La nomination de Boutheina Ben Yaghlane à la tête de la Caisse des dépôts et consignations fait déjà jaser. Annoncée hier par le ministère des Finances, cette nomination ne fait pas, et ne fera sans doute pas, l’unanimité. Les raisons derrière de telles réserves sont très simples. Contrairement à ce qu’on pourrait tenter de faire croire, elles ne sont pas (toutes) liées au fait que ce soit une femme. Une femme voilée en l’occurrence. Elles tournent principalement autour des compétences connues de cette dernières ou plutôt méconnues. Mais aussi de son appartenance politique.
La Caisse des dépôts et consignations est le bras financier de l’Etat (rien que ça !). Elle occupe le rôle stratégique de gérer les investissements « quels que soient leurs délais d’une manière directe ou indirecte ou dans le cadre de partenariat avec le privé dans tous les domaines économiques à caractère stratégique tout en veillant à leur viabilité économique et spécialement dans l’infrastructure, le développement régional, les secteurs des nouvelles technologies, de l’environnement et du développement durable et le soutien aux petites et moyennes entreprises ». Autant dire qu’elle a la lourde tâche de brasser des milliards de dinars liés aux meilleurs projets stratégiques pour le pays, en ces temps très délicats où l’économie devrait être la pierre angulaire de tout changement.
Dans les plus grandes démocraties du monde, ce sont les meilleurs des meilleurs qui sont placés aux postes les plus stratégiques. Que dire alors d’un pays en crise et qui devrait compter sur ses compétences pour réussir à sortir la tête de l’eau.
Pour présider cette institution stratégique, il faut disposer de compétences avérées et indiscutables. Ceci est un fait. Une telle mission devra être assurée par un grand manager (homme ou femme, ceci importe peu) qui dispose d’un savoir-faire incontestable dans le domaine des finances, qui est diplômé d’une grande école, qui présente d’importantes compétences managériales, justifie une grande expérience nationale et internationale dans le monde des affaires, un important carnet d’adresses et une réputation. Est-ce que Boutheina Ben Yaghlane réunit toutes ces qualités ? Permettez-nous d’en douter…
En effet, on ne reconnait pas à cette membre d’Ennahdha les qualifications requises pour occuper un tel poste. Un poste dont on attend énormément aujourd’hui ! Est-ce une nomination de pur clientélisme liée à son appartenance au parti au pouvoir (oui au pouvoir) ? Le doute est permis et tout porte à le croire en effet.
Réviser les nominations partisanes datant, principalement, du temps de la Troïka a été une des missions premières de l’ancien chef du gouvernement Mehdi Jomâa. Son rendement, dans ce sens, a été bien en-deçà de ce qu’on attendait de lui et les gouvernants actuels ne réussissent, visiblement, pas à faire mieux.
Aujourd’hui, et alors qu’on ne cesse de tirer la sonnette d’alarme face à une économie de plus en plus fragile et à des nominations de plus en plus ridiculement partisanes, les preneurs de décision au pouvoir ne semblent pas en avoir cure. On ne tire toujours pas profit des compétences tunisiennes connues, celles qui pourraient relancer une institution, celles qui pourraient faire décoller l’économie tunisienne et sortir le pays du marasme dans lequel il patauge depuis des années.
Commentaires (48)
Commenterréalité
@Democrate
Voilà un commentaire censé.
@Tunisienne
Je reproduis votre commentaire ;
@ observator : Oui, effectivement. ..Tunisienne| 30-03-2016 17:04 Qui dit que cette dame n'a pas les compétences qu' il faut? ("Et qui a la légitimité de dire le contraire puisque tout le monde se vaut?" !!!). Il faudra la laisser travailler et voir...
Ça me rappelle quand Ennahdha a arraché le pouvoir et écarté les compétences. Avec la même logique. Il a fallu attendre pour constater le désastre (ce dont même Ennahdha a convenu après coup). Il faudra donc se résigner et attendre passivement toutes les catastrophes, sachant que tout présage de leur survenue, parce qu' il y a des gens qui veulent s'essayer à des choses et qui ont une revanche à prendre sur la vie et sur la Tunisie!
Et sinon, si on était dans un autre contexte, vous seriez obligé de convenir que, pour des postes aussi sensibles et aussi techniques, tout ce qui peut présumer de la compétence DANS LE DOMAINE (diplômes, expérience, leadership...) est le minimum requis. Et CHOUF OU CHOUF..."
J'extraits ceci : "Il faudra donc se résigner et attendre passivement toutes les catastrophes,...". Donc vous prédisez une catastrophe suite à la nomination de cette femme et c'est très grave.
Ici vous faites un lien entre la gestion d'Ennahdha (Troïka) et la nomination de cette femme et vous prédisez aussi une catastrophe selon vous.
Et donc selon votre commentaire, pour éviter d'autres catastrophes, entre autres il faut empêcher cette femme d'exercer cette fonction.
J'ai commenté en disant "SI (conditionnel) je suis (verbe suivre) votre raisonnement...et j'ai enchaîné...
Mais à aucun cas, j'ai affirmé que vous appréciez vos étudiants en fonction de leur appartenance politique ou idéologique. J'ai utilisé le conditionnel en se basant sur votre raisonnement.
Je me suis adressé à une universitaire donc relisez bien mon commentaire à aucun moment je n'ai affirmé que vous ne faites pas correctement votre métier. Je ne vous connais pas et je ne suis pas le ministre de tutelle pour apprécier votre travail.
Si vous voulez ma conviction, je pense sincèrement que vous exercez correctement votre métier. C'est l'idée qui se dégage dans ma tête.
Pour l'histoire d'avoir le dernier mot non, vous me faites un mauvais procès, dans un débat chacun essaye de faire valoir ses idées et ses arguments, c'est tout.
Personnellement je ne ferme la porte au débat avec vous pas plus qu'avec les autres et libre à vous si vous en décidez autrement.
Liltek Zina.
Reformez vous !
@ observator : ???
Monsieur, je n'ai rien PREjugé à propos de la Troika. L'Histoire, l'état du pays et même les responsables de la Troika en sont témoins !
De là à dire que je discrimine mes étudiants sur la base de leurs appartenances politiques, c'est une accusation extrêmement grave, et qui est censée mettre fin à toute discussion si je ne connaissais pas votre propension au mépris, au dénigrement et au zigzag agile et facile ! De quel droit pourrais-je les discriminer et pourquoi chercherais-je même à les discriminer alors que je dispose d'une ressource privilégiée pour échanger avec eux, pour les amener à les réfléchir par eux-mêmes (sur tous les sujets) tout en les respectant et en respectant leurs libertés ?
Enfin, je voudrais revenir sur l'une de vos réponses à @ Kaméléon. Si je vous ai bien suivi et en extrapolant, on peut piloter des avions, s'improviser médecin ou gérer des organismes vitaux... Avec de la bonne volonté (???!!!)
@Kameleon78
Quand on embauche un ingenieur on demande souvent une competence bien poitue. Mais à un directeur général on lui demande bien faire fonctionner son entreprise et de la faire prosperer. Et cela est à la porté d'un ingenieur comme d'un financier ou un commercial...
Donc la fonction de DG peut être occupé par profils différents. C'est ce qui se passe dans la vie de tous les jours dans les entreprises.
erratum
@Tunisienne
Une tête bien pleine........par les préjugés.
Je ne vais pas revenir encore une fois sur la période troïka et les circonstances de l'époque qui l'ont entourée. Le contexte aujourd'hui n'est plus le même.
Si j'ai bien compris selon un commentaire vous êtes enseignante dans la vie et si je suis votre raisonnement, vous évaluez vos étudiants selon leur appartenance politique ou idéologique.
Un nahdaoui, par exemple, doit avoir forcement une mauvaise appréciation puisqu'il appartient à un parti qui était membre de la Troïka qui selon vous toujours a échoué.
Le péché originel quoi comme dans la bible, Eve a fauté en poussant Adam à croquer dans la pomme donc toute sa descendance féminine est fautive jusqu'à la fin des temps.
Dans le même ordre d'idées, ces étudiants puisqu'ils sont Nahdhaoui donc ils sont eligible pour réussir.
Bref tout cela ressemble à une chakchouka à la "Tunisienne".
Dans mon commentaire j'ai dit que cette femme a un passé professionnel et scolaire qui ne plaide pas contre elle et donc aucune raison valable pour se prononcer sur son incompétence.
un Directeur Général est membre du conseil d'administration qui dirige l'entreprise selon le critère classique donc il ne décide pas seul, en plus il a des cadres qui sont expérimentés et qui sont là pour l'épauler à prendre les décisions. Je parle d'une gestion dans un cadre normal c'est à dire dans le respect des règles et les institutions. Forcément elle est directrice générale donc il existe un président selon l forme juridique de l'etablissement.
Pendant 55 ans de dictature, Bourguiba et Ben Ali nommaient les PDG et les hauts fonctionnaires selon des critères régionalistes ou familiaux plutôt que selon les compétences et nous subissons aujourd'hui les conséquences des dégâts laissés par cette gestion de la dictature corrompue et pourtant vous louez le bourguibisme. Il faut être conséquent au moins avec soi.
Trop de préjugés tue les préjugés.
@Tounsia
Toutefois si vous permettez ,je voudrais préciser:1/je n'ai pas parlé de recette magique,mais de devise d"inspiration allemande,car moi aussi je ne crois pas aux recettes magiques,(sauf peut être en cuisine)2/vous avez bien défini le champs du bon sens,sauf que moi je mettrais la force de caractère à la place de la technicité
Enfin,je propose de laisser cette bonne femme travailler et la jugera après,moi,mon flaire me dit qu'elle va réussir,et ce rien que pour démentir les commentaires insensés dont elle a fait l'objet
Je m'arrête là,ok?
@ TMT : Au contraire!
Ce n'est nullement un bourrage de crâne que de sensibiliser à la complexité du monde, à la nécessité de la contextualisation, à la relativisation de la solution unique et de la "Recette magique"... Dans la vie, vous trouverez des gestionnaires qui ont réussi de différentes manières, en mobilisant des ressources variées et dans des proportions variables, mais toujours en rapport avec la situation de décision et d'action.
Par ailleurs, vous vous prononcez sur la base de votre expérience personnelle. Moi, j'écoute attentivement cette expérience et j'estime que je dois prendre votre part de vérité et la relativiser au regard d'autres parts de vérité...
Je suis contente que votre devise vous ait réuss! Mais vous ne me dites toujours pas ce que vous entendez par "bon sens". Vous parlez de sens de l'initiative (qualité fondamentale, du reste). Mais il me semble que le bon sens (tel que vous semblez l'entendre) n'est pas réductible à l'initiative.
Je crois que ce débat est important, parce que nous pourrions le ramener par la suite au point de départ de cette discussion, à savoir la nomination de Madame Ben Yaghlane.
Bonne journée!