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Voilà pourquoi l’affaire de complot n’aurait jamais dû exister
Par Sofiene Ben Hamida
13/04/2025 | 16:47
3 min
Voilà pourquoi l’affaire de complot n’aurait jamais dû exister

Par Sofiene Ben Hamida

Le tribunal de première instance de Tunis chargé des affaires liées au terrorisme a reporté, encore une fois, le dossier connu sous le nom de l’affaire du complot au 18 avril prochain. Un report suggestif qui trahit les hésitations du tribunal et de tout le pouvoir en place. En effet, l’impression s’installe que dans cette affaire, le pouvoir ne sait plus quoi faire de cette patate chaude qu’il espère s’en débarrasser sans trop savoir comment.

La manière avec laquelle le juge qui présidait la séance a suspendu l’audience du vendredi dernier et quitté la salle en dit long sur la panique que vivent les juges, relégués depuis l’arrivée au pouvoir du président Kaïs Saïed au rôle de fonctionnaires de la magistrature et lâchés seuls à affronter l’opinion publique dans des affaires qui sentent fort l’ingérence du politique.

Dans cette affaire dite du complot contre l’État, le juge a dû affronter seul les prévenus dont la présence était trop forte malgré leur absence imposée, ainsi que les plaidoyers de leurs avocats et les regards des membres de leurs familles. Malgré les multiples restrictions décidées par les pouvoirs publics, le juge a dû ressentir aussi la pression de tous ceux, parmi les militants de la société civile, qui sont restés hors de la salle d’audience. Il était clair que cette foule apportait un soutien total aux prévenus et portait un regard accusateur sur l’ensemble de la machine judiciaire, totalement en panne depuis quelques années déjà.

 

Une instruction précipitée et bancale

Il serait redondant de relater les péripéties et les détails du dossier de cette affaire de complot pas comme les autres. En effet, la décision illogique, improductive et saugrenue du juge d’instruction d’interdire le traitement médiatique de l’affaire n’a fait qu’attiser l’intérêt de l’opinion publique pour les détails, plus bizarres les uns que les autres, contenus dans ce dossier totalement décousu et truffé de zones d’ombre. Mais il serait utile d’avancer quelques remarques de forme et de fond.

Au niveau de la forme, il est clair que cette affaire de complot a été déclenchée dans la précipitation avec la série d’arrestations hollywoodiennes et n’a pu par la suite dépasser cette tare de départ. Le responsable politique qui aurait été le premier à allumer la mèche a été démis de ses fonctions depuis et mis en disgrâce. Mais le mal a déjà été fait et l’instruction s’est embourbée dans l’approximation et le rafistolage : des détenus qui ne sont jamais entendus par le juge d’instruction, des témoignages anonymes et forcément indirects donnés par des prisonniers sur des faits supposés qui se seraient déroulés à l’étranger, la participation de personnes défuntes au complot à titre posthume, pour arriver à cette décision de jugement à distance, en l’absence de toute raison, hormis la panique et l’affolement, pouvant raisonnablement la justifier.

 

Un contresens démocratique

Sur le fond, ce dossier du complot contre l’État tord le cou à un principe de base de la démocratie. En effet, dans toute démocratie, la présence de l’opposition est fondamentale afin d’éviter la pensée unique et les dérapages vers l’autoritarisme ou la dictature. Or une opposition, au moment même de se déclarer opposante au pouvoir en place, déclare son animosité envers ce pouvoir, son désir de le fragiliser et sa volonté de le suppléer.

Il est totalement admis donc que les oppositions tiennent des réunions, s’allient et se liguent éventuellement contre le pouvoir et élaborent des stratégies et des plans d’action pour l’affaiblir. Cette action de l’opposition, tant qu’elle se déroule dans le cadre de la loi, sans recours à la violence et sans ingérence étrangère (ce qui est le cas dans ce dossier de l’aveu même des autorités judiciaires), est une garantie de diversité, de contradiction et d’alternance.

L’affaire dite de complot contre l’État n’aurait jamais dû exister donc.

 

Par Sofiene Ben Hamida
13/04/2025 | 16:47
3 min
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Commentaires
Nabiha
L'emarras du "roi"
a posté le 14-04-2025 à 04:24
KS s'est mis dans une situation très peu enviable et très savamment préparée par l'ancien MI Taoufik Cherfeddine avant qu'il prenne la fuite. Il ne reste plus que ce détestable serpillère de Jrad à KS pour justifier cette mascarade qui a bien duré. KS a une occasion en or pour se racheter et remettre les compteurs à zéro. Libérez ces prisonniers injustement incarcérés, ça sera un pas positif vers une réconciliation nationale et arrêtez d'écouter Monsieur le Président tous ces hypocrites qui vous entourent.
Nephentes
Aux commentateurs,: et di ces gens étaient vraiment innocents
a posté le 13-04-2025 à 21:30
Imaginez un seul instant que la centaine de malheureux arrêtés dans le cadre de ce fameux complot éteint tout de implement absolument étrangers aux faits que l'on leur reproche

Que ces attestations emprisonnement de plus de deux ans procès relevaient d'un pur délire

Comment pourrez vous vous regarder dans le miroir
RMNiste
@Nephentes bonjour
a posté le à 22:22
Il y a pas de "si" et je n'imagine rien du tout. C'est une certitude et ça saute aux yeux, seuls les imbéciles, les simples d'esprit, et ceux qui refusent de voir la vérité en face sont incapables de discerner le faux du vrai. Tôt ou tard, le peuple tunisien se réveillera et se rendra compte de cette supercherie.
Citoyen_H
EXACTEMENT. J'EN DIRAIS PAS, PLUS. (COMMENTAIRE DE Mustapha STAMBOULI)
a posté le 13-04-2025 à 21:27
"il semble avoir privilégié une posture à la fois partisane et populiste."

C'est très souvent le cas.
A chaque fois que je le mentionne, je suis systématiquement censuré !!!


Jilani
De quelle opinion publique, vous parlez
a posté le 13-04-2025 à 20:49
Je n'ai jamais entendu dans les cafés ou les soirées familiales des discussions sur cette affaire de complot. Les gens discutent de la guerre en Palestine, parfois en en Ukraine et surtout maintenant des conneries de Trump, souvent aussi des prix du marché. Pour l'opinion publique et la majorité des tunisiens cette affaire concerne des détenus qui ont fait trop de mal au pays et qui sont de véritables traîtres, des opportunistes lèches bottes de Ghannouchi ou plus clairement de son c*l, des assassins qui ont tué des militants politiques belaid et brahmi et bcp d'autres et des hommes d'affaires plutôt des voleurs et mafieux. L'essentiel est qu'ils restent en prison jugés ou non et laissent le pays tranquille sans attentats et sans ces discussions inutiles sur la démocratie.
Citoyen_H
PARFAIT. RIEN à AJOUTER
a posté le à 21:43
Allah Yarham wéldik

A1
Donquichottesque...
a posté le 13-04-2025 à 20:48
L'honorable chevalier Don Quichotte avait déclaré, en l'an de grace deux de son long et prospère règne, que son royaume était en guerre de libération nationale contre les nombreux traitres et comploteurs que si Sofiene prend pour des moulins à vent. Donc des termes comme "contresens démocratique", "raison", "logique", "Etat de droit", "respect des institutions", "alternance", "cour constitutionnelle", etc. n'ont aucun sens auprès de notre hidalgo héros national qui s'est entouré, pour mener cette guerre de libération nationale, des meilleurs meuniers du royaume. La production des minoteries royales a heureusement repris son rythme d'antan après une décennie noire de disette où les meuniers s'étaient retrouvé chomeurs puisque orphelins sans patron à qui offrir leur production.
Vive Don Quichotte, vive notre père sauveur, vive les meuniers du royaume et que leur règne dure longtemps et que leur production inonde nos contrées.
1/3i
Mustapha STAMBOULICommentaire sur l'article "Voilà pourquoi l'affaire de complot n'aurait jamais dû exister" de Sofiene Ben Hamidaa posté le 13-04-2025 à 18:14
a posté le 13-04-2025 à 19:41
Il suffit de suivre VN depuis 1 an.
Vous auriez tous les tenants et aboutissants.

Mais les suppôts du diable savent toujours expliquer que les opposants à leurs idées si t :

- Achetés par l'étranger
- des islamistes
- des traîtres
- des comploteurs
- des corrompus
- etc...

Avec une possibilité de faire le grand chelem... Et d'être tout à la fois.
SALIM
QUELLE IMAGINATION .ON DOIT L'APPELER SOFIENE FICTION.
a posté le 13-04-2025 à 19:12
Il reprend les discours de DILOU et de DALILA : hésitations du tribunal,...... panique que vivent les juges,........lâchés seuls à affronter l'opinion publique .COMME SI L'OPINION DES FAMILLES ET AVOCATS DES DETENUS REPRESENTE L'OPINION PUBLIQUE.

LES TUNISIENS N'ONT AUCUNE SYMPATHIE POUR CES DETENUS ET ONT CONFIANCE A LA JUSTICE PLUS QU'A CES DETENUS REPRESENTANT LA DECENNIE NOIRE, OU A LEURS AVOCATS OU AUX ASSOCIATIONS DE LA 'SOCIETE CIVILE' QUI LES SOUTIENNENT .
Mustapha STAMBOULI
Commentaire sur l'article "Voilà pourquoi l'affaire de complot n'aurait jamais dû exister" de Sofiene Ben Hamida
a posté le 13-04-2025 à 18:14
Commentaire sur l'article "Voilà pourquoi l'affaire de complot n'aurait jamais dû exister" de Sofiene Ben Hamida

Dans un contexte politique tendu où la question de la sécurité de l'?tat est au c'?ur des préoccupations, l'article de Sofiene Ben Hamida, intitulé "Voilà pourquoi l'affaire de complot n'aurait jamais dû exister", ne fait pas avancer la compréhension de cette affaire, mais, au contraire, semble se contenter de slogans vides et d'affirmations non étayées. Ce texte, censé éclairer l'opinion publique, tombe plutôt dans l'exercice de style de la provocation gratuite et de la simplification extrême.

Loin de fournir des éléments concrets et des analyses approfondies sur l'affaire du complot présumé contre la sûreté de l'?tat, l'article semble davantage destiné à nourrir la division qu'à instaurer un débat basé sur des faits. Le journaliste, plutôt que de démêler les complexités de l'affaire, se contente d'une série d'affirmations vagues et de jugements précipités. Celles-ci sont dénuées de toute preuve tangible, ce qui affaiblit non seulement l'argumentation, mais aussi la crédibilité de l'ensemble du texte.

Il est important de souligner que dans une affaire aussi sérieuse et sensible, un article qui manque de preuves et qui se nourrit de rumeurs sans fondement peut avoir des conséquences bien plus lourdes que celle d'un simple manque d'objectivité. En effet, le manque de rigueur dans cet article ne fait qu'attiser le feu d'une polarisation déjà bien présente dans la société tunisienne. En se contentant de généralités et de jugements hâtifs, le journaliste semble davantage chercher à conforter les préjugés de son public qu'à réellement éclairer la situation. Il faut se rappeler qu'un journalisme digne de ce nom est celui qui cherche à poser des questions, à explorer les faits et à permettre aux lecteurs de se forger une opinion fondée sur des éléments vérifiables.

Le manque de profondeur de cet article ne contribue pas à une meilleure compréhension de l'affaire du complot. Pire encore, il nuit à l'image de l'auteur, un journaliste par ailleurs talentueux et respecté dans certains cercles. En tombant dans le piège de la simplification et de la partialité, Sofiene Ben Hamida semble avoir sacrifié son rôle de journaliste au profit d'un engagement idéologique. Cela érode sa stature d'expert et de voix crédible dans le paysage médiatique tunisien.

Il est regrettable de constater que, par cette démarche, le journaliste semble se détourner de la rigueur qui avait fait sa réputation. Plutôt que d'approfondir le sujet, de creuser les éléments factuels et d'offrir une analyse nuancée, il semble avoir privilégié une posture à la fois partisane et populiste. '? long terme, cela risque de nuire à la perception qu'on a de lui, même parmi ceux qui appréciaient sa plume auparavant.

L'image d'un journaliste talentueux, qui a su capter l'attention du public par son analyse fine et ses critiques constructives, se trouve désormais fragilisée par cet article. Car si l'on peut apprécier son engagement et sa capacité à interroger le pouvoir, il devient difficile de défendre une prise de position qui manque de fond et d'argumentation. Un journaliste doit, avant tout, être un gardien de la vérité, un acteur du débat public qui met en lumière les faits, sans jamais céder à la facilité de l'affirmation gratuite. Dans cet article, Sofiene Ben Hamida semble avoir perdu de vue cet idéal.

Cela étant dit, il est encore possible pour lui de se redresser et de retrouver la voie de la rigueur journalistique. La communauté journalistique et son public sont en droit d'attendre de lui une plus grande responsabilité, surtout lorsqu'il s'agit de traiter des questions aussi sensibles et complexes. Espérons que cet article n'entache pas définitivement l'image de l'auteur et qu'il saura, à l'avenir, faire preuve d'une plus grande vigilance et d'une plus grande exigence dans ses analyses.

En conclusion, cet article ne fait que semer davantage de confusion, alimentant les clivages au lieu d'apporter une contribution constructive à la compréhension de l'affaire. Il est dommage que le talent de Sofiene Ben Hamida, reconnu pour ses écrits incisifs et pertinents, soit mis à mal par une tentative de manipulation de l'opinion publique sans réelle valeur ajoutée. Le rôle du journaliste dans des moments aussi cruciaux est de servir de phare dans la tempête, de guider le lecteur avec des informations fiables et des analyses fondées, et non de se perdre dans la tempête des spéculations et des jugements sans preuve.
Toto
Jugement - Jugement - Jugement
a posté le à 20:13
Bonsoir,

Votre commentaire aurait pu simplement être: 'je n'approuve pas l'analyse de Monsieur Sofiene Ben Hamida dans cet article'.

Je suis curieux de connaitre votre avis sur l'affaire du complot... Eclairez nous Si Mustapha

eshmoun
d'autant que étant moi- même un "ignorant pérégrin" en l'espèce
a posté le à 11:54
les remarques proférées donnent à penser qu'il s'agit d'une docte leçon de journalisme à l'intention d ' une "brebis égarée"
Nephentes
Ce que révèle cette farce tragique
a posté le 13-04-2025 à 17:19
Il y a un certain nombre de responsabilités qui ont conduit a cette longue série d'emprisonnements arbitraires aux souffrances infligées aux familles éprouvées :

1- Le système de recueil et de traitement de l'information incluant la capacité d'analyse de l'équipe présidentielle est radicalement défaillant et il y a conduit a une catastrophe majeure

QUI va réparer les souffrances subies ?

2- Les institutions judiciaires et sécuritaires sont putréfiées par la corruption et l'instrumentalisation ce ne sont plus que des machines à broyer la Peuple

A l'heure actuelle ces deux institutions en particulier constituent un danger majeur existentiel meme pour l'avenir durable de ce pays

Ou bien ces deux institutions seront radicalement réformées pour être un levier de garantie de l'Etat de Droit ou bien la Tunisie sombrera définitivement cette fois ci

3- L'absence d'un organe de contrôle de constitutionnalité et donc de légalité des décisions politiques prises depuis 2012 nous a coûté très cher

Beaucoup trop cher

Son implémentation est une exigence de survie pour notre Nation