
La présidente de l’Association des magistrats tunisiens (AMT),Raoudha Karafi, a qualifié la journée d’hier de « triste jour », en commentant l’adoption du projet de loi qui modifie et complète la loi portant sur la création du CSM (Conseil supérieur de la magistrature), votée hier en plénière à l’ARP. Dans la crise actuelle, elle accuse le ministre de la Justice d’avoir « dévié de sa neutralité affichée et d’avoir envenimé la crise ».
Invitée aujourd’hui, mercredi 29 mars 2017, à l’émission « Yawm Saïd » de la Radio Nationale, Raoudha Karafi est revenue sur la grève des magistrats qui entameaujourd’hui son 3ème jour rappelant que le CSM a pour mission d’assurer « l’indépendance du pouvoir exécutif en le mettant à l’abris du pouvoir politique qui ne peut plus influer sur les nominations et mutations des magistrats ».
Dans cette crise, elle affirme que « la présidence du gouvernement n’est pas neutre puisqu’elle a refusé de nommer le reste des membres du CSM afin que le conseil puisse enfin tenir ses réunions, conformément à la Constitution »rappelant que Youssef Chahed a refusé de valider la nomination des juges nommés par l’instance provisoire de l’ordre judiciaire.
« Hier était un triste jour dans le processus de transition démocratique. Il y a eu violation de l’état de droit », a-t-elle dit, tout en appelant le ministre de la Justice ainsi que la présidence du gouvernement à « assumer leur responsabilité » dans ce qui se passe actuellement. « Le ministre de la justice justifie, en séance plénière, le non-respect des décisions judiciaires. Ceci est dangereux ! », s’indigne-t-elle tout en regrettant que « cette initiative législative [visant à amender le projet de loi organique n°2016-34 du 28 avril 2016 portant création du CSM] n’ait pas été retirée ».
Lundi 27 mars 2017, le tribunal administratif a décidé la suspension de toutes les décisions prises au nom du Conseil supérieur de la magistrature. Décision qui, selon Raoudha Karafi, n’a pas été respectée par le ministre de la Justice.
Toujours au sujet des revendications des magistrats, la présidence de l’AMT a aussi pointé du doigt les « conditions de travail difficiles des magistrats qui impactent aussi les affaires des citoyens », mais aussi « des salaires très bas » qui ne permettent pas de protéger le citoyen et de permettre au juge de bien assurer sa tâche. « Le juge ne doit pas subir des pressionsfinancières […] Au Maroc, par exemple, les magistrats sont payés le double de ce qui est pratiqué en Tunisie. Nossalaires sont le 1/5 de ceux reçus par les magistrats en Afrique », a-t-elle dit.
S.T.