Enseignement : Le temps des réformes a sonné !
Le nombre de jours d’études des élèves a été sérieusement amputé par les sit-in et les grèves successives, à peine 170 jours d’études, ce qui est très loin du quota international qui varie entre 190 et 240 jours. Ces grèves qui ont touché l’année scolaire 2014-2015 et se sont poursuivies jusqu’à l’année courante, ont poussé le ministère de l’Education à prendre la décision de supprimer les semaines bloquées des deux premiers trimestres.
Des élèves ont boycotté les cours ce lundi 12 octobre 2015, dans plusieurs lycées, suite à la décision du ministère de l’Education de supprimer la semaine bloquée pendant les deux premiers trimestres de l’année scolaire et la garder au troisième trimestre.
Le ministère de l’Education a pris cette décision puisque c’est l’une des mesures correctives confirmées, en attendant l’établissement d’un nouveau système d’évaluation dans le cadre de la réforme de l’éducation et une réponse à la demande des enseignants, surveillants et administratifs dans le processus éducatif depuis de nombreuses années. Cette initiative est également compatible avec les orientations générales des résultats du dialogue national éducatif.
La suppression de la semaine bloquée des deux premiers trimestres de l’année scolaire a eu lieu suite à des raisons circonstancielles, dont des vacances éparpillées durant toute cette année, comme Aïd al Idha à titre d’exemple ou encore l’anticipation des examens nationaux, à citer l’examen de baccalauréat qui sera en juin 2016 où les candidats passeront la première session avant le mois de Ramadan.
Cette initiative, qui a secoué les lycéens, découle également de raisons structurelles. Celles-ci se résument en la durée limitée allouée à l’éducation, et ce par rapport aux systèmes éducatifs nationaux : 170 jours d’éducation en Tunisie contre une moyenne mondiale allant de 190 à 240 jours.
Les autres raisons : le poids du contrôle continu comparé au temps d’apprentissage, la rupture des enseignants de poursuivre les cours durant une longue période (une moyenne de 5 semaines par trimestre) et leur absence abusée avant et après la semaine bloquée. Et enfin, l’incapacité des enseignants à finir le programme, l’adoption d’un rythme d’enseignement rapide qui ne prend pas en compte le rythme d’apprentissage de la plupart des élèves et le report des conseils de classes après les vacances privant ainsi les parents des relevés de notes de leurs enfants.
Le ministère de l’Education justifie cette mesure par le fait qu’elle permettra aux élèves de bénéficier de jours de cours supplémentaires, de réaliser un équilibre entre l’apprentissage et l’évaluation, permettre aux enseignants d’un temps supplémentaire pour le traitement et le support, outre d’alléger la pression morale qui perturbe les élèves suite à la semaine bloquée, Une mesure qui développera, par ailleurs, une nouvelle culture éducative qui donne de l’importance à la formation loin du stress, et qui donnera aux enseignants une période plus longue pour se préparer aux examens et accorder une plus grande importance à la correction des examens.
Selon le ministère, la procédure à suivre consiste à élargir la durée allouée pour réaliser les examens. Cela évitera la réalisation de deux examens dans la même journée, et fera participer les enseignants à l’organisation du calendrier des examens et à organiser les conseils des classes avant les vacances. Une mesure qui donnera la possibilité aux parents d’accéder aux résultats de leurs enfants à temps et qui leur permettra de les aider à surmonter leurs imperfections en temps voulu.
D’autre part, le maintien de la semaine bloqué pour le troisième trimestre avec la modification de sa formule actuelle permettra de juger les acquis des élèves selon des critères unifiés et rendra l’évaluation plus objective. Cela développera également, les compétences des enseignants au niveau du choix des sujets d’examens. Ils s’associeront ainsi dans des comités locaux, encadrés par des inspecteurs, ce qui permettra aux services concernés par l’évaluation et les cadres de supervision pédagogique d’améliorer le système d’évaluation.
Quant aux procédures, elles consistent en l’organisation d’ateliers de travail en présence d’inspecteurs pour la formulation d’une référence nationale d’évaluation spécifique aux différentes spécialités et pour étudier les points organisationnels et fixer le calendrier d’exécution. Elles consistent également en la création de comités régionaux avec la participation d’enseignants, sous la direction d’inspecteurs pour l’élaboration des examens et la fixation de leurs critères. Il faudrait aussi prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le secret des examens et la préparation logistique exigée.
Tant de mesures à mettre sur les rails, qui chambouleront à moyen et à long terme le paysage éducatif en Tunisie. Tout changement n’est pas facile à accepter, mais il est plus que nécessaire, au point où en est l’éducation nationale, de bousculer les choses. Le chantier reste énorme et l’avenir des générations futures reposera sur les réformes qui sont en cours.
Emna Soltani