En Homme Juste, je ne peux me retenir de dispenser un conseil Fraternel à KS qui n'est, avant tout, qu'un citoyen tunisien.
J'en profite aussi pour lui signifier qu'en dépit d'un attachement quasi-ombilical au Parti Historique représenté aujourd'hui par Abir Moussi, je salue tout acte souverainiste émanant de Lui.
Monsieur le Président,
je viens de lire sur les réseaux sociaux l'appel désespéré d'une jeune fille, adressé à votre attention. Il s'agit de la fille d'un ancien ministre, détenu depuis de longs mois, l'ancien Aféqiste et ministre de l'environnement Riadh Mouakhar. Un homme qui a cru, certainement à tort (comme la plupart des tunisiens), en des lendemains "meilleurs" pour la Tunisie après le 14 janvier 2011.
Un appel du coeur, émanant de cette fille, qui ne laisse indifférents que ceux qualifiés par le Saint Coran de "Al Qassiyéti Qouloubouhom". Appel où elle manifeste toute sa "rage" contre l'injustice et la cruauté des hommes et vous supplie de venir en aide à son père et, par là même, à sa famille. Cette fille qui souffre, ainsi que son jeune frère, à la vue d'un père humilié, détenu comme un malpropre, et dont le tort aura été, comme beaucoup de responsables du ministère de l'environnement, d'assumer certains choix. Je ne dispose pas d'assez d'éléments pour juger; la "justice" fera son travail. D'ailleurs, je n'aime pas juger.
Cette fille s'insurge devant ce qu'elle pense être un injustice. Et comment voulez-vous qualifier ce que vit son père autrement que d'injustice.
En effet, je me tiendrai juste au fait que, détenir une personne qui ne présente aucun danger pour la population, ne serait-ce qu'une seule journée en prison, alors qu'il peut être assigné à résidence est, non seulement une injustice, mais un crime en soi. Pire encore, s'il s'agit d'un homme politique. Le prétexte présenté est encore pire que le crime lui-même, à savoir qu'il est détenu le temps de l'instruction et de l'enquête (robba 3othrin aqba7ou bin thenbin).
Je ne pense pas que Ben Ali aurait permis qu'une telle injustice ait lieu sous sa gouvernance. L'indépendance de la Justice n'est en rien une excuse, et s'arrête là où commencent les droits de l'Homme dont vous en êtes le seul garant réel.
Et pourtant, ce qui arrive est exactement ce que dénonçaient les tunisiens du temps de Ben Ali, lorsque sévissait une guerre civile voisine qui avait fait une centaine de milliers de morts. Là, il y avait danger! Mais aujourd'hui quel danger représente monsieur Mouakhar ou un certain Monsieur Tarmiz du même ministère, qui avait voué toute sa carrière pour l'environnement? Qu'a gagné monsieur El Aroui lorsque la Justice s'est excusée au bout de deux années de détention. La ruine de sa famille? Est-ce que ces juges savent qu'ils sont en train de ruiner des familles entières d'accusés qui ne présentent aucun danger pour la population, et dont on n'est même pas sûr de la culpabilité ou de la mauvaise foi.
Et dire que vous vous comparez au Calife Omar, alors que de telles injustices se font sous votre gouvernance. Sous Omar, personne ne dormait le soir en se sentant lésé. Quand le pays voit se profiler le spectre de la faim à ses portes, il n'y a que votre bonté et votre bon coeur pour prendre votre défense. Les Peuples sont ainsi faits.
Sachez, Monsieur le Président, que ceux qui vous incitent à observer un silence devant de telles injustices, silence qui devient de facto complice, vous trompent. Et je rajouterai, que ces personnes, rompus aux trahisons, ne manqueront pas de vous désigner eux-mêmes comme seul et unique responsable lorsque le vent aura tourné, comme il le fait depuis l'indépendance de notre pays, suivant un rythme effréné, au gré des caprices de l'Histoire et des caprices du Peuple.
Et pourtant l'Aféqiste Riadh Mouakhar fait partie des gens qui avaient applaudi et cru en une révolution. Une révolution que je ne cesserai de mettre à l'index et de qualifier du "pire des crimes" qui soit arrivé à la Nation Tunisienne. Mais je ne peux constater une injustice qui vise un compatriote, quelque soit son bord, sans la dénoncer. C'est d'ailleurs pour cette raison que je m'étais érigé, quasiment seul, contre l'injustice de tout un peuple à l'égard de Ben Ali, Homme que je n'ai jamais eu la chance ni de connaître, ni de rencontrer.
Monsieur le Président, les arrestations et la prison contre les vitrioleurs et les poseurs de bombes ont valu à Bourguiba, puis à Ben Ali, la mise à l'index par un peuple rompu aux trahisons et à la Vindicte populaire. Que dire lorsqu'il s'agit de personnalités politiques ou de responsables administratifs?
Rectifiez le tir, Monsieur le Président, avant qu'il ne soit trop tard. Je crois en votre bonne foi, même si je n'ai pas voté, et ne voterai pas pour vous. Soyez bienveillant et écoutez cette fille! c'est un conseil que j'aurais donné à mon propre frère s'il était président.

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya,
Résistant contre l'occupation de mon pays, scellée le 14 janvier 2011.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.