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Tunisie - Réforme de la retraite : On ne tire pas sur une « ambulance »

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Les débats sur le projet de la réforme de la retraite n’avancent apparemment pas entre l’administration et les partenaires sociaux. Pourtant, les débuts étaient prometteurs, notamment avec l’UGTT qui a exprimé sa compréhension des impératifs de cette réforme.
Les dirigeants de la Centrale syndicale avaient même rappelé qu’elle était « la première à tirer la sonnette d’alarme sur les déséquilibres alarmants des caisses sociales depuis des années ».
Ce ton conciliateur de l’UGTT a disparu comme par enchantement et laissé la place à une campagne contre le projet gouvernemental sur la réforme de la retraite.
Les dirigeants de la centrale syndicale ne cessent de tenir des réunions pour rejeter le projet présenté comme plateforme de débat par les représentants de l’administration dans la commission chargée de la réforme de la retraite et dont grandes lignes consistent à reculer, progressivement, de cinq ans l’âge de la retraite (la retraite à 62 ans dans un premier temps) et à augmenter les retenues de 7 à 8 % (employés et employeurs).
Les structures syndicales opposent des réserves à ce projet. Elles se disent conscientes des problèmes des caisses sociales mais « ne veulent pas que les employés subissent seuls le poids de la réforme ».
L’UGTT préfère que « pour préserver la pérennité des caisses de la retraite, la solution ne se limite pas à des augmentations des cotisations et à un prolongement de la durée de la vie active. Ces recettes ont été déjà essayées à plusieurs reprises et n’ont pas donné les résultats escomptés », affirme le département des caisses sociales. Lequel département pense que « l’Etat doit jouer un rôle modérateur et trouver d’autres ressources pour renflouer les caisses sociales comme dans plusieurs pays dans le cadre de son rôle social. Les experts peuvent développer des propositions pratiques ».
Mais, s’il est vrai que l’UGTT ne prend pas pour de l’argent comptant la proposition officielle, ses réserves ne touchent pas l’essentiel et la centrale syndicale ne présente pas, comme on le constate, une alternative concrète. Face à ce flou accompagnant la position de l’UGTT, les observateurs s’interrogent sur les véritables raisons de ce revirement, surtout qu’elle est consciente que l’on ne peut vraiment pas échapper à une réforme si jamais on pense sérieusement à la pérennité des régimes de retraite. Que cache donc le jeu de l’UGTT ?
Des observateurs pensent que d’autres considérations, notamment électorales et intérieures, seraient à l’origine de cette nouvelle attitude. « Le congrès national de l’UGTT est prévu pour fin 2011 - début 2012 et un éventuel différend syndico-syndical sur le dossier de la retraite pourrait se répercuter sur les autres problématiques posées sur la scène syndicale comme la question de l’abrogation de l’article 10 du règlement intérieur sur la limitation à deux du nombre de mandats successifs au bureau exécutif », souffle-t-on du côté de la place Mohamed Ali.
Plusieurs observateurs pensent même que « le rejet du projet de la réforme de la retraite ne serait que temporaire et ferait partie d’une tactique de la direction de l’UGTT qui viserait à acquérir, par ce geste, la sympathie de certains groupes syndicaux radicaux et leur éventuelle adhésion à l’abrogation de l’article 10 du règlement intérieur ».
Selon cette analyse, la direction de l’UGTT chercherait à « gagner du temps et à reporter les véritables discussions sur la réforme de la retraite de deux années pour tenir son congrès national alors qu’elle est en conflit avec l’administration sur ce dossier ». Laquelle situation lui permettrait « d’obtenir la sympathie des syndicalistes et de faire passer son projet de réforme des structures de l’UGTT, y compris l’abrogation de l’article 10 du règlement intérieur ».
Cela veut-il dire que certaines parties de la Centrale syndicale opteraient pour l’approche consistant à « s’opposer à une réforme pour faire avaler une autre ?! ».
Mais la question qui se pose est la suivante : devrait-on accepter le principe de tirer sur une ambulance ?
En effet, le projet de la réforme de la retraite est comparé à l’ambulance par laquelle passerait le sauvetage des caisses sociales. D’où la nécessité pour tous les partenaires sociaux de se mettre autour d’une même table afin de trouver un arrangement facilitant le parcours de ladite « ambulance » afin de permettre à son patient de bénéficier des soins et des remèdes adéquats.
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