
La société "L’Accumulateur Tunisien Assad" a tenu une communication financière, mardi 30 juillet 2024 au siège de la Bourse de Tunis, où elle est revenue sur sa récente condamnation à une amende de plus 234 millions de dinars ainsi que sur la baisse de ses performances.
En effet, le 11 juillet 2024, un jugement en première instance a été prononcé contre la société la condamnant à une amende de près de 234,39 millions de dinars (78,13 millions de dinars en principal et 156,26 millions de dinars de pénalités). Le 15 juillet 2024, elle a fait appel de ce jugement.
En fait, et selon le management, tout a commencé fin 2020, suite à l’affaire des déchets italiens qui avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque. La douane et le ministère de l’Environnement avaient révisé les conditions d’importation (et d’exportation) de tous les produits classés comme déchets, notamment celles relatives à l’importation de batteries usagées, un produit important dans le cycle de production de la société.
Assad trouve ses besoins en plomb dans le recyclage des batteries usagées. La société avait investi dans une unité de recyclage moderne d’une capacité totale de transformation de 43.500 tonnes par an alors que le marché tunisien n’a actuellement qu’une capacité de 15.000 tonnes. Elle avait obtenu en 2016 l’autorisation d’importation des vieilles batteries sous le régime douanier de transformation active. Concrètement et depuis 2002, l’unité de recyclage a traité environ 200.000 tonnes de batteries usagées et vieux plomb dont 20.000 tonnes environ ont été importées.
Et de préciser que l’importation des batteries usagées lui permet de réaliser des économies importantes sur le coût du plomb, renforcer sa compétitivité et accroître ses capacités d’exportation.
Mais, en mars 2021, la douane avait bloqué, le dédouanement d’environ 900 tonnes de vieilles batteries et a exigé la présentation d’une autorisation du ministère de l’Environnement afin de débloquer la situation. Le 4 octobre 2021, elle a carrément émis une note interne interdisant l’importation des vieilles batteries sous tous les régimes douaniers avec un effet rétroactif.
Ce blocage a privé la société d’une importante source d’approvisionnement de plomb, avec un impact négatif sur le volume de production et d’exportation et la baisse de sa marge brute, la société ayant dû remplacer le plomb recyclé qui provenait des batteries recyclées importées par du plomb fini acheté au prix fort.
Le management de la société a rappelé qu’historiquement Assad et Nour sont les deux recycleurs agréés par le ministère de l’Environnement (ses autorisations dataient de 2001, ndlr). En 2009 a débuté l’application du décret organisant la collecte et la récupération des vieilles batteries. À partir de 2012, l’application du décret a été suspendue et des autorisations ont été accordées à certains opérateurs. En août 2022, le nombre de recycleurs agréés avait atteint le nombre de quinze opérateurs mais en septembre 2022, le ministère de l’Environnement avait retiré toutes les autorisations de recyclage, sauf pour les sociétés Assad et Nour qui disposent d’unités de recyclage conformes aux normes environnementales. Actuellement, une nouvelle version du décret est en cours de préparation (pour remédier aux insuffisances de l’ancienne version).
Autre point abordé, la non-application du décret sur la collecte des batteries usagées a fait qu’Assad est devenu contrainte de les acheter au lieu de les récupérer conformément aux dispositions du décret. En outre, la prolifération des recycleurs depuis 2012, a fait augmenter les prix des batteries usagées d’une manière continue ce qui a eu un impact négatif sur les marges de la société. Cela dit, le retrait des autorisations de recyclage à une quinzaine d’opérateurs au mois de septembre 2022, a permis d’augmenter les quantités achetées. Mais, le retard de renouvellement de l’autorisation de recyclage en janvier 2023 a provoqué l’arrêt de l’unité de recyclage pendant près de deux mois, ce qui a perturbé l’activité de la société et a impacté les résultats du premier semestre 2023. Selon les états financiers intermédiaires arrêtés au 30 juin 2023, son déficit avait presque doublé, passant -3,74 millions de dinars fin juin 2022 à -7,19 millions de dinars fin juin 2023.
Notons que la société a annoncé un chiffre d’affaires en hausse de 13,9% à fin juin 2024 et qu’à la date du 31 juillet 2024, elle n’a toujours pas communiqué ses résultats à fin 2023.
I.N.
