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Tunisie - Le 15 octobre 1963, le dernier soldat français quittait Bizerte
14/10/2015 | 19:59
5 min
Tunisie - Le 15 octobre 1963, le dernier soldat français quittait Bizerte

Ce jeudi 15 octobre marquera les 52 ans de l’indépendance totale de la Tunisie. Ce que nous célébrons aujourd’hui comme étant  la fête de l’Evacuation, c’est le jour où le dernier soldat étranger quitta le sol tunisien et la base de Bizerte, l’un des derniers bastions du colonisateur français. Il s’agit également de se rappeler des faits ayant mené à cette évacuation, en l’occurrence, la Crise de Bizerte. Retour sur un événement majeur de l’Histoire contemporaine tunisienne.

 

En 1956, l’indépendance de la Tunisie est proclamée. Cela signifiait que la presque totalité du territoire de l’ancien protectorat tunisien était restitué aux nouvelles autorités tunisiennes. Toutefois, la France avait conservé son autorité militaire au niveau de deux zones, notamment la base militaire navale de Bizerte, et ce conformément aux termes de la convention d’autonomie interne en date du 3 juin 1955. Habib Bourguiba, deux jours après la proclamation de l’indépendance, fait part de la prochaine étape, qui n’est autre que l’évacuation de toutes les forces françaises de la Tunisie, y compris de Bizerte, et ce après une période transitoire. En interne, les rivaux de Bourguiba ont du mal à avaler la couleuvre de cette indépendance « partielle ».

 

Les Français ne voulaient pas céder la base de Bizerte qui constituait un intérêt géostratégique de taille dans la région. En effet, le port militaire était considéré comme un point stratégique pour l’armée française, étant leur unique base sur la rive Sud de la Méditerranée, outre celle de l’Algérie. Une Algérie en pleine guerre de libération.

Ainsi, depuis le retrait des Français du territoire tunisien, Habib Bourguiba n’avait de cesse de réclamer la décolonisation totale par l’évacuation de la base navale, entendant obliger le colonisateur de rendre Bizerte et de faire taire les revendications nationalistes. Février 1961, une rencontre a lieu au château de Rambouillet, non loin de Paris, entre Bourguiba et De Gaulle, afin de négocier le retrait de Bizerte. On dit que la rencontre a tourné au dialogue des sourds et que le président tunisien en est sorti, désappointé par l’attitude du Général De Gaulle. Un De Gaulle qui n’entendait se laisser rien dicter. Cela laissait présager les prémices d’un affrontement devenu inévitable.

 

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L’annonce faite aux autorités tunisiennes, en mai 1961, par l’amiral qui dirigeait la base de Bizerte concernant le lancement de travaux d’agrandissement, fait monter la tension et met Bourguiba hors de lui. On déclare que les travaux en cours violent le statut quo et on considère que cet acte exclut toute idée de départ. Il n’en fallait pas moins pour que le jeune Etat tunisien se lance sur le terrain de la bataille politique et, si nécessaire, armée. Fort du soutien de toutes les parties confondues et de la population, Bourguiba se prépare à l’affrontement final et joue le tout pour le tout. Des tranchées sont creusées autour de la base militaire et des milliers de citoyens sont enrôlés par la jeunesse du Néo-Destour. Des volontaires prêts à se battre pour la libération de Bizerte et l’évacuation par la force  de la base navale militaire.

 

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Les hostilités sont déclenchées le 19 juillet 1961, par l’armée tunisienne, et se prolongent jusqu’au matin du 23 juillet, à la suite d’un cessez-le-feu abouti après de multiples négociations, notamment à travers l’ONU. Les forces en présence étaient très déséquilibrées. Le commandement français reçoit l’ordre de frapper vite et fort. Face à face : un corps d’élite français, soutenu par des avions, de l’artillerie lourde, des blindés, et la jeune armée tunisienne, courageuse certes, mais mal équipée et fort mal expérimentée, en plus des volontaires qui se sont avérés plus gênants qu’utiles.  La guerre était inégale, mais la résistance était acharnée. Du coté tunisien les pertes sont lourdes, on dénombre officiellement plus de 600 morts dont plus de la moitié sont des civils. Les historiens parlent de milliers de morts et blessés. Du coté français, près de 30 morts et une centaine de blessés.

 

Le 20 juillet, Bourguiba avait saisi le Conseil de sécurité de l'ONU et annonce la rupture des relations diplomatiques avec la France.  Les Etats membres du Conseil, qui se réunit le 21 et 22 juillet, votent pour le retrait des troupes françaises et le lancement des négociations. Le 15 janvier 1962, les négociations sur le sort de Bizerte sont entamées à Paris. Quelques mois après, elles aboutissent à la reconnaissance de la souveraineté de la Tunisie sur l’intégralité de son territoire.

 

Le 15 octobre 1963, sept ans après l'indépendance de la Tunisie et deux ans après la bataille de Bizerte, les bâtiments de la marine française quittent Bizerte. Une cérémonie est organisée, au cours de laquelle un officier décroche le drapeau tricolore. L’évacuation du dernier soldat français est effective mettant fin à 82 ans de présence militaire à Bizerte.  Des Tunisiens envahissent le port et entonnent l’hymne national et des « Vive Bourguiba ! ». Bahi Ladgham hisse le drapeau tunisien sur la base, puis annonce solennellement, dans une communication téléphonique avec à Habib Bourguiba : « Mission accomplie ».

 

Les lourdes pertes subies par la Tunisie ont valu à Bourguiba de vives critiques par certains, l’accusant d’avoir envoyé à la mort inéluctable des centaines de Tunisiens, et ce pour satisfaire son égo. Mais pour la majorité du peuple cette évacuation a été un acte de bravoure et de patriotisme incontestable. L’évacuation sera fêtée le 15 décembre 1963, à Bizerte, où plus de 300.000 personnes se sont rassemblées. La postérité retiendra l'image de Bourguiba triomphant au milieu de deux figures du nationalisme arabe, Gamal Abdel Nasser et Ahmed Ben Bella.

 

http://www.businessnews.com.tn/images/album/BN24573Bourguiba-Nasser-Ben-Bella.jpg

 

Ikhlas Latif

14/10/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (57)

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observator
| 19-10-2015 15:34
C'est devenu lassant chez les bourguibistes-rcdistes, dés que tu critiques "leur zaïm" leur seul argument est que tu es forcément islamiste.

Regardez dans quel état la dictature Bourguiba- Ben Ali a laissé ce pays livré aux profiteurs et corrompus ***.
Vous êtes fiers de quoi de Bourguiba qui nous a laissé comme legs que la mendicité au près des pays riches et les organismes financiers internationaux.

momo
| 19-10-2015 12:02
Mon père avait 8 ans pendant la bataille de Bizerte et m'a raconté et montré l'endroit où il vivait, près du vieux port, et où les bombes tombaient ainsi que les maisons rasés. Il remercie Bourguiba que les islamistes veulent faire passer pour un tyran. Leur stratégie est d'effacer toute l'histoire de la Tunisie et d'en écrire une nouvelle. Vive la Tunisie et le drapeau et rien que le drapeau tunisien.

olympien
| 18-10-2015 11:49
Je n'édulcore pas les actes barbares, mais vois fais remarquer au passage que pour sa famille, un être cher l'est autant qu'il soit Français ou ARABE. Deuxièmement, De GAULLE, a joué un double langage envers les deux camps, ce qui a mené à ce que l'on sait. Mais force est de constater que le premier bateau de migrants Algériens n'a pas tardé à suivre le dernier bateau des Pieds Noirs, direction Marseille. Alors baver sur la France, est votre droit, comme celui inaliénable d'être souverain bien sûr, mais il vous faut reconnaître qu'apparemment sans la France, votre vie ne serait pas la même.

Quand aux politiques d'où qu'ils viennet no comment depuis longtemps

Salih
| 18-10-2015 02:47
Le titre que tu as choisi "le gros mensonge" va très bien à ton commentaire.

observator
| 17-10-2015 15:40
Vous n'allez pas quand même nous faire croire que Bourguiba, par patriotisme, avait déclenché cette guerre contre un pays ami? Et c'est Bourguiba qui nous le disait. Alors on ne fait pas la guerre à son ami on discute avec lui.

Je répète De Gaulle avait dit à Bourguiba que la France allait quitté la base de Bizerte dans un délai d'un an.
Mais Bourguiba voulait se débarrasser de toute la jeunesse nationaliste pensant, qu'à terme, elle pourra menacer son pouvoir.
Mon grand frère qui était dans la garde présidentielle et qui a été envoyé à cette boucherie nous racontait l'horreur :
Comment Bourguiba a envoyé, main nue, des milliers de jeunes pris en tenaille, sous le feu des forces françaises et tunisiennes. Et comment les forces tunisiennes étaient obligées de tirer sur ces jeunes pour pouvoir se défendre et se dégager.
C'était une boucherie voulue par ce tyran et menteur qui est Bourguiba. Juste pour assurer son pouvoir.
Après, tous ces 9aouada et profiteurs peuvent raconter le génie de leur lâche zaïm.

Forza
| 17-10-2015 10:50
We know the situation in Tunisia in 1956. Tunisia was under developed in all areas. Mal nutrition was everywhere and I remember myself that the state was giving milk to children in the schools to combat this. The number of Tunisian physicians was negligible. In one word the life expectation in Tunisia was around 50 years and nowadays 77 approaching levels of must developed countries. This criterion in itself summarizes the progress Tunisia did since the independence despite the lack of democracy and liberty we had in the past.
To finish I don't think that the native people of the 'French' territories in La Reunion or Mayotte have a better situation than the Tunisians. This said they are free to stay with France and Tunisians decided they do better as an independent country.
Analyzing your pseudonym, I wonder that you take 'Tea Party' and 'White Power' as reference, unless I misunderstood your comment.

aljazzair
| 17-10-2015 10:34
Comme tout être humain, et a fortiori les hommes politiques, monsieur Bourguiba n'était certes pas parfait.
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Mais Habib Bourguiba était un *authentique patriote* et un *grand dirigeant*, et un *leader visionnaire*. Nous devons tous être FIERS de son parcours et de son bilan.
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Bravo a la Tunisie de Bourguiba d'avoir su récupérer Benzerta au moment voulu. Habib Bourguiba a eu raison de ne pas faire confiance aux promesses qui n'engagent que ceux qui y croient.
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Dommage que plus de 50 ans plus tard, la Tunisie renonce a une bonne partie de sa souveraineté en rejoignant l'OTAN sans le débat public contradictoire qui est requis par les principes démocratiques.
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Ce genre de décision qui engage toute une nation ne doit jamais être prise en catimini comme ce fut le cas en Tunisie.
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Car le peuple Tunisien dans la majorité écrasante ignore alors les vrais engagements pris par la Tunisie, comme celui de devenir une véritable passoire pour les forces armées affiliées a l'OTAN, françaises, américaines, britanniques, israéliennes, qui ont désormais un quasi-droit de cuissage sur l'espace aérien tunisien.
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Ou encore que les militaires américains stationnés en Tunisie ne seront jamais soumis a la loi tunisienne.
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etc... etc...
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Allah yarham Si Bourguiba et ses compagnons patriotes.
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En tant qu'algérien je suis triste de voir la Tunisie renoncer a sa souveraineté pleine et entière, 50 ans après le combat libérateur que nos deux peuples ont menés ENSEMBLE.

stein yaël
| 17-10-2015 09:48
@a psbk77

Diègo_Suarez (madagascar) en 64,
Mers-el-Kebir (Algérie) 65/68,
Holl-holl (Djibouti) en 68/90,
Kourou (Guyane Française) 90/2004.
Dahran AFB (KSA) 2005/2010
Arijfan AFB (KWT city) 2011 2014,

Vaste programme touristique.

stein yaël
| 17-10-2015 09:41
@ forza and Co,

Team party and white supremacy group are denying the Lincoln era in the USA historical past. So please try just to imagine through virtual objection, what were the Tunisian destiny if France still the boss ? Tunisian won't be obliged to stearing long queues for asking charity-visas. Nowadays, the goal is the steack, what you could bring and put on the table to not starving your family. Thje proudness of the flag is secondary. just an idea to unifying people around one objective and to selling through ideals weapons, services and hegemonism.
God bless America.

canalou
| 17-10-2015 08:32
prenez des lecons de patriotisme chez les américains qui sont formes de cultures différentes mais qui ont compris qu ils forment une seule nation sous le meme drapeau. C est ce qui fait leur force . Vous avez choisi pour vous meme et laissez les tunisiens qui ont choisi de vivre en tunisie faire leur revolution qui consiste avant tout a balayer le spectre de la division malsaine imposee par des racistes nostaliques d une domination culturelle depassee par l histoire et enterree par l independance .Vive la republique tunisienne independante