Les seules vraies questions qui ne sont jamais posées et qui demeurent donc toujours sans réponse aucune:
Quand allons-nous, tous, nous mettre au travail? Quand allons-nous, tous, nous mettre au service de la Tunisie et arrêter ce cirque?
C’est un samedi après-midi que les services de la présidence du gouvernement ont annoncé un remaniement partiel de l’équipe gouvernementale. Le limogeage de Abid Briki, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance est le principal élément de ce remaniement. Son remplacement par un membre influent de l’UTICA est une pilule que l’UGTT aura du mal à digérer…
Le remaniement décidé par Youssef Chahed, samedi 25 février 2017, sur son gouvernement, même s’il est très partiel, semble avoir des répercussions considérables sur l’avenir de l’équipe au Palais de la Kasbah, surtout au vu des premières réactions affichées par les uns et les autres.
Il faut dire que certains s’attendaient à un vrai remaniement, mais, finalement, il s’agit d’un simple ajustement et un pourvoi de vacation de portefeuilles, ce qui est entièrement le cas du ministère des Affaires religieuses, sans titulaire depuis le début du mois de novembre 2016 suite au limogeage d’Abdeljelil Ben Salem.
Ensuite, le remplacement du ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance était prévu suite à l’annonce par Abid Briki de son intention de présenter sa démission au chef du gouvernement, lundi 27 février 2017. Autrement dit, M. Chahed n’a pas voulu attendre la démission effective de M. Briki pour passer à l’acte.
Donc, le seul changement pouvant être considéré comme entrant dans le cadre d’un remaniement est le remplacement du secrétaire au Commerce, Fayçal Hafiène, par Abdellatif Hmam à cause du blocage entre ledit secrétaire d’Etat, parti comme conseiller à la Kasbah, et son ministre nahdhaoui, Zied Laâdhari.
Or, le hic qui a constitué une surprise, voire carrément un choc, notamment pour la Centrale syndicale est la nomination d’un « baron » de la Centrale patronale, en l’occurrence, Khalil Ghariani, pour remplacer Abid Briki.
Du coup, c’est le branle-bas au sein de l’UGTT qui a décidé de réunir, aujourd’hui même, son bureau exécutif pour arrêter sa position officielle vis-à-vis des derniers développements, et ce après que son secrétaire général adjoint, Sami Tahri, ait donné le « la » avec son fameux post sur sa page officielle Facebook, un véritable appel à la mobilisation générale chez l’organisation syndicale.
Cette attitude a fait craindre le pire, les analystes évoquant, déjà, une éventuelle confrontation majeure entre le pouvoir et les syndicats tout en prévoyant, d’ores et déjà, le retrait de l’UGTT de l’accord de Carthage. Mais il faudra attendre sa position finale pour pouvoir se prononcer sur la nature des relations d’avenir entre le gouvernement et le syndicat.
Quant aux réactions, elles ne se sont pas fait attendre. La plus surprenante est venue de Nidaa Tounes, le parti censé soutenir le plus le gouvernement. C’est ainsi que par le biais d’un post affiché sur sa page officielle Facebook, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa, a exprimé son étonnement de ce « remaniement ».
Plus encore, il a laissé entendre que le parti allait prendre position lors d’une réunion de son bureau exécutif. Cette réaction a été accueillie avec stupéfaction par les observateurs dans le sens où il s’agissait d’un ajustement qui ne pouvait pas attendre d’éventuelles tractations interminables avec les diverses formations politiques, parties prenantes dans la coalition gouvernementale.
A noter que la réaction la plus positive est venue du parti Ennahdha. En effet, aussi bien Noureddine Bhiri, président du bloc parlementaire du parti islamiste, et son dirigeant Ajmi Lourimi, se sont félicité du remaniement qui reste du ressort des prérogatives du chef du gouvernement tout en réitérant le soutien du parti au gouvernement d’union nationale.
Autre critique venant d’un parti faisant partie de la coalition, en l’occurrence Afek Tounes dont la dirigeante Rym Mahjoub a annoncé une réunion imminente du bureau exécutif pour examiner le remaniement qui, selon elle, « n’a aucune justification » tout en exprimant ses craintes sur l’influence négative sur la paix sociale et sur les relations avec l’Union générale tunisienne du travail.
L’Union patriotique libre (UPL) a également réagi par le biais de son dirigeant, Tarak Ftiti. Il a qualifié ce remaniement de « simple pièce de théâtre » pour éviter le camouflet de la démission d’Abid Briki, avant de considérer que Youssef Chahed a commis une grave erreur car le ministre limogé jouait un rôle très important dans le traitement efficace des protestations sociales.
Et de conclure que « ce qui vient de se passer est un véritable scandale en cette ère post-Révolution ».
Toutefois, la critique la plus sévère est venue du Front populaire dans le sens où son dirigeant, Jilani Hammami, a « appelé au changement de tout le gouvernement de Youssef Chahed qui a atteint un haut degré d’échec », d’où la nécessité, selon ses propres termes, de remplacer la majorité des ministres au vu de leurs résultats négatifs.
On remarquera, également, l’absence de toute réaction de la part du parti de Machrouû Tounes comme si cette affaire de remaniement ne le concernait pas du tout.
En attendant les positions définitives de l’UGTT et la teneur de l’interview de Youssef Chahed qui sera diffusée, aujourd’hui par Al Hiwar Ettounsi, les analystes s’attendent à une nouvelle physionomie de la scène politique et une nouvelle configuration des alliances.
D’aucuns prévoient, en effet, le retrait de la Centrale syndicale de l’accord de Carthage ou, du moins, du retrait de soutien au gouvernement dit d’union nationale, ce qui lui ôte, déjà, cette qualité qui faisait sa force et sa crédibilité, sans oublier l’éventualité de la recrudescence des mouvements sociaux, notamment dans le secteur de l’enseignement.
Ceci va être encore plausible dans la mesure où Youssef Chahed vient d’adresser un message clair à tous, qu’il demeure seul maître à bord et qu’il n’admet aucune ingérence dans ses prérogatives en faisant comprendre, indirectement, à l’UGTT qu’elle est allée trop loin en faisant du départ de Néji Jelloul, ministre de l’Education, une exigence immuable.
Ensuite, le chef du gouvernement a voulu montrer que ceux qui évoquaient un vrai remaniement ministériel avaient tort, car s’il accédait à cette alternative, cela équivaudrait à un aveu d’échec de ses choix et de sa politique, à peine six mois après son installation au palais de la Kasbah.
En tout état de cause, même si l’ajustement est mineur de par son ampleur, il s’avère de la plus haute importance de par les conséquences attendues sur la suite de l’action gouvernementale, car c’est l’avenir du cabinet de Youssef Chahed et de tout le pays qui est en jeu.
Sarra HLAOUI
C’est un samedi après-midi que les services de la présidence du gouvernement ont annoncé un remaniement partiel de l’équipe gouvernementale. Le limogeage de Abid Briki, ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance est le principal élément de ce remaniement. Son remplacement par un membre influent de l’UTICA est une pilule que l’UGTT aura du mal à digérer…
Le remaniement décidé par Youssef Chahed, samedi 25 février 2017, sur son gouvernement, même s’il est très partiel, semble avoir des répercussions considérables sur l’avenir de l’équipe au Palais de la Kasbah, surtout au vu des premières réactions affichées par les uns et les autres.
Il faut dire que certains s’attendaient à un vrai remaniement, mais, finalement, il s’agit d’un simple ajustement et un pourvoi de vacation de portefeuilles, ce qui est entièrement le cas du ministère des Affaires religieuses, sans titulaire depuis le début du mois de novembre 2016 suite au limogeage d’Abdeljelil Ben Salem.
Ensuite, le remplacement du ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance était prévu suite à l’annonce par Abid Briki de son intention de présenter sa démission au chef du gouvernement, lundi 27 février 2017. Autrement dit, M. Chahed n’a pas voulu attendre la démission effective de M. Briki pour passer à l’acte.
Donc, le seul changement pouvant être considéré comme entrant dans le cadre d’un remaniement est le remplacement du secrétaire au Commerce, Fayçal Hafiène, par Abdellatif Hmam à cause du blocage entre ledit secrétaire d’Etat, parti comme conseiller à la Kasbah, et son ministre nahdhaoui, Zied Laâdhari.
Or, le hic qui a constitué une surprise, voire carrément un choc, notamment pour la Centrale syndicale est la nomination d’un « baron » de la Centrale patronale, en l’occurrence, Khalil Ghariani, pour remplacer Abid Briki.
Du coup, c’est le branle-bas au sein de l’UGTT qui a décidé de réunir, aujourd’hui même, son bureau exécutif pour arrêter sa position officielle vis-à-vis des derniers développements, et ce après que son secrétaire général adjoint, Sami Tahri, ait donné le « la » avec son fameux post sur sa page officielle Facebook, un véritable appel à la mobilisation générale chez l’organisation syndicale.
Cette attitude a fait craindre le pire, les analystes évoquant, déjà, une éventuelle confrontation majeure entre le pouvoir et les syndicats tout en prévoyant, d’ores et déjà, le retrait de l’UGTT de l’accord de Carthage. Mais il faudra attendre sa position finale pour pouvoir se prononcer sur la nature des relations d’avenir entre le gouvernement et le syndicat.
Quant aux réactions, elles ne se sont pas fait attendre. La plus surprenante est venue de Nidaa Tounes, le parti censé soutenir le plus le gouvernement. C’est ainsi que par le biais d’un post affiché sur sa page officielle Facebook, Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa, a exprimé son étonnement de ce « remaniement ».
Plus encore, il a laissé entendre que le parti allait prendre position lors d’une réunion de son bureau exécutif. Cette réaction a été accueillie avec stupéfaction par les observateurs dans le sens où il s’agissait d’un ajustement qui ne pouvait pas attendre d’éventuelles tractations interminables avec les diverses formations politiques, parties prenantes dans la coalition gouvernementale.
A noter que la réaction la plus positive est venue du parti Ennahdha. En effet, aussi bien Noureddine Bhiri, président du bloc parlementaire du parti islamiste, et son dirigeant Ajmi Lourimi, se sont félicité du remaniement qui reste du ressort des prérogatives du chef du gouvernement tout en réitérant le soutien du parti au gouvernement d’union nationale.
Autre critique venant d’un parti faisant partie de la coalition, en l’occurrence Afek Tounes dont la dirigeante Rym Mahjoub a annoncé une réunion imminente du bureau exécutif pour examiner le remaniement qui, selon elle, « n’a aucune justification » tout en exprimant ses craintes sur l’influence négative sur la paix sociale et sur les relations avec l’Union générale tunisienne du travail.
L’Union patriotique libre (UPL) a également réagi par le biais de son dirigeant, Tarak Ftiti. Il a qualifié ce remaniement de « simple pièce de théâtre » pour éviter le camouflet de la démission d’Abid Briki, avant de considérer que Youssef Chahed a commis une grave erreur car le ministre limogé jouait un rôle très important dans le traitement efficace des protestations sociales.
Et de conclure que « ce qui vient de se passer est un véritable scandale en cette ère post-Révolution ».
Toutefois, la critique la plus sévère est venue du Front populaire dans le sens où son dirigeant, Jilani Hammami, a « appelé au changement de tout le gouvernement de Youssef Chahed qui a atteint un haut degré d’échec », d’où la nécessité, selon ses propres termes, de remplacer la majorité des ministres au vu de leurs résultats négatifs.
On remarquera, également, l’absence de toute réaction de la part du parti de Machrouû Tounes comme si cette affaire de remaniement ne le concernait pas du tout.
En attendant les positions définitives de l’UGTT et la teneur de l’interview de Youssef Chahed qui sera diffusée, aujourd’hui par Al Hiwar Ettounsi, les analystes s’attendent à une nouvelle physionomie de la scène politique et une nouvelle configuration des alliances.
D’aucuns prévoient, en effet, le retrait de la Centrale syndicale de l’accord de Carthage ou, du moins, du retrait de soutien au gouvernement dit d’union nationale, ce qui lui ôte, déjà, cette qualité qui faisait sa force et sa crédibilité, sans oublier l’éventualité de la recrudescence des mouvements sociaux, notamment dans le secteur de l’enseignement.
Ceci va être encore plausible dans la mesure où Youssef Chahed vient d’adresser un message clair à tous, qu’il demeure seul maître à bord et qu’il n’admet aucune ingérence dans ses prérogatives en faisant comprendre, indirectement, à l’UGTT qu’elle est allée trop loin en faisant du départ de Néji Jelloul, ministre de l’Education, une exigence immuable.
Ensuite, le chef du gouvernement a voulu montrer que ceux qui évoquaient un vrai remaniement ministériel avaient tort, car s’il accédait à cette alternative, cela équivaudrait à un aveu d’échec de ses choix et de sa politique, à peine six mois après son installation au palais de la Kasbah.
En tout état de cause, même si l’ajustement est mineur de par son ampleur, il s’avère de la plus haute importance de par les conséquences attendues sur la suite de l’action gouvernementale, car c’est l’avenir du cabinet de Youssef Chahed et de tout le pays qui est en jeu.
Sarra HLAOUI