Allah yarhmak wa ywassar aliik !
Femmes arabes, suivons l'exemple des femmes démocrates tunisiennes et ne baissons pas les bras!
L’ancienne opposante farouche et députée de l’Assemblée nationale constituante Maya Jeribi vient de nous quitter, suscitant l’émoi de milliers de Tunisiens qui ont témoigné leur reconnaissance envers une femme qui a tant donné pour une Tunisie meilleure…
Le processus se répète, inlassablement, avec le même cynisme et la même cruauté… comme à l’annonce du décès de Chokri Belaid, de Mohamed Brahmi ou récemment de Salah Zeghidi, on ose espérer qu’il s’agisse d’une intox, d’une blague de mauvais goût... Et puis vient le temps de la prise de conscience, oui c’en est fini, le militant ou l’homme politique est parti… Le décès de Maya Jeribi a suivi le même rituel. Toujours la même stupeur, la même surprise et une immense douleur de ceux l’ayant connue de près ou de loin…
En plein milieu de journée, ce samedi 19 mai 2018, les Tunisiens apprennent avec tristesse le décès de l’ancienne opposante, de la militante et ancienne secrétaire générale du parti Al Joumhouri, Maya Jeribi, partie à 58 ans, après un long combat contre la maladie.
Si les hommes politiques sont fortement décriés (souvent à raison, parfois à tort), Maya Jeribi fait partie des rares voix qui suscitent le respect et l’admiration tous bords confondus. D’ailleurs, les hommages à sa mémoire sont allés de la famille doustourienne (Nidaa Tounes, Moubedra), aux islamistes (Ennahdha), à la famille centriste de mouvance sociale démocrate et enfin à la gauche.
Il faut dire que la militante a réussi à imposer le respect de par son intégrité et sa lutte acharnée pour de nobles principes tels que la démocratie, les droits humains, l’égalité et la justice.
Dès son entrée en politique au début des années 1980, l’ancienne étudiante en biologie a été aux premiers rangs de tous les combats. Habitée par une énergie et un courage à toute épreuve, Maya Jeribi dédiera sa vie pour la lutte contre la dictature, l’injustice et en faveur d’une Tunisie meilleure.
Elle a fait entendre sa voix à travers des manifestations bien souvent réprimées par la force par le régime de Ben Ali. Maya Jeribi a également milité durant sa brève expérience de journaliste au sein du journal d’opinion Errai, fondé et dirigé pendant des années par Hassib Ben Ammar, pour faire passer ses opinions.
L’anecdote raconte qu’à son arrivée sur Tunis, elle cherche un petit boulot pour subvenir à ses besoins. Elle postule alors pour un emploi de coursier (pourtant réservé aux hommes selon l’annonce parue dans les journaux), elle passe un entretien avec Hassib Ben Ammar. Séduit par sa culture et ses connaissances, l’ancien ministre lui propose d’écrire des tribunes dans son journal.
En 1983, elle participe à la création du Rassemblement socialiste progressiste (RSP) fondé au cours de l’année par Ahmed Néjib Chebbi. Elle gravira les échelons un à un, pour entrer dans le bureau politique du parti en 1986 puis pour devenir la secrétaire générale de ce qui est devenu le PDP en 2006, devenant par la même occasion la première femme politique à diriger un parti en Tunisie, et la deuxième dans tout le Maghreb.
En 2007, elle observera en compagnie d’Ahmed Néjib Chebbi une grève de la faim sauvage pour protester contre la décision judiciaire d’expulser le parti de ses locaux. Au bout de 33 jours de lutte, les autorités finiront par céder et annuler l’exécution de la décision de justice.
Très investie dans ses fonctions de secrétaire générale, elle ne rechignera pas à parcourir les 4 coins de la Tunisie pour expliquer les causes de son engagement, défendre les prisonniers d’opinion et les victimes d’injustice. Ancien président de l’Union générale des étudiants tunisien, Wael Naouar a révélé aujourd’hui que pendant la durée de sa détention avec d’autres étudiants sous Ben Ali, pour ses activités syndicales et politiques, Maya Jeribi avait été la seule militante à mettre à disposition des familles des prévenus les locaux de son parti pour qu’ils puissent visiter leurs enfants, tout en leur fournissant le soutien nécessaire.
Par ailleurs, durant l’embargo américain sur l’Irak, elle militera au sein d’associations locales pour envoyer des médicaments et des produits de base au profit de la population irakienne. Elle s’emploiera également à récolter des fonds pour financer ces envois humanitaires. Deux faits qui décrivent Maya Jeribi, une militante dévouée et entière, qui ne calcule pas les causes en fonction de ce qu’ils vont rapporter en nombre de voix.
Grande militante contre la dictature, Maya Jeribi est élue après la révolution députée à l’Assemblée nationale constituante. Elle se présentera pour la présidence de l’ANC, forte du soutien des forces de l’opposition, mais sera battue par Mustapha Ben Jaâfar, président d’ Ettakatol.
En avril 2012 le PDP fusionne avec d’autres partis créant Al Joumhouri dont elle sera la secrétaire générale jusqu’à février 2017, date de l’annonce de son retrait.
Lors de son discours d’adieux à ses camarades d’Al Joumhouri le 3 février 2017, Maya Jeribi avait lancé un appel aux femmes tunisiennes pour qu’elles s’émancipent et s’engagent plus dans la vie politique. En étant la première femme à occuper le poste de secrétaire général d’un parti politique, l’ancienne opposante a montré la voix à des milliers de femmes. De là où elle est, elle sera sans doute ravie et fière de voir des militantes lui emprunter le pas et occuper de hautes fonctions Etatiques, politiques et partisanes.
Comme l’a mentionné le ministre de l’Agriculture Samir Taieb, Maya Jeribi a tout donné à la Tunisie, sans penser à aucun moment à une contrepartie. Son parcours, ses combats et ses idéaux justifient qu’elle soit élevée au rang d’icône, qui a toute sa place dans le panthéon des grands personnages qui ont tout mis en œuvre pour une Tunisie meilleure… A Maya Jeribi, la Patrie t’es reconnaissante.
Nessim Ben Gharbia
L’ancienne opposante farouche et députée de l’Assemblée nationale constituante Maya Jeribi vient de nous quitter, suscitant l’émoi de milliers de Tunisiens qui ont témoigné leur reconnaissance envers une femme qui a tant donné pour une Tunisie meilleure…
Le processus se répète, inlassablement, avec le même cynisme et la même cruauté… comme à l’annonce du décès de Chokri Belaid, de Mohamed Brahmi ou récemment de Salah Zeghidi, on ose espérer qu’il s’agisse d’une intox, d’une blague de mauvais goût... Et puis vient le temps de la prise de conscience, oui c’en est fini, le militant ou l’homme politique est parti… Le décès de Maya Jeribi a suivi le même rituel. Toujours la même stupeur, la même surprise et une immense douleur de ceux l’ayant connue de près ou de loin…
En plein milieu de journée, ce samedi 19 mai 2018, les Tunisiens apprennent avec tristesse le décès de l’ancienne opposante, de la militante et ancienne secrétaire générale du parti Al Joumhouri, Maya Jeribi, partie à 58 ans, après un long combat contre la maladie.
Si les hommes politiques sont fortement décriés (souvent à raison, parfois à tort), Maya Jeribi fait partie des rares voix qui suscitent le respect et l’admiration tous bords confondus. D’ailleurs, les hommages à sa mémoire sont allés de la famille doustourienne (Nidaa Tounes, Moubedra), aux islamistes (Ennahdha), à la famille centriste de mouvance sociale démocrate et enfin à la gauche.
Il faut dire que la militante a réussi à imposer le respect de par son intégrité et sa lutte acharnée pour de nobles principes tels que la démocratie, les droits humains, l’égalité et la justice.
Dès son entrée en politique au début des années 1980, l’ancienne étudiante en biologie a été aux premiers rangs de tous les combats. Habitée par une énergie et un courage à toute épreuve, Maya Jeribi dédiera sa vie pour la lutte contre la dictature, l’injustice et en faveur d’une Tunisie meilleure.
Elle a fait entendre sa voix à travers des manifestations bien souvent réprimées par la force par le régime de Ben Ali. Maya Jeribi a également milité durant sa brève expérience de journaliste au sein du journal d’opinion Errai, fondé et dirigé pendant des années par Hassib Ben Ammar, pour faire passer ses opinions.
L’anecdote raconte qu’à son arrivée sur Tunis, elle cherche un petit boulot pour subvenir à ses besoins. Elle postule alors pour un emploi de coursier (pourtant réservé aux hommes selon l’annonce parue dans les journaux), elle passe un entretien avec Hassib Ben Ammar. Séduit par sa culture et ses connaissances, l’ancien ministre lui propose d’écrire des tribunes dans son journal.
En 1983, elle participe à la création du Rassemblement socialiste progressiste (RSP) fondé au cours de l’année par Ahmed Néjib Chebbi. Elle gravira les échelons un à un, pour entrer dans le bureau politique du parti en 1986 puis pour devenir la secrétaire générale de ce qui est devenu le PDP en 2006, devenant par la même occasion la première femme politique à diriger un parti en Tunisie, et la deuxième dans tout le Maghreb.
En 2007, elle observera en compagnie d’Ahmed Néjib Chebbi une grève de la faim sauvage pour protester contre la décision judiciaire d’expulser le parti de ses locaux. Au bout de 33 jours de lutte, les autorités finiront par céder et annuler l’exécution de la décision de justice.
Très investie dans ses fonctions de secrétaire générale, elle ne rechignera pas à parcourir les 4 coins de la Tunisie pour expliquer les causes de son engagement, défendre les prisonniers d’opinion et les victimes d’injustice. Ancien président de l’Union générale des étudiants tunisien, Wael Naouar a révélé aujourd’hui que pendant la durée de sa détention avec d’autres étudiants sous Ben Ali, pour ses activités syndicales et politiques, Maya Jeribi avait été la seule militante à mettre à disposition des familles des prévenus les locaux de son parti pour qu’ils puissent visiter leurs enfants, tout en leur fournissant le soutien nécessaire.
Par ailleurs, durant l’embargo américain sur l’Irak, elle militera au sein d’associations locales pour envoyer des médicaments et des produits de base au profit de la population irakienne. Elle s’emploiera également à récolter des fonds pour financer ces envois humanitaires. Deux faits qui décrivent Maya Jeribi, une militante dévouée et entière, qui ne calcule pas les causes en fonction de ce qu’ils vont rapporter en nombre de voix.
Grande militante contre la dictature, Maya Jeribi est élue après la révolution députée à l’Assemblée nationale constituante. Elle se présentera pour la présidence de l’ANC, forte du soutien des forces de l’opposition, mais sera battue par Mustapha Ben Jaâfar, président d’ Ettakatol.
En avril 2012 le PDP fusionne avec d’autres partis créant Al Joumhouri dont elle sera la secrétaire générale jusqu’à février 2017, date de l’annonce de son retrait.
Lors de son discours d’adieux à ses camarades d’Al Joumhouri le 3 février 2017, Maya Jeribi avait lancé un appel aux femmes tunisiennes pour qu’elles s’émancipent et s’engagent plus dans la vie politique. En étant la première femme à occuper le poste de secrétaire général d’un parti politique, l’ancienne opposante a montré la voix à des milliers de femmes. De là où elle est, elle sera sans doute ravie et fière de voir des militantes lui emprunter le pas et occuper de hautes fonctions Etatiques, politiques et partisanes.
Comme l’a mentionné le ministre de l’Agriculture Samir Taieb, Maya Jeribi a tout donné à la Tunisie, sans penser à aucun moment à une contrepartie. Son parcours, ses combats et ses idéaux justifient qu’elle soit élevée au rang d’icône, qui a toute sa place dans le panthéon des grands personnages qui ont tout mis en œuvre pour une Tunisie meilleure… A Maya Jeribi, la Patrie t’es reconnaissante.
Nessim Ben Gharbia