens qui manquent ni les reserves de ressources à même de doper les finances publiques: Entreprises publiques, terres domaniales, inventaire et cadastre de tout millimètre du territoire national, allègement de l'état de tout ce qui est activité économique (entreprises publiques, après restructuration et allègement), prise en main effective des concessions sur les ressources extractives, arrêt de l'hémoragie en tout ce qui est hors de contrôle: urbanisme, impôts, éducation, santé, corruption à tout les niveaux. Un véritable coup de bottes dans la fourmilière afin de remettre à zéro les compteurs. Nous n'avons pas le temps des représailles et des comptes. Ceci est un fardeau qui nous tire vers le passé et nous empêche d'avancer. Laissons une justice bien établie prendre son cours et occupons nous de la construction. Décidons, quitte à ce qu'il y ait des erreurs. Ne pas tirer est toujours manquer. Prenons les règnes dans notre pays, essayons, le temps d'une vie, de le laisser dans une situation meilleure que celles qui nous a été léguée. L'histoire jugera ceux qui ont fait du tord au pays. Nous, notre devoir c'est d'aller de l'avant, c'est tout. S'apitoyer sur notre sort et s'envoyer la patate chaude ne servira à rien et ne fera que contribuer à la frustration collective. Que ceux qui veulent quitter quittent, c'est leur droit. Ils reviennent quand ils veulent, c'est leur pays. Soucions nous de ceux qui restent et engageons les dans un cheminement digne et positif. Voilà je crois ce qui nous permettra de surmonter les pires crises et augmentera notre résilience ou immunité collective. La Tunisie jouit d'une vitalité extraordinaire. On le sens à tout les niveaux. Nous sommes en train d'étouffer cette vitalité. Une autre voie est possible: La gouverner, l'apprivoiser pour qu'elle fleurisse et émerge pleinement. Nul defis de ceux auquels nous faisons face n'est insurmontable. Tout ça passera, à nous de définir comment par l'action positive de chacun.