
Par Sofiene Ben Hamida
L’Institut national de la statistique (INS) a finalement publié les résultats du recensement général de la population 2024, après plusieurs semaines de retard. En réalité, il était prévu que ces résultats soient divulgués le 31 mars dernier. Aucune explication ni excuse n’a été présentée pour ce décalage.
Il en ressort que nous sommes un peuple qui vieillit, qui vieillit mal, dans un pays toujours couché sur son flanc oriental. En effet, sur les presque douze millions d’habitants, un tiers de la population se concentre dans la région du Grand Tunis (Tunis, La Manouba, Ariana, Ben Arous, Zaghouan et Nabeul), et les deux tiers dans les régions côtières de l’est du pays.
Une population vieillissante, un avenir incertain
Il s’avère aussi que nous sommes une population vieillissante. La moyenne d’âge nationale est de plus de 35 ans, ce qui fait de la population tunisienne la plus âgée, non seulement de la région maghrébine, mais aussi de tout le continent africain, où, dans certains pays, la moyenne d’âge ne dépasse pas 17 ans. Pour un pays qui a toujours clamé que sa principale richesse était le facteur humain, le risque d’ajouter à sa pauvreté économique la rareté de ses ressources humaines devient réel.
Ce constat est d’autant plus préoccupant que la fertilité en Tunisie ne cesse de baisser. Selon les données du recensement 2024, le taux de fertilité ne dépasse pas 1,7 enfant par femme, alors que le seuil de renouvellement de la population nécessite un taux de 2,1 enfants par femme.
Les politiques de planning familial, qui ont pleinement joué leur rôle dans les années 60 et 70 pour limiter les naissances et accompagner le développement économique et social, doivent aujourd’hui être repensées. Il s’agit désormais de mieux encadrer et accompagner les jeunes mères – surtout les travailleuses – et leurs enfants.
De nouvelles lois, de nouvelles structures, et de nouvelles indemnités familiales doivent être mises en place pour permettre une reprise rapide, utile et maîtrisée de la natalité.
Une dépendance future à la main-d'œuvre étrangère ?
À défaut, le pays sera contraint de faire appel à des travailleurs étrangers dans tous les domaines et à tous les niveaux, pour pallier le manque de personnel, qualifié ou non, sur le marché intérieur.
Actuellement, le nombre total des ressortissants étrangers en Tunisie ne dépasse pas 66.000 personnes, soit à peine 0,55% de la population tunisienne. Nous sommes donc loin, très loin, du risque d’être « engloutis » par ces étrangers qui veulent changer la composition démographique du pays.
D’ailleurs, une grande partie des ressortissants étrangers résidant en Tunisie sont des Algériens et des Libyens – une réalité historique. Pourtant, pour des raisons politiques et d’accointance avec l’Union européenne, et surtout avec l’Italie de Meloni, les quelques milliers de réfugiés originaires des pays d’Afrique subsaharienne, qui ont fui la famine, la guerre – ou les deux à la fois –, ont été diabolisés.
Le piège du discours xénophobe
Ces migrants ne voulaient, au départ, que traverser le territoire. Mais, pour des raisons obscures liées aux engagements pris par les autorités tunisiennes avec les parties européennes, ils ont été refoulés en pleine mer, forcés de revenir sur le sol tunisien et regroupés dans des zones précises.
Cela a inévitablement généré un climat d’animosité entre ces migrants et les habitants des zones de rassemblement. Et ceux qui, aujourd’hui, font de la surenchère et crient à tue-tête pour leur rapatriement collectif seront, demain, les premiers à les accueillir… pour faire tourner les machines et ne pas mourir de faim.
Dernière information : notre taux d’analphabétisme est aujourd’hui de 17% de la population. Si l’on y ajoute l’illettrisme technologique et informatique, qui touche environ les deux tiers des Tunisiens, on peut sérieusement s’inquiéter pour notre avenir.
Une stratégie politique et économique à cours, moyen et long termes doit être mise en place par les spécialistes de chaque domaine, de suite pour un éventuel futur radieux.
Espérons l
On n'est plus sous Bourguiba...