
Indéniablement, le portefeuille des finances est le plus technique et le plus complexe de tout le gouvernement. Les conséquences de toute perturbation de ce ministère sont incalculables.
En dépit de son extrême dangerosité, Kaïs Saïed a choisi mercredi dernier de mettre le pied dans la fourmilière avec le limogeage de la ministre technocrate Sihem Nemsia et son remplacement par la magistrate néophyte Mechket Slama. Le risque qu’il provoque de l’agitation et de la perturbation dans tout le pays, à commencer par « son » État, est de 99,9%. Précipite-t-il sa chute par cette décision qui a tout l’air d’être impulsive et irréfléchie, prise sur le coup de la colère ?
Sihem Nemsia a passé plus de 32 ans au ministère des Finances, c’est dire qu’elle connait son sujet. En dépit de toutes les pressions, elle a réussi à tirer son épingle du jeu et à honorer les engagements du pays, que ce soit en matière de règlement des salaires ou de paiement des dettes. Elle est partie avec, pour seule récompense, une séance d’humiliation devant les caméras.
Des défis financiers insurmontables
Les dossiers sur le bureau de la nouvelle ministre sont nombreux et, assurément, complexes.
Disons-le tout de suite, pour venir à bout de ces dossiers, il faudrait un Prix Nobel de l’économie et encore. Sauf qu’on n’a pas de Prix Nobel aux finances, on a une néophyte et on doit faire avec.
Premier gros problème de la nouvelle ministre, comment assurer les dépenses faramineuses de l’État avec des revenus inférieurs ?
Un ministre sensé vous dirait qu’il faudrait augmenter les revenus et/ou réduire les dépenses.
Si peu qu’elle soit sensée, Mme Slama ne peut pas appliquer cette règle basique de l’économie, car son président refuse de réduire son train de vie. Il adore faire du social et ne cesse de jeter de l’argent par la fenêtre.
Il alloue des enveloppes pour les entreprises communautaires à coups de millions de dinars, il aide les familles dites démunies à coups de milliards de dinars, il veut reconstruire un stade dans une capitale qui n’en a pas besoin, il prévoit un budget pour un pont à Bizerte, il recrute des milliers de nouveaux fonctionnaires, alors que la fonction publique est déjà en sureffectif, il crée de nouveaux organismes publics dont l’utilité reste à prouver, etc.
La nouvelle ministre peut aussi engager des réformes douloureuses, si peu qu’elle sache ce que le mot « réforme » veut dire, sauf que son président est allergique à toute douleur.
Une impasse budgétaire inévitable
Ne pouvant pas réduire les dépenses ahurissantes de l’État, Mechket Slama se trouve donc obligée d’augmenter les revenus. Sauf qu’ici aussi, elle ne peut pas appliquer cette autre moitié de la règle. La pression fiscale est à son extrême et le Tunisien dépense déjà plus de 60% de ses revenus en impôts et taxes.
Elle ne peut pas, non plus, entamer des démarches avec le FMI puisque son président refuse cette option. De toute façon, le FMI impose de la douleur et des larmes et la ministre ne peut se permettre ni douleur, ni larmes. En lieu et place du FMI, Mme Slama irait donc vers les banques nationales pour emprunter. Elle tombe mal, celles-ci ont été asséchées par sa prédécesseure. Les banques internationales alors ? C’est l’unique option qui reste pour la nouvelle ministre, mais elle doit pour ce faire accepter des intérêts usuriers (donc plus de dépenses) et de s’asseoir sur sa morale puisque cette piste hypothèque l’avenir des générations futures.
Il y a aussi la piste de la restitution de l’argent dérobé dont lui a parlé le président de la République, mais elle va s’apercevoir dès la première semaine que c’est une grosse blague.
Allez, bon courage Madame la ministre pour résoudre votre premier problème et satisfaire votre cigale de président !
Un défi communicationnel majeur
Le deuxième gros problème de la ministre est d’ordre communicationnel. Comment va-t-elle parler avec les directeurs de son département qui parlent du mandarin moderne, alors qu’elle parle arabe ancien. Bon à rappeler, la dame est néophyte issue du milieu de la justice où l’arabe littéraire est la langue usuelle, alors que le mandarin moderne est le dialecte de tous les jours au ministère des Finances. Je ne vous cache pas, je suis chef d’entreprise depuis plus de 17 ans et j’ai encore du mal à parler avec les agents des finances et à comprendre leur culture. Le seul mot que j’ai appris face à ma commissaire aux comptes et mon expert-comptable est « oui ».
Avec son arabe des palais de justice, indéniablement madame la nouvelle ministre aura du mal à comprendre le langage de ses nouveaux subordonnés quand ils lui parleront de titre I et titre II, d’équilibres, de réformes, et tout leur charabia.
Des relations complexes avec les agents des finances et la douane
Troisième gros problème de la nouvelle ministre, étroitement lié au deuxième, la mauvaise foi des agents des finances à qui elle aura affaire. Ils sont des maîtres absolus en la matière, allez demander à tous les redressés fiscaux des dernières décennies ! Les agents des finances sont de véritables loups. Déjà qu’ils n’aiment pas ceux qui comprennent leur langue, que dire alors quand ils sont face à des analphabètes. Pardon, néophytes. Il faut rester poli, sinon madame l’ex juge brandit le 54. Que fait un loup face à une proie ? Je vais rester gentil et vous épargner une image sanguinolente et je vais juste dire qu’ils vont la rouler dans la farine.
Je les vois d’ici, ils sont par terre de rire. Assurément, le palais de la Kasbah, siège de la chancellerie, est « the place to be » où l’on rit le plus dans le pays en ce moment.
Quatrième gros problème de la ministre, la douane. Si les agents des finances sont des loups, les douaniers sont des chacals. C’est une seconde nature chez eux que de rouler autrui dans la farine (vous voyez que je suis encore poli). Ils ne savent pas faire autrement. Si les loups peuvent avoir peur de l’homme ou des chiens, les chacals eux n’ont peur de personne. En meute, ils réussissent même à faire reculer le roi de la jungle. Comment va se comporter madame la nouvelle ministre face aux douaniers ? Préparez vos pop-corn !
Les défis de l’investissement et des lois de finances
Cinquième gros problème de la nouvelle ministre, encourager l’investissement local et étranger. Pour ce faire, elle doit résoudre le deuxième problème de langue, mais elle doit aussi rassurer ses vis-à-vis que leurs nouveaux investissements ne vont pas provoquer des contrôles fiscaux, des mandats de dépôt et des lynchages sur les réseaux sociaux des deux chansons à la mode « quelle est l’origine de ta fortune » et « puisque tu es riche, donc tu es voleur et inutile de chercher à prouver ton innocence puisque tu es aussi menteur ».
Sixième problème de la ministre, la préparation de la Loi de finances complémentaire 2025, puisque la Loi de finances ordinaire est devenue caduque à cause du recrutement non prévu de 14.000 nouveaux fonctionnaires décidé par Kaïs Saïed en janvier. Pour résoudre ce cinquième problème, c’est facile, il suffit de résoudre les trois premiers.
Septième problème de la ministre, la préparation de la Loi de finances 2026. Là aussi c’est facile, il faut qu’elle trouve une solution au troisième. Voilà, je suis même en train de donner des pistes de solutions à la dame et j’arrête le décompte, je vous laisse digérer.
Un avenir politique incertain
Blague à part, la situation est devenue tellement surréaliste qu’il vaut mieux en rire. Nommer une magistrate qui n’a pas réussi sa mission pour succéder à une grande technocrate à la tête des Finances, c’est la dernière trouvaille de Kaïs Saïed.
Mechket Slama a accepté un poste dans lequel elle ne va pas perdurer et elle ne va pas réussir. C’est juste impossible.
Le pays exige une politique de fourmi (travail, travail, travail) alors que son président applique une politique de cigale.
Le pays exige une opération chirurgicale lourde, alors que son président ne jure que par les antalgiques.
Le pays exige une accalmie politique avec les forces vives de la nation (politiciens, chefs d’entreprises, médias) alors que son président ne parle avec personne.
Mechket Slama sera éjectée (peut-être avec humiliation comme sa prédécesseure) en un temps record, parce qu’elle a été nommée dans un poste où son président lui enlève toute possibilité de réussir. Il l’éjectera comme il a éjecté des dizaines d’autres ministres avant elle. Et, sincèrement, je ne vais pas la plaindre. Elle a accepté le poste, elle a accepté de travailler sous un régime putschiste tyrannique, qu’elle assume les conséquences, c’est-à-dire l’humiliation et l’échec publics.



Il faudrait bien que KS comprenne que les militaires doivent être dans les casernes, les juges dans les tribunaux et les médecins dans les hôpitaux. La première leçon en gestion que mon professeur M. Gaha Chiha nous a appris est celle de la division de travail et de la théorie de Taylor qui disait `` il faut mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ``, si on applique cette théorie dans la nomination des gestionnaires et ministres, on aurait pu résoudre une partie de nos problèmes sinon l'avenir de notre pays sera de plus en plus obscure et même désastreux.
Lotfi Ben Youssef
Gestionnaire et résident au Canada
b) un commentateur écrit ci-dessous "mais nul n'est indispensable" --> c'est juste, mais pas du jour au lendemain. En effet, il faut trouver d'abord la personne capable de prendre la relève, ou bien de prendre le temps afin de former un successeur auprès de la personne qui devrait être congédiée ou même partir à la retraite.
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En Allemagne, certains employeurs exigent souvent pour des positions clés des préavis (délai conventionnel) allant jusqu'à 6 mois en cas de démission voulue par l'employé (qui serait aussi valable pour l'employeur) --> Exemple: c'est absurde de laisser partir les cerveaux d'un projet informatique d'une valeur de plusieurs millions d'euros à quelques mois de sa terminaison (et même pas juste après sa terminaison, avant la fin des tests).
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Je reviens au sujet de l'article, même un gourou des finances a besoin d'au moins de 6 mois de temps afin de se familiariser avec les différents dossiers hérités de l'ex- Ministre Madame Nemsia --> on ne peut pas se permettre une pareille discontinuité au sein de notre Ministère des finances, c'est complètement absurde (--> l'esclave est dans cette situation le maître de son maître qui se retrouve soudainement en position d'esclave de son esclave --> voir ci-dessus "la dialectique du maître et de l'esclave d'après Hegel")
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Puis il y a aussi les relations de confiance (public relation) qu'a construites Madame Nemsia à l'échelle nationale et internationale (comme le FMI, BM, BCT, etc., etc-, etc.) qu'il faudrait reconstruire. Les partenaires, en particulier étrangers, n'ont pas envie d'avoir tous les quelques mois de nouveaux interlocuteurs, c'est fatiguant et contre-productif de redémarrer toujours de nouveau à zéro...
Fazit: Mr. Kais Saied n'a pas d'autres choix que de prier Madame Nemsia de prendre le temps afin d'introduire la nouvelle ministre dans les grands dossiers de notre Ministère des finances, tout en lui garantissant les privilèges et les avantages qu'elle avait en tant que Ministre...
c) La dialectique du maître et de l'esclave d'après Hegel (la dépendance maître-esclave finira par être niée):
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La dialectique est une forme de raisonnement en différentes étapes (thèse '> antithèse '> synthèse). Le passage d'une étape à l'autre se fait par la négation de l'étape précédente. L'équilibre est retrouvé au moment de la synthèse. Pour Hegel, le rapport entre deux individus se construit de façon dialectique. La rencontre entre deux individus, et donc entre deux consciences, est un moment d'affrontement car les individus ont en eux un désir de reconnaissance, désir qui se manifeste sous la forme d'une lutte pour cette reconnaissance. Dans cet affrontement, celui qui aura affirmé son désir jusqu'au bout, au point de ne rien craindre, même la mort, prendra le dessus. Il sera le maître car il verra sa conscience reconnue par l'autre. C'est la première étape du cheminement dialectique global de la conscience vers le savoir absolu (prise de conscience de soi): la distinction entre un maître et un esclave. D'un côté une conscience reconnue, celle du maître, et de l'autre une conscience non reconnue, celle de l'esclave.
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Mais déjà le deuxième moment de la dialectique, l'antithèse, se met en place. En effet, l'esclave parce qu'il est soumis aux ordres du maître, acquiert son autonomie grâce au produit de son travail. Le produit de son travail est alors la reconnaissance de l'essence de sa conscience. L'esclave gagne son indépendance alors que le maître continue de dépendre de la reconnaissance de celui-ci pour garder son statut. Ainsi, le maître devient progressivement esclave et l'esclave maître. Le deuxième moment de la dialectique est alors accompli. La dépendance maître-esclave est niée. La dernière étape de la dialectique, la synthèse, est marquée par l'annulation de la situation de maître et d'esclave, chacun ayant obtenu sa reconnaissance. --> pour en savoir plus voir sur le web ***
Dr. Jamel Tazarki, Mathématicien Résident à l'étranger
C'est dans l'intensité, la régularité et le renouvellement du débat socio-politique / -économique que se forge le gouvernement du peuple. La bonne santé de notre jeune démocratie tunisienne se mesure à ses contre-pouvoirs. Voilà pourquoi l'indépendance des médias, de la justice, l'activité syndicale et la qualité du débat parlementaire concernent tous les Tunisiens.
Mais Nemsia s'est comportée comme une pieuvre, elle a raclé à tous les fonds de tiroirs: banque, entreprise, citoyen en imposant et doublant les taxes, les timbres et tous ce que l'etat peut pondre pour remplir ses caisses.
Son bilan n'est pas fameux même si elle rembourse les dettes mais à quel prix, elle nous a siphoné. Le pays est figé, pas de projets pas de croissance, on tourne on rond, les caisses sont vides, c'est le chien qui mord sa queue.
Je ne sais pas pourquoi Nemsia a été limogée . Certes la manière de KS n'est pas élégante, Meskina ! mais nul n'est indispendable. Mais quand on est à la tête d'un ministère Regalien on doit assumer ses responsabilités et ses erreurs.
Bon, Nommer Mme Bouden, Mr Mechichi ou Mr Hachani au premier ministère ce n'était pas non plus des coups moins foireux...
Que penser d'un "responsable" qui prendrait la première secrétaire rencontrée dans un hôpital et la forcerait à mener une opération chirurgicale à coeur ouvert... Ou prendrait la première hotesse rencontrée dans l'avion et la forcerait à piloter un avion sans pilotes... Voici hélas à quoi est réduit notre chère patrie qui fut dans les années soixante-dix un exemple coté compétences des hauts fonctionnaires...
Layyam kif errih... Hélas. Et la chute est très très douloureuse... Puisque tout le monde regarde et se tait on aurait mérité amplement tout ce qu'on va ramasser pendant des décennies comme conséquences.
Avec tout ce que la patrie a formé comme compétences... On ne trouve personne pour guider ce peuple et le sortir de ces ténèbres. Dommage.
Equations insolubles et quadrature du cercle,
Equations insolubles : 1scorpion dans 1 cercle de feu?
Vous connaissez ce qui attend notre Tunisie (y a quelques années, j'aurai écrit : Notre Belle Tunisie Verte).............
Elle a commis des actes de népotisme pour le moins et pour le pire des crimes économiques contre les biens et intérêts de l'Etat , à travers sa s'?ur a Tunis et son frère à Sfax .
Kaïssoun a réagi avec colère comme Trump !
Dans d'autres pays c'est le cachot ou la corde pour haute trahison dans le silence total .
Il faudrait bien que KS comprenne que les militaires doivent être dans les casernes, les juges dans les tribunaux et les médecins dans les hôpitaux. La première leçon en gestion que mon professeur M. Gaha Chiha nous a appris est celle de la division de travail et de la théorie de Taylor qui disait `` il faut mettre l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ``, si on applique cette théorie dans la nomination des gestionnaires et ministres, on aurait pu résoudre une partie de nos problèmes sinon l'avenir de notre pays sera de plus en plus obscure et même désastreux.
Lotfi Ben Youssef
Gestionnaire et résident au Canada