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On ne plaisante pas avec la police !
09/10/2020 | 21:00
5 min
On ne plaisante pas avec la police !

 

Crédit photo : Ezer Mnasri


 

Des doigts d’honneur et des billets de 10 DT ont été brandis en face des agents des forces de l’ordre lors de la manifestation contre la loi de protection des sécuritaires. « Etat policier, les policiers ne sont pas des hommes, tous les policiers sont des corrompus, A.C.A.B… »

Discréditer la manifestation en « y allant un peu trop fort », ou exprimer une colère populaire face à des violences policières et une corruption gangrénant la profession ? La question suscite débat…et nombreuses tensions.

 

« Il ne faut pas plaisanter avec la police », ont commenté plusieurs internautes en voyant les réactions d’agents des forces de l’ordre contre les provocations qui leur ont été faites.

« Répondre au feu par le feu, à la haine par la haine ». Telle a été la devise de nombreux sécuritaires qui se sont exprimés sur les pages des syndicats pour condamner « l’affront » qui leur a été fait. Alors que ces pages servaient – habituellement – à partager les réussites des opérations sécuritaires menées, elles se sont transformées, ces derniers jours, en un espace de règlement de comptes avec les citoyens.

 

Les agents sécuritaires n’y sont pas allés de main morte en rendant publics les visages et noms des manifestants dont ils n’ont que très moyennement apprécié les slogans. Dans le but de discréditer les protestataires, ils sont allés jusqu’à fouiller dans leurs comptes personnels pour faire ressortir des publications « critiquables » selon eux.

Mais en plus de la divulgation de ces données personnelles, les croyances religieuses, des orientations politiques ou même sexuelles des manifestants ont été passées au peigne fin pour affaiblir leurs slogans. Exposant leurs identités dans des pages publiques à grande audience, certains sont même allés jusqu’à proférer des menaces à peine voilées. Insultes, menaces de viol, de violences physiques et même de torture, les publications de certains sécuritaires ont été accueillies par un lot d’indignation exprimé de la part de nombreux citoyens.

 

Les sécuritaires refusent de croire que les faits qui leur sont reprochés et les slogans brandis par les manifestants soient le fruit d’actions citoyennes spontanées alimentées par des années de répression policière. « La campagne organisée contre le projet de loi de protection des sécuritaires n’est pas spontanée, c’est une campagne politisée. Des partis politiques opportunistes et paumés se tiennent derrière ces slogans par lesquels ils veulent se faire une place sur la scène nationale », a écrit le syndicat des forces de sécurité intérieure FSI dans un communiqué publié hier, 8 octobre.

 

« Ce sont des sécuritaires isolés qui répondent à des manifestants isolés, ceux-là ne représentent pas la majorité », ont rétorqué des internautes. En plus d’envenimer les tensions, ce débat a éloigné les préoccupations du sujet initial, le contenu même de ce projet de loi si controversé.

 

En effet, entre les citoyens qui cataloguent tous les sécuritaires comme étant des corrompus et des brutes, et entre les sécuritaires qui affirment que tous ceux qui s’opposent au projet de loi sont des terroristes, il y a un océan de subtilités et de vérités.

 

Le porte-parole du syndicat des fonctionnaires de l’administration générale de la sécurité publique, Lotfi Bouazizi a affirmé hier, dans une déclaration médiatique, que « les revendications des sécuritaires, à travers le vote de cette loi, sont claires : la réparation des préjudices moraux et matériels contre les forces de l’ordre et la création d’un cadre législatif organisant les interventions des sécuritaires à travers des textes de loi clairs ».

 

De son côté, la ligue des droits de l’Homme met en garde justement contre ce que ce « préjudice » peut bien contenir, et alerte contre le danger des interprétations nombreuses et multiples d’une loi pouvant servir d’outil de censure et instaurer le retour d’un régime policier. 20 organisations de la société civile et ONG ont signé, le 5 octobre, un communiqué, dans lequel elles affirment que : « la proposition d’un tel projet de loi, dans ce contexte bien précis, prépare le retour vers le despotisme et l’instauration d’un Etat policier qui sera nourri par l’impunité dont souffrent les citoyens à cause de pratiques policières illégales ».

 

Au-delà de toutes les tensions et divisions que ce projet de loi a mises à nu, le texte en lui-même présente de nombreux dangers. Il a même été critiqué par certains syndicats sécuritaires à cause justement de son contenu controversé et interprétable. Si la version actuelle a été « adoucie » par rapport à celle de 2015, le projet de loi actuel comporte encore des articles qualifiés de « dangereux » par la société civile, dont les articles 7 et 13 pour ne citer qu’eux. Au lieu de les protéger, elles offrent au sécuritaires une impunité dans l’exercice de leurs fonctions en leur ôtant toute responsabilité dans les bavures qui pourraient être engendrées par leurs actions. Inutile de signaler le danger d’une telle disposition…

 

Le fait est que les sécuritaires sont soumis à un contexte très tendu, fait de climat politique instable et de menace terroriste encore présente. S’ils doivent indéniablement être protégés dans l’exercice de leurs fonctions, ceci ne doit certes pas être fait au détriment des droits humains les plus élémentaires, dont la liberté de manifestation et celle d’expression. Une liberté que les sécuritaires condamnent mais dont ils usent de multiples manières, parfois même les discréditant. Le flot de haine, des deux côtés, qui a suivi la manifestation du 6 octobre, ne rend service à aucun des deux combats. Ni celui des citoyens, en colère après des années de répression policière, de corruption et d’Etat policier. Ni celui de sécuritaires qui n'ont fait qu’appuyer les arguments brandis contre eux…

 

 

Synda Tajine

 

 

 

 

 

 

 

 

09/10/2020 | 21:00
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Commentaires
A__Zut !
Entente
a posté le 11-10-2020 à 17:17
La police ne plaisante pas non plus avec vous !
GZ
Droits de l'homme
a posté le 11-10-2020 à 16:20
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948 signée par la majeure partie des '?tats sans doute par pur " franalphabétisme " , mais pas par l'Arabie Saoudite , par " pure clairvoyance " , est directement inspirée de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen , pur produit de la Révolution française de 1789 .
Laquelle sera parachevée par la loi de 1905 séparant les églises et l'Etat .
Même en excluant les pays non signataires , cela fait quelques milliards de " franalphabêtes " qui auraient dû , comme tout le monde sait , suivre les enviables démocraties saoudiennes et yéménites .
" Ses ailes de géant [ ne ] l'empêchent [ pas que ] de voler ". Charles Baudelaire .
Gg
@ Albatros
a posté le 10-10-2020 à 19:38
Je lis dans un autre sujet que vous êtes un fervent admirateur d'erdogan.
Alors, ayez la pudeur et l'honnêteté de ne pas participer à des discussions relatives aux droits des citoyens, ou alors, au moins, citez les centaines de milliers de journalistes, profs, intellectuels, opposants, hommes et femmes libres, enfermés et/ou éliminés par votre dictateur chéri.
Dictateur par ailleurs soutien convaincu et très actif de l'internationale terroriste.
Gg
@ DHEJ
a posté le 10-10-2020 à 19:16
"une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée."

Voilà, vous avez tout dit!
La police est constituée d'hommes comme les autres, on y trouve de tout, des islamos, des libertaires, des communistes...et c'est bien, elle est le reflet du peuple.
Mais cela oblige à respecter l'indépendance des forces de l'ordre vis à vis des partis. C'est très difficile, on est là dans une faille de faiblesse de la sacro sainte séparation des pouvoirs, grand pilier de la démocratie.

Bonne soirée, Dhej!
Don't cry
@Moi, I Will Always Love you
a posté le 10-10-2020 à 19:05
@Moi, I Will Always Love you:
https://www.youtube.com/watch?v=ardglr9MVVQ

Vous êtes parmi ceux qui pourraient faire sortir la Tunisie de l'impasse et de la "merde". C'est écrit dans les étoiles...

Gg
Trois!
a posté le 10-10-2020 à 18:33
Je comptais les commentaires avant que la France soit tenue responsable des errements tunisiens.
Réponse: 3 !
Albatros, votre problème n'est pas le choix d'un droit anglo-saxon ou latin, mais votre justice, pervertie de l'interieur par les partis, même les pires, une justice politique qui ne connait du Droit que l'opportunité de favoriser les souteneurs.
Réglez cela, vous rendrez à la justice son indépendance et son intégrité et règlerez tous les problèmes, même les avatars actuels.
Moi
je n'ai trouvé que du négatifs :(
a posté le 10-10-2020 à 18:08
J'ai cherché à la loupe une phrase ou un mot de positif sur nos sites d'information sur le web.
-->
je n'ai trouvé que du négatifs :(
Albatros
Habeas Corpus ... connais pas ?
a posté le 10-10-2020 à 12:37
en droit anglo saxon, il y a la notion de HABEAS CORPUS strictement observée.
çà n'existe pas en droit français que vous copiez comme mouton écervelés, par franalphabétisme.
GROW UP !!
DHEJ
La POLICE et les droits de l'hommes!
a posté le 10-10-2020 à 11:19
Article 12 de la DDHC de 1789:


La garantie des droits de l'homme et du citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous,

et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.


Que la police nous dise nous dise comment poursuivre au pénal un agent qui tire profit particulier dans l'exercice de ses fonctions?
Alya
C est vrai que le sujet est très difficile
a posté le 10-10-2020 à 01:37
Et est d actualite dans tous les pays démocratique.Perso j ai été choquée par cette manifestation ou des organisation de la société civile des ONG et des voyous se sont associés.Mme tajine, le quotidien de nos sécuritaires n est pas facile. Outre le danger de leur fonction, leur statut de "bouliss" expose leur famille au takfiriste: dealers logés dans leur quartier. Les humilier de la sorte m a fait mal au coeur


Zen is!
Securitée avant tout...!
a posté le 09-10-2020 à 23:53
Ceux qui n'ont rien a se reprocher ne peuvent que soutenir leur police, une police garante de la securitée des honnètes compatriotes. Je suis la police.