
Dans une correspondance officielle datée du 8 mai 2025, soixante-dix députés de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont interpellé la cheffe du gouvernement sur la nécessité d’une intervention urgente afin de garantir le succès des prochaines saisons agricoles. Cette démarche fait suite à des visites de terrain et à plusieurs réunions de concertation avec les représentants du ministère de l’Agriculture, durant lesquelles de nombreuses lacunes ont été constatées.
Les députés rappellent que, malgré les multiples questions écrites et orales qu’ils ont adressées au ministère concerné, les réponses se font attendre. Face à cette inertie, ils avancent plusieurs propositions concrètes, appelant à des décisions exceptionnelles dans trois domaines clés : l’Office national de l’huile, l’Office national des fourrages et l’Office des terres domaniales.
En ce qui concerne l’Office national de l’huile, les parlementaires insistent sur la nécessité de le réhabiliter et de redéfinir ses missions afin de les adapter aux exigences du marché mondial. Ils recommandent notamment d’unifier les textes encadrant ses activités, d’attribuer à l’Office une part du quota d’exportation vers l’Union européenne, et de renforcer ses ressources humaines, en particulier au niveau régional. Ils soulignent également l’importance de moderniser ses infrastructures, comme les entrepôts et les citernes, en privilégiant des matériaux adaptés à l’évolution du secteur oléicole.
Les députés attirent l’attention sur le morcellement de la propriété de l’Office, notamment dans la région de Sfax, et appellent à la réhabilitation du laboratoire reconnu par le Conseil international de l’huile d’olive. Selon eux, l’Office peut se restructurer grâce à ses ressources propres, principalement immobilières, à condition que l’État prenne en charge ses dettes sur une période de cinq ans. Ils proposent également de lui confier des missions claires liées à l’achat, la vente et la promotion de l’huile d’olive sur les marchés intérieur et international.
Ils recommandent par ailleurs de relancer la pépinière de Béjaoua afin de proposer des plants d’olivier à prix préférentiels aux agriculteurs, de renforcer la lutte phytosanitaire via la direction technique, et de réhabiliter le Centre international de formation en oléiculture en y organisant des sessions de formation, notamment dans le domaine de la dégustation.
Concernant le système des huiles végétales, les députés estiment qu’il est indispensable de fixer à l’avance les quantités annuelles à importer, de garantir les financements nécessaires en temps voulu afin d’éviter les pénalités de retard, et de rationaliser la distribution sur le marché intérieur.
S’agissant de l’Office national des fourrages, les signataires de la correspondance dénoncent l’absence de clarté dans la répartition des rôles entre les différents intervenants de la filière, ce qui a généré des conflits de compétences. Ils déplorent également l’absence de représentation régionale, qui éloigne l’Office des agriculteurs et des éleveurs.
Ils proposent donc de soutenir l’installation de services de l’Office aux niveaux central et régional, de lui fournir les biens immobiliers nécessaires à son activité, comme des sièges administratifs et des entrepôts, et de lancer un programme de redéfinition des missions des intervenants du secteur afin de renforcer l’intégration et l’efficacité. Ils recommandent aussi de confier à l’Office la distribution des fourrages subventionnés, tout en veillant à la numérisation du secteur, de lui permettre d’accéder aux subventions de base pour réguler le marché à travers le stockage et le transport, et de renforcer ses effectifs.
Enfin, au sujet de l’Office des terres domaniales, les députés insistent sur l’importance d’élaborer une stratégie nationale de valorisation du patrimoine foncier agricole de l’État. Cette réforme permettrait à l’Office de jouer un rôle moteur dans le développement économique et social, de contribuer à la sécurité alimentaire nationale et de réguler stratégiquement le marché, notamment à travers l’offre et la fixation de prix de référence.
Les parlementaires rappellent qu’une proposition de loi sur la gestion des terres domaniales a été soumise dans le cadre de leur mission législative. Cependant, ils estiment que la situation actuelle impose des mesures exceptionnelles et immédiates, en attendant l’adoption du texte.
Ils recommandent ainsi de préparer la prochaine campagne oléicole en garantissant l’accès au matériel nécessaire, de réhabiliter les huileries et les entrepôts des complexes agricoles, de procéder au labour des terres pour en améliorer la productivité, et de trouver des solutions pour motiver la main-d’œuvre agricole, notamment par la révision des modes de rémunération. Ils insistent sur la nécessité de ne pas louer la récolte d’olives sur pied à des particuliers, et de permettre aux complexes agricoles d’assurer eux-mêmes la récolte et le stockage. Ils appellent également à une meilleure coordination avec l’Office national des fourrages pour sécuriser l’approvisionnement en aliments destinés au cheptel, et à régulariser la situation des ouvriers temporaires afin de les inciter à poursuivre leur activité.
Les soixante-dix députés signataires concluent leur correspondance en appelant le gouvernement à agir rapidement. Selon eux, ces mesures exceptionnelles sont indispensables pour sauver les prochaines saisons agricoles et répondre aux défis multiples auxquels le secteur est confronté.
M.B.Z