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Chroniques
Les droits de l'Homme entre l'intox, la vérité et la réalité
10/12/2015 | 15:33
7 min

 

Nous sommes le 10 décembre 2015 et nous fêtons le 67ème anniversaire de la proclamation de la Charte universelle des Droits de l’Homme.

Pour nous autres Tunisiens, ce 67ème anniversaire a un goût doux-amer. Nous recevons  une consécration suprême à l’échelle internationale, le Prix Nobel de la Paix, mais nous vivons en même temps dans un pays menant une guerre contre le terrorisme.

Vue de l’extérieur, la Tunisie vit quelque chose de formidable, une transition démocratique qui prépare, pour les générations futures, une vie en apparence, meilleure que celle de leurs ancêtres et de l’ensemble des autres pays arabes.

De l’intérieur, les choses sont vues autrement. L’effervescence de la transition, la crise économique, le risque islamiste et la menace terroriste obligent les Tunisiens à réfléchir sur le court terme et l’instantané.

Comment expliquer les bienfaits de la démocratie, des droits de l’Homme et de la liberté d’expression à un citoyen qui ne sait plus comment boucler ses fins de mois et qui est menacé par le terrorisme ? « Avant, c’était mieux ! La liberté d’expression se résume en des insultes permanentes et impunies sur les réseaux sociaux et dans les médias ! Les droits de l’Homme ne sont pas ceux des terroristes que les magistrats libèrent quand la police les arrête, c’est nos droits de circuler librement en toute sécurité partout dans le pays», entend-on un peu partout, et sans distinction, dans les cafés des quartiers populaires et les salons de thé des quartiers huppés.  

Un peu partout, dans ces mêmes endroits, on entend les mêmes accusations : l’élite a failli, qu’elle soit politique, économique ou culturelle ; les supposés intègres ont failli ; les islamistes ont failli ; les laïcs ont failli.

De l’extérieur, c’est un discours totalement opposé que l’on entend. En témoignent la sollicitude et le soutien des pays amis et le Prix Nobel reçu aujourd’hui à Oslo par nos quatre valeureux représentants.

 

Mais il se trouve que l’on oublie un point, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, c’est que la Tunisie vit indéniablement une transition démocratique, mais qu’elle n’est pas encore une démocratie.

On compare sans cesse nos magistrats, notre police, nos médias et nos hommes politiques à ceux des pays occidentaux, et on oublie que ces pays sont des démocraties ancrées depuis des décennies, voire depuis des siècles.  On oublie un élément essentiel et incontournable, c’est qu’il y a des délais incompressibles pour mettre à niveau cette police, ces médias, ces magistrats et ces politiques. Partis du néant (ou presque), les différents acteurs de la démocratie ne sauraient être, en cinq ans, au même niveau que leurs homologues occidentaux.  En attendant d’atteindre ces niveaux, et puisqu’il faut parer au plus urgent, il faut assurer le quotidien. Reste à savoir comment assurer ce quotidien, sans s’éloigner, d’un iota, de l’objectif d’atteindre le niveau promis par la Révolution.

 

Après l’attentat terroriste du 24 novembre, ayant visé un bus de la Garde présidentielle et fait 12 morts, les autorités ont procédé à une vague d’arrestations ciblées et de mise en résidence surveillée de personnes suspectées d’être en relation avec le terrorisme. Les arrestations et injonctions, selon plusieurs témoignages, ont été musclées.

Paradoxalement, ce qui est arrivé après cet attentat en Tunisie (en pleine transition démocratique) est arrivé en France (en démocratie solidement ancrée) victime elle aussi d’un attentat le 13 novembre. En Tunisie, il y a eu des arrestations musclées, mais en France aussi. On a même vu des suspects que la police a fait sortir, par un froid matin, totalement nus dans la rue. Blanchis par l’enquête de toute suspicion de terrorisme, ces « suspects » ont été sommés de quitter le territoire français pour « situation irrégulière ».

Paradoxalement, les organisations supposées défendre les droits de l’Homme (indépendamment de leur nationalité) sont montées au créneau pour les « violations » en Tunisie, mais se sont tues pour les violations commises en France. Cette politique de deux poids deux mesures jette un début de discrédit sur l’objectif réel de ces organisations internationales représentant, théoriquement, les sociétés civiles nationales.

N’empêche, si l’on veut avancer, il est impératif de retenir le bon de ce qu’elles disent, en dépit de leurs objectifs réels et cachés. Mais puisque le capital-confiance est entamé, il est impératif aussi de faire attention à tout ce que ces organisations nous jettent comme étant des vérités absolues. C’est exactement la réaction des citoyens ordinaires vis-à-vis de ce que leur racontent les sources officielles, les médias et les réseaux sociaux. On ne prend plus pour de l’argent comptant ce qu’on nous dit.

 

Il y a quelques jours, l’avocate islamiste Ines Harrath s’est insurgée contre l’arrestation d’une élève, à la suite d’une discussion avec son professeur sur le bien-fondé religieux de la « minute de silence ». D’après l’avocate, l’élève de 18 ans aurait dit à son professeur que le prophète n’a jamais observé de minute de silence en hommage aux martyrs et que, donc, cette « minute de silence » n’a pas lieu d’être. Toujours d’après l’avocate, la police a fait une descente à son domicile pour l’arrêter. Après avoir interrogé ses camarades, l’élève a été traduite devant un juge d’instruction spécialisé dans le terrorisme qui l’a inculpé pour apologie du terrorisme et émis un mandat d’arrêt contre elle. C’était là la version de l’avocate.

Ayant eu vent de l’affaire, j’ai demandé à mon équipe de relayer l’information pour dénoncer cet abus. Il fallait vérifier d’abord et, après consultation de sources officielles, il s’avère que l’élève en question entretiendrait des comptes en relation avec le terrorisme sur les réseaux sociaux. Son nom aurait été évoqué par plusieurs autres suspects dans de graves affaires de terrorisme. En bref, selon nos interlocuteurs de l’administration judiciaire, l’élève en question ne serait pas vraiment victime d’abus policiers et judiciaires et qu’elle serait réellement dangereuse. Qui dit vrai et qui dit faux ? Est-ce l’avocate Ines Harrath ou nos sources judiciaires ?

 

Tout comme les citoyens ordinaires, les journalistes sont grugés et manipulés par les différentes sources d’information. Dans une époque où le « consommateur » veut une information juste, avérée et instantanée, on oublie qu’il y a des délais incompressibles et une technicité (que nous n’avons pas toujours) pour donner cette information. Cette « technicité » consiste à conforter ses sources et à opposer la version officielle des autorités à celles des témoins ou/et des ONG.

Mais on oublie cependant que ces parties peuvent également vous donner une fausse information ou une information incomplète. Il suffit de se rappeler certaines diffamations des représentants de Human Right Watch ou de Transparency en Tunisie et des célèbres « sportifs de Chaâmbi » pour savoir que le journaliste peut, à son tour, être manipulé et vous donner une fausse information.

 

Que faire alors pour assurer cette transition démocratique quand on ne peut plus faire confiance aux médias, aux politiques, aux ONG et représentants de la société civile ? Comme je l’ai dit plus haut, il est impératif de retenir le bon de ce que l’on raconte, sans prendre pour de l’argent comptant tout ce qu’on nous dit.

Il y a aujourd’hui une lutte contre le terrorisme et il est nécessaire de mettre hors d’état de nuire toute personne suspectée de commettre un acte dramatique. Mais il est nécessaire également que l’action de la police et de la justice se fasse dans le respect des droits afin de ne pas créer d’autres terroristes et afin de ne pas compromettre la transition que vit le pays.

Quand les autorités vous disent qu’il n’y a pas eu d’arrestations abusives, il faut se méfier et quand des ONG (notamment internationales) vous disent le contraire, il faut également se méfier, car chacune de ces deux parties a un intérêt à nous mentir.

 

Faute de professionnalisme adéquat et de moyens suffisants, il est difficile de croire que notre police et nos magistrats n’aient pas d’abus à se reprocher. Mais il est également difficile de croire qu’il y a une violation systématique des droits de l’Homme par les autorités dans les affaires de terrorisme, comme le répètent certaines ONG internationales ces derniers temps et il est attendu qu’elles le crient sur tous les toits la semaine prochaine.

La Tunisie n’a pas encore atteint les standards internationaux en matière de démocratie et de respect des droits, mais elle n’est plus la Tunisie d’avant la révolution et ne le redeviendra pas. 

10/12/2015 | 15:33
7 min
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Commentaires (20)

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Canalou
| 17-12-2015 09:52
Quoi de plus logique qu l homme ait trouve comme pensee qui reconnait l universalite d un createur unique pour toute l humanite avec les memes droits . L intelligence humaine a constate l echec des ideologies sectaires et a trouve un nouvel ordre rassembleur et egalitaire . C est le gznie humain dans toute sa geandeur qui trouve une solution aux guerres absurde de divisions de la meme espece avec theories differentes .

Bechir Toukabri
| 15-12-2015 22:10
Sujet de reflexion très intéressant.Bref les droits de l'homme, la démocratie, lalibertén et l'islam c'est bien beau comme idées ou concept. Mais dans la pratique ces concepts ont été ou mal compris ou défigurés, par leurs défenseurs et toute la classe politique et nos intellectuels. Il suffit de constater les résultats qui sont plus qu'ubuesques?

déja-vu
| 12-12-2015 11:54
Au lieu de "transition démocratique", on voit plutot une "transmutation anarchique" ou les ongs épient, enregistrent tout...et perturbent toute action efficace des appareils sécuritaires. Etrange...
Assange a déclaré au grand soulagement des apprentis sorciers "sa vérité": que Daech disparaitrait dans six mois.
Les yous-yous à peine voilés des "experts" se sont aussitot mis à relayer la prophétie du nouveau messie.

Il oublient qu'un agent reste un agent
toute sa vie. c'est un métier qu'on ne quitte pas et dont on ne fugue jamais...vivant.

Les nations diffèrent des poussières d'individus par leur grande capacité à fabriquer les vérités et à les faire gober par des hordes sauvages qui n'ont guère évolué mais subies des mues limitées, instiguées par ces mêmes think-tanks,quand c'est absolument necéssaire pour savoir utiliser les armes de plus en plus sophitiquées avec lesquelles ces êtres primitifs pourront continuer à s'anéantir joyeusement. Au nom de Dieu, au nom de la démocratie, au nom du fric. Peu importe. Un fait.
Le "fugitif" Assange sert son agence et sa patrie par le chantage(qu'un état ne peut faire ouvertement) et la désinformation. Faire baisser la garde à l'adversaire avant de porter l'éstocade fatale ...

Il n'y a jamais eu de vérités poétiques et charlatanesques. Il y a toujours eu des faits et des faiseurs d'évènements que des peuplades arriérées et sans personnalités ont subies et célébrées sans jamais soupsonner qu'ils provoqueraient leur anéantissement inéluctable.
C'est un fait qui se répète à l'infini
dans l'histoire des hordes sauvages.

ça s'est déja-vu...en arabie maudite.

P.s Les moulins à paroles subissent une déformation professionnelle qui fait qu'à la télé, la moitié de leurs visages est occupée par leurs bouches énormes, mandibules incluses...La partie occupée par le cervelet est étrangement atrophiée de face, de dos et de profil...

Ou est-ce une déformation des tvs hd?!

JOHN WAYNE
| 11-12-2015 16:14
Il y a la réalité, et il y a le monde dans lequel les Tunisiens, peuple le plus corrompu, le plus paresseux, et le plus fanatique au monde, vit.
Un groupe de gueux sans dignité s'est rendu à Oslo afin de se voir décerner un prix colonial dont le but est de les enfoncer d'avantage dans le monde de mensonges et de bassesse dans lequel ils vivent.
Le but est clair : encourager les traitres au pouvoir a obéir aux directives de Washington et du Qatar qui disent qu'il faut respecter et préserver l'emprise fatale des frères musulmans Tunisiens sur la Nation Bourguibienne qui fut jadis glorieuse, vraiment respectée, et prospère.
La remise des prix s'est fait au son et aux cris d'une cantatrice Tunisienne qui a gémit l'éternel sous-développement et bassesse du peuple : cartouches, martyrs, croutes de pain.
La gueuse mentait dans ses paroles et dans ses intonations de voix, car la Tunisie n'est pauvre que depuis qu'un certain 14 Janvier 2011, un peuple aussi bas que terre a vendu son pays, donnant l'opportunité a une poignée de traitres Tunisiens dont un général bananier, de suivre la CIA dans un putsch digne des républiques instable d'Amérique Latine.
Le Tunisien est un menteur, un sociopathe, et un renégat.
Il vend, salit, dénigre, et monnaye son pays pour des dollars et des Corans.
Son ennemi n'est pas la dictature mais le travail, car les Tunisiens dans la hiérarchie des peuples fiers et dignes, sont inférieurs à d'autres comme les Asiatiques qui transforment misère et cataclysmes naturels, en prospérité, en moissons, et en propreté.
Le peuple Tunisien représente une formidable force de sous-développement, de malhonnêteté, et de mensonge qu'il faut combattre ad aeternam par une dictature laïque et socialiste qui doit s'étendre sur des siècles si l'on veut que la Tunisie ne se transforme pas en Irak post-Saddam Hussein.
En ce moment même, DAECH en Syrie et en Irak dépasse un effectif de 60000 hommes. Il s'agit d'une véritable armée aussi redoutable que tenace car elle possède en elle des officiers Américains, Français, et Irakiens, et leurs armes et logiciels de guerre sophistiqués.
Près de deux tiers du territoire Syrien est sous dominance de DAECH malgré des milliers de bombes lancées par la Russie sur des lieux stratégiques à cette force financée par le Qatar et l'Arabie Saoudite, et entrainée par la CIA en Turquie et en Jordanie.
Les Russes s'impatientent, surtout que l'OTAN multiplie les provocations en Europe de l'Est et que la Turquie abat des avions Russes pour ensuite convoquer l'OTAN à des réunions dont le but est d'intimider Moscou.
Un Moscou qui ne peut guère faire marche arrière et pour qui une victoire de DAECH en Syrie, galvaniserait les régions musulmanes de Russie vers un Jihad sanglant et interminable.
Je l'ai prédit et écrit sur Business News sous vos moqueries et écrits aussi maladroits qu'ignares. La révolution Tunisienne finira par une ou plusieurs explosions nucléaires et la colonisation de la Tunisie par des forces Arabes Nationalistes comme l'Algérie et l'Egypte.
Car les Tunisiens en peuple dégoutant doivent rendre des comptes a l'espèce humaine eux et leur révolution de bêtes.
Des génocides ont été commis, des populations déplacées, et des sites du patrimoine international réduits en poussière sous les yeux de régimes fantoches de traitres Tunisiens guidés par le Qatar et qui ont applaudi une révolution qui doit s'étendre et qui doit inspirer.
La Russie a l'intention de mettre un terme à une guerre qui économiquement pourrait l'épuiser. Elle doit aussi lancer un message fort au monde qui dit qu'être Russe signifie force et non faiblesse.
Des villes de DAECH en Libye et en Syrie seront un matin anéanties.
Des procès de type Nuremberg auront lieu à Tunis et à Tripoli.
Et la mascarade de la démocratie, des droits de l'homme, et du Nobel de la paix cessera au bruit sourd du premier champignon nucléaire.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien élève au Collège Sadiki
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.

Ben
| 11-12-2015 14:42
La Tunisie s'était doté, au lendemain des attaques du 11/09/2011, sous l'impulsion de l'organisation des Nations Unies, notamment son comité de lutte contre le terrorisme (C.T.C) crée en vertu de la résolution 1373, d'un dispositif performant de lutte contre le financement du terrorisme notamment à travers les associations à but non lucratif.
Le démantèlement de ce dispositif et la marginalisation de ses mécanismes et institutions dont le cellule d'analyse financière, à coup de déclarations populiste, conduira en peu de temps à l'installation du terrorisme dans le pays.

Gg
| 11-12-2015 13:02
La déclaration de 1789 date de... 1789. Il est certain que 230 ans plus tard, elle doit être révisée.
Aujourd'hui c'est la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui est adoptée dans la quasi totalité du monde, elle date de 1948 et a été révisée plusieurs fois.

nazou
| 11-12-2015 12:32
Le problème, c'est que vous parlez à la résultante de cette dérive, fameuse déclaration de l'homme !!!

Cette dérive qui a donnée naissance à guantanamo.
Ou les prisonniers ne sont même pas jugé.
Ces prisonniers sont en quelque sorte suspendus en l'air !
Ils ne sont donc pas, reconnu coupables ou innocents par un tribunal !!
Du jamais vu dans l'histoire de l'humanité !!!

Mais que les bien-pensants trouvent absolument normal.

Si vous pouvez regarder le lien qu'avait posté Léon.
Vous verrez qu'un homme essaye de nous faire comprendre les RACINES, de toutes ces dérives.
Qui malheureusement nous ont mené là où nous en sommes.

Merci Léon, même si je n'ai pas vu en entier votre lien, je le regarderais en entier prochainement.

DHEJ
| 11-12-2015 11:36
" le piège est que les forces de l'ordre échappent au judiciaire" dixit Gg!


C'est le sens de la DUDHC de 1789 dans l'article 12 où on lit:


La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.




Citoyen_H
| 11-12-2015 10:51
" Monsieur Le Président, l'on ne peut guère élever le niveau d'un peuple qui ne veut pas que son niveau s'élève ! ".

Excellent.
Salutations.

Gg
| 11-12-2015 09:53
S'agissant des Droits de l'Homme, le piège est que les forces de l'ordre échappent au judiciaire. C'est justement dans le but de supprimer le contrôle judiciaire que les USA ont créé le centre de rétention de Guantanamo.
Avec le temps, on sait ce qui ce qui s'y est passé, ce n'est pas à la gloire des USA.
Le piège est là.