Comme attendu, le parti Machrouû présidé par Mohsen Marzouk a annoncé au cours d’une conférence de presse, son retrait du Pacte de Carthage et son désengagement envers le gouvernement d’union nationale présidé par Youssef Chahed. Depuis, certains s’activent à faire porter la responsabilité de l’échec de tout le processus de l’union nationale entamé en juin 2016 au tonitruant leader du Machrouû. Sous peu, on lui collerait l’image du judas de la classe politique tunisienne. Pourtant, on savait, dès l’annonce de sa création, que le Pacte de Carthage était dénudé de sens et qu’il n’existait pas réellement alors, pour parler de sa fin aujourd’hui.
En lançant son initiative de gouvernement d’union nationale, le président de la république Béji Caid Essebsi avait un objectif essentiel : trouver un moyen « politiquement correct » d’évincer l’ancien chef du gouvernement Habib Essid à qui tout le monde reprochait le manque de détermination et d’autorité ainsi que le passage au rouge de tous les indicateurs économiques sous sa direction. Mais tout le monde savait aussi que le courant ne passait plus entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement, et que c’était très probablement là, la principale motivation de l’initiative présidentielle. Un an et demi après, on se retrouve malheureusement dans la même configuration : des indicateurs au rouge, un chef de gouvernement qui semble hésitant, incapable de prendre des décisions franches, notamment en matière de nomination des responsables et des hauts cadres administratifs ainsi qu’au niveau de la lutte contre la corruption; et une brouille cordiale et à peine voilée entre les locataires de Carthage et de la Kasbah.
Autre élément important à prendre en compte, en 2014 comme en 2016, c’était le chef de l’Etat lui-même qui avait choisi et imposé presque, son candidat au poste de chef de gouvernement. Le problème originel du Pacte de Carthage, c’est que la centralité n’a pas été accordée, comme cela aurait dû être, à la question de l’unité nationale mais au rôle du chef de l’Etat sur l’échiquier politique, en dépit des contraintes constitutionnelles. Cela n’est pas sans nous rappeler, sous certains aspects, l’épisode malheureux de 1989 quand beaucoup ont cru que le Pacte National avait pour objectif de renforcer l’unité nationale sortie fragilisée d’une longue et tumultueuse fin de règne, avant de découvrir, trop tard pour le pays hélas, qu’il n’avait d’autres objectifs que de raffermir l’autorité de l’ancien président Ben Ali. Notons aussi que le parti Ennahdha est le seul rescapé en 2016, parmi les signataires du pacte de 1989. Cela lui avait permis de cesser les poursuites, pour quelques temps seulement, contre ses militants. Cela lui permet aujourd’hui, tant bien que mal, de se maintenir au pouvoir depuis plus de six ans.
Quant à la question de l’union nationale, on savait dès le départ que cette union était difficilement réalisable dans le cadre du Pacte de Carthage. Une union nationale ne pouvait se construire, en effet, en dehors des principales forces de l’opposition. Or, le Front populaire avait annoncé clairement, au tout début des négociations, qu’il n’était pas concerné par l’initiative du chef de l’Etat.
On peut reprocher d’ailleurs beaucoup de choses au Front populaire et à ses dirigeants mais on ne peut que constater leur constance, contrairement à d’autres dirigeants parmi les signataires du Pacte de Carthage. L’annonce du retrait du Machrouû n’est que le dernier désistement d’une longue liste composée de Afek, Joumhouri, UPL même s’il est revenu sur sa décision, mouvement Echâab et le Massar. Ces deux dernières formations continuent à adhérer au processus de Carthage tout en annonçant clairement leur opposition.
Seulement aujourd’hui, on n’est plus au stade de discuter de la centralité de la question de l’unité nationale. On est juste au point de se demander s’il est encore permis de faire subir au pays un nouveau traumatisme de remaniement gouvernemental partiel soit-il, ou d’accepter une longue période pré-électorale, de gestion des affaires courantes de l’Etat. Le drame qui continue de secouer le pays est en effet l’éminence, pour les leaders politiques, depuis l’annonce des résultats des élections de 2014, des élections législatives mais surtout la présidentielle de 2019.


Commentaires (7)
CommenterCes 2 vieux, bled falsouha
Le PACTE DE CARTHAGE, la feuille!
Encore faut-il que le vieux soit sensible à la rue, les dernières agitations sont "UN SIGNE"!!!
Pacte de Carthage
A propos de sexe l'un des deux "PACSES" dit à son CON CUBIN:Nous sommes toujours PACSES mais je prends"MONTPLAISIR"ailleurs.