
L’avocate et militante de la société civile, Bochra Bel Haj Hmida, a appelé, lundi 2 janvier 2023, le président de la République à limoger la ministre de la Justice Leila Jaffel et à réformer de fond en comble le système en place à travers des mécanismes efficaces.
« On ne peut réformer le système alors qu’on n’a pas de conseil de la magistrature indépendant », a-t-elle indiqué dans une intervention dans la Matinale de Shems FM. Elle a noté, dans ce sens, que le chef de l’État n’était même pas en accord avec le conseil supérieur de la magistrature qu’il a lui-même instauré, et exerçait sur lui des pressions.
Elle a ajouté que Kaïs Saïed devrait se mobiliser s’il est vraiment convaincu de son discours du 31 décembre et que ce qu’il avait dit n’était pas uniquement une réaction à la polémique qu’a enclenché son discours du 28 décembre devant un parterre de ministres et de cadres militaires et sécuritaires. Le président de la République avait, ce jour-là, exprimé sa colère contre les magistrats, les médias, les fonctionnaires, les politiciens, les spéculateurs, les corrompus, contre tout le monde en somme. Mêlant véritables informations à de vraies intox, il a juré, promis et proféré des menaces, devant les plus hauts dignitaires de l’État.
Estimant le discours de Kaïs Saïed inapproprié, l’avocate a rappelé que le chef de l’État avait promis aux Tunisiens des transformations radicales. « Il faut donc qu’il se remettre en question et qu’il échange avec les gens pour que 2023 soit vraiment un nouveau départ », a-t-elle avancé en référence aux vœux du Nouvel An prononcés par le président de la République. Celui-ci a promis un « décollage » lors d’une visite nocturne dans l’un des quartiers populaires de la capitale, Cité El Intilaka.
« La prison n’est pas la solution à la corruption. Il faut ouvrir les dossiers, les traiter convenablement et sans pression », a-t-elle ajouté évoquant, dans ce contexte, les députés suspectés de corruption et dont aucun n’a été convoqué par la justice. Expliquant que plusieurs avaient profité de leur statut d’élu, Bochra Bel Haj Hmida a laissé entendre que le nouveau parlement ne serait pas à l’abri des « corrompus ».
L’avocate a réitéré que le président de la République voudrait mettre la main sur la justice soulignant que sans conseil supérieur de la magistrature indépendant, il n’y aurait point de place à une justice indépendante.
N.J.

