alexametrics
samedi 10 mai 2025
Heure de Tunis : 10:18
A la Une
La communication politique, une arme à double tranchant que nos ministres peinent à maîtriser
05/07/2016 | 17:00
4 min
La communication politique, une arme à double tranchant que nos ministres peinent à maîtriser

Les couacs et bourdes en matière de communication gouvernementale se suivent et se ressemblent souvent: des photos pour le moins gênantes, des rétropédalages et des ratages en matière de publication... Il y a aujourd'hui lieu de se poser des question sur ceux qui gérent la communication des ministres tunisiens et les raisons derrière un tel cafouillage.

 

La communication politique peut être définie comme l’ensemble des stratégies, des techniques et des outils de communication mis en œuvre dans le champ politique afin d’accéder au pouvoir ou de le conserver.  En Tunisie, la communication en politique en est encore à ses premiers pas. Elle est surtout et pour une fois, adressée à un électeur qui a fait son choix par les urnes et qui, aux aguets, surveille de près le travail de ceux qu’il a élu.

 

Néanmoins force est de constater, que les couacs en la matière, nous amènent à nous poser de sérieuses questions sur les compétences de ces soldats de l’ombre qui font et défont les réputations et dont le rôle premier est de « vendre » leur candidat et surtout son travail. Les pages de nos ministères regorgent de petites anecdotes qui prouvent que les équipes de communication ont peut être des talents, certes, mais certainement pas dans leur domaine. 

 

Nous nous rappellerons de la fameuse photo d’une interview du chef du gouvernement Habib Essid, avec devant lui une table calée avec des livres, image culte qui en dit long sur la relation du pays avec la culture, ou encore le ministre de l’Equipement, qui décore son bureau comme il fait chez lui, avec ses photos partout… les ultimes incidents de ce genre ont eu lieu ces derniers jours et ont suscité une belle polémique.

 

En effet, en visite pour un iftar collectif, qui a réuni des détenus, des fonctionnaires et des cadres de la prison civile de Mahdia, le ministre de la Justice, Omar Mansour, a été pris en photo dans la cour de la prison avec pour décor, au-dessus de la table qui réunissait vraisemblablement des cadres du ministère et de la prison, des prisonniers entassés dans des fenêtres barrées tels des animaux en cage.

Cette photo, à la fois choquante et déroutante, postée par le service de communication du ministère et sur sa page officielle,  a suscité un tollé de réactions, tant elle touchait à la dignité humaine. Ceci a contraint le ministère à supprimer la photo et à expliquer qu’il s’agissait d’un spectacle organisé dans la cour de la prison auquel ont assisté les prisonniers et que « vu l’exiguïté de l’espace certains prisonniers n’ont pu assister au spectacle sur place ». Il n’en reste pas moins que la publication de la photo des détenus sous un pareil angle, est une flagrante erreur de communication.

 

Quelques jours plus tard, les ministres de l’Intérieur, Hédi Majdoub et des Affaires sociales, Mahmoud Ben Romdhane ont publié des images et des vidéos de leurs visites à des centres hospitaliers pour enfants, à l’occasion de la célébration de la Nuit du Destin.

Des enfants appartenant à des familles nécessiteuses et ont été circoncis à l’occasion, en respect de la tradition. Et les services de com des ministères ont évidemment relayé la visite, en images et vidéos non floutées, publiées sur les pages officielles des ministères et montrant les ministres en train de présenter des cadeaux à ces enfants circoncis, dans des conditions fort embarrassantes, aussi bien à cause de leur état de santé, que de leur situation sociale de précarité.

Il faut savoir que la loi tunisienne et les conventions internationales interdisent déjà de publier les images d’enfants, sans autorisation parentale, quel que soit l’état dans lequel ils se trouvent. Ces publications sont une atteinte flagrante à la dignité de l’enfant. Le fait que ces enfants soient dans une double situation fragile ne fait qu’aggraver cette faute monumentale de communication où la violation du droit de l’enfant est on ne peut plus claire.

 

En 24 heures, quatre fautes flagrantes des services de communication de départements ministériels, ont ainsi été recensées dont celle de la présidence du gouvernement qui n’a cessé de démentir la nouvelle de l’hospitalisation d’Habib Essid, pourtant annoncée par des médias crédibles, avant de l’avouer dans l’après-midi même.

Plus récemment, c’est le ministre du Commerce, Mohsen Hassan, qui a été pris en photo tout sourires, vantant l’artisanat et la production locale, devant des produits de contrefaçon (polos Ralph Loren et Lacoste) à Monastir. Lui qui est censé mener la guerre contre la contrebande et qui d’ailleurs a affiché une position plutôt ambigüe sur la question.

 

Ce 5 juillet 2016, veille de l’Aid El Fitr, annoncé hier par le Mufti, c’est au tour de celui-ci d’être rappelé à l’ordre par le syndicat national des chargés de l'information et de la communication publique, qui  a publié un communiqué dans lequel il dénonce la politique de communication du Mufti de la République qu’il qualifie de « décevante »  lors de son annonce de l’Aïd.

Le syndicat a, par ailleurs, dénoncé la présence d'enfants qui chahutaient derrière le Mufti alors qu'il s’adressait aux Tunisiens. Il a expliqué qu’une telle image est indigne d’un moment aussi solennel et protocolaire ni de la symbolique du Mufti lui-même ou de son message.

 

 

Ainsi donc, l’amateurisme des services de communication de nos ministères fera encore plus parler d’eux que leurs actions. Alors que le pays abonde de jeunes compétences en la matière, il est peut être grand temps d’appliquer ce que l’on prêche et de donner sa chance à ce potentiel trop longtemps ignoré. Peut être verrons nous, à défaut de résultats réels, au moins une belle vitrine…

 

 
05/07/2016 | 17:00
4 min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous

Commentaires (11)

Commenter

zohra
| 07-07-2016 16:53
Monsieur, vous êtes dur dans vos propos, chacun ses idées, au contraire c'est un bel article, ici c'est l'observateur "le sens de l'observation" c'est une qualité, je préfère qu'un journaliste tunisien remarque ces erreurs de communication pour qu'on puisse les corrigé que d'être critiqué par les étrangers. Et les critiques peuvent être très constructives, quand on n'est pas susceptible.

skand90
| 07-07-2016 12:49
BN cherche surtout des poux au gouvernement quitte à inventer des faits (ce qui est contraire à l'éthique d'un vrai journaliste).
Votre article est plein d'inexactitudes voire de mensonges: "Il faut savoir que la loi tunisienne et les conventions internationales interdisent déjà de publier les images d'enfants, sans autorisation parentale, quel que soit l'état dans lequel ils se trouvent. ". C'est totalement faux, regardez le nombre de photos dans le monde entier avec des enfants (site croix rouge, secours islamique, human rights etc.). Vous dites n'importe quoi.

Je ne suis pas pro gouvernement mais je suis anti journaleux. Le journalisme est un métier sérieux, BN doit changer de métier. Vous devriez changer de nom, je propose: BusinnessNimportequoi.com.tn.

Sinon, sur le fond, bien évidemment la Tunisie doit s'améliorer en terme de communication, mais de grâce, basez vous sur des faits. Faites votre métier

amt
| 06-07-2016 17:37
Du moment qu'on arrive pas à se poser les bonnes questions, surtout qu'on manque d'inspiration et par ailleurs, on refuse de voir comment fonctionne les gens civilisés... On va droit dans le MUR.

Citoyen_H
| 06-07-2016 15:12

pour ce spectacle déplorable né avec l'arrivée des apaches de la maudite et satanique trika?
Voilà un des milliers d'exemples qui composent la vitrine du bledistan, et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.

Il n y a que l'éradication du paradoxe de l'après 2011 qui pourrait sauver le pays, et ce n'est plus un secret pour personne.
La nature a horreur des apprentis sorciers, qui chlinguent de surcroit.


Citoyen_H
| 06-07-2016 14:56

le résultat ne se fait pas attendre.
La déchéance ira en s'amplifiant jusqu'au feu d'artifice final.

Il était très facile de critiquer les prédécesseurs.
Et bien chantons maintenant (La cigale et la fourmi)

Vous avez dit à "gorge déployée" révolution du jasmin?
Mon cul.
C'est plutôt la révolution de la ploucaille et des haillons.








Le Demystificateur Universel
| 06-07-2016 11:22
Aucun cosmetique,aucune chirurgie esthetique ne peut faire d'une guenon et de surcroit bossue unijambiste,une star.

zohra
| 06-07-2016 01:10
En Tunisie, il ya assez de gens compétents dans tous les domaines, ils n'ont pas besoin de don, seulement depuis la révolution, je pense, c'est un constat personnel que les compétences ne sont plus utilisées là il faut. Remontez dans le temps et vous allez voir que c'est assez vrai. Une bonne communication c'est dans le choix des lieux, du timing, le choix des mots, ect...

URMAX UFGOBZ
| 05-07-2016 22:48
Aucun sens de la présentation ou de la diplomatie.
Des cahiers ou bouquins en guise de support de table basse lors d' une interview du 1er Ministre !
On aura tout vu.
Quelle misère et bassesse.

@ Mounir : La critique permet d'améliorer l'image de marque, et nous en avons bien besoin !

Mounir
| 05-07-2016 21:03
Dommage, au lieu de critiquer présenter vos services, faites dont de vos idées ou organiser des formations ou colloques!

zohra
| 05-07-2016 20:26
De nos jours, dans les entreprises, une bonne communication est essentielle que dire de la communication gouvernementale , elle doit être irréprochable sans aucune faute car elle reflète l'image de l'état En Tunisie, il faudrait une très bonne formation en communication. On a qu'aller voir l'état de l'aéroport international et compendrait que la communication et quasi nulle. Aidkom mabrouck.