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Chroniques
Aux hommes de main que nous avons été !
14/01/2014 | 1
min
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« En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi », disait Franklin Roosevelt.

Il y a de cela trois ans, un changement s’amorçait dans une Tunisie qui a fêté 23 ans durant « le changement », qui a célébré durant ces 23 ans « l’ère nouvelle », en a fait des routes et des avenues, l’a déclinée en bannières et en chansons et a sombré dans le grotesque, volontairement, ou presque.
N’a pu vaincre le changement d’avant- révolution qu’un changement certes autre, mais qui s’est avéré être similaire à bien des égards.

Changés ! Oui, nous voilà changés ! Du meilleur au pire ou du pire au meilleur, l’équation est encore improbable. De pire en pire, possible, selon certains. Il est, cependant, évident, que changement il y a eu, un certain 14 janvier. Vers où sommes-nous partis, depuis ? Telle est la question.

Trois ans après, nous célébrons le changement et nous chantons les louanges de «  l’ère nouvelle », nous l’avons déclinée en poésie, en chansons, en slogans et en bannières. Notre changement ! Nous en avons orné les murs de nos rues jonchées de tas d’ordures, nous en avons fait une nouvelle démagogie empreinte de populisme. Nous l’avons exploité dans toutes ses formes sémantiques pour en faire un champ usité de vocabulaire creux d’une langue de bois renouvelée que certains politiciens incertains maîtrisent à merveille.

Un marketing politique de génie a fait du neuf avec du vieux, chassant le mauve au profit du bleu, teintes hématomes, déclinaison morbide d’un rouge sang, emblématique de la nation, de ses notions et de son étendard.

Un marketing qui a gardé les mêmes adjectifs, les mêmes emphases pour désigner « le changement / révolution ». Des formules qui se sont, prématurément, figées. Souvent contestées à demi-mots, car qui oserait mettre en doute la « sainteté révolutionnaire » sera taxé, dans un vocabulaire tout aussi neuf, mais non moins étendu, de suppôt, de fouloul, de azleme, des termes tellement nouveaux que même la traduction en reste tâtonnante.

Derrière l’aura de la révolution se cachent les vrais-faux révolutionnaires. Ces opposants d’hier aux commandes aujourd’hui. Ils ont établi leur propre système et y ont confortablement pris place. Contestés, ils ne le sont que trop peu, par les dirigeants d’hier devenus opposants aujourd’hui, par des opposants faibles hier et plus affaiblis aujourd’hui, par un peuple muet hier et, aujourd’hui, perdu dans ses maux.

Autour de nos gouvernants, les conseillers, de mauvais conseil, sont nombreux, mais les crédules parmi le peuple le sont de moins en moins. Les vendus de la veille ne se sont pas rachetés, ils se sont de nouveau vendus au plus offrant et l’offre ne manque pas. Le proxénétisme politique sévit de plus en plus et les acheteurs de virginité s’érigent en Jeanne D’Arc de la nation. Le feu les a faits, le feu les réduira en poussière et l’histoire se chargera de les balayer !

Notre changement a fait que nous puissions crier d’une même voix, mais, acculés à la division, nous crierons, aujourd’hui, séparément. Dans plus d’un endroit, chacun de son côté, entre abords de l’ANC, portes de l’UGTT et trottoirs de l’avenue Bourguiba, nos voix s’éparpilleront. Elles s’éparpillent comme se sont éparpillées nos voix les jours de vote. Ainsi divisés, ne parvient de nous qu’un écho incapable de faire changer les choses.

Face à nous, fêtent, tristement, la révolution des opposants hier libres, malgré l’oppression. En proie aujourd’hui, au pouvoir avilissant du pouvoir, ils ont dressé des remparts entre eux et ceux dont ils étaient les porte-voix et que désormais ils gouvernement. Derrière des barbelés, ils se sont cachés et les regards assassins du peuple, ils ont fui.

Assassin ! Assassin « ce changement » qui a emporté des compatriotes, sans raison, qui a endeuillé des familles, qui a marqué tragiquement des villes, qui culpabilisera longtemps tout un pays. Assassin ce destin qui sera dans des années l’Histoire de notre pays, qui a fait regretter à certains le changement, qui a muté le meilleur sorti de nous en pire et qui a fait de nous les hommes de main d’un changement qui n’aura certainement pas été le nôtre, mais de ceux qui l’ont, sournoisement, amorcé.

Ne vous disais-je pas plus haut : « En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi » (Franklin Roosevelt).
14/01/2014 | 1
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