alexametrics
vendredi 26 avril 2024
Heure de Tunis : 12:53
A la Une
Les « symboles de l’Etat » traînés dans la boue
18/09/2018 | 19:59
5 min
Les « symboles de l’Etat » traînés dans la boue

L’agression qu’a récemment subie un policier de la circulation à Bizerte a encore une fois rappelé plusieurs incidents de violence similaires. Loin d’être un cas isolé, cette agression vient s’ajouter à un nombre d’assauts visant le corps sécuritaire, les enseignants ainsi que les médecins ou ce qu’on pourrait qualifier de « symboles de l’Etat ».

 

Après l’agression en 2014 du professeur hospitalo-universitaire de l’hôpital de La Rabta, Chokri Gueddour, devant le siège du ministère de la Santé lors d’une manifestation contre la loi sur le travail obligatoire des médecins résidents, des incidents de ce genre se sont succédé.

Une jeune médecin interne à l’hôpital Charles Nicolle a été violée 3 ans après, en décembre 2017, et en juillet 2018, les cadres médicaux et paramédicaux du service d’urgence de l’hôpital de Kasserine ont été agressés par des individus suite à l’annonce du décès d’un proche.

 

Les médecins ne sont, cependant, pas les seuls visés par la violence. Souvent, on entend parler des lycéens voire des élèves qui agressent leurs enseignants dans le milieu scolaire ou ailleurs. En effet, en septembre 2014, des étudiants du Campus d’El Manar, affiliés à l’UGET, ont expulsé leur professeur, Nadhir Ben Ammou, ancien ministre de la Justice, de l’amphithéâtre où il était censé donner un cours. Les étudiants ont insulté le professeur et l’ont traité de « menteur » car il n’a pas tenu ses promesses en tant qu’indépendant étant donné qu’il figurait, à l’époque, sur les listes électorales d’Ennahdha.

A cette agression, l’Union des professeurs universitaires chercheurs a rétorqué en qualifiant cet acte de « scandaleux » et « barbare ». Condamnant ce comportement contraire à l’éthique, l’Union a souligné que « la dignité et l’intégrité physique du professeur étaient une ligne rouge à ne pas franchir » appelant les universités à saisir la gravité de la violence exercée sur le corps enseignant.

 

Suite à cet incident, les violences visant les enseignants ont pris de l’ampleur et 1.100 plaintes ont été déposées en 2016 auprès des autorités judiciaires. En 2017, 14.972 agressions ont également été perpétrées par des élèves à l’encontre de leurs enseignants selon une étude menée par l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) parue en octobre 2017. Les agressions se multiplient, qu’elles soient commises contre les enseignants, les surveillants ou encore les directeurs des établissements scolaires. A cause des décisions disciplinaires prises à l’encontre de certains élèves, ces derniers tentent de se venger de leur enseignant en proférant des insultes en classe et allant jusqu’aux menaces de mort. Les agressions qui bafouent ainsi la sacralité du métier d’éducateur.

Face à ce fléau, les professionnels du secteur de l’Education ont exhorté le gouvernement à mettre en œuvre une stratégie nationale pour réduire ces violences, notamment en priorisant la prévention et la lutte contre la violence, en préparant un projet de loi pénalisant les assauts contre le corps enseignant, en mobilisant des forces de l’ordre autour des établissements scolaires ainsi qu’en impliquant davantage les parents, la société civile et les parties concernées.

 

Les sécuritaires n’ont pas à leur tour été épargnés de ces actes de violence, l’agression récente d’un policier de la circulation par un jeune homme avait rapidement enflammé la toile vu que l’incident a été filmé, déclenchant ainsi une vive polémique. Cette attaque a, d’ailleurs, suscité la compassion des internautes créant par la suite une vague de soutien de la part des syndicats et des différentes institutions qui ont considéré cette attaque comme étant « une attaque pour tout le pays » et non pas que pour la personne du policier.

 

Quelques jours plus tard, un agent de la police municipale a, lui aussi, été agressé à Tunis par un marchand ambulant. Une agression qui a valu à ce vendeur une arrestation qui dure jusqu’aujourd’hui. Le policier a été transféré à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires.

Ces incidents ne sont pas les premiers à avoir lieu. En novembre 2017, 2 policiers ont été agressés à l’arme blanche par un takfiriste devant l’entrée de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). L’opération terroriste a entrainé le décès du 2ème sécuritaire suite à une blessure profonde au niveau du cou.

Un ministre a même été victime, à son tour, d’agression. En juillet 2018, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, a été victime d’une agression physique par un marchand de légumes à Sfax alors qu’il tentait de défendre un jeune ouvrier, malmené par son patron.

 

Devant tous ces incidents graves qui nuisent à la sûreté et à la sécurité des « symboles de l’Etat », des mesures de sécurité et de protection s’imposent afin d’endiguer le phénomène. A titre d’exemple, les violences perpétrées contre les sécuritaires ont suscité le débat de nouveau sur le projet de loi relatif à la répression des atteintes contre les forces armées.

Un projet qui a été soumis à l’ARP par le ministère de l’Intérieur depuis 2015 et demeure à ce jour dans ses tiroirs malgré l’appel de l’actuel ministre de l’Intérieur, Hichem Fourati à accélérer le processus de son traitement ainsi qu’à assurer un cadre légal pour protéger le sécuritaire pendant le service. Le projet vise à renforcer la sécurité des forces armées contre les atteintes menaçant leur vie. Il vise également à réprimer les attaques faites contre les édifices, les établissements et les équipements qui sont mis à leur disposition, protection ou surveillance.

Toutefois, le texte de loi comporte plusieurs lacunes et ambiguïtés faisant l’objet d’une contestation grandissante dans la mesure où ces ambivalences mettent en péril la liberté d’expression, pilier fondamental de la démocratie.

 

Quoiqu’il en soit, la violence ne doit en aucun cas être tolérée surtout quand il s’agit de la souveraineté de l’Etat et de son prestige. Preuve d’incivilité, l’atteinte à ces symboles exige l’intransigeance afin de remédier à ce fléau inextricable. Néanmoins et dans le cas des sécuritaires, cette impunité est controversée. Encore faut-il concilier entre la protection de l’agent et la préservation des libertés dans le but de parvenir à un équilibre de l’équation liberté/sécurité.

 

Boutheïna Laâtar

 

 

18/09/2018 | 19:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (13)

Commenter

marre
| 21-09-2018 15:33
quoi de mieux pour des politicars vereux qun peuple abruti

Berd
| 19-09-2018 19:36
Berd alors! on traine les symboles de l'état dans la boue?
Vu l'état irrécupérable du bled, je vous conseille conseille de virer la boue. C'est une solution comme une autre.
Ou bien virer les symboles de l'état. N'est-ce pas ce que voulaient nos chers révolutionnaires.
Ah comme elle est belle la Tunisie de Robès-Hajra et de Dantonuddine!
Bonne bourre les révolutionnaires!

HatemC
| 19-09-2018 18:28
J'abonde dans votre sens que les Maghrébins ne sont pas instruits ... en Tunisie on lit en moyenne 0.5 livre par an, alors que le japonais en lit 80 .... l'instruction a été détruite du temps de Mzali un islamiste des premières heures, un PanArabe nassérien ... l'éducation est devenue médiocre depuis et se poursuit encore à notre époque ... L'analphabétisme et L'illettrisme touche 80% de notre pays ... les prédicateurs trouvent chez nous un terreau fertile à l'abrutissement .... HC

p205
| 19-09-2018 18:06
Votre analyse est bonne mais je pense que vous oubliez un élément essentiel. Qu'est ce qui fait que ces predicateurs réussissent à influencer certains tunisiens? C'est à cause de l'éducation qui fait que les tunisiens s'identifient à ces gens du moyen-orient. Ces predicateurs n'ont aucune chance à influencer les japonais même s'ils s'adressent à eux en japonais. Rien ne changera en Tunisie tant que l'éducation ne change pas.

slah ziedi
| 19-09-2018 14:47
Certes la violence est un danger imminent qui frappe notre société chaque jour et qui ne cesse de se propager partout. les faits divers se suivent et se ressemblent au quotidien dans la rue, dans les établissements scolaires et étatiques et même dans les hôpitaux Nous allons droit à une catastrophe socio économique qui va accentuer sans doute l'état misérable que vit notre pays !

la gazelle du sud
| 19-09-2018 13:42
Absolument d'accord avec HC.
HC je t'aime !

abouali
| 19-09-2018 12:41
Quand des agents de l'Etat sont traduits devant les tribunaux par dizaines pour corruption, que d'autres continuent à exiger des sous pour le moindre petit service, lorsque les coups de pouce se font de plus en plus fréquents pour obtenir des passe droits ou des faveurs de l'administration, et que les sanctions, si elles existent, sont prononcées à la tête du client, quand des "éducateurs" consacrent leur énergie à orienter leurs élèves vers des cours particuliers rémunérés, ou que des médecins du public proposent à leurs patients des interventions dans les cliniques privées moyennant finances, lorsque des responsables promettent monts et merveilles dans des régions ou des quartiers sinistrés et que rien ne se passe .... comment, et pourquoi, voulez vous que l'on continue à respecter l'Etat et ses représentants ou à craindre leur autorité ? Notre pays souffre actuellement de ce fait, et surtout au sein de la nouvelle génération, d'une érosion marquée des valeurs de considération et de respect en général, et d'un manque évident de confiance vis à vis des pouvoirs publics. Une nouvelle culture est en train de s'installer, celle du "tadbir errass" : on soudoie les agents plutôt que de s'acquitter de ses devoirs, et l'on détourne les lois au lieu de s'y conformer Tout cela bien sûr à coups d'enveloppes bien bourrées, qui semblent devenir le seul moyen valable de parvenir à ses fins et de réaliser des affaires juteuses. Les milliards, souvent en devises étrangères, circulent à en donner le vertige, alors que certains ne trouvent pas de quoi subvenir à leurs besoins les plus élémentaires. Tout cela est étalé quotidiennement dans les organes d'information, et le tunisien est matraqué par des exemples nombreux et variés d'enrichissement faramineux dû en grande partie à des complicités et à la non existence de vigilance et de contrôle sérieux. Alors, pour certains, ceux qui mettent tout le monde dans le même sac, le service public, ou l'uniforme, n'ont plus cette aura ou cette sacralité, qu'ils possédaient il n'y a pas si longtemps. C'est comme si, d'une certaine manière, ils ont perdu l'armure qui les a auparavant préservé des attaques extérieures. Rétablir l'autorité de l'Etat, c'est remettre cette cuirasse faite d'intégrité, de sens de la responsabilité et du service de l'autre, d'équité dans le traitement des administrés, et de l'amour du travail bien fait.

HatemC
| 19-09-2018 10:20
Tous les pays confrontés à l'islamisme voient les symboles de leur '?tat trainés dans la boue ... Algérie ... Libye, Irak, '?gypte, Syrie, Afghanistan, Pakistan ...

Les zarabes du Golfe zarabique ont été assez futé pour exporter l'islamisme qu'ils ont créés vers nos pays ... et à partir de leur pays ils haranguent avec leur prédicateurs et TV les masses incultes du Maghreb et d'Orient, d'Europe ....
Prenez le prédicateur saoudien Al Arifi suivi par des millions de musulmans essentiellement du Maghreb, d'Europe '?' il ne s'adresse pas à son peuple mais aux masses incultes musulmans du Maghreb, France, Belgique, Allemagne '?'. Il les façonne à l'intolérance, l'extrémisme et les pousse à se révolter contre leur pays à détruire nos symboles, à piétiné nos valeurs, il prêche la haine, l'homophobie, la misogynie, '?'. Il les éloigne des vrais valeurs qui relient les humains, il divise '?' or il n'appelle pas à la révolte dans son pays ... il fait la part des choses, son objectif et celui des pays zarabes c'est bien de nous maintenir dans l'ignorance et nous diviser ... chose qu'ils ont réussi à réaliser

On remarque que l'islamisme dans ces pays du Golfe zarabique est inexistant ... Koweït, EAU, Qatar, Oman, Arabie, c'est des pays développés, je dirai même civilisés avec des traditions tribales hérités de leur ancêtres et sont attachés à leur arabité '?' or dans nos pays avec l'islamisme rampant, on nous enracine le désamour envers notre pays, ses traditions, ses origines '?' le cordon qui nous relie à notre tunisianité est pratiquement coupé '?' on nous bâtardise '?' il viendra un temps où sera criminalisé le fait de dire que nous sommes des descendants de berbère '?' HC

MFH
| 19-09-2018 07:57
Rien ne peut se construire se développer et s'épanouir, sans un '?tat fort et juste. Un état flasque et peu regardant aux règles qui régissent les droits et les obligations des individus provoque à terme des tensions qui pourraient conduire aux coups d'état et guerres civiles.

Tt
| 19-09-2018 02:00
Vous les médias vous avez passé votre temps à dénigrer la police tunisienne et maintenant vous faites les vierges effarouchées !Mdr ..,vous avez une responsabilité.