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Non… le terrorisme n’est pas mort !
25/06/2018 | 19:59
4 min
Non… le terrorisme n’est pas mort !

Un autre berger vient d’être tué par un groupe terroriste. L’information, tombée dans la journée d’hier, rappelle le drame de la famille Soltani qui a vu ses deux fils, Mabrouk et Khalifa, tués par des terroristes en 2015 et 2017. Si, à l’époque, cette attaque avait créé un séisme médiatique et politique, celle d’hier est presque passée dans l’indifférence générale.

 

Le terrorisme est le danger qui guette la stabilité de la Tunisie depuis l’avènement de la révolution. La lutte contre ce fléau fait partie intégrante des priorités des gouvernements qui se sont succédé. Cependant, et malgré les multiples succès réalisés dans ce domaine, le danger reste permanent. La menace persiste encore. Et là, le décès du berger annoncée dans la journée d’hier en témoigne.

 

Alors que tout le peuple tunisien vivait sur le rythme de la coupe du monde, le samedi 23 juin 2018, une terrible nouvelle est annoncée. Des éléments terroristes ont attaqué des soldats de l’armée nationale et le berger Lamjed Griri dans la région de Kasserine. Le berger se trouve dans un état très critique, les terroristes l’ont torturé en lui sectionnant, entre autres, le nez. Sept soldats ont été blessés dont certains se trouvent encore dans un état critique.

 

L’attaque a eu lieu sur les frontières algériennes du côté de Feriana, dans la partie Ouest du mont Châambi. La victime âgée d’une trentaine d’années, connaissait bien la région et ses différents recoins. Le groupe des terroristes qui l’ont croisé à multiples reprises voulaient lui soutirer des informations et obtenir son aide, chose qu’il a catégoriquement refusée. Ils l’ont, donc, menacé de mort. Le jeune homme avait alerté les autorités, mais le long trajet qu’il devait effectuer, à ses propres frais, pour se rendre à la ville de Kasserine l’a dissuadé de poursuivre sa démarche. Cela ne l’a pas empêché, tout de même, de faire part de ces menaces et de sa crainte à certains membres de sa famille. Et ce n’est que le samedi, où tout le monde était occupé par le match de football qui opposait la Tunisie à la Belgique, que les terroristes sont passés à l’acte. Torturé et violenté, le jeune berger a été transporté par une patrouille militaire pour recevoir les soins nécessaires. Un accident survient en cours de route et sept soldats sont blessés.

Même s’il était cliniquement mort, il a été transféré par hélicoptère à l’hôpital militaire dans une dernière tentative de sauvetage. Mais malgré tout, le berger a succombé à ses blessures et l’annonce officielle du décès ne s’est faite que le lendemain.

 

Le jeune berger, torturé à mort rejoint la liste des frères Soltani qui ont vécu le même sort en 2015 et 2017. Ces jeunes bergers, dont la nature de l’activité les pousse à sillonner les montagnes sont en danger permanent. Ils ont beau alerter et demander la protection nécessaire, cela semble tomber dans l’oreille d’un sourd. Ces citoyens tunisiens qui aident le gouvernement, par les moyens qui leur sont disponibles et en indiquant aux autorités les mouvements des terroristes, demeurent en danger constant.

 

Si Mabrouk Soltani ou son frère Khalifa ont bénéficié d’une reconnaissance à la suite de leur décès, la mort de Lamjed Griri a été quelque peu ignorée. On fait face à un silence radio de la part des autorités, du gouvernement et de la présidence de la République. Il en est de même pour les partis politiques qui semblent plus penchés sur les calculs étroits et les deals concernant la mise en place des conseils municipaux et tous les enjeux qui vont avec. Aucune indignation, ni encore de contestation. On vit, actuellement, une certaine banalisation du phénomène du terrorisme qui reste le danger numéro un qui guette la stabilité politique et économique du pays.

 

L’institution sécuritaire a certes enregistré plusieurs réussites dans le combat contre le terrorisme, mais cette lâche attaque terroriste fait remonter à la surface la réalité de la menace terroriste, qui n’a jamais cessé d’exister. Les dispositions de l’institution sécuritaire doivent demeurer intactes et les processus de réformes et restructurations doivent se poursuivre. Une bonne partie des nominations effectuées lors du dernier mouvement sécuritaire ont été engagées dans ce sens.

 

En tout état de cause, la torture à mort du jeune berger de Kasserine Lamjed Griri ne peut passer inaperçue. Sa mort ne peut se réduire à un simple fait divers ou encore à un événement anodin. La banalisation du terrorisme est encore plus grave que le terrorisme en soi, d’autant plus que le nombre des cellules dormantes est élevé outre les combattants qui reviennent de la Syrie. La vigilance reste de mise et on ne criera jamais assez au scandale face à cette barbarie et à ce fléau qui nous menace à chaque instant.

 

Sarra HLAOUI

25/06/2018 | 19:59
4 min
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Commentaires (3)

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Gg
| 26-06-2018 12:09
Les services de renseignement français ont déjoué cette semaine un projet d'attentat contre des mosquées salafistes en France.
Plus d'une dizaine de personnes ont été arrêtées, parmi elles d'anciens policiers et militaires.
'?a promet...

Hanni2
| 26-06-2018 09:05
D'abord sur ce berger que Dieu ait son âme!...quelle horrible facon de mourrir, de la main de ses compatriotes et corréligionnaires...

Et oui c'est banalisation de la barbarie humaine est terrifiante pour ce quelle dit de ce que nous sommes devenus...

Mais peut-il en être autrement losrque vous avez au sommet de l'état des "hommes" qui cautionnent et même encourage cette barbarie?
Des hommes qui présente le nihilisme comme la bonne pratique religieuse? Des hommes qui ont publiquement appelé au jihad, au meurtre et à la lapidation et qui restent libre comme l'air, pas le moins du monde inquiétés...

Alors comment s'étonner de cette banalisation du terrorisme? Tant que ceux qui l'alimentent sont même candidats à la présidentielle de ce pays...

Hannibal

Ali Baba au Rhum
| 25-06-2018 22:07
cette fois le terrorisme frappe en plein chamboulement du ministère de l'Intérieur, alors qu'un projet de réforme portant sur le code du statut personnel et la liberté de conscience ,soulève l'ire du courant fondamentaliste; et que le prix du carburant augmente pendant que le dinars poursuit sa dégringolade.