Par Sofiene Ben Hamida
En Tunisie comme ailleurs, dans la sphère publique, il existe des vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Elles sont politiquement incorrectes. Chez nous, depuis plus de deux ans déjà, l’une de ces vérités politiquement incorrectes consiste à dire que malgré ses déboires, ses dérives et ses choix malheureux, Nidaa reste la seule formation politique apte à garantir l’équilibre avec les islamistes, de les concurrencer sérieusement sur le terrain et de préserver le pays du scénario d’une islamisation rampante.
Les résultats des dernières élections municipales ne font que confirmer cette réalité. Nidaa a été en effet la seule composante politique moderniste à avoir présenté des listes dans toutes les circonscriptions électorales et à montrer par conséquent qu’il a la meilleure implantation populaire parmi toutes ces composantes.
Au niveau des résultats, c’est le même constat. Nidaa, même s’il a perdu un million de voix par rapport à ses résultats de 2014, vient de loin devant tous les partis démocratiques réunis et talonne de prés, au niveau du nombre de voix récoltées comme au niveau des pourcentages des voix, le parti islamiste. La montée spectaculaire des indépendants à l’issue des dernières élections municipales, vu son caractère local et surtout hétérogène ne peut être prise en compte dans une analyse sérieuse des forces politiques en présence dans le pays, ce qui nous donne une cartographie politique très simple : il y a Ennahdha et Nidaa qui se talonnent, puis il y a tous les autres.
Mardi prochain, il y aura l’élection du président du conseil municipal de la ville de Tunis avec une âpre concurrence entre les candidats d'Ennahdha et de Nidaa. Après avoir laissé la présidence du conseil aux islamistes à Sfax, la deuxième ville du pays, il serait mal venu pour Nidaa de perdre la présidence du conseil de la capitale. Au-delà de sa valeur symbolique, les élections de mardi prochain doivent rassurer sur les capacités de Nidaa à rassembler le spectre démocratique, à fédérer et à s’ouvrir sur les franges qui lui sont théoriquement les plus proches. Un exercice périlleux pour un parti qui s’est enfermé dans un autisme dangereux, pour lui et pour le pays, depuis qu’il avait choisi le « tawafek » [concensus], cette alliance contre-nature, et visiblement improductive, avec les islamistes.
Aujourd’hui, malgré ses déboires, ses hémorragies à répétition, ses choix scandaleux ou ses positions suicidaires, Nidaa reste une force d’équilibre dans le pays. Mais il doit changer au plus vite, parce que contrairement à 2013, Nidaa ne répond plus à une attente et n’est plus porteur d’un rêve moderniste et démocratique. Il ne répond désormais qu’à un besoin chez une large frange de Tunisiens qui ont peur ou qui ne veulent pas voir le pays sombrer dans un islamisme rampant et pernicieux. Il doit changer au plus vite parce que son fondateur Béji Caïd Essebsi a déçu. Sa léthargie actuelle, à un moment où tout le pays attend sa réaction salvatrice à propos de la crise grave qui secoue le pays, érode encore plus ce qui reste de son aura. Il doit changer au plus vite parce que son fils, Hafedh, n’a pas cessé de montrer ses limites et son incapacité à porter l’habit d’un leader national, trop lourd et trop large pour lui. Sa cour panégyrique, le panier de crabes dans lequel s’est installé et la horde de mercenaires qui entourent le directeur exécutif de Nidaa, ne lui ont été d’aucun secours et ne lui ont pas permis d’améliorer ses performances. Enfin Nidaa doit changer au plus vite parce que malgré tout, l’idée fondatrice d’un parti populaire, civil, moderne, démocratique et capable de garantir l’équilibre dans le pays, est encore vivace.
Aux dernières nouvelles, Nidaa s’apprêterait à tenir son congrès. Il est dans l’obligation de le réussir en acceptant de faire les sacrifices nécessaires pour retrouver son âme. Il y va de son intérêt et de celui de tout le pays.


Commentaires (24)
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Nida est une chance mais pour qui ?
@Si Ben Hamida
@Si Sofiene Ben Hamida,
@Si Sofiene Ben Hamida,
vous écrivez: "Nidaa reste la seule formation politique apte à garantir l'équilibre avec les islamistes" ==> moi, je pose plutôt la question: comment faire naître une nouvelle formation politique apte à garantir l'équilibre des forces politiques en Tunisie et de gagner en particulier de nouveau la confiance de 90% d'électeurs tunisiens résignés, indécis et sans opinion. En effet, Nidaa Tounes n'a aucune crédibilité, et vous savez pourquoi!
Je m'explique:
Ennahdha et Nidaa Tounes ont été les plus dépensier de la campagne des élections communales. On estime que chaque voix conquise a coûté 50 dinars à Ennahdha, contre 45 dinars pour Nidaa Tounes, ce qui est un rendement très faible!
Ennabdha et Nidaa Tounes on même consacré un budget:
1)aux appels téléphoniques,
2)à l'envoi de courriers/courriels et de SMS
3)pour les dépenses de logistiques!
Etc., etc., etc.
Par contre Ennadha et Nidaa Tounes sont les premiers/principaux perdants des élections municipales, ==> oui, seulement avec l'argent il est impossible de gagner les élections quand la confiance entre le peuple et les partis politiques en question est brisée
Par contre la campagne de Mr. Fadhel Moussa à l'Ariana a été la moins coûteuse et l'une des plus efficaces, chaque voix gagnée lui a coûté moins que 3 dinars. ==> oui, le porte-à-porte est une arme essentielle pour toute victoire électorale: convaincre 90% d'électeurs tunisiens indécis et sans opinions ne se fait que par le porte-à-porte! Et Mr. Fadhel Moussa vient de nous faire une démonstration convaincante à L'Ariana! Oui, il a su toucher les indécis grâce au porte-à-porte!
Oui, le contact direct a permis à Mr. Fadhel Moussa de renouer avec des électeurs tunisiens résignés et qui pensent que l'issue des élections ne changera pas leur quotidien. Oui, Mr. Fadhel Moussa nous a montré comment regagner la confiance des électeurs tunisiens que l'on croyait avoir perdus à jamais
Conclusion: De ce fait , la nouvelle formation politique devrait gagner la confiance des 90% d'électeurs tunisiens indécis, résignés , sans opinions et qui pensent que l'issue des élections ne changera pas leur quotidien. Mr. Fadhel Moussa et les indépendants des élections municipales nous ont montré comment faire afin de motiver les Tunisiens qui ne veulent plus aller voter à aller voter et ceci avec zéro dinars/euro! ==> Donc. une qualité indispensable de la nouvelle formation politique est de savoir gagner la confiance du peuple tunisien et ceci avec très peu de financement!
Quoi faire quand la confiance est brisée?
Ennadha et Nidaa Tounes n'ont aucun intérêt à faire du porte-à-porte, car une fois la confiance trahie il faut du temps pour la regagner, il faut savoir réparer petit à petit les dégâts. La confiance se construit au fil des jours. Elle a besoin de temps pour croître mais elle peut être anéantie en quelques secondes. La confiance est à la base de chaque relation entre les êtres humains. Sans elle, peu de choses peuvent se faire.
Entre Ennahdha, Nidaa Tounes et le peuple tunisien le doute, la suspicion, la peur, la méfiance et la déception se sont installés tour à tour. Non, je ne votera plus jamais Nidaa Tounes ou Ennahda tant que le clan HCE et RG sont au gouvernail de ces partis politiques! On ne se fait pas prendre deux fois de suite aux même pièges!
En fin de compte, que demande le peuple tunisien à ses politiciens? Oui, qu'ils accomplissent fidèlement la tâche qui leur a été confiée. Et ainsi, le parti politique gagnant des élections en 2019 est celui qui saura gagner la confiance des électeurs tunisiens à 90% résignés, et cette confiance ne s'achète plus avec les millions/milliards de dinars/euros d'Ennahdha et de Nidaa Tounes ou les mensonges!
Je crois que Mr. Youssef Chehed pourrait créer une nouvelle formation politique apte à garantir l'équilibre des forces politiques en Tunisie et de gagner en particulier de nouveau la confiance de 90% d'électeurs tunisiens résignés, indécis et sans opinion. Pourquoi? Pour la simple raison qu'il a pu gagner la confiance des Tunisiens et qu'il a su les unir autour d'un projet qui est celui de la lutte contre la corruption! Comment? On en parlera une autrefois!
Puis, il faut dire que Mr. Youssef Chehed est un héros pour la majorité des Tunisiens, oui il a osé déclarer la guerre à la corruption, alors qu'Ennadha et Nidaa Tounes prennent certains mafieux en protection!
Très Cordialement
Jamel Tazarki
Sam Cooke - A Change Is Gonna Come
https://www.youtube.com/watch?v=wEBlaMOmKV4
@ Kameleon78
Or la majorité du camp moderniste ne veut surtout pas de remake des élections de 2011.
C'est là le point essentiel qui fait que beaucoup restent sur nida, même affaibli par une direction imposée.
Chaque moderniste se dira que s'il vote ailleurs que nida, son vote risque de partir en fumée et ce sera le retour de la gouvernance dictatoriale de la troïka. Il aura essayé de voir à droite et à gauche s'il n'y aurait pas par hasard un parti qui lui assurerait la victoire. Il a beau chercher et chercher, il n'en trouve pas. C'est le vide et la crainte de voir son vote s'envoler.
Abir Moussi est une femme d'un exceptionnel courage et d'une exceptionnelle loyauté, mais serait-ce suffisant pour espérer gagner ?
Je crois qu'un super nida, le néo-nida, englobant Abir Moussi et tous les modernistes sans exclusion, ayant reçu obligatoirement l'onction de BCE,--, qui, entre parenthèses, s'il n'a pas bien compris le très grave message adressé par les municipales, ne mérite plus le titre de bête politique--, doté d'une direction issue d'élections honnêtes, pourra faire converger sur lui tout le vote progressiste.
Facile à écrire. La condition essentielle en est l'arrivée à maturité de l'ensemble des leaders modernistes connus, leur permettant de mettre leur égo en sourdine. Nos braves sécuritaires sacrifient bien leurs vies pour nous, ces dirigeants ne peuvent-ils pas donc sacrifier leur égo pour la patrie ? S'ils sont arrivés à maturité, ils le peuvent facilement.
L'heure est grave. BCE doit vite intervenir. Les électeurs qui sont restés sur nida ne l'ont fait que parce qu'ils lui maintiennent leur confiance, malgré tous les déboires comme le dit SBH. A lui de la mériter. Sinon, si ça tourne à la catastrophe en 2019, ce sera lui le bouc-émissaire. C'est clair. Les élections c'est demain. Il doit obligatoirement se préoccuper essentiellement de la survie de son parti, de la confiance que lui ont accordée spontanément les électeurs, et doit oublier toutes les autres considérations, de quelqu'ordre que ce soit.
?
Bonne idée, mauvaise exécution
Les problèmes économiques sont à résoudre
Ce n'est pas le Parti qui compte mais l'électorat laïque
En conclusion, l"article de SBH pose comme postulat qu'il nous faut un Nidaa Tounès pour contrer les islamistes, je lui dis NON, nous avons l'essentiel, l'électorat laïque majoritaire dans le pays, le parti qui contre-balancera le parti islamiste n'est pas forcèment Nidaa Tounès mais un parti laïque crédible puisque l'ESSENTIEL est présent, l'électorat laïque majoritaire.