
L’élimination de Youssef Chahed dès le premier tour de l’élection présidentielle fera date dans l’histoire politique du pays comme le plus cuisant échec d’un chef de gouvernement sortant dans une élection. Entre la vague de sympathie qu’il a suscité en sa faveur – Go Jo – en lançant sa campagne de lutte contre la corruption et le cinglant désaveu des électeurs du 1er tour de la présidentielle, l’effondrement de la cote de popularité du chef du gouvernement est sans précédent.
Pourquoi Youssef Chahed a-t-il pu s’aliéner un large pan d’un électorat qui objectivement lui était acquis ? La raison ne tient pas tant à son bilan à la tête du gouvernement mais probablement sinon sûrement à son ambition dévorante de pouvoir qui l’a amenée parfois à user de vils subterfuges pour faire le ménage et éliminer toute personne susceptible de lui faire obstacle. Les faits sont nombreux accréditant cette grille de lecture. Il suffit d’en rappeler certains.
Youssef Chahed n’a-t-il pas été à l’origine de la première grave crise que connaîtra Nidaa Tounes en participant activement au coup de force qui imposera Hafedh Caïd Essesbsi à la tête du parti lors du congrès constitutif de Sousse en janvier 2016 ? Ne tient-il pas une grande responsabilité dans l’éclatement de Nidaa Tounes et de son bloc parlementaire à partir du moment où l’idée de son remplacement à la tête du gouvernement s’est fait jour ? A-t-il hésité un instant avant de se retourner contre son mentor, feu Béji Caïd Essebsi, lorsque celui-ci pris l’initiative de réunir les signataires du Pacte de Carthage pour un nouveau round de discussion sur le rendement du gouvernement et le cas échéant son remplacement ? D’ailleurs, la manière avec laquelle Youssef Chahed a opéré le remaniement ministériel de novembre 2018 en est d’ailleurs l’illustration la plus éloquente, signifiant au chef de l’Etat que, lui, Youssef Chahed, chef de gouvernement, n’a de compte à rendre qu’à l’Assemblée des représentants du peuple, ce qui implicitement renvoyait cyniquement le président de la République à ses strictes prérogatives constitutionnelles.
Cette ambition dévorante de pouvoir trouve aussi son illustration dans le projet de loi amendant la loi électorale. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Là, le chef du gouvernement a usé d’un procédé qu’on croyait définitivement révolu depuis le 14 janvier 2011 : imposer par la loi l’élimination des adversaires. Une partie de l’électorat ayant de l’empathie pour le Chef du gouvernement n’a pas pu l’admettre. Ce pan de l’électorat a d’autant plus changé de regard vis-à-vis du Chef du gouvernement à mesure qu’il se rappelait de certains événements ayant jalonné le mandat de Youssef Chahed à la tête du gouvernement.
Les déboires judiciaires de Fadhel Abdelkefi, par exemple. Alors que son nom circulait comme possible candidat à la présidence du gouvernement, M. Abdelkefi, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale et ministre des Finances par intérim est informé qu’il vient de faire l’objet d’une condamnation par contumace et d’une amende de 1,4 MD pour un délit à la réglementation des changes diligenté par la Direction générale des Douanes en 2013, lorsqu’il dirigeait Tunisie Valeurs. Quatre ans après les faits, un ministre en exercice est condamné par contumace. Cela dépasse l’entendement. Et pourtant.
On fera comprendre à Fadhel Abdelkefi qu’il est préférable qu’il présente sa démission en raison d’un susceptible conflit d’intérêt entre sa position de ministre et l’affaire en question. En dépit du bons sens, l’affaire passera par les trois niveaux de juridiction de la première instance jusqu’à la cassation en passant par l’appel pour être définitivement close en faveur de Fadhel Abdelkefi. A l’époque, le Chef du gouvernement invoquera l’indépendance de la justice, évitant de la sorte d’apporter un quelconque soutien à une personne dont il connaissait pourtant l’incontestable probité.
L’affaire dite de Halk El Menzel, du nom du champ pétrolier au large du golfe de Tunis, ne fut là aussi qu’un prétexte pour éliminer un autre supposé concurrent : Khaled Kaddour, ministre de l’Energie et des mines. Son limogeage, à la fin de l’été 2018, ne s’est pas fait sans dommages collatéraux avec la mise à l’écart de directeurs généraux et l’emprisonnement Hachem Hmidi, secrétaire d’Etat chargé des mines, pour des soupçons de corruption. Six mois plus tard, Hachem Hmidi est blanchi de tout soupçon. Quant au gisement de Halk El Menzel, l’ARP vient de voter une loi prorogeant la concession d’exploitation de ce champ pétrolier à ses derniers détenteurs.
Après tout cela, la sanction est inévitablement la disgrâce à l’égard de Youssef Chahed.
Cette même sanction touchera-t-elle Tahya Tounes, le parti qu’il préside, lors des élections législatives d’octobre prochain ? Il faut bien le craindre.



Commentaires (10)
CommenterParoles partisanes ...
je donne un titre ; le vrai visage de youssef chahed
Vous n'êtes pas crédible! Article truffé d'erreurs!
Donc si on vous écoute, la disgrace et la chute de Nidaa sont le fait de l'ambition dévorante de YC.
Il n'y a pas un certain fiston et son père sénile qui en sont les premiers responsables?
Le pacte de Carthage que vous nous présentez comme une grande chose n'est que l'habillage légal du caprice d'un HCE qui veut pour la deuxième fois changer de 1er ministre car il ne lui laisse pas faire (et ses amis mafieux également) ce qu'il veut, ceci est authentifié par un enregistrement audio de HCE (on l'a mis là pensant qu'il serait docile (YC) mais voila qu'il se rebelle)
Quant à Fadhel Abdelkefi, c'est votre propre interprétation des faits....
Enfin et pour info, il est classique et normal que l'équipe dirigeante soit sanctionnée par les urnes quand la situation économique est mauvaise, là encore vous racontez n'importe quoi.
Reste une question : pourquoi cet acharnement sur YC? Il est vaincu, il l'accepte, il tourne la page mais pas vous ni BN visiblement. Pour qui travaillez vous?
YC
Dégage
Analyse encore encombrante
Blablabla
YC mort politiquement
Vivement qu'il dégage.
Vivement qu'il dégage lui et sa bande de vendus à la secte des ténèbres.
Il ne reste avec Chahed que les opportunistes de la pire espèce y compris la frange RCDsites la plus hypocrite toujours prete à retourner la veste et à servir les monarques du moments.