J’ai sans doute effacé la première phrase de ce papier une bonne cinquante de fois. Pas évident de faire un trip confiné. Quel angle prendre pour balayer l’actualité de la semaine ? Par quel prisme l’aborder ? Et que dire ? Un éditorial, c’est certes une opinion, mais une opinion émise sur une actualité. Or quelle opinion avoir sur l’actualité ? Quand il s’agit de vies humaines, on ne parle plus de raison, mais plutôt de passion. Dans son sens latin, patior, souffrir. Quand il s’agit de vies humaines, je ne suis pas certain que l’opinion ait sa place, car l’empathie et la compassion ne sont pas des opinions. Ni des thèmes de campagnes d’ailleurs. #intelligenceducoeur

Hier vendredi, s’est joué un drame en Italie. Un mort toutes les deux minutes et demie. 627  morts en une seule journée, dans la seule Italie. Un drame s’est joué également avant-hier aussi. Et les jours d’avants. Un drame se joue en France. Un drame se joue en Iran. Un drame se joue en Chine, un drame, le même, se joue partout. Le monde se meurt. Tout simplement. #lorchestrejoueencore

Chaque pays tente son protocole, chaque comité scientifique essaye quelque chose. A part sur les réseaux sociaux, où sévissent les détenteurs du grand livre de la vérité, dans la vraie vie personne ne sait exactement quelles sont les bonnes options. Même si ce qu’il ne faut pas faire est unanimement partagé. Ne nous méprenons pas, on n’évitera pas la contamination. Il faut éviter qu’elle arrive sur tout le monde en même temps. Sans confinement et gestes-barrières point de salut. Et encore moins d’embrassades. L’enjeu est là : gagner du temps. #retourverslefutur

Gagner du temps pour pouvoir soigner les gens malades ; voilà un des enjeux majeurs, en plus évidement de celui qui consiste à trouver un remède. Le protocole le plus partagé de travail est celui-là. Douze heures de travail continu pour le personnel soignant en combinaison étanche. Puis décontamination. Puis confinement par l’isolement 14 jours, puis 24 à 48 heures en famille, et c’est ensuite reparti pour 12 heures de travail. Chaque douze heures de travail du personnel soignant en première ligne, c’est 17 jours de mobilisation pour une seule personne. Au péril de leurs vies. Des héros. Tout simplement. Comme ceux qui nous permettent de continuer à nous nourrir, à avoir de l’électricité, de l’eau courante, que nos ordures soient ramassées. Sont héros tous ceux qui contribuent à ce que nos nécessités quotidiennes demeurent satisfaites.  #herosparmidautres

Le second enjeu consiste à informer les gens. Et tous ceux qui y contribuent sont également des héros. Ce trip ne se fera pas l’écho des gestes-barrières, et de leurs biens fondés, du confinement et de sa nécessité. L’organisation mondiale de la santé a émis une multitude de recommandations. On peut toujours considérer qu’ils sont à la solde d’un lobby quelconque, mais le temps de ce débat, on ne peut que vous recommander quand même de suivre ce qu’ils préconisent, au pire ça ne mange pas de pain, et au mieux, ça vous permet de pouvoir continuer à manger le vôtre. Pour ceux qui ont un smartphone, et qui, sur ce smartphone, ont WhatsApp, vous rajoutez à vos contacts +41 79 781 87 91. C’est la plateforme mondiale de l’OMS. Vous leur envoyez un message par WhatsApp en mettant le chiffre 0. Là apparaitra un menu où vous aurez accès à toutes leurs informations nécessaires, indispensables et informatives.  Pour les autres, installez WhatsApp, parce que vous avez tous un Smartphone. #laveriteestailleurs

Ceux qui ne sont pas convaincus, c’est leur droit le plus absolu, peuvent l’exprimer, mais doivent quand même appliquer les consignes. Le droit à faire l’intéressant est un des droits que consacre la démocratie. Le droit à l’ineptie est un droit pour lequel on s’est battu, car il fait partie de l’arsenal de la liberté d’expression. Le droit à la bêtise, qui au-delà d’être une des choses les mieux partagées au monde, est un droit fondamental que consacre la liberté de conscience, et notamment celle de ne pas en avoir.  #libertédenepaspenser

Ceux qui ne sont pas convaincus, ont tous ces droits. Qu’ils en usent librement. Mais une dernière chose. Leur liberté s’arrête là où commence notre droit à la vie. Alors, qu’ils fassent tout ça s’ils veulent, si on peut parler de pensée, qu’ils l’expriment si le cœur leur en dit, si on peut appeler ça un cœur, mais de chez eux, et sans en sortir. On les lit, on les entend, on a d’ailleurs tendance à n’entendre qu’eux, mais franchement on ne tient pas à les croiser. Parce qu’avec le coronavirus, l’adage qui consiste à dire que, pardon du terme, la connerie ne tue pas, est devenu faux. En revanche, on peut confirmer que la bêtise est bien humaine.  #lesconscaosetout

One more thing... une curieuse partition se joue en Guinée Conakry à l’heure où ces lignes sont rédigées. Un scrutin législatif et référendaire qui devait initialement se tenir le 1^er mars est prévu pour demain.

La CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) s’est retirée du processus et n’assurera pas sa mission d’observation au motif que « le dialogue pour avoir un scrutin apaisé et inclusif n’a pas eu lieu ».

Plus clairement les Etats africains lâchent le Président Alpha Condé.

Des opposants se dirigent actuellement vers la Présidence à Conakry, et on parle d’échanges de tirs entre eux et les militaires. Le sort du Président ne semble pas incertain, mais les choses peuvent basculer dans les heures à venir.

Il y a deux cas de Coronivurs en Guinée Conakry. Pour le moment. #asuivre

C’est la fin de la semaine, c’est la fin de ce trip qui n’a pas pu commencer, vous pouvez éteindre vos smartphones. La vérité est en vous.