Helios Cars, concessionnaire de BYD en Tunisie, a importé la BYD Tang EV 100% électrique et l’a mise à la disposition de Business News pendant cinq jours pour des tests grandeur nature. Bluffant le SUV, bluffant !
Alors que certains pays ambitionnent de voir leur parc automobile 100% électrique d’ici 2030 (2035 pour l’Europe), la Tunisie est à la traîne et ne compte encore que quelques dizaines de véhicules électriques dans son parc. La faute à l’État, aux concessionnaires ou à la sempiternelle procrastination tunisienne parfumée d’« Allah ghaleb » ?
En ce qui concerne l’État, les lois de finances 2023 et 2024 prévoient 0% de droits de douane pour les véhicules électriques neufs et 50% de rabattement pour les hybrides. En dépit de cet encouragement, les concessionnaires ne se bousculent pas vraiment pour importer des modèles électriques. La raison, c’est que l’encouragement de l’État est juste de façade. Réellement, le pays est loin d’être prêt et il n’y a pas uniquement les exorbitants frais de douane qui freinent l’importation de ce type de véhicules. La Steg, l’ANME et le ministère des Transports ne sont pas encore à l’heure de l’électrique et continuent à trainer le pied pour mettre en place la législation et les encouragements nécessaires pour que les Tunisiens adoptent l’électrique à l’instar de plusieurs pays développés et même en voie de développement.
Certains concessionnaires ont cependant pris les devants à l’instar de MG, mais aussi de BYD, numéro un mondial des véhicules électriques qui ont mis à la disposition de la presse tunisienne des modèles 100% électriques pour les présenter aux Tunisiens. Quoi de mieux pour conquérir un marché que des tests grandeur nature pour les gros clients et les leaders d’opinion ?
Helios Cars a importé la Tang et prévoit de ramener la berline Han d’ici la fin de l’année. Le concessionnaire fait les choses en douce et ne s’attend pas à en vendre des centaines en 2024. Il joue sur le long terme et se positionne pour conquérir le marché tunisien, quand celui-ci sera prêt, et en devenir leader.
Au salon de Paris 2022, la marque a été des plus agressives et n’a pas caché son ambition de conquérir l'Europe et le monde. Moins de deux ans après, force est de constater que BYD trône déjà sur le podium. À l’occasion, Business News a testé dans les rues parisiennes la Tang et la Han, toutes les deux 100% électriques et c’était bluffant. Nous étions impatients de voir ces deux modèles circuler à Tunis et c’est désormais chose faite.
Et c’est à bord d’une Tang EV rouge, 100% électrique, que nous avons testé cinq jours durant les performances de ce 4x4 des plus charmants.
De l’extérieur, la grosse calandre offre à la Tang une allure agressive et un look sportif. Ses lignes dynamiques, ses feux arrière couvrant l’entièreté de la malle, ses jantes noires de 22 pouces au-dessous desquelles on voit les patins de frein rouges reflètent une beauté certaine et un luxe digne des plus grandes marques. Ses dimensions de 4,87 m de long pour 1,95 m de large et 1,725 m de haut lui donnent de l’allure et de la prestance et tous ces atouts positionnent la Tang bien devant ses principales concurrentes compatriotes, notamment les Haval H6 et Cherry Tiggo 8 Pro. La question de la beauté reste subjective, certes, mais il n’y a pas à dire la BYD Tang se distingue du lot des SUV chinois proposés sur le marché tunisien.
À l’intérieur, l’impression reste positive. De prime abord, on remarque les sept confortables places, un atout qui la favorise, notamment chez les grandes familles, puisque ses concurrentes sont majoritairement à cinq places. L’accès aux deux places de derrière est facile et l’espace dans les trois places du milieu est suffisamment grand pour offrir aux grands gabarits tout le confort du voyage.
On ne peut qu’apprécier également le siège du conducteur qui recule à l’ouverture de la portière permettant un accès plus confortable derrière le volant.
L’espace de chargement est énorme et bien supérieur à la concurrence. Il évolue de 940 à 1.655 litres et conserve au minimum 235 litres si le véhicule est en mode sept places.
Dans l’habitacle, l’ambiance est clairement premium avec une bonne qualité générale des matériaux, de finition et des coutures surplombant le tableau de bord. On apprécie également les lumières d’ambiance (sous le tableau et dans le levier de sélection de marche) qu’on peut changer selon ses propres goûts. Le tableau de bord est bien entendu numérique et affiche en gros caractères la consommation électrique instantanée, la vitesse, la charge disponible, la température, l’heure etc. On y lit également les panneaux de limitation de vitesse et ça clignote dès lors que l’on dépasse la vitesse limite. Au milieu, il y a l’écran tactile rotatif de 12,8 pouces permettant de commander l’ensemble des fonctionnalités. Plusieurs de ces commandes sont également disponibles sur les touches du volant.
De série, la BYD Tang propose une multitude d’autres fonctionnalités qu’on trouve en options chèrement payées chez la concurrence, à l’instar de la vibration du volant lors du franchissement des lignes continues ou discontinues, l’éclairage full led, les rétroviseurs électriques rabattables, le toit ouvrant panoramique, la clé intelligente, le démarrage mains libres et à distance, la climatisation bizone, l’alarme antivol, le système de surveillance de la pression des pneus, le régulateur de vitesse…
Tout n’est cependant pas parfait et il reste encore des progrès à faire du côté du constructeur chinois. Les sièges ont beau être chauffants, la qualité du cuir (simili en fait) est basique et risque de ne pas résister à l’épreuve des années et des enfants.
Seules deux langues sont proposées sur l’écran tactile, le mandarin et l’anglais. Pour un constructeur ambitionnant de conquérir le monde, il aurait pu faire l’effort de recruter un traducteur et proposer davantage de langues à ses clients.
Le vrai test du BYD Tang EV est sur route. Dès le démarrage, ce qui frappe le plus, est le silence de l’électrique. Magnifique de voir un véhicule bouger sans faire de bruit. Tout aussi magnifique de ne pas devoir attendre que le véhicule chauffe avant de démarrer, comme sur les thermiques. Il y a cependant un couac au bonheur du silence, les piétons et les chats errants risquent de ne pas vous entendre arriver. Il faudrait donc un surcroit d’attention à son environnement lors de la conduite.
Sous le capot, il y a 500 chevaux, deux moteurs (un pour chaque essieu) ce qui en fait un véhicule aux quatre roues motrices. Comme nous avons pu le tester, le 0 à 100 ressemble à un décollage et le Tang n’a rien à envier aux plus sportives. Il se fait en 4,6 secondes, selon les données constructeur. Ces accélérations démontrent qu’il n’y a pas que le look extérieur qui est sportif et c’est là la plus grande satisfaction que peut avoir tout propriétaire d’une Tang.
La batterie offre une autonomie de 400 kilomètres, selon les données du constructeur, mais le concessionnaire nous annonce que la nouvelle version du Tang va disposer d’une batterie plus grande et donc d’une autonomie plus longue. Mais ceci reste théorique et ne prend pas en considération l’utilisation ordinaire. Allumer les feux, le climatiseur, la radio ou le Bluetooth sont autant d’actes énergivores. Idem si on a une conduite nerveuse ou si l’on actionne le bouton de la conduite sportive pour plus de plaisir.
La consommation moyenne annoncée est de 23,8 kWh/100 km, mais c’est bien au-delà si l’on tient à profiter pleinement de sa voiture.
La hantise de tout propriétaire de voiture est de voir sa batterie à plat, surtout dans un pays comme le nôtre où les bornes de recharge ne sont pas encore disponibles partout.
Très présent dans les énergies renouvelables, le groupe propose des configurations avec le solaire ce qui fait que la recharge devient totalement gratuite. Pour ne pas voir son véhicule tomber en panne sèche (ça se dit ?), il faut juste une petite adaptation. Il suffit de recharger sa voiture tous les soirs comme on le fait avec son portable. Pour les longues distances, il faudrait néanmoins patienter 7h24 pour recharger sa batterie de 20% à 80% sur une borne de courant alternatif et 51 minutes sur une borne de courant continu.
Sur route, le comportement de la Tang est des plus confortables. On ne sent pas du tout ses 2489 kilogrammes, son amortissement est efficace et sa suspension est des plus souples. On ne se rend pas compte de la vitesse si l’on ne fait pas attention à l’afficheur digital. Précisons que le constructeur annonce une vitesse maximale de 185 km/h. Le freinage, même en cas de freinage brusque, n’est pas pénible pour les passagers. Le constructeur annonce qu’il faut 36 mètres pour passer de 100 km/h à l’arrêt complet. Rappelons au passage que le freinage et la décélération permettent une récupération d’énergie.
Raouf Ben Hédi