
Dissensions internes, déclarations inaudibles, coups bas politiques, exclusion des femmes, sabotages de réunions…Le parti présidentiel, Nidaa Tounes, poursuit sa fulgurante désagrégation au rythme effréné des coups de théâtre répétitifs. Les portes claquent et les fenêtres aussi dans une agitation frénétique annonçant les prémices d’un nouveau schisme au sein du parti. Le feuilleton de la déconfiture de Nidaa se poursuit sans que cela ne freine ses ambitions d’incarner le destin collectif lors des prochaines élections municipales…
Mercredi 7 juin 2017, la scène politique tunisinenne a connu un nouveau feuilleton. Suite à une réunion des bureaux des bocs parlementaires d’Ennahdha et Nidaa Tounes à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Hafedh Caïd Essebsi (HCE), le chef du bureau exécutif de Nidaa Tounes et Rached Ghannouchi, le leader du mouvement Ennahdha, décident de s’allier pour donner naissance au comité supérieur de coordination permanent.
Une décision consensuelle qui intervient au lendemain de la crise annoncée des pays du Golfe et dont les buts serait, selon les termes du communiqué conjoint de « renforcer la coordination entre les parties signataires de l’Accord de Carthage, accélérer la mise en place de la cour constitutionnelle, faciliter les démarches en faveur des prochaines élections municipales et adopter rapidement le code des collectivités locales ».
Un concubinage entre deux partis aux idéologies opposées qui a suscité une vive polémique. Trahison, tentative de faire capoter les travaux du chef du gouvernement, opportunisme électoral, contrattaque suite à l’enclenchement de la crise du Golfe, moyen de détourner la politique de lutte contre la corruption... Une confusion des genres qui a soulevé un véritable tollé d’indignation, notamment au sein du parti puisque 21 coordinateurs régionaux de Nidaa Tounes ont décidé de sortir de leur silence pour tenter de remettre le parti sur les rails.
Ainsi, dans un communiqué incendiaire publié le lendemain, jeudi 8 juin 2017, les 21 coordinateurs régionaux de Nidaa ont décidé de jouer cartes sur table et ont pointé du doigt ce qu’ils estiment être une extrême « humiliation ». Ils ont évoqué le glissement du parti vers l’inconnu, la déviation de son idéologie originelle, l’usurpation des places des bâtisseurs du parti par des usurpateurs qui se sont placés eux-mêmes, la violation des lois et du règlement intérieur… Ils y dénoncent également la lâche entreprise de semer la confusion au sein des structures du parti appelant, les membres du bureau politique du parti à « prendre leur responsabilité historique et indispensable devant Dieu et la nation ».
Rien que ça ! Pour redonner au parti sa place naturelle de garant du pouvoir en place tirant sa légitimité des urnes, les coordinateurs ont organisé une réunion hier dimanche 11 juin 2017 à Sousse à laquelle ont assisté non pas les 21 signataires du communiqué incendiaire mais cinq députés, dont deux fondatrices du parti Samah Dammak, et Wafa Makhlouf, et 12 coordinateurs de Bizerte, Tunis 1, Ben Arous 2, Zaghouan, Nabeul 2, Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax 1, Kasserine, Le Kef et Kairouan. Dans l’audience, il y avait également Souad Zaouali, Zohra Driss, Ons Hattab, Hédi Gueddich, Taher Battikh, Mondher Laâmari, Kassem Makhlouf, Ahmed Zaklaoui et Houssem Bari. Les décisions qui ont été prises indiquent que les députés rejoindront un autre bloc parlementaire. Par ailleurs, d’autres informations font état de la mise en place d’un congrès électoral urgent.
Pour contrer la réunion de Sousse et discréditer ses détracteurs, le directeur autoproclamé du parti, HCE, a, à son tour, organisé une réunion à Tunis le même jour à 16h. Une contre-offensive enfantine destinée à court-circuiter la réunion de Sousse et à laquelle ont bien-sûr participé le chef du bloc parlementaire de Nidaa, Sofiène Toubel, le dirigeant au sein de Nidaa et désormais porte-parole, Khaled Chaouket, ainsi que 8 coordinateurs régionaux, dont 5 ont été nommés la veille.
Comme dans un miroir aux alouettes, les 8 détracteurs auraient décidé de se rallier à la cause du chef du bureau exécutif de Nidaa. Il s’agit de Mohamed Massoudi (Gabès), Said Heni (Sidi Bouzid) Wissem Okkez (Béja), Fadhel Maâroufi (Jendouba) Raouf Rekik (Nabeul1), Lassâad Jeridi (Médenine), Mustapha Ben Said (La Manouba) et Abdelhamid Hammami (Siliana). Le chargé du dossier politique du parti, Borhen Bsaies, ainsi que Samir Laabidi, nouvelle recrue au sein de Nidaa, n’étaient pas présents à cette réunion.
Pour donner de plus amples détails sur cette « réunion-riposte », Khaled Chouket a, dans une déclaration accordée à Shems Fm ce lundi 12 juin 2017, affirmé que le communiqué conjoint d’Ennahdha et Nidaa n’est que la continuité de la politique consensuelle mise en place par le chef de l’Etat, Béji Caïd Essebsi. Et d’ajouter que la création du comité supérieur de coordination permanent n’est que la suite logique « du compromis mis en place lors de la réunion qui s’est tenue à Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi »…
L’alliance incestueuse entre Ennahdha- Nidaa tirerait donc sa légitimité de là. Il a ajouté que sur les 21 coordinateurs régionaux et détracteurs de l’alliance Ennahdha- Nidaa, seuls 10 coordinateurs ont véritablement signé le communiqué en cause. Les autres ont vu leurs noms apposés sur un document dont ils n’avaient pas connaissance… L’intrigue se poursuit puisqu’il est désormais question d’usurpation des identités de coordinateurs et la confusion des chiffres et des intentions bat son plein.
Dans cette médiocrité ambiante, Ennahdha tente de sauver les meubles en jouant la carte de l’union salvatrice des deux partis au pouvoir. C’est dans ce sens que le président du conseil de la Choura, Abdelkarim Harouni, est intervenu ce lundi 12 juin 2017 dans la matinale de la Radio Nationale et qu’il a déclaré « les dangers qui entourent la Tunisie nécessitent une coopération entre les partis et cela en dépit de leurs différences. Le but du comité supérieur de coordination permanent n’est pas de créer une coalition mais une entraide solidaire ». Quid du timing de cette alliance (qui en est bien une) ? Quid également de la stratégie commune qui sera adoptée par les deux partis lors des prochaines élections municipales ?
Alors que les démissions au sein de Nidaa se succèdent et que les dirigeants d’Ennahdha sont en proie à de graves accusations, cette alliance intervient comme le moyen de se serrer les coudes pour affronter cette période délicate de révélation des vérités. Les décisions qui ont été prises suite à la réunion des coordinateurs régionaux à Sousse sont le signe qu’un énième schisme au sein de Nidaa Tounes est à venir. Il n’y aura plus une seule faction dissidente au sein du parti mais deux. Le jeu démocratique a encore de beaux jours devant lui…
Khawla Hamed

Commentaires (15)
CommenterPar des mains amies !
Être dans le vent est une ambition des feuilles mortes
Aaah ... LES PARTIS POLITIQUES : ... DES POLICHINELLES ALLANT DE DECONFITURE EN MARMELADES PUIS EN CHAKCHOUKA !
L'autre jour, dans un post précédent, je parlais des "lobby" : Rappel de la définition :
[Un lobby est une structure organisée pour représenter et défendre les intérêts d'un groupe donné en exerçant des pressions ou influences sur des personnes ou institutions détentrices de pouvoir.].
...
Cette structure ne défendra donc pas - en priorité - les intérêts d'un état, puisque le seul intérêt comptant à ses yeux, c'est le sien et se résumant en un mot simple : "Argent" ; ce dernier dictant tous ses principes.
...
Eh bien, un parti politique - quel qu'il soit - peut tout à fait être qualifié de lobby ' « argent » étant simplement remplacé par « pouvoir ».
Explication :
...
- Un parti politique ne recherche que son intérêt : Asseoir un max de ses pions dans l'échiquier politique, gouvernemental ou parlementaire ;
- Un parti politique dira toujours qu'un autre parti - concurrent en lice ' « à tort » et ce, même si certaines idées ou concepts proposés seraient valides et novateurs si appliqués - l'objectif premier étant "de couler l'adversaire" et de le discréditer aux yeux de l'opinion publique ;
- Profiter de « l'influence engendrée » en s'octroyant ' pour les membres - des dépassements comportementaux et éthiques et, bien sûr, sans oublier « les amis » qui auront permis « d'en arriver là ».
...
Bref, on pourrait en dire encore d'avantage, mais pour revenir au sujet, ce ne sont donc pas des structures saines qui prônent en priorité l'intérêt de l'état, mais bien le leur. C'est véreux et gangrené de l'intérieur.
...
Vous me direz [gouvernement "d'union nationale"] etc. ... ; mon 'il ! Regardez un peu les remous les secouant tous ; chacun cherchant - tout de même - à prendre l'ascendant sur l'autre ...
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Voici une des raisons pour laquelle un parti politique est parfaitement assimilable à un "lobby".
...
Ce qu'il faudrait - et ce qui serait le mieux pour une nation - serait :
...
1/ De couper l'attrait monétaire engendré par « l'appât du gain » en réduisant (taillant !) les rémunérations et autres avantages en nature. Déjà, là, une belle frange de "profiteurs" (à l'image du taux d'absentéisme de ces députés, payés pour ne rien faire, ou qui y viennent pour dormir, comme déjà vu), n'existerait plus ; l'objectif étant là, de trier sur le volet [ceux qui sont vraiment là pour servir la Nation] et non pas pour « profiter de ».
...
2/ Supprimer définitivement toute forme d'immunité ; cette faveur favorisant amplement la corruption et l'abus de pouvoir à tous les niveaux [sous prétexte que « flen ou si flen ou oueld flen »].
...
3/ Mettre en place une structure gouvernementale composée de technocrates ; chaque poste clé étant alors géré par "un trio de spécialistes du domaine" doublé d'un expert financier confirmé et d'un législatif relevant directement de la magistrature et ce, en guise de "contrôleur interne" ; les bureaux spécialisés ("cabinets" et "experts auditeurs") étant ' disons-le franchement - facilement corruptibles, tout comme le reste, d'ailleurs.
...
URMAX
Nidaistes et Nahdhaouis aux mains sales, dégagez svp
La suite logique du rendez-vous de paris
Encore un coup bas du vieux renard...
Quel gâchis
C'est un constat amer qui est en grande partie dû à l'incompétence reconnue du fils de son fondateur.
Ce parti finira aux oubliettes de l'histoire, comme biens d'autres,et ce que l'on retiendra, c'est l'entêtement de HCE. à vouloir diriger un parti politique sachant qu'il n'en avait pas l'étoffe.
Quel gâchis.
NIDAA
Slogan
EXAGÉRATION DANS LE TITRE

