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Chroniques
Après Nidaa, c’est le palais qui se vide
09/10/2018 | 16:59
4 min

Par Synda Tajine

 

On ne vous présente plus Nidaa Tounes. Le parti qui n’a pas raté sa chance d’entrer dans l’histoire, mais qui a décidé de le faire de la pire des manières.

Pour ceux qui ont encore un peu de mal à visualiser, imaginez un petit garçon de 6 ans dans la cour de récré, avec lequel personne ne veut plus jouer car il est capricieux, méchant, puéril et, avec tout ça, un peu trop arrogant. A défaut de se remettre en question, il préfère saboter les autres et leur voler leurs jouets. Vous le voyez ce petit gamin insupportable ? Lui c’est Nidaa Tounes.

 

A défaut de maîtriser sa communication qui part en sucette et frise le ridicule à plus d’une occasion, Nidaa Tounes, loin d’être conscient de ses défauts, s’en prend à celle de la présidence de la République. Sans doute n’ayant pas encore réalisé que le père spirituel et fondateur du parti, Béji Caïd Essebsi, n’est plus de son côté, le parti essaye de se rabattre sur les miettes.

 

A l’issue de la réunion tenue hier à la demande de Rached Ghannouchi avec Béji Caïd Essebsi, Nidaa Tounes n’attend pas que les parties concernées se prononcent. Il préfère devancer aussi bien Ennahdha, qui avait annoncé cette rencontre, que la présidence de la République dont il communique à la place.

N’ayant pas réussi sa propre Com’, Nidaa préfère s’atteler à celle de la présidence. On n’est jamais assez ambitieux. Pour cette nouvelle mission, Nidaa charge l’emblématique et la brillantissime Ons Hattab de rédiger ce communiqué assez surprenant. Alors qu’on ne leur avait rien demandé, ils décident de considérer le consensus « caduc » aussi bien de leur côté que du côté d’Ennahdha.

« Au diable le ridicule, pourvu qu’on parle de moi ! ». Au diable aussi le sérieux et le professionnalisme dont un parti, autrefois propulsé sur le devant de la scène par la force des urnes, doit faire preuve. Nidaa avait réussi le pari fou de rassembler alors qu’il avait été tout juste créé, il n’aura pas tenu bien longtemps et il tient aujourd’hui par tous les moyens à le faire savoir.

 

Ceux qui ont réagi, dépités et la mort dans l’âme, sont pour la plupart les anciens du parti, ceux qui ont cru au projet et qui ont préféré quitter le navire avant qu’il ne boive la tasse. « Cafouillage au sein de Nidaa. Qui va se charger d’écrire quelque chose puisque le supposé patron de ce qui reste de Nidaa ne sait pas le faire ? » ; « C’est la meilleure ! » ; « Comment Nidaa Tounes peut-il commettre des erreurs de communication aussi primitives? » ; « Ce communiqué est le plus grand scandale dans l'histoire de l'Etat et du parti »… Les réactions sont sans équivoque. On s’attendait presque à ce que le parti retire son communiqué quelques heures après sa publication (ce ne serait pas la première fois), il ne l’a pas fait. Mieux encore Sofiène Toubel, président du bloc du parti, s’est expliqué sur sa page pour signifier que, si Nidaa s’est substitué au service de communication de la présidence de la République, c’est parce qu’il a pris la peine de contacter Carthage qui lui a fourni des détails sur le contenu de la rencontre.  

 

Aucune des parties concernées n’a pris la peine de réagir à ce communiqué, le considérant comme le non-événement qu’il est. Ou pas…étant donné que le chef de cabinet du président de la République, Slim Azzabi vient de présenter sa démission ce matin même. Mais ça, c’est une autre histoire et le malaise ne date pas d’hier.

Nomination de Habib Essid, interview donnée à Nessma en juillet et autres mauvaises décisions prises par la présidence de la République, la marmite bout depuis un moment. Le cafouillage communicationnel de la présidence de la République, rattrapé par l’autre cafouillage plus brillant encore de Nidaa Tounes, a été la goutte qui a fait déborder le vase. Le palais de Carthage se vide petit à petit des personnes encore censées. A 40 ans, Slim Azzabi est connu comme étant l’une des chevilles ouvrières de la présidence, il a d’abord joué un rôle clé en 2014 dans la campagne qui a mené BCE là où il est aujourd’hui.

D’abord Mohsen Marzouk, ensuite Ridha Belhaj, un autre chef de cabinet vient de claquer la porte de la présidence. Mais tout tourne encore autour du conflit Nidaa-Carthage-Kasbah, puisque l’on sait que Slim Azzabi est un proche de Youssef Chahed. Encore lui…

 

09/10/2018 | 16:59
4 min
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Commentaires (8)

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Mourad Lotfi
| 10-10-2018 18:24
Je suis un citoyen tunisien qui fait parti des gens qui pensent : qu'il faut que coûte que coûte empêcher l'arrivée d'un Gouvernement théocratique en 2019 et on s'en fout éperdument du nom du futur Chef de Gouvernement ou du Président de la République. Et il n'y a que les imbéciles qui croient que la Nahda n'est plus un parti théocratique. Et en Tunisie, il y a aussi des gens qui exigent un Etat théocratique et surtout une majorité de gens qui sont indifférents, car ils ont d'autres chats à fouettés. Donc Madame voici la vision d'une grande frange des gens qui pensent comme moi, du paysage politique, tel qu'il se présente aujourd'hui et tel qu'il se présentera les jours des élections en 2019 : BCE a annoncé sûrement en sa qualité de celui qui a conduit les listes du Nida en 2014 aux législatives et non en tant que Président de la République la fin de la coalition avec la Nahda. De ce fait la rencontre entre les 2 cheikhs n'était qu'une rencontre entre 2 représentants de partis politiques et c'est au Nida de faire un communiqué et non à la présidence de la république. Donc en 2019, le Nida avec ceux qui lui restera comme députés même une dizaine ou moins se présentera comme un parti d'opposition, d'ailleurs BCE l'a dit le gouvernement d'aujourd'hui est celui de la Nahda. Parlons du Gouvernement actuel, Youssef Chahed est bel et bien piégé. Il devra faire voter dans quelques jours la loi de finances 2019, en plus des inconditionnels de sa propre coalition (à tout casser 60), il devra faire un marché avec la Nahda et celle-ci exige que les membres du Gouvernement ne se présentent pas en 2019 et parait-il exigerait des ministères régaliens lors du futur remaniement ! Quant au sort des députés de la Coalition en 2019 ; il serait le même que celui du Takattol.

EL OUAFY
| 10-10-2018 15:54
Si le palais se videra c'est le début d'une autre crise pire à ce du 11/01/2011 et le pays entrera dans un impasse sans usé il faut se contenter de BCE si non vous allez regretter .

ARTHOGUEL
| 10-10-2018 09:36
c'est le résultat du VOTE UTILE , alors mes dames et messieurs assumer .

Ridha DERMECH
| 10-10-2018 03:50
On peut pas faire des omelettes sans casser des oeufs !Tous nos partis sont en phase d'apprentissage même par essais / erreurs et c'est légitime pour une démocratie "ADOLESCENTE",mais un conseil pour les opérateurs politiques:ne perpétrer pas l'erreur de nos prédécesseurs pour trouver des excuses aux impasses "c'est la faute au colonialisme,c'est la faute au PSD du Président Bourguiba,et maintenant c'est au RCD DE Ben Ali,certes on ne nie pas les séquelles mais on doit s'assumer.........Les Grandes structures ne reposent jamais sur un seul piler....Malheureusement c'est en perdant un pilier que les non experts réalisent a quel point il a soutenu l'édifice,tout en constatant la déficience ...............mais à quel prix.!!!

Mamout
| 09-10-2018 20:09
Nous vivons malheureusement dans un pays qui est passé depuis une vingtaine d'années du stade d' "'?tat Nation" à celui d' "'?tat '?picerie"!
Une épicerie au bord de la faillite et qui n'est plus en mesure de répondre aux besoins de sa clientèle..parceque l'?picier en chef est usé et très vieux et que ses héritiers sont entrain de se dévorer comme des diables de Tasmanie pour mettre leurs mains sur l'épicerie.

Au fait, et à part durant les premières années post indépendance, ce malheureux pays a toujours été l'épicerie (parfois la maison clause) d'un clan qui a voulu chasser un autre..par tous les moyens. Et c'est à quoi nous assistons aujourd'hui..
les historiens ne nous ont ont pas assez raconté les années Sadek Bey, Khaznadar, Ben Smail...qui ont mené à la signature du traîté du Bardo et la colonisation du pays...
Plus sérieusement, je demande respectueusement à tous de s'abstenir d'abaisser le Président de la République et de le traîner dans la boue.
Quelques soient ses égarements dus à l'âge, la santé ou les préssions familiales, nous lui devons respect et considération.
BCE est un homme de 92 ans, un grand commis de l'Etat et les Tunisiens n'ont aucun intérêt à ce que la fonction présidentielle soit abaissée et humiliée.

Tunisino
| 09-10-2018 19:34
Ces jours rappellent les derniers jours de Bourguiba et de Ben Ali. Pour Bourguiba, Ben Ali a pris la relève pour soigner le pays à sa manière, alors que pour Ben Ali, les anarchistes ont pris la relève pour détruire ce qui a resté de bon dans ce pays. Maintenant, une guerre entre Nahda et YC d'une part et BCE et Ugtt/Jebha d'autre part, qui peut conduire à un coup d'état où Nahda et YC disparaitrons et BCE deviendra un vrai président! BCE reste nettement plus malin et outillé que ses adversaires, mais il reste au dessous des attentes de ce pays!

mansour
| 09-10-2018 18:00
le pays n'a jamais été gouverné comme il le fallait depuis 2011 et la troika islamique d'Ennahdha la responsabilité et la culpabilité d'Ennahdha-Nidaa-Carthage-Kasbah est écrasante de ce qui nous arrive le pire restant hélas encore à venir avec l'Affaire d'Etat et les preuves du comité de défense sur l'organisation secrète des islamistes freres musulmans d'Ennahdha

DHEJ
| 09-10-2018 16:07
Alors ils divaguent!

Le GAMIN a-t-il déchiré sa copie?

Mais le quel? le biologique ou le spirituel?!


Attention aux esprits!