L’expert et professeur universitaire en économie, Moez Hadidane, a considéré que les citoyens ressentaient une différence entre le taux d’inflation communiqué par l’Institut National de la Statistique (INS) et les hausses des prix dans les marchés et grandes surfaces en raison des produits pris en considération dans les estimations. Il a considéré que l'INS devrait envisager une révision des indicateurs pris en considération.
Invité le 9 mai 2022 par Hatem Ben Amara sur les ondes de la Radio Nationale, Moez Hadidane a expliqué que le taux d’inflation communiqué était une moyenne. « Le taux d’inflation enregistré au niveau des produits alimentaires est de 8,7%. Il s’agit d’une moyenne. L’INS a, à titre d’exemple, précise que le prix des œufs a évolué de plus de 20%... L’INS a estimé que les produits alimentaires représentent 26% des dépenses des Tunisiens », a-t-il ajouté.
L’expert a précisé que le logement et la consommation d’énergie représentaient 19% des dépenses. Il a considéré que ces quotas devaient être révisés. Il a rappelé que l’enseignement, selon l'institut, ne représentait que 3,2%. « Or, l’enseignement est très important pour les Tunisiens. Nous devons prendre en considération l’évolution des frais d’inscriptions dans les établissements privés… C’est pour cela que le taux d’inflation de 7,5% ne correspond pas à la réalité », a-t-il dit.
Moez Hadidane a expliqué que les prix ont augmenté de 85% durant les dix dernières années. En contrepartie, le taux de croissance cumulé depuis 2010 n’a pas dépassé les 12,5%, soit 1% par année. Le revenu national disponible brut, de son côté, a progressé de 89% si le calcul est réalisé en dinar. L’expert a expliqué que le calcul en dollar démontrait une baisse de ce taux de 2,5% pour la période 2010-2022. « Nous avons détruit la richesse et le revenu du Tunisien en l’espace de dix ans. Le revenu national disponible brut est passé de 4.000 dollars à 3.900 dollars… Le Smig en dinar a progressé entre 2010 et 2022 de 58%. Le calcul en dollar démontre que ce dernier a régressé de 26% pour la même période… La valeur du dollar par rapport au dinar a progressé de 110% en l’espace de douze ans », a-t-il signalé.
Moez Hadidane a affirmé que la Tunisie traversait une grande crise financière. Il a expliqué que des bons de trésor assimilables à hauteur de 808 millions de dinars devaient être encaissés à la date du 9 mai 2022. « Selon la Banque Centrale de Tunisie, le solde du compte courant du trésor est de 2.500 millions de dinars. Or, les salaires mensuels coûtent à l’Etat 1.600 millions de dinars. Le solde du compte du trésor continuera à diminuer puisque le 11 mai correspond à la date d’encaissement de bons du trésor d’une valeur totale de 700 millions de dinars. Le trésor procède parfois à l’adjudication d’échange, c’est-à-dire, que l’Etat proposera de nouveaux bons de trésor à un meilleur prix, mais encaissables en 2030. Ceci a été proposé pour les bons encaissables à la date du 9 mai. Aucune banque n’a accepté la proposition », a-t-il révélé.
L’expert en économie a rappelé que le Fonds monétaire international (FMI) a exigé un rééchelonnement de la dette de la Tunisie. Il a affirmé que le FMI avait considéré que la Tunisie n’était pas capable d’honorer ses engagements sur le moyen et le long terme. « Certes, le rééchelonnement de la dette porte atteinte à la réputation de l’Etat et des entreprises, mais nous pourrions nous retrouver dans l’obligation de le faire. Plusieurs pays ont procédé à cela, notamment, l’Egypte, la Turquie, le Maroc et la Russie… Les données de plus de la moitié des entreprises publiques doivent être étudiées de près. On ne se soucie plus de la productivité… Il ne s’agit pas d’un problème de bonne gouvernance… Il faut privatiser ! », a-t-il estimé.
Revenant sur l’adhésion de la Tunisie à la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, Moez Hadidane a expliqué que cette institution avait été créée par la Chine afin de concurrencer le FMI. Il s’est interrogé sur l’impact de ce choix et sur l’aide que pourrait apporter cette institution. Il a estimé que cette décision n’impactait pas la relation entre la Tunisie et le FMI.
Par ailleurs, il a expliqué la hausse de 73% au cours du 1e trimestre 2022 des investissements par la faiblesse des indicateurs économiques de l’année 2021.
S.G
Il suffit de voir d'autres pays riches taux 4,8 en quelques mois seulement et comparer.
Il nous faut un soit disant expert pour nous expliquer que le taux d´inflation est une moyenne et que l´INS cherche à maquiller ce taux en choisissant des produits bien determines dans leurs calculs