Le lendemain de l’agression de journalistes de la chaîne El Hiwar Ettounsi, à la manifestation du 13 octobre organisée à l’avenue Habib Bourguiba (Tunis) pour fêter la victoire de Kaïs Saïed, Meem Magazine a publié une vidéo pour donner sa propre version des faits.

Dans cette vidéo, mise en ligne le 14 octobre en fin de journée, Meem Magazine, explique que « alors que des médias étrangers ont fêté la victoire de Kaïs Saïed et félicité la Tunisie, des médias tunisiens ont préféré propager des messages de haine et de division ».

Meem Magazine dont la rédactrice en chef n’est autre que Soumaya Ghannouchi, fille du président du parti Ennahdha Rached Ghannouchi, occulte les agressions et les insultes subies par les journalistes le 13 octobre et préfère se contenter de rapporter les slogans anti-El Hiwar scandés par la foule ce soir-là. Le magazine commente, par ailleurs, en affirmant que « ces journalistes se sont mis à disposition des corrompus » et qu’ils sont des « habitués des messages de haine et de division ». 

Soumaya Ghannouchi, si elle se fait discrète sur la scène politique et médiatique, est connue pour ses propos revanchards et n'hésite pas à utiliser le magazine pour taper sur les adversaires du parti islamiste. 

D'ailleurs, Meem Magazine va plus loin et fait un parallèle, dans une autre vidéo, entre le massacre rwandais et les opinions des journalistes et chroniqueurs de la chaîne El Hiwar. Tout en diffusant à la fois des images des journalistes d’El Hiwar et du massacre rwandais, Meem affirme que « la raison principale de ce massacre est la propagande faite par des médias locaux pendant des années, et qui a causé un million de morts en seulement 100 jours ». Le magazine met aussi en garde les citoyens les alertant contre « les messages de haine propagés par des médias locaux et qui sont plus graves que ce qu'on pourrait imaginer »

Une thèse soutenue également par le dirigeant de la coalition Al Karama, Abdellatif Aloui. Aloui a, en effet, tenu un discours similaire sur la chaîne Wataniya 1, en date du 19 octobre 2019 en faisant un parallèle entre la chaîne El Hiwar et la radio rwandaise privée RTLM qui a propagé des messages de haine en 1994.

« 800.000 Rwandais ont été tués dans les rues à cause de cette division de la société et de la propagation de la haine. Ce qui se passe en Tunisie aujourd’hui, c’est qu’il y a un ‘attelage’ médiatique dans une chaîne privée qui est réellement transformée en un consensus criminel. Des messages de haine, de division, de criminalisation et de terrorisme », a-t-il dit en désignant la chaîne El Hiwar Etttounsi qui subit depuis quelques semaines une campagne de lynchage, mais sans vouloir ouvertement mentionner son nom.

Tout en affirmant que « qualifier une personne de terroriste est un crime contre l’Humanité », Abdellatif Aloui n’hésite pas à accuser la chaîne de « terrorisme médiatique » et de constituer « un foyer de haine et de violence ».

« Ces chaînes exercent une violence sur la société tunisienne et engendrent, donc, une violence », a-t-il soutenu appelant les médias à concevoir une charte déontologique pour mettre fin à « ces pratiques qui menacent la paix sociale ».  

S.T