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Continuer son cycle en médecine en Tunisie : une faveur et non un droit !
17/07/2016 | 15:59
5 min
Continuer son cycle en médecine en Tunisie : une faveur et non un droit !


Le 4 juillet 2016, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a tranché : les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, qui poursuivent leurs études à l’étranger, ne pourront plus désormais intégrer les facultés tunisiennes. Une décision qui a suscité des réactions très mitigées, entre soulagement et indignation.

Dans un communiqué, le ministère a également précisé que les étudiants qui poursuivent leurs études dans ces spécialités en Tunisie ne pourront, eux aussi, plus être mutés d’une faculté à une autre. Cette nouvelle loi sera mise en vigueur à partir de cette année universitaire 2016-2017, elle vise, a souligné le ministère, à poursuivre le processus d’accréditation exigé par l’OMS, à garantir l’égalité des chances et à respecter la capacité d’accueil des facultés ainsi que la capacité de formation et d’encadrement.

Le ministère de l’Enseignement supérieur a précisé que d’ici 2023, les facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie devront être accréditées afin de délivrer à leurs étudiants des diplômes universellement reconnus.

La décision du ministère a suscité des réactions bien mitigées, entre le soulagement de ceux qui, depuis déjà quelques années, dénoncent ce phénomène en croissance, et ceux qui estiment qu’ils sont privés d’un droit acquis qualifiant même la décision d’«anticonstitutionnelle ».



Contacté par Business News, le chef de cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur, Adel Ben Amor, qui est aussi professeur hospitalo-universitaire en pharmacie, nous a révélé que si la possibilité est offerte aux étudiants de réintégrer une faculté tunisienne après avoir passé leur premier cycle à l’étranger, cela reste une faveur soumise à l’appréciation du décideur, en l’occurrence le ministre de l’Enseignement supérieur, et en aucun cas un droit.

M. Ben Amor nous a expliqué qu’il s’agit d’une ouverture de postes par arrêté du ministre sous proposition des conseils scientifiques. Ainsi, ces conseils se gardent le droit de refuser d’ouvrir des postes et donc de refuser les dossiers.



La question est toutefois bien plus alambiquée qu’il n’y parait. En effet, nombreux sont les enseignants et les étudiants qui nous ont aussi confiés que le niveau de nombreux étudiants qui ont pu bénéficier de cette « faveur » est bien en deçà de celui requis. D’ailleurs, nombreux enseignants ont souvent tiré la sonnette d’alarme face à ces étudiants dont le nombre ne cesse de croitre d’année en année.

Interrogé à ce sujet, le chef de cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur nous a confirmé que le niveau est, en effet, une problématique bien réelle surtout quand ces étudiants arrivent de facultés dont le système d’enseignement est tout à fait différent du système tunisien.

Il a souligné, par ailleurs, que cette décision a aussi été prise pour permettre une égalité des chances entre les étudiants. Il faut savoir que les scores pour faire médecine en Tunisie sont très élevés et que nombreux sont ceux qui sont recalés avec des moyennes très fortes au Bac. Ceux, en revanche, qui partent à l’étranger, avec souvent une faible moyenne en poche, arrivent à s’inscrire en troisième année sans que les conditions de leur réussite au premier cycle ne puissent être contrôlées.

« Nous n’avons aucune donnée sur les étudiants qui partent s’inscrire dans des facultés de médecine à l’étranger. Ils ne passent pas par le ministère et se dirigent de leur propre chef vers des destinations de plus en plus diverses à l’instar de l’Ukraine, du Sénégal, de la Roumanie etc. » a précisé Adel Ben Amor. « Cela rend la gestion des dossiers à leur retour de plus en plus compliquée et puis nous avons certaines appréhensions sur certaines facultés prisées dans lesquelles personne ne redouble ! » a-t-il ajouté.

« Il est vrai qu’à leur retour, ces étudiants doivent passer des stages d’équivalence, mais cela ne correspond pas au gap entre le cursus d’origine et le cursus tunisien. D’ailleurs, parmi les motivations qui nous ont poussés à prendre cette décision, il y a le fait que nous soyons en ce moment en train de réviser le système des équivalences de diplômes » nous a confié le chef de Cabinet du ministre.


Autre point qui a été soulevé, celui des bourses octroyées par les Etats destinations à l’instar du Maroc, qui sont perdues quand les étudiants reviennent en Tunisie. « Nous accordons des bourses à des étudiants en médecine marocains qui, eux, terminent leurs scolarité en Tunisie alors que nous perdons les bourses marocaines  car nos étudiants qui bénéficient de bourses pour cinq ans, reviennent en Tunisie au bout de deux années » a précisé M. Ben Amor.

 


Nous avons également appris que la faculté de Médecine dentaire de Monastir a refusé d’ouvrir des postes pour de telles inscriptions à partir de l’année dernière, la faculté de Pharmacie en a intégré, quant à elle, dix sur  80 dossiers soumis. Pour ce qui est des facultés de médecine, 403 dossiers ont dû être traités alors que ces facultés, toutes confondues, accueillent chaque année un peu plus de 900 nouveaux étudiants. Ces chiffres dénotent de l’ampleur du phénomène surtout quand rien n’est fait pour accueillir un nombre élevé de nouveaux inscrits pour lesquels il n’y a pas réellement de place.
En février dernier, en France, huit internes en médecine générale, affectés dans des hôpitaux d’Ile-de-France, ont été exclus de leur service pour cause d’incompétence. Six d’entre eux avaient fait leurs études en Roumanie. Ils ont été priés de suivre un stage de remise à niveau de six mois. La France, confrontée aussi au problème, avait tenté en août 2011 via un décret de fermer la porte devant les étudiants qui poursuivaient leur cursus à l’étranger. Ledit décret a néanmoins été annulé par le Conseil d’Etat.



Ceci pour dire que le phénomène n’est pas que tunisien et que la recherche de l’excellence devra nécessairement passer par la rigueur. Nombreux étudiants rapportent des faits plutôt surprenants sur des pratiques douteuses au sein de facultés étrangères dont ils reviennent parfois avec une formation incomplète ou qui laisse à désirer.

Il est vrai que ces structures, qui ne sont, certes, pas toutes à mettre dans le même sac, offrent une chance à certains bacheliers tunisiens de poursuivre les filières qu’ils souhaitent mais que leur score ne leur a pas  permis d’obtenir dans leur pays. Cela reste possible, à condition qu’ils y terminent désormais leur cursus.

17/07/2016 | 15:59
5 min
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Commentaires (17)

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Didin
| 27-07-2017 05:11
Je ne comprends pas tous ces jeunes qui veulent devenir toubib ou pharmacien, alors qu'il y a autre chose d'interessant et de très demandé. Architecture, finance, ingénieurie, aviation, tourisme, restauration, hôtellerie etc .. etc.. Au Maroc, les cabinets de toubib et les pharmacies sont partout, à tous les coins de rues, même sur les terrasses .. ils sont plus nombreux que les cafés et les marchands ambulants... Il existe même des immeubles ENTIERS de cabinets médicaux Quand on voit toutes ces centaines d'étudiants qui entrent ou sortent des facultés de médecine et de pharmacie au Maroc, on se demande où est-ce qu'ils vont bien ouvrir leurs cabinets ou pharmacies .. sans parler de ceux qui reviennent avec des diplômes de facultés comme de France, de Belgique, de Tunisie, Russie, Ukraine etc.. à tel point que les gens commencent à vérifier d'abord où ils ont eu leurs diplômes avant de les consulter, (Tunisie, Ukraine, Russie) les gens se méfient, du coup, ils ne mentionnent même plus où ils ont fait leurs études. Ceux qui vont bientôt retourner au bled avec leurs diplômes en poche, vont sûrement s'installer dans des caravanes ou des charrettes !

drjaoua
| 19-07-2016 22:20
En ce qui concerne les mutations inter-facultés de médecine en Tunisie,je vois que c'est très injuste de commencer à l'appliquer dès cette nouvelle année universitaire car pas mal d'étudiants qui rêvent d'être mutés voient tout d'un coup leur rêve brisé et leur plan de déménagement déjoué.Il faudra avertir les gens qui désirent d'entamer des études médicales en cette rentrée universitaire pour qu'ils sachent ce qui les attendra et non commencer l'application immédiate de ces décisions sans le moindre pré-avis.

Étudiante
| 19-07-2016 16:04
Je ai obtenu mon bac avec 17 de moyenne et je ne akther pas pu intégré la faculté de médecine qui est proche de chez moi ! Je ai fais mon premier cycle dans une autre faculté tout en espérant que je vais changer de fac au bout de 2 ans! Et ben je était surprise par cette décision! Si vous voulez l appliquer ne prenez pas en compte la mutation entre les facultés tunisiennes ! C'est est injuste !

manager
| 19-07-2016 09:50
concernant ceux qui ont obtenu des diplômes de l'étranger il faut faire des concours d'equivalance comme en france et non pas seulement des stages de deux ans

Iechef
| 18-07-2016 20:00
C'est une décision correcte importante et étudiée. Il n'est pas admis sinon il est triste et étonnant de ne pas encourager ces décisions qui tendent à instaurer le minimum d'équité entre les étudiants. C'est une décision qui obligent la majorité des étudiants qui pensent à déraper le système tunisien à éviter ce comportement frauduleux.
Est-il normal qu'en contre partie d'une somme d'argent payée en devise d'avoir un diplôme avec 10 ou 11 comme moyenne au bac tunisien?
Au contraire je vois qu'il faut des décisions pour plus d'équité au concours de residanat.
En effet actuellement et depuis plusieurs années il suffit de suivre des cours payants avec 2000 Dt pour avoir un privilège de réussite.
Pour équité il faut interdire ces cours qui ne sont pas à la portée matérielle de tous les étudiants.
C'est un peu semblable au cas précédent payer puis payer puis payer l'argent pour réussir aux examens.
Arrêter définitivement ces sortes de fraudes !

passager
| 18-07-2016 17:52
Le fait d'étudier à l'étranger soit disons ds des facultés plus renommée que les facs de médecine tunisiennes ne vous transforme pas en des élites , sinon pourquoi tout cet argent ( une moyenne de 18 000 euro par an juste pour les frais d'études ) , à la limite eux qui ont passer à coté au bac qui étaient tout prés et qui poursuivent leurs études au maroc sont ceux qui méritent de réintegrer aux facultés tunisiennes sinon ceux avec 10 et 11 de moyenne doivent rester ou ils sont .

HR
| 18-07-2016 15:39
Pourquoi resteront ils ? pour une unique raison ? les impôts ? le fisc ne fait aucun mal à cette profession. ils sont payés en espèces et leurs honoraires "no comment". Avec leur argent, ils ont de belles voitures, de très belles maisons, vont faire du ski, vont aux USA ETC donc des médecins, mais les bons seront dans les plus grands hôpitaux ou cliniques en Europe ou au USA

rzouga
| 18-07-2016 15:01
La formation en médecine générale à l'étranger ne sont pas au niveau, et nos chers diplômés d'ici sont-ils vraiment au niveau à leur sortie? les diplômés de l'Europe ont un diplôme européen alors que nos chers Dr d'ici sont tout juste bons pour exercer ici. Le programme d'enseignement de la médecine, de la Pharmacie et dentaire est devenu lourd et une réforme des études est devenue plus que jamais urgente pour partager la responsabilité médicale car le nouveau médecin ne peut plus être à la fois clinicien, radiologue, biologiste et pharmacologue.
Arrêter donc de dénigrer vos confrères quelque soit l'origine de son diplôme car avec les nouvelles générations de Dr l'éthique n'a plus de sens,le respect entre anciens et nouveaux s'est évaporé...

YALLATTIF
| 18-07-2016 14:21
MR le concours de résidanat n'est pas équitable entre les étudiants qui passent leurs examens à la fin de cette année, en effet plusieurs sont libre des engagements envers les hôpitaux et trouve énormément de temps pour préparer leurs examens, alors que d'autres étudiants travaillent tous les jours avec des gardes qui arrivent entre 02 et 03 fois par semaine et passe toute la nuit dans les urgences et reprend le travail le lendemain.
Et pour cette année avec la nouvelle réglementation il y aura 02 sessions pour les résidents une a été déjà faite et l'autre pour la fin de l'année, je me pose la question est ce que le nombre admis sera le même ou il sera doublé puisque on a 02 session pour cette année.
Sans oublié que ces étudiants représentent une partie de nos élites, à voir le score pour aller à la faculté de Médecine.
Merci.

amine
| 18-07-2016 13:51
Quand on pense aux centaines d'etudiant en medecine partis decrochés un diplome en roumanie: medecine, chirurgie dentaire, pharmacie.. pour la grande partie grace a leur moyens financiers alors qu'ils ont decroché un bac a tout juste 10!.... Le malheur c'est qu'on les retrouve dans notre systeme de santé... des personnes médiocres, faiblement compétentes! pour ne pas dire autre chose!