
Le dirigeant d’Attayar, Hichem Ajbouni, est revenu, jeudi 2 novembre 2023, sur l’affaire de l’évasion de cinq terroristes de la prison de la Mornaguia.
Invité de Wissal Kasraoui dans la Matinale de Shems FM, il a déclaré que cela était un scandale d’État. « Cette opération n’est pas le fruit du hasard. Le système pénitentiaire a été infiltré et ça a été planifié depuis des mois tout comme l’a indiqué Kaïs Saïed », a-t-il avancé avant d’ajouter que la prison de la Mornaguia est tellement sécurisée que même l’archange Gabriel ne peut s’en évader.
Il a avancé que la responsabilité politique incombait soit au ministre de l’Intérieur soit à la ministre de la Justice qui a elle-même nommé le directeur de la prison il y a de cela quelques semaines. Il a rappelé, dans ce sens, que de nombreuses nominations avaient été effectuées dans le secteur sécuritaire depuis le 25 juillet 2021. « Entre le parking et la prison, il y a au moins un kilomètre à parcourir. Pas un petit pois ne passe ! », a-t-il indiqué dénonçant l’implication de plusieurs parties dans cette opération d’évasion.
Mardi, le ministère de l’Intérieur a publié un avis de recherche concernant les évadés : Nadeur Ghanmi, Alaeddine Ghazouani, Ameur Belâzi, Ahmed Melki et Raed Touati. Tous sont des terroristes dangereux, impliqués notamment dans les affaires des assassinats de Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd.
Le lendemain, une série de limogeages a été annoncée. Le ministère de l’Intérieur a décidé de démettre de leurs fonctions le directeur général des services spéciaux et le directeur central des renseignements généraux. Le ministère de la Justice a, de son côté, limogé le directeur de la prison de la Mornaguia.
Outre l’affaire de l’évasion, Hichem Ajbouni a, également, commenté la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation avec Israël. Il a relevé de nombreuses violations commises par le parlement en lien avec l’examen de ladite proposition de loi, notamment son vote en plénière en l’absence d’un rapport de la commission parlementaire des droits et libertés. « On s’est habitué aux violations commises par le parlement et son manque de respect des procédures. Tout comme le président de la République qui est enseignant de droit constitutionnel à la base et ne considère pas les procédures comme importantes », a-t-il déclaré.
Il a souligné, dans ce sens, que la proposition de loi sur la criminalisation de la normalisation était dangereuse et devrait, de ce fait, être examinée précautionneusement. Faisant le parallèle avec la loi relative à la lutte contre le terrorisme, il a ajouté que, pour ce type de lois, il faudrait déterminer les accusations avec précision. « Nous avons mis en garde contre l’utilisation de cette loi pour liquider l’opposition politique. Et c’est exactement ce qui s’est passé. Ghazi Chaouachi, Issam Chebbi, Jaouhar Ben Mbarek, Abdelhamid Jelassi et Khayem Turki sont en prison sur la base de la loi antiterroriste », a-t-il signalé notant que, dans sa forme actuelle, la loi sur la criminalisation de la normalisation pourrait, aussi, être utilisée contre l’opposition politique.
Hichem Ajbouni a affirmé que son parti soutenait plus que jamais une loi sur la criminalisation de la normalisation notant, toutefois, plusieurs réserves en lien avec le contenu de la proposition de loi actuellement en examen au parlement. Le politicien a précisé, dans ce sens, que son parti appuyait plutôt une criminalisation de la normalisation dont seraient responsables l’État et ses institutions. « Les lois ne devraient pas être élaborées dans l’émotion. C’est à tête reposée qu’il faut procéder », a-t-il affirmé estimant que l’examen de la proposition de loi dans la précipitation pourrait donner un effet inverse. « Il faut éviter les termes larges et ambigus et ne pas laisser aux juges une marge d’interprétation », a-t-il indiqué réitérant l’importance de définir la normalisation avec précision.
N.J

