Par Sofiene Ben Hamida
La commission administrative de l’UGTT a donc annoncé une grève générale du secteur public de deux jours les 20 et 21 février prochain. La question qui s’impose donc aujourd’hui est la suivante : qu’allons nous faire pour éviter cette grève qui ne doit pas avoir lieu si nous voulons réellement préserver la paix sociale ?
La Tunisie a connu deux grèves touchant le secteur public au cours des trois derniers mois. La première, le 22 novembre dernier concernait les entreprises publiques et avait pour objectif de pousser le gouvernement à finaliser les négociations sociales. On peut dire que cette grève a atteint ses objectifs puisque les négociateurs du syndicat et du gouvernement ont trouvé un terrain d’entente et ont conclu un accord portant sur les augmentations salariales dans les entreprises publiques ainsi que sur quelques autres points statutaires. La seconde grève a été observée le 17 janvier dernier. Elle concernait cette fois le secteur de la fonction publique après le blocage des négociations sociales dans ce secteur, élargie à tout le secteur public à cause de la non-application de la part du gouvernement des clauses non financières de l’accord conclu dans le cadre des négociations sociales dans le secteur des entreprises publiques. C’est donc sans surprise que la commission administrative de l’UGTT réunie samedi dernier, soit deux jours après la grève, annonce une troisième grève, de deux jours cette fois, à la fin du mois prochain.
Nonobstant les discours musclés des dirigeants syndicalistes qui sont attendus car leur but est de maintenir la pression sur l’autre partenaire social, en l’occurrence le gouvernement, tout en préservant la mobilisation des masses syndicales, la décision de reporter la date de la prochaine grève de cinq semaine dénote certes une détermination de la part du syndicat mais surtout d’une volonté d’apaisement évidente. En effet, si elle avait cherché l’escalade, la commission administrative se serait limitée à respecter un délai légal de dix jours sans plus pour fixer la date du prochain débrayage.
C’est dans ces moments de tension que l’on se rend à l’évidence que le pays manque affreusement de structures ou de personnalités qui détiennent une sorte d’autorité morale leur permettant d’intervenir et de jouer le rôle de facilitateur. Du temps de son président le professeur Sâadoun Zmerli, la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme était une institution qui avait cet aura et jouait un rôle d’arbitrage pour éviter l’escalade dans le pays qui connaissait des situations beaucoup plus critiques et complexes comparées aux situations actuelles. Feu Hassib Ben Ammar était lui aussi un personnage refuge qui profitait de la grande estime que tous lui accordent pour intervenir, souvent avec succès, et faciliter les solutions consensuelles. Aujourd’hui, hélas, le conflit parricide entre le chef du gouvernement et le président de la République exclut l’arbitrage de Béji Caid Essebsi alors que ce dernier dispose de toutes les qualités et détient tous les atouts pour réussir cette mission.
Il ne reste donc qu’une seule issue durant les cinq semaines qui nous séparent de la date de la prochaine grève : le gouvernement doit assumer pleinement ses responsabilités et donner la preuve qu’il est à la hauteur de sa mission.
En effet, la première mission d’un gouvernement est de préserver la paix sociale. Toute tension, toute détérioration du climat social est une preuve de l’incapacité du gouvernement à gérer les affaires du pays et érode par conséquent sa légitimité. Youcef Chahed et son gouvernement se doivent donc de reprendre au plus vite les négociations avec la centrale syndicale en prenant soin cette fois-ci de changer de logique et de démarche. En premier lieu, il faudrait éviter de se murer dans la logique financière, mercantile, qui a conduit au blocage et donné au gouvernement l’allure d’un vassal des instances financières internationales. Un gouvernement ne se limite pas à faire ce qu’il peut envers ses citoyens. Il se doit de faire ce qui est nécessaire de faire pour les satisfaire, même au prix d’âpres négociations avec ses autres partenaires. En second lieu, il est évident que la politique de l’usure adoptée par le gouvernement jusque-là, face aux syndicats rôdés dans l’exercice de la négociation, est improductive. Les propositions distillées au compte-gouttes n’ont fait qu’envenimer l’ambiance des négociations précédentes.
En définitive, à l’issue de la réunion de sa commission administrative, l’UGTT a eu le courage de tendre la main. Le gouvernement aura-t-il le courage de la saisir ?
Commentaires (10)
CommenterUGTT
La Main Tendue ?
soit-disant syndicalistes , qui ne pensent qu a leurs intérêts et voient le reste à l envers
L UGTT met les battons dans les roues de la Production et de la Croissance . se jette
Dans la Rue , se fait victime et crie plus fort que quiconque sur les motifs de la situation
Catastrophique du pays
Le regime prolétaire à été ne-mort depuns dejà un siècle messieurs Levez-vous
Le Travail est sacré
C'est quoi cet article?
Quelle bassesse !
SAISIR LA MAIN OU S'ENFONCER LE DOIGT?
Aya fiq, ya Sofien, FIQ !
Les caisses de l'Etat ne sont pas vides pour tout le monde surtout pas pour les arrivistes islamistes du gouvernement Ennahdha-Youssef Chahed
tendue et ton dû
et tendue comme ton dû cad devoir des employés autrement dit travail.
merci journalisme '
Ah bon ?!!
@Si Sofiene Ben Hamida
L'UGTT demande l'impossible, et refuse de se demander quelles sont les limites du possible!
Oui, L'UGTT peut demander l'impossible, Mr. Taboubi peut le faire, mais l'obtenir c'est utopique car les caisses étatiques ont été ruinées par notre ex-troïka! Mais enfin, on ne peut pas donner ce que nous n'avons plus!
Nous avons tous l'envie de changer les choses pour une Tunisie meilleure, plus juste, plus humaine, plus sociale aussi. Il faudrait plutôt demander au clan RG, où sont passés les 22 Milliards d'euros d'aide et de dettes extérieures?
La Tunisie a besoin d'une réforme du syndicalisme
1- L'obligation des fonctionnaires et des employés d'être pratiquement des adhérents puisque l'état retient a la source les contributions des employés.
2- Des fonctionnaires du syndicats payés par les employeurs et non pas par le syndicat. C'est ce qu'on appelle le tafarough. En Allemagne il y'a le Betriebsrat (comité d'entreprise) mais ses membres continuent à faire leur travail. Ils sont protégés par la loi ne peuvent pas être virés pour qu'ils soient indépendant du management mais ils travaillent. Les fonctionnaires des syndicats sont eux payés par les syndicats.
3- Des fonctionnaires qui font la grève et continuent a recevoir leurs salaires et avantages sans réduction, comment voulez-vous qu'ils soient intéressés a trouver des solutions? Les syndicats européens lorsqu'ils décident des grèves de plusieurs jours, ils payent une partie du salaire de leurs adhérents et puisque les budgets sont limités, ils ont intérêt a trouver une solution
L'UGTT fait de la politique et défend les positions du front populaire. On a vu les figures du front chez Taboubi la veille de la greve. L'UGTT est libre de faire une compagne électorale pour le front ou pour HCE mais pas avec l'argent de l'adhèrent (moukrahan akhaka) qui peut lui être d'une autre orientation politique.
Avec ce syndicat qui pense être le maitre du pays, la Tunisie ne peut pas progresser. Les investisseurs ne sont pas intéressés à être des otages et lorsque le secteur privé fera faillite, le gouvernement ne trouvera pas les moyens pour payer les fonctionnaires et l'UGTT peut alors faire une grève d'un mois, ça ne changera alors rien.