La militante farouche Maya Jeribi s’est éteinte samedi 19 mai 2018, à l’âge de 58 ans après un long combat contre la maladie.
Sans doute l’un des moments les plus émouvants dans l’histoire moderne de la politique tunisienne est le discours d’adieu qu’a prononcé Maya Jribi lors de l’ouverture du 6ème congrès d’Al Jomhouri tenu vendredi 3 février 2018. Maya, émue, avait cédé le flambeau du secrétariat général d’Al Jomhouri après avoir rendu un hommage touchant à son parti dont elle a été la dirigeante depuis 2012.
« Je cède le flambeau du secrétariat général d’Al Jomhouri et je suis émue et honorée qu’on m’offre encore une fois la direction du parti. Je m’excuse pourtant de ne pas accepter, non pas par ingratitude, mais car je voudrais ancrer le principe de succession. Cela représente également un message à moi, à mon parti et à tous ceux que la politique intéresse, un message qui dit que l’engagement et les sacrifices ne sont pas dépendants des positions politiques mais par la volonté et la foi. Je vous promets que mon engagement à ma patrie, à travers mon engagement à mon parti ne cessera pas et je vous assure qu’on poursuivra le chemin ensemble ! »
Une allocution poignante qui a valu à l’ancienne dirigeante d’Al Jomhouri un tonnerre d’applaudissements et une standing ovation en signe de reconnaissance envers une opposante honnête et intègre. Maya Jribi avait annoncé sa volonté de « quitter la politique quand elle ne sera plus de ce monde ».
D’ailleurs ce n’est pas étonnant de la part d’une femme loyale qui ne portait allégeance qu’à la Tunisie dont elle a toujours primé l’intérêt. L’abnégation, la négation de soi, la force, la bravoure, la persévérance et le service de son pays se révèlent davantage dans d’autres déclarations de Maya Jribi.
Des citations comme « si nous devons descendre dans la rue, nous le ferons » ou encore « je suis de tout cœur avec vous, vous qui vous attachez à vos principes dans ces temps médiocres, ces temps de corrompus et de mafieux. Ne baissez pas les bras et ne désertez pas la voie de la raison même si peu de gens l’empruntent » donnent un message de défi et d’espoir aux Tunisiens.
Maya Jribi a toujours reconnu les efforts d’autrui en toute modestie et loin de toute condescendance. « J’appartiens à l’école du « nous » et non pas à l’école du « moi », il est difficile pour moi de me rappeler d’une fierté personnelle dans ma trajectoire politique. Les accomplissements sont collectifs ou du moins le fruit d’une collaboration commune ». Elle a, par ailleurs, toujours soutenu la cause palestinienne, « Al Qods est la boussole de tous les individus libres ».
B.L
