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Tunisie - Comment monter son dossier pour bien créer son entreprise ?
10/03/2011 |
min
Tunisie - Comment monter son dossier pour bien créer son entreprise ?
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Une des grandes faiblesses du côté des demandeurs de financements est celle liée au montage des dossiers : comment monter un bon plan d'affaires ? La mise en œuvre et le suivi de la gestion du projet (suivi financier et le suivi de l’exécution technique et commerciale) est également un point crucial dans la survie du projet.
Comment réussir tous ces montages et mettre sur pied une entreprise viable et fiable ? A toutes ces question l’ingénieur conseil et financier belge, Carl-Alexandre Robyn va tenter de répondre…. Analyse…

Certains organismes font actuellement, mais sous des formes différentes et à des degrés divers (ce qui rend la comparaison difficile), de l’accompagnement pour les très petites entreprises (TPE de 1 à 15 personnes) : les Centres d’Innovation et de Développement (tels Carthage Innovation, Sfax Innovation, Djerba Création et Innovation, Siliana Innovation, etc.), les pépinières d’entreprises (telles Radès Technologie Plus, Manouba Tech, Le Kef Essor Technologique, Tataouine Innovation Technologique, etc.), des structures de développement économique de type APII (Agence pour la Promotion de l’Industrie et de l’Innovation), les Centres d’affaires, certaines Chambres de commerce et d’industrie, des consultants privés.
Quelques structures, telles que certaines SICAR, dont l'objet initial était de faire du financement, font également de l'accompagnement et cet accompagnement est primordial pour la viabilité de projets innovants. Ces rares structures reconnaissent cependant elles-mêmes que là n'est pas leur rôle initial et que cet accompagnement est fort coûteux, mais elles doivent suppléer à un manque pour assurer la rentabilité de leurs investissements.

Il existe donc déjà certaines formes de financement public de l’accompagnement, mais avec des intensités et des moyens qui varient d’un organisme à l’autre. Des disparités existent actuellement entre les pépinières d’entreprise quant à leurs sources de financement, leur structure et leurs activités. Ce sont généralement de petites structures de 3 à 12 personnes constituées sous différentes formes juridiques, dont les modes de financement varient d’un centre à l’autre et dont l’objet principal est la détection et l’aide au démarrage des projets ainsi que l’accompagnement.
On y constate d’autre part des déficiences du côté des ressources humaines : certains organismes disposent de trop peu de personnel pour se charger d’un encadrement qui soit de qualité et certaines fonctions sont insuffisamment rémunérées.

Ces différentes structures d’appui et les services qu’elles offrent restent insuffisamment connus, en particulier des porteurs de projets. Or il est indispensable que ceux-ci puissent bénéficier d’un accompagnement professionnel adéquat.
Le promoteur pourra en effet mieux se défendre devant un financeur s’il passe par une interface dont le métier est de défendre correctement son projet et de donner confiance au financeur. De son côté, le financeur n’a pas toujours la compétence requise pour faire de l’encadrement.

Outre les rares SICAR privées, d’autres sociétés de financement privées réunissant des chefs d’entreprise (venture capitalists et/ou business angels) pourraient également remplir de plus en plus ce rôle d’accompagnement par le partage de leurs expériences et de leur expertise et en faisant profiter les promoteurs de projets de leurs réseaux de relations. Ces sociétés privées, encore à créer, auraient pour objet de faire de l’accompagnement à tarif très réduit avec prise de participation à terme dans la société nouvellement créée dans le cas où le projet se concrétise. La rémunération de ces consultants privés serait ainsi déterminée par la valorisation de la participation qu’ils auront prise dans l’entreprise créée. Cette activité pourrait être très rentable.

Il n’existe certes ni annuaire ni recensement des business angels ou des chefs d’entreprise pratiquant le capital à risque, et c’est compréhensible car ils préservent leur anonymat, entre autre, pour ne pas être submergés de propositions, mais on peut raisonnablement estimer , de manière empirique et donc forcément approximative, qu’il y a, au bas mot, environ 2 000 business angels latents en Tunisie, des privés (capitaines d’industrie, chefs d’entreprise, hauts cadres, héritiers…) susceptibles d’investir en moyenne 100 000 TND dans des entreprises, ce qui représente déjà une manne avoisinant les 200 millions de TND qui n’est pas pleinement exploitée…
Songez que beaucoup de gens nantis sont à la recherche d’alternatives de placement, d’un recyclage possible d’une partie de leur patrimoine, d’une occupation, de reconnaissance sociale (coach, mentor, chevalier blanc…), d’un pactole (c’est-à-dire de gains financiers extraordinaires). Nombreux sont les individus riches sensibilisés par les réussites spectaculaires des autres. Plusieurs veulent rêver ou à tout le moins partager les rêves d’autrui... Et ainsi, des montants supplémentaires considérables pourraient être dégagés si l’offre de projets d’entreprises (jeunes et moins jeunes) était mieux structurée et cela à l’échelle des gouvernorats et si l’investissement dans ce type de projets était encouragé, non seulement fiscalement, comme c’est déjà le cas, mais aussi médiatiquement...
D’ailleurs beaucoup de business angels se plaignent d’avoir à disposition des montants conséquents à investir – parfois trois fois supérieurs aux montants déjà investis dans leur portefeuille de participations à risque – alors même qu’ils ne parviennent pas à localiser les opportunités d’investissement dans des jeunes pousses qui pourraient leur convenir.

Même si libre cours doit être donné à l'initiative privée en matière d’accompagnement et d’encadrement, les pouvoirs publics ont un rôle de catalyseur à jouer en stimulant le recours à ces démarches d'aide au montage des dossiers. Un dispositif à mettre en place pourrait prévoir de la sorte que le porteur de projet soit incité à s'inscrire dans une démarche d'aide à la création et à la guidance, soit au sein d'une structure d'accompagnement reconnue (SICAR, pépinière d’entreprise, CID...) soit auprès de consultants ou sociétés privées selon les besoins rencontrés par l'entrepreneur. On pourrait ainsi imaginer de lier une aide publique à la consultation d’une structure spécialisée dans l’accompagnement.

En somme, pour améliorer l’accessibilité des compétences existantes et si nécessaire, les renforcer, les Pouvoirs publics ont certainement un rôle à jouer.
Afin de pouvoir déterminer précisément les apports possibles dans ce domaine, il serait d’abord utile, pour les Autorités concernées, de réaliser un examen plus approfondi de la situation existante en matière d’accompagnement : quelles sont les structures d’accompagnement actuellement présentes en Tunisie ? Quelle(s) forme(s) revêt leur intervention ? Quel est le profil des entreprises aidées ? Quel est leur taux de réussite ?
Cette étude devrait permettre entre autres de déterminer dans quelle mesure les besoins d’accompagnement des TPE/PME sont rencontrés.

Sous réserve des conclusions de l'étude à mener, on peut déjà formuler une série de propositions concrètes en ce qui concerne les outils publics ou semi-publics :

1. Une première étape en vue de renforcer les CID (Centres d’innovation et de développement) dans l’accompagnement (au montage des plans d’affaires) et l’encadrement (aide à la gestion quotidienne des projets des TPE) serait d’abord de leur donner une plus grande stabilité : rendre la structure des CID indépendante et permanente en revoyant leur mode de financement. Il serait ensuite opportun de s’assurer que les effectifs actuellement en place dans les CID sont à même de remplir efficacement les tâches qui leur sont confiées.
La promotion de ces structures d’appui que sont les CID devra alors être faite. Ensuite il faudra promouvoir la collaboration entre ceux-ci et les SICAR et autres sociétés de financement privées.
En fait, les CID sont spécialisés dans l'accompagnement des TPE et n'ont ni la capacité, ni les ressources, ni la compétence nécessaire pour le suivi de plus gros dossiers. Partant du principe que les grandes entreprises n'ont pas un réel besoin d'accompagnement (elles disposent en effet souvent de leur propre département au sein de l'entreprise), reste le suivi des dossiers des petites et moyennes entreprises. L'accompagnement au montage des dossiers de ce type d'entreprises est-il assuré par une structure existante ou y a-t-il là un vide à combler? C'est entre autres à cette question que l'étude susmentionnée devrait nous permettre de répondre.

2. Créer une aide publique à la consultation d’une structure spécialisée dans l’accompagnement de manière à inciter les promoteurs à présenter des dossiers de qualité et à accroître les chances de succès de leurs projets. Cette aide, qui s’adresserait à des entreprises ne bénéficiant pas des services d’un CID ou de tout autre organisme équivalent, pourrait prendre la forme d’une avance récupérable ou d’une aide à la consultance.

3. Réaliser un inventaire du travail accompli par les structures d'accompagnement existantes (type et taille des porteurs de projets, taux de succès, portefeuille de participations, ...) afin de déterminer les manques et les besoins non comblés. Cette étude devait être menée par un consultant sur base d’un cahier des charges.

Carl-Alexandre Robyn
Ingénieur-conseil financier
10/03/2011 |
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