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Chroniques
Le peuple attend… mais quoi exactement ?
Par Synda Tajine
13/05/2025 | 15:59
3 min
Le peuple attend… mais quoi exactement ?

 

A-t-on le droit de perturber un événement aussi crucial pour la marche du monde que le sommeil des Tunisiens pour leur asséner, à deux heures du matin, des discours qu’ils ont déjà entendus un nombre incalculable de fois ? À Carthage, on semble penser que oui.

Hier, dans l’une de ces allocutions présidentielles nocturnes devenues l’unique lien entre le chef de l’État et la population, Kaïs Saïed a une nouvelle fois répété ses slogans habituels et ses menaces désormais prévisibles. Il y affirme que le peuple « attend », l’invitant à faire preuve de patience pendant que l’État travaille, dit-il, à une justice sociale authentique. Autrement dit : endure aujourd’hui, demain sera radieux. Et, promet le président, « les lumières de la justice, de la liberté et de la dignité nationale illumineront chaque recoin de cette chère patrie ». Un véritable paradis en perspective.

 

L'homme providentiel a-t-il changé ?

Le paradis ? L’enfer, lui, est souvent pavé de bonnes intentions. Kaïs Saïed, qui continue à se présenter comme un homme providentiel, est-il encore celui qui, en 2019, fut acclamé comme une alternative aux élites corrompues ? Est-il toujours celui qui, en 2024, parvint à mobiliser une frange de la population lassée des promesses trahies ? Ceux qui l’ont connu avant, lorsqu’il était ce professeur simple, intègre et attaché à l’éthique du droit, ne le reconnaissent plus. À les entendre, l’assistant Kaïs aurait, en voyant le président Saïed, été le premier à s’en indigner.

Dans une lettre poignante publiée le 13 mai, Mongi Souab, haut fonctionnaire à la retraite, adresse un message personnel à son « ami d’autrefois », qu’il dit ne plus reconnaître et lui demande de libérer son frère, l’avocat et magistrat, Ahmed Souab. Il y mêle souvenirs d’une époque révolue et reproches politiques profonds. Ahmed Souab a été emprionné à cause d’une simple parole. Lui, et plusieurs autres, croupissent en prison, opprimés par le pouvoir de Saïed le président. Comme d’autres aujourd’hui, il paie le prix d’avoir exprimé une opinion, dans un climat où la pensée critique est criminalisée.

 

Un peuple réduit au silence

Alors que le président continue de parler, seul, le peuple, lui, est réduit au silence. Pourtant, le pouvoir continue de parler de justice, d’équité, d’accomplissements et d’hommage à la voix du peuple.
À force de parler au nom du peuple, on a fini par lui prêter des intentions qu’il n’a jamais exprimées. On lui attribue des choix qu’il n’a jamais faits. On veut lui faire croire que ce qu’il vit aujourd’hui est le fruit de sa propre volonté. Que la pauvreté serait volontaire, la répression un cap nécessaire, et le désespoir… une étape obligée. Il lui faudrait, pour atteindre le paradis promis, traverser l’enfer sans broncher.

Mais ce peuple qu’on invoque à tout bout de champ, a-t-il jamais demandé que l’on piétine ses libertés, que l’on suspende les contre-pouvoirs, que l’on concentre toutes les décisions entre les mains d’un seul homme ? A-t-il voté pour l’isolement diplomatique, l’effondrement économique, la peur du lendemain ?

 

Les promesses oubliées

L’histoire est en train d’être réécrite. Le soulèvement de 2011 — révolution pour les plus romantiques — devient un mythe à remodeler selon les besoins du pouvoir. Le 14 janvier n’est plus cité que pour parler de complot et de manipulation. On prétend que le peuple a été trompé, que ses revendications ont été déviées, et qu’aujourd’hui, seul l’État détient la vérité de ce qu’il a voulu.

Mais que reste-t-il des véritables demandes populaires ? Le travail, la dignité, la liberté, l’égalité des chances ? Où sont les réformes promises, les projets concrets, les signes d’un avenir meilleur ?

Aujourd’hui, l’inflation écrase, les jeunes fuient, les libertés reculent. Les discours grandiloquents ne masquent plus l’absence de cap. Le peuple attend, oui. Mais il n’attend ni la justice à sens unique, ni la misère accompagnée de promesses creuses. Il attend qu’on lui dise la vérité. Qu’on tienne parole. Et surtout, qu’on cesse de parler en son nom pour justifier l’injustifiable...

 

Par Synda Tajine
13/05/2025 | 15:59
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Commentaires
DHEJ
Il faut déjà...
a posté le 13-05-2025 à 16:39
Qu'il ait un peuple... pour attendre que la misère se répande davantage.
Nephentes
Ce n'est pas un.peiple c'est une bande d'idiot
a posté le 13-05-2025 à 16:36
Comment élire un candidat sans programme a la Présidence ?

Comment se fait il qu'un candidat comme Aidi au programme extrêmement bien construit et cohérent ai pu recueillir aussi peu de voix a la présidentielle de 2019

C'est indeniablement un electorat constitue en grande partie de débiles immaturs

La preuve est la, sous les yeux de tous
A4
Autrement dit ...
a posté le à 18:21
LES CANARDS
Ecrit par A4 - Tunis, le 30 Septembre 2013

Quand soudain tourne le vent
Les canards sauvages s'envolent
Volent en vé le chef devant
En priant le dieu Eole
D'être avec les survivants
Après cette course folle
Contre marée, contre vent
Contre mer et ses atolls
Ils ne peuvent même en bavant
L'?il rivé sur la boussole
Que traîner le fainéant
Dont les ailes sont un peu molles
Qui plane péniblement
En pitoyable guignol

Quand soudain c'est la tempête
Nuages bas, sans lumière
Sans vol plané des mouettes
Où tous les chants doivent se taire
Quand se cachent même les roussettes
En remontant l'estuaire
Tous les vers et anguillettes
Filent à l'intérieur des terres
Quand cette foule inquiète
Fuit le déluge, sa galère
Elle se bloque à la goulette
Face aux gros maquereaux qui errent
Ne pensant qu'à faire la fête
Dans le lit de la rivière

Quand sonne l'heure du voyage
Et qu'il faut tout emporter
Faire très vite tous ses bagages
Prendre ses antiquités
Préparer un attelage
De quatre bêtes bien montées
Avec rênes et cordages
Pour grande vélocité
N'oubliez pas cet adage
Qui dit en toute clarté:
"On a beau crier de rage
Frapper fort et fouetter
C'est la bête sans courage
Qui impose ses ratés !"

Quand soudain sans crier gare
Nous vint la "révolution"
On s'est dit en vieux ringard
Elle est là la solution
Oubliant que c'est un art
Qui demande formation
Et que jamais les ignares
Ne pratiquent l'évolution
Regardons dans le miroir
Perdons vite nos illusions
Ce n'est pas avec ces tares
Qu'on franchit le Rubicon
En pataugeant dans le noir
A la vitesse des plus cons !!!
Nephentes
C'était un poème prémonitoire
a posté le à 19:47
Leo Ferre écrivait

C'est trop a voir la vérité des êtres que l'on côtoie que nous prend soudain l'irrésistible envie de les quitter pour toujours

La lucidité est ici un exil construit une porte de secours.C'est aussi l'antichambre de la solitude."