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Chroniques
Que faut-il penser du remaniement ? ... Pas beaucoup de bien !
26/02/2017 | 17:22
3 min

On ne juge pas un remaniement ministériel par le nombre de départements qu’il touche, la question n’est pas quantitative. L’ampleur d’un remaniement est toujours en relation avec ses visées, les anciens équilibres qu’il rabote et les nouveaux rapports qu’il installe.

 

 

Sur un plan strictement technique, ce remaniement annoncé samedi n’a touché aucun ministère important, aucun ministère régalien et aucun des ministères critiqués depuis quelques semaines, qui étaient dans le viseur des médias et des organisations de la société civile. On pensera notamment ici au ministère de l’Education ou à celui des Finances. Au contraire, il a touché un poste vacant depuis longtemps au ministère des Affaires religieuses, le ministre de la Fonction publique qui avait annoncé lui-même son départ depuis jeudi dernier et le secrétaire d’Etat au Commerce nidaiste dont la mésentente avec son ministre de l’Industrie nahdhaoui n’est plus un secret pour personne.

 

 

Sur un plan anecdotique, on notera que la précipitation de l’annonce du remaniement avait pour but de devancer la démission annoncée mais non encore présentée de Abid Briki. Cela nous rappelle des réflexes anciens qui faisaient que le chef de l’exécutif ne tolérait le départ de ses collaborateurs que dans le cadre d’une nouvelle affectation, souvent à son insu, ou dans le cadre d’un limogeage. Dans le temps, cette démarche faisait peut-être peur. Maintenant, elle fait surtout marrer.

 

Sur le plan anecdotique aussi, le remplacement d’un ancien cadre syndicaliste par un cadre en exercice du patronat est tout aussi marrant, tant la décision prend l’allure d’une réaction intempestive et puérile. On attendra les semaines à venir pour voir si cette décision émane d’une réflexion profonde ou au contraire, d’une volonté de lancer un dard à la centrale syndicale.

 

 

Sur le plan politique par contre, les choses sont un peu plus complexes. Par l’accélération de l’annonce du limogeage du ministre de la Fonction publique, la communication gouvernementale tente de fixer l’attention sur le remaniement et la détourner des raisons profondes de la mésentente entre Abid Briki et son chef du gouvernement. En attendant des déclarations de la part des acteurs eux-mêmes, ou des récits fuités qui ne sauraient tarder, il y a lieu de croire que la réforme de l’administration et de la fonction publique, la corruption qui la gangrène et la révision des nominations sont au centre du différend entre Briki et Chahed. Il se trouve que beaucoup de ces dossiers de corruption datent de la période de la troika. Il se trouve aussi que le pic des nominations dans la fonction publique a coïncidé avec la période de la troika. D’ailleurs, l’un des quatre points de la feuille de route du gouvernement de Mehdi Jomâa , issu du dialogue national est précisément la révision des nominations. Malheureusement, ni le gouvernement de Mehdi Jomâa, ni celui de Habib Essid n’ont levé le petit doigt pour traiter ce dossier. Youssef Chahed s’est-il lui aussi, résigné face aux exigences et aux pressions d’Ennahdha concernant ce dossier. A voir les premières réactions à propos du remaniement, plutôt accueillantes de Noureddine Bhiri et de Ajmi Lourimi d’un côté et carrément sceptique de Hafedh Caïd Essebsi de l’autre, il y a lieu d’être sceptique et de se demander si Youssef Chahed n’est pas en train de glisser sur la même pente qui a fini par coûter son fauteuil à son prédécesseur Habib Essid.

 

 

D’ailleurs, à regarder ce remaniement de plus près, on constate que le parti islamiste est très présent aussi bien au niveau des limogeages que celui des nominations. En effet, le retard pris dans la nomination du ministre des Affaires religieuses est dû au droit de regard imposé par Ennahdha sur ce ministère. Le limogeage du secrétaire d’Etat au Commerce porte lui aussi l’empreinte du parti islamiste.

 

Que faut-il penser de ce remaniement donc ? Franchement, pas beaucoup de bien !     

26/02/2017 | 17:22
3 min
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Commentaires (12)

Commenter

glouba
| 28-02-2017 20:50
ce journaliste sofiene ...je n'ai plus confiance en lui depuis qu'il a participe' a trafiquer une video sur le President Dr Marzouki....un charlatan de la pire espece

Hanni2
| 27-02-2017 15:28
Du jour de sa nomination, je n'ai eu de cesse de m'étonner de tout ce pataquès fait autour de Chahed (contre qui je n'ai absolument rien) vu qu'il était de toute façon évident qu'il n'aurait aucune indépendance dans ses choix et que le critère détérminant de sa nomination était surtout et avant tout son air débonnaire de bon père de famille...en somme faire "beau" dans la vitrine politique!

Ce d'autant plus que notre Machiavel shakespearien tendance gourou du temple solaire a parfaitement compris, depuis la maudite période de la troika, que rien ne sert de s'exposer inutilement au courrou du peuple en première ligne quand on peut on peut avoir tous les avantages du pouvoir sans les désagréments qui vont avec. Il suffit pour cela de trouver un parti de gogo prêt à vendre père, mère et élécteurs pour un petit peu de gloriole...coucou Nida!

Comme le dit Hatem (salut l'ami), on sait tous qui fait la pluie et le beau temps en Tunisie...et ce depuis 2011!

Il y a eu la période vengeresse conquérante et arrogante, en somme période marzoukienne, ou ils ont fait à peu près tout ce qu'ils voulaient, surtout le pire...

Puis la période du repli stratégique le jour ou ils se sont aperçus qu'ils avaient quand même poussé le bouchon un peu loin et que ça commencait à chauffer pour leurs fesses...

Et maintenant nous sommes dans la période que je qualifierais de maturité politique! Rien ne sert de courir! Ils ont les postes influents, ils ont les ministères importants, plus rien ne peut se faire sans eux (merci le régime parlementaire) car à l'image de Marine en France, Nahda pourra toujours compter sur un minimum de 30% de fidèles qui voteront pour eux quoi qu'il arrive, quant à l'autre bout de la chaine on n'a qu'un éclatement de parti ou chacun ne pense qu'à remplir sa gamelle!

La suite du programme: attendre que la génération "perdue" (dixit Mourou) disparaisse petit à petit, que la police et l'armée soit garanties (dixit le gourou à ses enfants), et que l'éducation nationale produise de nouveaux bataillons de "fidèles" pour assuréer l'avenir de la secte...c'est en bonne voie!

Alors Chahed, Essid ou un autre, c'est vraiment anecdotique!

Hannibal

Amira
| 27-02-2017 14:45
le president de la partie Ennahdha est la personne politique qui aide le plus ces temps ci par ces deplacements, ses conseils et son respect au gouvernement. Pas de bâtons dans les roues comme on le dit. donc c'est normal qu'on a de plus en plus de respect envers lui

URMAX
| 27-02-2017 14:05
...
- C'est ça la politique : Un milieu pourri
...
- Et dans ce milieu pourri, que trouve t-on ?
...
- Des choses pourries, idiot !
...
Pour réussir en politique, chers lecteurs, il faut être :
- "M'hef"
- "Khbith"
- "Kedheb
- et parfois même un peu Sakkat"
...
Une personne honnête ne pourra jamais évoluer dans ce milieu :
Elle sera tout de suite saquée par un ou plusieurs "sakkat" !
...
Même si vos adversaires approuvent vos idée (chose qu'ils ne feront jamais en public, mais uniquement entre-eux), ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour vous couler par n'importe quel moyen.
...
Des hypocrites de 1ère classe, complètements dépourvus d'une quelconque trace de "valeur morale".
...
Rien ; Niets ; Nothing ; Nada !
...
À la rigueur, ils essayerons aussi de vous chiper vos idées (qu'ils apprécient, au fond) et ce, afin qu'ils puissent les utiliser pour LEUR propagande !
...
Aucune sincérité
...
Et c'est précisément pourquoi, l'arène politique restera continuellement une sorte de "manège noir" insalubre, où il fait mauvais y rester !
...
URMAX

Moi
| 27-02-2017 11:08
Le jour où l'on fera abstraction de son ego, de ses intérêts personnels et de son petit confort personnel, l'on se mettra à faire de la vraie politique pour l'intérêt du peuple!A bon entendeur salut.

bahr
| 26-02-2017 20:40
ils improvisent. Ils continuent à servir des intérêts limités. Ils cherchent toujours à apprivoiser un pouvoir qui ne leur appartient qu à moitié.
Nous récoltons le fruit du pouvoir partagé, de la guerre entre l'ancienne dictature prétendue libérale qui ne détient que deux pied du trône et la nouvelle dictature intégriste qui détient déjà le dos et le siège en plus des deux pieds, et cherche à convoiter ce qui reste.
et au milieu, une syndicale qui lutte aux cotés de quelques noms de la société civile, dont le poids est presque égal au nul. A eux seuls, ils ne pourront faire briller le soleil sur notre belle Tunisie.
pauvre peuple que nous somme. La dérive est déjà là.

tounsia2
| 26-02-2017 19:36
Maintenant qu'on sait un peu plus sur les raisons de la démission/limogeage du ministre de la fonction publique, on ne peut que regretter la décision de BCE (et non Chahed) qui a montré encore une fois qu'il n'a aucune volonté sincère pour traiter les dossiers les plus brulants, en l'occurrence celui des nominations partisanes qui sont pourtant à l'origine du dysfonctionnement, voir même du blocage observé dans différents ministères; BCE ne cherche qu'a être le seul maître à bord et au diable les accords et les engagements, mais cette fois il ne s'en sortira pas face à l'UGTT et c'est tant mieux car dans les circonstances actuelles et en absence d'une vraie opposition, l'UGTT malgré ses excès de zèle, reste la seule force dans notre pays capable de jouer le rôle de contre- pouvoir et nous protéger de la dictature de l'alliance Nida-nahda qui se met place doucement mais surement. . .

Nephentes
| 26-02-2017 19:28
"la réforme de l'administration et de la fonction publique, la corruption qui la gangrène et la révision des nominations sont au centre du différend entre Briki et Chahed"

Briki était incontestablement l'un des ministres les plus actifs et déterminés.

Les plus intègres et les plus patriotes, aussi.

Le gouvernement vient de démontré qu'il est sous emprise. Emprise malsaine, visant à sauvegarder un capitalisme de cartels et de copinage.

Une oligarchie anti-démocratique, contre l'intérêt supérieur du peuple tunisien. Un véritable cartel de l'ombre.

Une faute grave de la part du gouvernement Chahed, qui perd beaucoup de crédibilité dans cet épisode. Reprise virulente des mouvements sociaux en vue.

Ripoux contre imbéciles.

Foufou2
| 26-02-2017 19:25
Je ne vois pas pourquoi vous vous fatiguez à analyser une situation qui est assez limpide ,si on prend la peine de décortiquer les annonces ,de lire les diktats déjà publiés et d'en tirer les conséquences.Je voudrais juste vous rapppeler que le FMI et la Banque Mondiale,leurs vassaux européens ont déjà publié les mêmes memorandums à plusieurs reprises .Dans ces textes,il était mentionné ce que les Tunisiens doivent faire avec pour éventuelle conséquence,en cas de refus,le non-octroi du moindre prêt.C'était déjà visible lors de la dernière sortie de l'Etat tunisien sur les marchés financiers.
Autrement dit,Ghariani va s'attaquer à la fonction publique(comment?je n'en sais rien mais c'était prévisible.)La vente des banques aux actionnaires privés est la deuxième mesure.Il reste la privatisation de toutes les sociétés publiques.
Quand tout cela sera fait,je ne sais pas où on en sera .Mais il suffit de regarder du côté de la Grèce pour savoir dans quelle direction s'oriente.......
Apparemment,vers la faillite de l'Etat...à moins de retrouver de nouveaux investissements .Pour ce faire,nous avons besoin de moins d'Etat,de moins d'administration,de moins de carcans,de moins de centralisation,de plus d'encouragements pour toutes sortes d'investissements locaux.Bref,si on ne fait qu'exécuter les ordres du FMI,si on continue à accumuler les dettes,le gouffre sera béant et l'avenir de nos enfants sera hypothéqué.Si,en revanche,on l'accompagne de nouveaux investissements tout azimut ,alors la Tunisie s'en sortira tôt ou tard.Il faut simplement(facile à dire) aller au-delà de ce que les pontes de l'UTICA ainsi que les 4 grosses familles tunisiennes(dixit la banque mondiale) qui possèdent le pays pourraient objecter.
Bref,dur dur ....

N.Burma
| 26-02-2017 17:49
Nous pourrions être deux à être dubitatif voire critique dans le commentaire de ce remaniement tape à l'o e i l qui fait siennes des copains et des coquins dans l'exercice des fonctions d'Etat, je veux signifier la nomination du ministre de l'Utica, marchand de yaourts qui se place à la fonction publique, au même titre qu'un policier à la main lourde voire tortionnaire que vous placeriez au ministère de l'Education.
L'autre réserve, c'est celle des honteuses nominations familiales à des fonctions publiques d'Etat, qu'il s'agisse de fonction d'ambassadeur ou de ministre de la fonction publique. On ne peut pas, critiquer à juste titre les nominations à la ben-ali et se taire des nominations à la BCE.

Pour le reste, vous admettrez, Sofiane Ben Hmida que former un gouvernement de quarante ministres et secrétaires d'Etat dans un pays d'à peine onze millions de citoyens et quatre vingt-cinquième au classement des pays par la création de richesses, alors que, la France qui compte six fois plus de citoyens et qui est placée au septième rang mondial par la puissance, compte moins de 36 ministres et secrétaires d'Etat, c'est signifier que l'efficacité n'est de loin pas la priorité du gouvernement mais par contre la distribution des places gouvernementales comme une distribution de pots de yaourts lors des promotions est sans doute plus vraie.
Dernier détail, cher Sofiane, votre texte parle de différent, là où le différend siérait mieux ! Je sais que les secrétaires ne sont pas des génies de la syntaxe, mais votre signature vous engage.