
Par Mohamed Salah Ben Ammar
Les violences verbales en politique reflètent des problématiques sociales profondément ancrées. C’est la traduction d’une accumulation de frustrations et d’une incapacité à établir un dialogue sain au sein d’une société. L’impact de ces violences sur la vie démocratique d’un pays est souvent sous-estimé.
Les invectives et autres attaques verbales ne sont que l’expression d’un sentiment de panique, d'insécurité et d'anxiété. Elles compensent une incompétence et un manque de confiance en soi. Ce phénomène est souvent un prélude à la violence physique. Dans tous les cas, il engendre un cycle où les insultes remplacent le dialogue. Cette perte de contrôle de sa parole est le signe d’une grande détresse refoulée, mais c’est aussi une agression condamnable à tous points de vue.
La campagne électorale américaine actuelle illustre parfaitement cette dérive, avec une montée inquiétante de l'insulte dans le discours politique de Donald Trump, soulevant des questions sur l’évolution de la culture politique et la santé démocratique du pays. Ce retour aux discours fascisants du siècle dernier des dictateurs d’extrême droite a quelque chose d’angoissant.
En Tunisie, l'après-Révolution a aussi vu le discours politique se libérer pour sombrer rapidement dans une violence verbale alarmante. Nous avons tous souffert de ce spectacle. Récemment, la polarisation s'est à nouveau intensifiée, faisant de l'invective et de la dévalorisation de l'adversaire politique le mode d'argumentation privilégié. Les divergences d'approches se perdent, tandis que les insultes résonnent davantage. Les stéréotypes, le régionalisme, les attaques ad hominem et les accusations sans preuve sont les seules choses que retient l’auditeur médusé et surpris, qui parfois ne sait pas de quoi il s’agit.
Cette culture de l’intolérance s’est insidieusement immiscée dans notre société, et elle finira, si nous ne prenons pas garde, par nous opposer et nous diviser durablement.
Les réseaux sociaux jouent un rôle d’amplificateur dans cette dynamique. Ils offrent une tribune aux partisans de discours agressifs, souvent dépourvus de considération pour les conséquences de leurs propos. Le caractère instantané de ces plateformes favorise des réactions émotionnelles, accentuant les clivages au détriment d’un débat réfléchi. Ainsi, l’insulte devient un outil efficace pour capter l’attention et mobiliser les émotions, détournant le regard des véritables enjeux.
Ce climat a des conséquences néfastes sur la cohésion nationale. Les politiciens qui optent pour des termes offensants adoptent une politique de la terre brûlée. Les électeurs, influencés par ces exemples, peuvent en venir à normaliser la violence verbale puis physique, engendrant ainsi une spirale dangereuse qui nous emportera tous.
Les médias, de leur côté, jouent un rôle non innocent dans cette polarisation. Ils amplifient souvent les discours agressifs pour plaire, contribuant à la perception de l'insulte comme un outil légitime de la politique. En privilégiant des contenus polémiques, certains médias nuisent à la qualité de l’information et à la formation de l’opinion publique.
Cette tendance à la violence verbale en politique et à la polarisation de la société représente un danger pour la démocratie tunisienne. Le respect mutuel étant érodé, méfiance et désengagement s’installent chez les citoyens, qui voient la sphère politique comme un terrain de conflits stériles, perdant ainsi confiance en la démocratie. Une démocratie affaiblie, marquée par le mépris des citoyens pour la vie politique, devient vulnérable et est une proie facile pour les régimes autoritaires.
Pourtant, le Tunisien aime rire. Il apprécie la finesse d’esprit et les bons mots, et il sera plus réceptif à un politicien qui sait manier l’humour. Cette forme supérieure de la critique permet d'aborder des sujets délicats avec légèreté et finesse. Mais pour pouvoir aborder des sujets sérieux avec humour, il faudrait être capable de comprendre les émotions et les sensibilités des autres, être capable de penser en dehors des sentiers battus et de voir les choses sous un nouvel éclairage.
Les grands hommes qui savent manier le verbe sentent quand il faut introduire la touche d'humour qui fera la différence. Mais sans confiance en soi, il est impossible de livrer des blagues. Une personne peut efficacement utiliser l'humour pour aborder des sujets sérieux. Des qualités qui manquent actuellement cruellement à nos politiciens.
Être sérieux ne veut pas forcément dire être autoritaire ou incapable d’empathie. Il est urgent que les acteurs politiques, les médias et la société civile prennent conscience des dangers que représente cette dérive verbale pour l’avenir démocratique de la Tunisie. Restaurer un dialogue respectueux et constructif est essentiel. Il est temps de balayer les illusions des populistes et de se confronter à la réalité : la transformation de notre société sera un marathon, et non un sprint, où nos divergences d’opinions ne doivent pas nous entraîner vers des violences destructrices.
Pour la Tunisie la violence sociale est palpable dans les comportements des uns et des autres ,sous couvert de racisme de régionalisme et de la violence générée par la misère et la précarité.
La philosophie installe le doute comme préalable: tu as, j'ai, peut-être tort.
Alors on argumente, on, s'écoute, on se répond, en évitant les attaques ad nominem, personnelles.
'?videmment le mensonge, le faux témoignage, sont proscrits.
On tente de se mettre à la place de l'autre, pour mieux se comprendre mutuellement.
Ce n'est pas toujours ni souvent possible, mais au moins l'échange appelle t-il la paix dans le discours.
Le but étant d'accepter que l'on puisse être différent et penser différemment sans pour autant mériter la mort!
La lecture des philosophes nous influence toujours dans le bon sens...
Il faut dire que les réseaux dits sociaux ne nous aident pas. Le plus gros de nos échanges se fait en dix lignes et disparaît sitôt écrit! C'est le royaume de l'émotion, le contraire du raisonnement...
L'analyse est pertinente et bien illustrée, mais elle présente quelques faiblesses. D'abord, elle simplifie les motivations de la violence verbale, en les liant principalement à une détresse émotionnelle ou à un manque de compétences des politiciens. Or, il existe des contextes où la violence verbale est une stratégie délibérée pour polariser, mobiliser une base électorale ou détourner l'attention des vrais enjeux, ce qui est ici peu exploré. Cette réduction du phénomène à une simple expression de panique ou de faiblesse enlève une dimension importante au problème.
Ensuite, l'analyse souligne le rôle des réseaux sociaux et des médias comme amplificateurs de la violence verbale mais reste générale dans ses solutions. Bien qu'elle critique le sensationnalisme des médias, elle ne mentionne pas les algorithmes qui favorisent les contenus clivants, un élément central dans l'amplification de la polarisation. Une exploration plus détaillée des dynamiques algorithmiques aurait ajouté de la profondeur à l'argumentaire.
Enfin, bien que l'auteur propose l'humour comme alternative aux invectives, cette solution apparaît insuffisante dans un climat politique tendu, où les tensions dépassent souvent ce que l'humour peut apaiser. L'idée de restaurer un dialogue respectueux est louable, mais elle aurait pu être mieux articulée autour de solutions concrètes, comme des programmes d'éducation civique ou des réglementations pour encadrer le discours public. En résumé, le texte expose bien les effets des violences verbales mais gagnerait à intégrer une vision plus nuancée des motivations politiques et à proposer des pistes d'action plus substantielles.
Il est vrai que l'emballage se veut soigné,à première vue on est curieux de voir ce qui se trouve à l'intérieur,mais une fois le paquet ouvert,comme on est déçu par le contenu...
Doctour,faire de belles phrases ne suffit pas,ce que l'on veut c'est une idée maîtresse développée sous tous ses angles,associée à une prose qui se veut élégante et qui ma foi l'est par moment afin de pouvoir faire passer un message et que l'on se sente enrichi d'une idée nouvelle ou à défaut avoir matière de rentrer dans un débat d'idées,mais malheureusement c'est loin d'être le cas.....