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Tunisie : la BAD revoit à la baisse ses prévisions de croissance à 2,5% en 2022 et 3,2% en 2023
17/11/2022 | 10:34
4 min
Tunisie : la BAD revoit à la baisse ses prévisions de croissance à 2,5% en 2022 et 3,2% en 2023

 

La Banque africaine de développement (BAD) vient de publier ses Perspectives économiques pour l’Afrique du Nord 2022. Le rapport note que les fondamentaux macroéconomiques se sont améliorés au lendemain de la pandémie de Covid-19 dans cette région mais que les performances varient d’un pays à l’autre. Ainsi et pour stimuler la relance de la croissance, les gouvernements d’Afrique du Nord ont maintenu des politiques budgétaires et monétaires expansionnistes.

 

Il en ressort que l’institution financière table en Tunisie sur une croissance du PIB de 2,5% en 2022 (en baisse de 0,7% par rapport à ses précédentes prévisions) et de 3,2% en 2023 (en baisse de 0,3% par rapport à ses précédentes prévisions), sous l’effet de la relance des secteurs touristique et industriel.

Cette reprise de l’activité économique n’est cependant pas suffisamment robuste pour retrouver les emplois perdus depuis le début de la pandémie de Covid-19. Une étude conjointe de la BAD et de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) réalisée en 2022 montre que l’économie a perdu 130.000 emplois à cause de la pandémie.

« Les projections réalisées montrent qu’il est nécessaire d’améliorer le climat des affaires et de stimuler la concurrence afin d’accélérer la reprise des investissements privés. Un rétablissement de la viabilité des finances publiques, une gestion prudente de la dette et la disponibilité de denrées alimentaires essentielles à des prix abordables pour les populations vulnérables seront nécessaires pour atténuer les risques », conseillent les rédacteurs du rapport.

 

Le même document précise que « le budget de la Tunisie pour l’exercice 2022 tablait sur un prix moyen du baril du pétrole à 75 dollars, qui a plutôt dépassé les 100 dollars le 15 mars 2022, après avoir atteint 130 dollars le 8 mars 2022. Au regard de l’augmentation des prix des produits de base, les dernières estimations font état d’environ 2,3 milliards de dollars de subventions supplémentaires au titre du budget de l’exercice 2022, dont 439 millions de dollars sont alloués aux produits alimentaires. À plus long terme, la mise en œuvre de réformes audacieuses est nécessaire pour assurer la viabilité des dépenses publiques. Dans les pays où le secteur de l’énergie est encore fortement subventionné (Algérie, Libye et Tunisie), des coûts plus élevés pèseront sur les dépenses budgétaires nationales ».

Pour la BAD, le déficit du compte courant devrait s’alourdir pour se situer à 9,6% en 2022 sous l’effet du ralentissement de la demande européenne et du tourisme, et à environ 7% en 2023. Cette dégradation du déficit courant est atténuée par la reprise des exportations de produits manufacturés et l’exploitation d’un champ gazier qui devraient permettre de réduire les importations d’énergie.

Autre chose importante, la dette publique était estimée à 82,4% du PIB en 2021, dont plus de deux tiers de dette extérieure. Le service de la dette extérieure au cours des trois prochaines années devrait s’élever à environ neuf milliards de dollars US, soit l’équivalent de douze fois le montant de l’allocation de DTS du pays, ce qui fait peser une charge importante sur le budget de l’État et les réserves extérieures.

 

En ce qui concerne 2021, la banque indique que le déficit budgétaire était estimé à 8,1% du PIB en amélioration par rapport aux 9,2% du PIB en 2020. Malgré la bonne croissance des recettes budgétaires de +13%, la masse salariale, les subventions aux carburants et le service de la dette sont en hausse dans le budget.

La Tunisie a ainsi dû puiser dans le marché financier intérieur pour répondre à ses importants besoins de financement en 2021, suite à la dégradation de sa note souveraine et à son accès limité aux financements extérieurs. Toutefois, l’inflation était en légère hausse, passant de 5,6% en 2020 à 5,7% en 2021, en raison du contrôle des prix des produits alimentaires, du tabac, des transports, etc.

Pour sa part, le déficit du compte courant s’est élargi, passant de 6,1% en 2020 à 7,1% du PIB en 2021, exacerbé en cela par la hausse de la facture des importations de produits alimentaires et d’énergie alors que les envois de fonds sont restés un élément important du PIB : ils ont cependant enregistré une baisse (-4,2 % entre 2020 et 2021). Le taux de chômage a atteint 18,4% au troisième trimestre de 2021, soit un point de plus qu’en début d’année. La situation est plus complexe pour les femmes (taux de chômage de 24,1%) et les personnes ayant un diplôme d’études secondaires (30% de chômeurs). Le taux de pauvreté est de 15,3% et concerne principalement les zones rurales. La plupart des familles pauvres, dont le nombre est estimé à environ 900.000 personnes selon le registre national de la pauvreté, bénéficient de programmes de subventions et d’une aide mensuelle de 180 dinars (54 euros) par famille. La récente crise leur a permis d'obtenir d’un soutien financier supplémentaire.

Et de noter que sur la période 2015-21, la dette de l’administration centrale en pourcentage du PIB a considérablement augmenté en Tunisie de 58,5% à 82%.

 

La Banque africaine de développement recommande aux pays de la région certaines politiques à moyen et long terme pour une croissance forte, durable et inclusive dont : investir dans la productivité agricole et la sécurité alimentaire ; réduire progressivement la dépendance aux hydrocarbures en investissant continuellement dans des capacités d’énergie renouvelable ; réformer les subventions inefficaces aux combustibles fossiles ; supprimer les obstacles pour soutenir davantage les investissements dans les énergies renouvelables ; et mobiliser les financements climatiques en Afrique du Nord et faciliter l’action climatique.

 

I.N

17/11/2022 | 10:34
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