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La 5G : quelle utilité pour les particuliers ?
12/11/2020 | 19:59
6 min
La 5G : quelle utilité pour les particuliers ?

Entre les études qui parlent de ses méfaits sur la santé et celles qui mettent en avant ses avantages dans un monde de plus en plus digitalisé, la technologie 5G n’a pas fini de faire couler de l’encre. Alors que plusieurs pays dans le monde l’ont déjà testée, lancée en service limité et même commencé sa commercialisation, d’autres, notamment la Tunisie, étudient encore le meilleur modèle économique à adopter, les modalités de déploiement les plus efficientes et le timing le plus opportun pour lancer cette technologie.  Le ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Mohamed Fadhel Kraiem, soutient, d’ailleurs, que la Tunisie ne restera pas à l’écart de cette avancée technologique en dépit de ses coûts onéreux et l’utilité qui profite plus au monde professionnel qu'aux particuliers. 


Mais avant d’étaler ses avantages et spécificités, revenons un peu en arrière, à la définition même de la 5G. La technologie 5G est la cinquième génération de réseau mobile qui succède à la 2G, la 3G et la 4G. La 2G ou GSM permettait uniquement de passer des appels et d’envoyer des SMS. Avec la 3G et la 4G, les téléphones portables sont devenus des périphériques connectés qui offrent, entre autres, une navigation plus confortable sur internet – à des vitesses largement différentes – faisant ainsi office d’un mini-ordinateur portable. Avec la 5G, c’est le monde des objets connectés qui connaîtra une vraie révolution. Si jusque-là avec la 4G, il est tout à fait possible de connecter plusieurs objets intelligents, la 5G, elle, offrira un débit de données 100 fois plus rapide que le réseau mobile le plus performant actuellement disponible et permettra, de ce fait, d’améliorer les interactions entre des centaines de milliers, voire de millions, d’objets connectés. 

 

 

En effet, si la 3G et 4G ont été conçues pour répondre à une consommation plus gourmande de données (streaming, vidéo …), la 5G a, elle, été inventée pour satisfaire les besoins d’un monde futur ultra-connecté où la latence (le temps nécessaire aux données pour passer de la source à la destination, ndlr) n’aura pas de place. Le géant américain des télécommunications, Qualcomm, la désigne comme étant « un nouveau type de réseau conçu pour connecter pratiquement tout le monde, les machines, les objets et les appareils (…) à des vitesses en Gbps plus élevées, une latence ultra faible, avec plus de fiabilité, une capacité de réseau massive, une disponibilité accrue et une expérience utilisateur plus uniforme ». 

 

En d’autres termes, la 5G va bonifier les usages déjà existants et ouvrir la voie à d’autres expériences. Elle permettra, à titre d’exemple, au commun des utilisateurs de connecter l’ensemble des objets intelligents disponibles dans la maison (de la voiture, en passant par le réfrigérateur, la machine à laver, ou encore les ampoules), télécharger des vidéos à la vitesse d’un éclair, regarder du contenu en HD, sans interruption même dans un ascenseur, et de jouer à leurs jeux vidéo préférés sans penser au décalage entre les mouvements infligés à la manette et l’image diffusée sur l’écran. 

En un mot, la 5egénération de réseau mobile apportera plus de confort de par la décongestion des réseaux qui accompagnera son déploiement, en particulier en milieu urbain où la densité démographique est grande. Avec un débit minimal à 1 Gbps, elle constituera une bonne alternative à la FTTH (fibre optique), sans pour autant la substituer (les ressources des réseaux hertziens de la 5G sont partagées alors que le réseau FTTH a une architecture point à point, ndlr).  

 

Les lenteurs des connexions en heure de pointe seront ainsi un problème préhistorique. Aucun stress ne viendra nous perturber pendant les heures de travail ou notre temps libre, lors d’un éventuel confinement obligatoire dû à une nouvelle pandémie mondiale.  

Cela dit, pour en bénéficier sur mobile, il faudrait se procurer des smartphones (et autres périphériques) compatibles 5G. Or, ces appareils sont commercialisés à des prix relativement élevés. Le suédois Ericsson estime, d’ailleurs, que les prix des téléphones compatibles 5G – conjugué à la rareté des offres commerciales – serait un grand obstacle à une adoption massive de cette technologie par les particuliers. Selon les prévisions de la firme, la 5G compterait 84 millions d’utilisateurs, seulement, d’ici à la fin de 2020. 

Si on y ajoute les théories du complot qui tournent autour de cette technologie et son utilisation pour un éventuel traçage des puces que les lobbies pharmaceutiques injecteraient aux humains dans les vaccins anti-Covid qu’ils produiraient, la 5G n’est pas prête de décoller.  

 

Pour le monde professionnel, l’enjeu est grand. Dans une interview à DigiClub powered by Topnet (THD.tn), le ministre des Technologies de la communication et de la Transformation digitale, Mohamed Fadhel Kraiem, a avancé que ce sont les secteurs de l’automobile, la médecine et l’industrie 4.0 qui en profiteraient le plus. La technologie 5G permettra de développer les véhicules autonomes, et d’améliorer les performances et précisions des robots utilisés que ce soit dans la chirurgie ou par les industriels. 

Mais si son lancement tarde encore en Tunisie, c’est en raison des investissements colossaux que cette technologie nécessiterait pour être déployée. Selon Fadhel Kraiem, le ministère des Technologies examine, actuellement, en collaboration avec l’Instance nationale des télécommunications, le schéma le moins coûteux. Soulignant que le ministère ne souhaiterait pas aller dans le même modèle de déploiement que pour la 3G et la 4G – c’est-à-dire par octroi de licences –, il a évoqué la possibilité d’exploitation d’un seul et même réseau par tous les opérateurs et ce dans une logique de partage des coûts et de mutualisation des infrastructures. 

 

Le choix des fréquences qui seront utilisées, reste, lui, indéterminé pour le moment. Si la 5G offre plus de possibilités spectrales que la 4G, ses modalités de déploiement diffèrent selon les fréquences utilisées. En Tunisie, nous disposons de trois options : la bande 700 MHz – qui offre une bonne pénétration dans les bâtiments mais un débit comparable à la 4G – , la bande 3,5 GHz – qui offre une portée moindre mais un débit meilleur que la 700 – et la 26 GHz ou bande millimétrique. Celle-ci est de loin la meilleure fréquence en termes de débit mais sa portée est extrêmement limitée et sa capacité de pénétration dans les bâtiments est très faible. Un déploiement de la 5G sur la bande millimétrique nécessiterait donc des antennes à chaque pâté de maisons et augmenterait ainsi la consommation énergétique dans un pays où l’électricité est une ressource subventionnée par l’Etat. 

 

Nadya Jennene 

12/11/2020 | 19:59
6 min
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Commentaires
Amonna
6G
a posté le 13-11-2020 à 06:17
la Tunisie au lieu d'investir dans la 5G et se retrouver dans peu d'années encore en retard devrait miser dans la 6G qui est en cours de lancement en chine et rattraper le reste du monde.